La mare aux nénuphars

J'écris, avant toute chose, pour faire rêver.
Pour que le plus de gens possible (et, là, c'est mon rêve à moi ) pleurent, rient, frissonnent et jubilent au moment où je l'ai décidé ; pour que je devienne le chef d'orchestre de leurs cœurs.

J'écris ensuite pour raconter une histoire, la plus belle, la plus surprenante, la plus touchante et la plus originale possible.

Enfin, mais c'est secondaire, je fais passer un message, mais sans discours moralisateurs ou quoi que ce soit du style. L'intrigue elle-même véhicule un message.

Pour ma part, je me suis posée ces questions qu'évoque Rainer Maria Rilke dans Lettres à un jeune poète, recueil de lettres que je recommande vivement aux amoureux de l'écriture...
"Rentrez en vous-même. Cherchez la raison qui, au fond, vous commande d'écrire ; examinez si elle déploie ses racines jusqu'au lieu le plus profond de votre coeur; reconnaissez-le face à vous-même : vous faudrait-il mourir s'il vous était interdit d'écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit : dois-je écrire ? Creusez en vous-même vers une réponse profonde. Et si cette réponse devait être affirmative, s'il vous est permis d'aller à la rencontre de cette question sérieuse avec un fort et simple "je dois", alors construisez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'à son heure la plus indifférente, la plus infime, doit se faire signe et témoignage de cette poussée."
La réponse à ces questions est oui, j'écris parce que je ne peux pas faire autrement

Superbe citation Maloriel

Personnellement, je me suis juste aperçu que certains des livres que je voulais lire n'existaient pas encore (mais j'ai sans doute mal cherché, cf. Ecclésiaste 1:9 + le fait qu'il y a plein de personnes brillantes en particulier dans cette mare qui bouillonnent d'idées passionnantes).

Ça, et puis le fait que c'est tellement fascinant de voir un personnage prendre vie et commencer à faire des choses inattendues.
Bon, ça n'aide pas du tout à tenir son scénario, mais ça demeure fascinant.
(Frappe son personnage principal: --- Si! Tu vas rentrer dans la caverne avec le dragon et voler l'anneau qui rend invisible! C'est moi qui décide!
Personnage principal: --- Non! Aie! I didn't want to be a hero anyway. I wanted to be... A lumberjack! (starts singing)...)

Allez hop -- café.

Alors, Raf, rassure-toi, ta question était tout à fait claire

J'ai bien tout lu les réponses. Elles sont claires aussi... Enfin, pour la plupart compréhensibles. C'est déjà pas mal avec le bouillon créatif véhiculé dans la mare.

Mais finalement, après 6 pages, je n'ai rien trouvé pour simplement "citer" de quoi illustrer ma réponse, alors la voici :

raf a écrit :A quoi sert votre roman?

À oublier.
C'est tout aussi efficace que l'alcool, et sans les effets secondaires. Je ne me réveille pas avec la gueule de bois, et si écrire laisse moins de traces tangibles qu'une marre de dégueulis, c'est aussi moins odorant et plus exploitable. (Que voulez-vous, je suis pragmatique...)

raf a écrit :Qu'est ce qu'il offrira si vous parvenez à en faire exactement ce que vous voudriez?

Quelques semaines/mois de répits.
Selon la taille, le type de projet et les efforts demandés, l'engourdissement dure plus ou moins longtemps. Quand les effets anesthésiants s'évaporent, je recommence le traitement.
Depuis trois-quatre ans, la mémoire me revient trop vite, parfois à peine quelques jours après avoir apposé un point final. Alors maintenant je relis, je corrige, je peaufine (ce que je ne faisais pas avant). Du coup, aller au-delà du premier jet prolonge les effets... et c'est plus exploitable...

Personnellement, j'adore la phrase de Borges:
"J'écris pour moi, pour mes amis, et pour adoucir le cours du temps".

Je dois dire qu'écrire a été (et demeure) une des activités les plus passionnantes de ma vie. Elle demande beaucoup, en particulier au niveau concentration et disponibilité, mais elle donne également beaucoup en échange.
Par contre, je n'ai pas d'objectif en écrivant autre que celui de servir l'histoire et de la voir naître et grandir. En tant qu'écrivain, je n'ai pas de but, ni d'agenda caché, ni même de destination. Ecrire est un voyage qui ne mène nulle part, de toute façon, et c'est très bien comme ça.
Je vous poutoune,