La mare aux nénuphars

Luminelya a écrit :Sinon, mon copain m'a fait remarquer que les nains ont de bien trop petits bras pour faire de bons archers crédibles (rapport à la taille de l'arc et à sa portée, toussa...).

C'est pour ça que pour moi un nain est un lanceur de hachettes et pas un archer...

Est ce que cette réaction allergique ne serait pas liée à un phénomène conjoncturel qui ferait que les gens cherchent le merveilleux plus que le réalisme ? Simple supposition.

Comme j'ai une héroïne enceinte qui fuit la guerre, je ne peux pas ne pas parler : des chevilles qui enflent, du dos qui fait mal, du ventre qui tire, de la vessie qui n'est plus aussi grande, des nausées... En plus, elle est toute petite et son bébé pousse bien. Elle est montagnarde mais ne peut plus courir, donc ne peut pas s'échapper à l'ennemi. (Donc facilement capturable, on va dire.)
Mais parfois, en lisant, j'ai l'impression que même si l'héroïne est enceinte — pas encore croisé, ça viendra —, elle pourrait escalader, se tapisser dans l'ombre, courir pendant trois jours sans jamais se fatiguer. Je veux bien être à fond dans la fuite, mais qu'elle soit un minimum crédible, *même* en fantasy.

Je suis pour le réalisme même dans l'épopée. Donc je suis tout à fait d'accord avec Luminelya sur ces deux points :

Luminelya a écrit :En revanche, que la jeune fille en détresse (oui, j'ai décidé d'aligner les clichés dans mon argumentaire, vous m'en excuserez ) soit prise d'une terrible envie de faire pipi alors qu'elle doit précisément rester cachée pourrait permettre
a) de la faire sortir de sa cachette, justement, puisqu'il est bien entendu que l'objectif de l'écrivain est de mettre ses personnages dans des galères sans nom
b) de faciliter l'identification du lecteur à ce personnage, par cette touche de réalisme...(rapport à la taille de l'arc et à sa portée, toussa...).

Roanne a écrit :Dans le SdA ça ne m'a pas choquée parce que Tolkien n'est vraiment pas proche de ses personnages.

Ah bon ? Moi je trouve que si ! On a quand même les moindres détails des péripéties de leur voyage, des trucs vachement concrets et réaliste (du genre Sam qui stresse parce qu'il a oublié d'emporter de la corde, les courants qui les obligent à repousser la rive à la rame,...).
Là je disais plus ça comme boutade (qui a visiblement fait tiquer le Béornide ici présent ), parce que l'an dernier j'ai fait une grande randonnée sans préparation, et j'peux certifier que les courbatures, ça n'est pas un mythe xD

Sinon, pour le reste, je crois que Lumi a tout dit :

Pour moi, l'important est – comme souvent – que cela serve l'histoire

Roanne a écrit :Je ne sais pas ancz, j'ai écrit un roman très proche des détails du quotidien et je peux maintenant t'assurer que beaucoup font une réaction allergique (après, il est certain que le style et la structure de l'histoire jouent, mais c'est un fait, les éditeurs ne sont pas fans et les lecteurs pas plus je pense, du moins dans une certaine mesure).

Ah, tu crois que c'est la cause ? Du coup ça m'intrigue Je sais pas, pour moi, pour s'évader pas besoin de nier la réalité... Je m'évade très bien dans des histoires où le corps existe, ou les petites faiblesses existent. Je sais pas, c'est pas ce que je recherche dans un livre. J'ai envie d'y croire, moi. Du coup, pour ton roman, c'était un parti pris ? C'est de la fantasy ?

ancz a écrit :Est ce que cette réaction allergique ne serait pas liée à un phénomène conjoncturel qui ferait que les gens cherchent le merveilleux plus que le réalisme ? Simple supposition.

Je ne suis pas certaine de ça. J'ai lu quelques romans "à la mode", plutôt divers, de la bit-litt, de la distopie pour ados, de la dark fantasy, du thriller SF (bon moins à la mode mais très bien aussi), et justement, ce qui me surprend toujours, c'est l'attachement des auteurs à être réalistes. PAs en décrivant les personnages qui vont au petit coin, mais en se focalisant sur des choses qui relèvent du quotidien ou du corps, et qui ne se retrouvent pas forcément dans l'image qu'on se fait de l'imaginaire traditionnel : Katniss a toujours faim et décrit TOUS ses repas (et ça ne sert pas franchement l'action du livre) par exemple.
Je cherche encore le roman récent qui ne traite que de merveilleux (quand j'ai lu L'Appel de la nuit, ça sentait le pipi de loups et le cambouis de voiture, on fait mieux en matière de non réalisme et de merveilleux )

Maloriel a écrit :

Roanne a écrit :Je ne sais pas ancz, j'ai écrit un roman très proche des détails du quotidien et je peux maintenant t'assurer que beaucoup font une réaction allergique (après, il est certain que le style et la structure de l'histoire jouent, mais c'est un fait, les éditeurs ne sont pas fans et les lecteurs pas plus je pense, du moins dans une certaine mesure).

