Lieko a écrit :Si l'un des deux protagonistes du conflit peut se barrer, soit dès le début s'il n'a pas envie, soit au cours de la confrontation quand ça commence à sentir le cramé pour lui, on perd l'aspect "inévitable".
Eh bien, l'aspect resserré des lieux
peut avoir cette fonction. Mais ce n'est pas pour cette raison que Truby en parle.
D'ailleurs, dans la plupart des exemples, les personnages peuvent physiquement s'échapper sans problème. L'absence de sortie est plus "symbolique" que réelle.
Dans une histoire d'amour, si l'amoureux(se) transi(e) est obligé d'acculer son âme soeur dans un cul de sac entre trois portes fermées à clef pour avoir un baiser, alors ce n'est pas une histoire d'amour, c'est une histoire horrible !
Lieko a écrit :Pour le Seigneur des Anneaux par exemple : si les personnages avaient pu se tirer à toutes jambes de la Moria ou de l'antre d'Arachni, ils l'auraient fait et se seraient pas restés là pour la beauté du geste
Pour la Moria, d'accord, car leur but est uniquement de passer.
Mais pour ce qui est de l'antre de l'araignée, le point d'acmé de la confrontation arrive lorsque Fordon est capturé. Le but de Sam n'est plus du tout de fuir, mais de libérer Frodon. Il court
vers Arachné et se fait littéralement étouffer sous son poids volontairement (étouffé par le ventre d'une araignée géante : voilà un espace trèèès confiné... beurk
).
Lieko a écrit :Et dans ces cas de figure, la source de la tension dramatique serait davantage la situation en elle-même (confrontation idéologique, motivations des personnages) que l'espace dans lequel elle se déroule.
Il est évident qu'il ne suffit pas d'un tunnel étroit pour faire une confrontation.
Il faut des personnages opposés par un conflit d'idées, de valeurs, de buts... Le lieu n'est qu'un "truc" supplémentaire pour essayer le mettre en exergue.
Lieko a écrit :On peut même aller plus loin en disant que le fait même qu'ils soient dans un espace dégagé exacerbe cette tension en faisant ressortir ces aspects psychologiques au premier plan, sans que le lecteur/spectateur ait la tentation de minimiser ce point en pensant "Ouais mais de toute façon ils pouvaient pas de barrer, donc bon...".
Mais là encore, tu présupposes que le lieu confiné sert uniquement à bloquer les personnages alors que c'est rarement le cas, et surtout, ce n'est pas du tout pour cette raison-là qu'il est censé accroître la tension. C'est pour une raison "symbolique" ou "d'oppression inconsciente", ce que desienne appelle la "promiscuité finale".
Pour le reste, Truby pense au contraire que tous les éléments de l'histoire doivent servir le conflit de valeurs. Se dispenser volontairement d'un outil (comme le lieu confiné) pour mettre en valeur le conflit, c'est au contraire perdre un moyen de le montrer de la meilleure manière possible.
D'après lui, loin de renforcer ton histoire en la recentrant sur les enjeux psychologiques, tu l'affaiblis au contraire en ôtant un élément de symbole mettant en exergue le conflit de valeurs.
Bien entendu, on peut contester tout cela, Truby expose seulement un point de vue. Le duel de Western est un bon exemple de combat en plein air et on peut sûrement en trouver plein d'autres. Mais puisque je suis là à parler de son bouquin, je ne voudrais pas que son idée soit mal comprise.