tigrette a écrit :Pour expliquer mon affirmation, et ce n'est que mon avis, la fiction n'est pas la vie, elle imite la vie, le fait que les dialogues sonnent vrais ou faux n'ont rien à voir avec l'authenticité "100% tiré de la vie réelle" mais avec le talent de l'auteur.
En cela, je suis entièrement d'accord.
Isa S a écrit :Bref, tout ça pour dire que nos personnages ont en général des cercles sociaux visibles beaucoup plus restreints que les nôtres (à moins de vouloir tout documenter, et ce n'est généralement pas le sujet), et que par conséquent il n'y a rien d'étonnant à ce qu'on ne raconte pas les conversations dont (quelque soit leur sujet apparent) le seul but est de maintenir ce cercle social.
Pour ne pas déraper, je ne répondrai pas aux interprétations sociales (ni aux intolérables propos sexistes contenus dans ce message
).
Je dirai juste que si notre quotidien était de sauver le monde/la princesse/notre peau, je ne pense pas qu'on perdrait du temps en bavardages et à se soucier de maintenir son cercle social.
Encore une fois, faire un parallèle avec la vraie vie n'a pas beaucoup de sens (même si certains auteurs ont fait fortune en racontant leur vie
).
Je dirais, à mon avis, qu'il y a une grosse part de hors-champs (pour reprendre une métaphore audiovisuelle) dans les dialogues. Et c'est justement dans ce hors-champs que ce situe les 90% de dialogues inutiles parce que l'auteur doit attirer l'attention du lecteur sur ce qui importe vraiment.
C'est aussi la mise en place habile de ce hors-champs qui rend vivant le dialogue dans lequel on va faire passer les informations, d'où parfois -malgré la chasse qu'on peut en faire- l'importance de ces petits temps qui séparent les groupes de répliques ou des verbes comme souffler, chuchoter, ricaner qui accompagnent le propos.
Très juste (et je me retiens de revenir sur ces fameux 90%
). Les dialogues sont souvent contractés pour aller à l'essentiel et, si l'auteur est doué, le lecteur imagine un dialogue bien plus long que ce qu'il est retranscrit dans le texte.
Milora a écrit :Mais on en revient à la même chose : que tout ait un sens ne signifie pas que tout soit utilitaire
Enregistrez-vous une journée, ou ne serait-ce qu'une demie-heure, et essayez de mettre la scène par écrit. Il se peut que vous tombiez sur une conversation intéressante, mais y a beaucoup de chances pour que les trois quarts de ce qui a été dit alourdisse démesurément votre récit...
De toute façon, ça revient toujours à la même chose, dialogue ou pas dialogue. Un récit imite une situation réelle, mais n'en est que l'imitation. Le tout est d'en avoir conscience et de savoir comment rendre cette impression.
Le langage oral n'est pas aussi précis que le langage écrit. Oralement, on doit souvent faire des redites, expliciter des détails, reformuler parce que la précédente formulation a été mal comprise, etc. Ce n'est ni inutile, ni ennuyeux, ni inintéressant,... c'est juste de la communication.
O miracle, cela n'arrive pas dans nos romans. Les persos se comprennent toujours du premier coup, c'est génial !
Beorn a écrit :Je pense que vous ne parlez pas de la même chose, tigrette et toi.
Ce que je comprends, ancz, arrête-moi si je me trompe, c'est qu'un dialogue "utilitaire" dans le sens "qui donne des informations essentielles à l'intrigue" est souvent lourd et à éviter.
Je suis d'accord avec ça, quand il s'agit d'un personnage qui prend un autre par la main et qui explique longuement pendant trois pages comment fonctionne telle machine / sortilège / créature vampirique.
C'est lourd et rapidement gonflant, sauf par petites touches.
Un dialogue peut cependant révéler des choses fracassantes, quand Chimène dit à Rodrigue : "Va, je te hais point" (ce qui veut dire qu'elle l'aime : désormais, il le saura) , quand Eowyn dit : "I am no man" (ce qui nous apprend que c'est Eowyn déguisée) etc.
Mais il ne s'agit pas réellement de dialogue dans ces cas-là, c'est toute une situation dont le dialogue n'est qu'un élément. Et bien souvent, quelques mots lapidaires peuvent avoir une importance énorme pour l'intrigue.
Cependant, l'utilité des dialogues, ce n'est pas seulement, et même rarement, de faire avancer l'intrigue au sens de "donner des explications". Non, cela sert globalement à faire avancer cette fichue intrigue, mais en nous livrant des informations "incidentes", sous-jacentes au dialogue, et n'ayant parfois que peu de rapport avec les sujets de conversation :
par exemple pour un personnage : qui est-il ? quelle est sa personnalité ?
par exemple pour une ambiance: quel est l'état d'esprit des personnages actuellement ? de quel milieu social sont-ils ? dans quelle épique sont-ils ? dans quel monde vivent-ils ?
Tout cela fait avancer l'intrigue, mais sans donner aucune "explication" au lecteur.
Euh...
Vous pouvez répéter la question ??? Sérieux, je ne sais même plus de quoi on parle.
Bon finalement, je retire ce que je viens de dire, on ne se comprend pas forcément mieux à l'écrit qu'à l'oral.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.