Ah, tu crois que c'est la cause ? Du coup ça m'intrigue Je sais pas, pour moi, pour s'évader pas besoin de nier la réalité... Je m'évade très bien dans des histoires où le corps existe, ou les petites faiblesses existent. Je sais pas, c'est pas ce que je recherche dans un livre. J'ai envie d'y croire, moi. Du coup, pour ton roman, c'était un parti pris ? C'est de la fantasy ?

C'est de la fantasy en effet, mais pas du tout habituelle et c'est un parti pris.
Dans la construction même, ce roman ne correspond pas aux canons éditoriaux de la fantasy, parce que ce n'est pas un roman d'action mais plutôt... de terroir.
(la comparaison ne vient pas de moi mais de Kira et d'un éditeur que je respecte)

Bref, ce roman n'a séduit aucun éditeur et ne sera pas éditable par les voix classiques. Certains retours tiennent de la réaction épidermique : aucun point positif, uniquement du négatif, et pas du genre "dans la dentelle".
Pourtant, côté lecteurs, il y a des personnes qui ont passé un bon moment avec ce roman.
Quand j'analyse les retours, c'est flagrant :
- ceux qui aiment ont justement apprécié les petits détails, le quotidien, le fait de suivre la narratrice dans un rythme humain.
- ceux qui ont détesté ont évidemment rejeté cela, avec des termes parfois très très durs.
Il n'y a pas que la construction et les détails qui sont en cause mais aussi le rythme choisi. Ça forme un tout.

Dans l'absolu, je dirais que tant que les détails ne noient pas l'efficacité de l'intrigue ou même, mieux, que ça la sert, il n'y a pas de raison que ça plombe un texte.
Après tout dépend de quels détails on parle et de la façon dont ils sont amenés.
Dans tous les cas, je reste convaincue que tout le monde n'est pas fan.

pour renchérir sur le sujet, je ne pense pas que le réalisme soit moins porteur, pour preuve dans les séries et films qui marchent aujourd'hui, les auteurs et réalisateurs essaient de "coller" à la réalité. Fini le héros surhumain qui même blessé continue à se battre pendant des heures (non je ne citerai pas Die Hard ) et qui est toujours aussi impeccable ! même les superhéros en prennent pour leur grade

Après il faut que ça serve l'action bien entendu !

@ Roanne, au contraire je trouve ça original ton parti pris ! Dommage que les éditeurs ne trouvent pas cela vendeur ...

Bergamote a écrit :Je suis assez d'accord avec Faa sur le côté latrines...
Je ne vois pas vraiment où pourrait se situer l'intérêt de prendre ne serait que cinq mots pour dire qu'un aventurier va faire caca ou pipi... Après évoquer la courante d'un régiment ou quelque chose dans ce genre pourquoi pas. Pour il y a des choses qui sont de l'évidence et qui n'ont pas besoin d'être écrite.
Quand je termine de lire un roman, je ne me dis pas : "Ah enfin les personnages vont pouvoir aller faire caca."
Donc pour moi j'ai pris ce point-là plus comme de la "provoc'" que comme une remarque sérieuse.

Si quelqu'un a déjà eu une envie irrépressible de pisser, il sait de quoi je parle ! Si en plus, ça arrive au mauvais moment, je pense que ça peut donner une scène assez marrante !

Du moment que c'est utilisé vraiment judicieusement, je ne trouve rien à redire. Mais en général, quand je lis un bouquin et qu'un des personnages va pisser, on peut être sûr qu'il va tomber dans une embuscade tendue par les méchants ou marcher sur un artefact important ou trouver une princesse en fuite endormie par terre (selon le type d'histoire). Et ça se voit à des kilomètres. C'est pour ça que je suis un peu réticente, en plus de ce que j'ai dit dans mon message précédent.
Je ne dis pas qu'une histoire telle que celle de Roanne me déplairait forcément, mais j'aurais plus de réserve.

C'est amusant parce que je suis en train de relire le livre un de Romane, et justement il y a une scène dans laquelle la narratrice est réveillée par une envie urgente. Hum, je ne m'en souvenais même plus (écrivez des pavés, qu'ils disaient...).
Rien de spécial, si ce n'est qu'elle n'a pas franchement envie d'y aller vue les conditions, qu'elle n'a pas le choix si elle veut se rendormir... et que ça l'aide à prendre conscience de quelque chose.

Il a oublié le numéro 21:
avoir ses règles

Sinon j'approuve, et j'avais d'ailleurs prévu de faire uriner un de mes persos dans une future nouvelle fantasy!

Pour jack bauer, il y aurait aussi pisser, comme dans la liste, mais aussi manger et dormir, par exemple

Behra a écrit :Pour jack bauer, il y aurait aussi pisser, comme dans la liste, mais aussi manger et dormir, par exemple

J'ai une théorie là-dessus. Sur les 60 min d'action de chaque épisode, 15 min sont coupées par la pub. Il mange à ce moment-là ^o^

pour les latrines, arya stark va "faire son eau" quand elle voyage avec la garde de nuit et du coup se fait griller sur sa véritable nature, James Clemens, lui, c'est des saignées mensuelles dont il gratifie son héroïne, mais ce n'est qu'un prétexte pour lui donner un pouvoir.

Donc, on en revient toujours au même, les petites scènes de la vie courante ne sont décrites que pour servir l'intrigue. Mais sérieux, j'aimerais bien aller au toilette et me rendre compte que des fleurs magiques sortent de mon ....derrière.