cedricg a écrit :Je viens chercher ici quelques contrepoids pour équilibrer une bétalecture où je n'arrive pas à faire passer mon avis, à le faire comprendre, et où l'auteur nous réponds "vous n'avez rien compris" (je force le trait). Pas évident de lire, pas évident d'être lu, critiqué (surtout si on souhaite sortir des sentiers battus), et le message initial d'Isaiah me parle des deux côtés du clavier.
Il faut bien savoir que la béta-lecture est un exercice très difficile.
- L'auteur peut ne pas accepter les critiques. Comme c'est un cas fréquent (et, surtout, comme le cliché de l'auteur qui se croit incompris a la vie dure), dès qu'il y a incompréhension auteur/béta-lecteur, c'est l'auteur qui est rapidement remis en cause. Ça lui apprendra à être auteur.
- Le béta-lecteur, lui, est protégé par le fait qu'il ne donne que son avis. Son point de vue, dès l'abord relativisé comme subjectif, ne peut donc pas être critiqué. Pourtant, il arrive qu'un béta-lecteur passe à côté d'un texte, pour une raison x ou y (fatigue, lecture du texte par-dessus la jambe, etc.). Une remise en cause du béta-lecteur, à mon avis, est possible.
Ce que je te dis là ne t'aide peut-être pas dans ton cas précis (en tous cas, ne te réconforte pas).
Je m'explique... Pour moi, le rapport auteur/béta-lecteur est avant tout un dialogue. S'il y a dysfonctionnement dans ce dialogue, tout le monde, auteur comme béta-lecteur, doit être remis en cause.
- L'auteur, évidemment, doit se demander s'il a réussi à faire passer ce qu'il souhaitait (j'insiste ici sur "ce qu'il souhaitait", qui est ici son référentiel et auquel personne n'a le droit de toucher). S'il est sûr de son "ce qu'il souhaitait", des avis convergents devraient le pousser à s'interroger. Mais un avis, isolé, ne fait pas preuve.
- Le béta-lecteur doit s'interroger sur la forme que prend ses remarques, bien sûr. Ne sont-elles pas blessantes à cause d'un ton sec, autoritaire ? Laissent-elles la possibilité d'un échange ou bien sont-elles dogmatiques ?
Il doit aussi s'interroger sur la qualité de ce qu'il dit. Ce point est a priori le plus délicat mais, en réalité, pas tant que ça. Un béta-lecteur qui ne dit pas n'importe quoi peut expliquer et détailler ses avis. Il va répondre à l'auteur. Un béta-lecteur qui dit n'importe quoi, lui, ne répondra pas ou accusera l'auteur de jouer à l'incompris.
La béta-lecture comme un exercice très difficile, donc, où auteur et béta-lecteur doivent se remettre en cause.
Je sais par expérience que, dans la position de l'auteur comme dans celle du béta-lecteur, le sentiment de solitude peut être très grand, et la souffrance aussi.
Que faire quand on est béta-lecteur, sûr de soi, et que l'auteur est fermé ?
Que faire quand on est auteur, sûr de soi, et que le béta-lecteur est à côté de la plaque ?
Dans ce cas-là, qu'on soit béta-lecteur ou auteur, le mieux est d'attendre d'autres retours.
Quand cela est possible, bien sûr.