Gros questionnement sur l'abandon de manuscrits et l'investissement de soi dans ses textes

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Mosswing
Sous son plumage irisé, les mèmes foisonnent
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Re: Gros questionnement sur l'abandon de manuscrits et l'investissement de soi dans ses textes

Message par Mosswing »

Hello, ton questionnement m'intéresse car il est différent du mien. J'ai déjà abandonné un texte parce qu'il me touchait de trop près. Jamais parce qu'il était trop éloigné ou trop neutre. En fait, même si le thème de mon histoire est plutôt apaisé psychologiquement pour moi, il reste toujours très personnel.
En fait en te lisant j'ai l'impression de voir une ambivalence entre le besoin et la peur de se retrouver soi dans son art.
C'est un gros sujet, et plein de grenouilles ont apporté des points de vue super intéressants déjà. Pour ma part, je crois que je me préserve en jouant avec ça. Je parle de moi, mais en créant de la distance. Par exemple, mon point de départ peut être un élément de ma vie, mais ensuite je l'oriente vers une réalité alternative. Le matériau de base me touche directement, mais le développement est entièrement virtuel, une sorte de "et si ça se passait comme ça ?" Mon texte devient donc personnel mais purement prospectif et je trouve ça super fun et ça me protège plutôt bien émotionnellement.

J'espère que tu trouveras ta recette à toi pour mieux vivre ton art.
Fière :marraine: de Cam Tiberyl, tremblez avec Les Maudits de Fallen Rocks

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Alamankarazieff
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Re: Gros questionnement sur l'abandon de manuscrits et l'investissement de soi dans ses textes

Message par Alamankarazieff »

Tu connais la métaphore du mixeur de Neil Gaiman et Amanda Palmer ? C'est l'idée que tous les auteurs mettent dans leurs oeuvres des bouts d'eux-même et de leurs proches. Certains vont régler le mixeur sur 10, puissance maximale, et il ne reste que des touts petits bouts, à peine identifiables. D'autres, dont tu sembles faire partie, le règle sur 1, et il ressort des morceaux quasi intacts de ta vie.
Une possibilité serait peut-être de monter le réglage du mixeur ? Et de combiner différents éléments, de fusionner certaines personnes pour créer des personnages composites ?
Pour ma part, j'aime bien mes personnages, mais j'aime surtout leurs faiblesses et leurs erreurs. Dans ce que tu décris, surtout si tu te dis "mais c'était trop nul de réagir comme ça" ou "maintenant j'ai compris, je ne ferai plus ça", en tant qu'auteur je me dirais que c'est une excellente occasion pour décrire justement les comportements nazes, ratés, inappropriés. C'est souvent intéressant de montrer les erreurs.

Et je rejoins donc complètement @nellyparker sur l'idée que si on écrit pour être lu, on va manipuler nos personnages comme un artisan et un marionnettiste. L'histoire ne peut pas être qu'un exutoire.
Challenge en cours Bras de noyer

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Agathe Flore
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Re: Gros questionnement sur l'abandon de manuscrits et l'investissement de soi dans ses textes

Message par Agathe Flore »

Hello les grenouilles :)

Merci pour toutes vos réflexions pertinentes, car je suis également dans ce questionnement après une longue période loin du forum et de l'écriture (4 ans si je compte bien !)

De gros changements de vie m'ont fait changer, souffrir, mûrir et voir la vie autrement. Mes anciens manuscrits, publiés ou non, me paraissent très immatures émotionnellement et puis j'ai réalisé qu'il existera toujours des lecteurs potentiels au stade émotionnel où j'étais à l'époque, susceptibles d'aimer ces livres.
Comme les autres l'ont dit, il est inévitable de mettre de soi-même dans ses manuscrits, c'est l'essence même de l'originalité d'un auteur / d'une autrice.
Par contre, et cela n'engage que moi, il me semble préférable de ne pas trop s'inspirer de proches pour créer ses personnages, à cause de l'affect important, et de choisir plutôt des collègues et connaissances, voire même d'imaginer un personnage autour d'un(e) inconnu(e) à qui on a juste parlé quelques minutes. D'augmenter le réglage du mixeur pour reprendre la métaphore de Neil Gaiman et Amanda Palmer, afin d'éviter l'abandon si quelque chose tourne mal avec les proches ou tout simplement de leur déplaire si les proches n'apprécient pas la manière dont ils ont servi d'inspiration...

Par hasard, je suis tombée sur l'annonce d'une nouvelle maison d'édition qui pourrait être intéressée par mes 2 derniers manuscrits, non publiés, alors que l'envie d'écrire revient peu à peu. C'est assez étrange de remettre le nez dans des écrits vieux de 5 ans, comme si quelqu'un d'autre les avait écrits...
La cité des alchimistes et L'aigle et le lys en soumission :croise:

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