Rin a écrit :
PS :Syven, aurais-tu des précision à faire sur les fameux codes ? Cela pourrait tous nous apporter un plus je pense.
Ah, hum, ah, la question qui tue.
(Le reste à suivre n'est que mon avis, ce n'est pas forcément une référence.)
Je dirais que les codes caractérisent un genre. Souvent, on va définir un genre par son contenu en terme de thèmes, mais à force de lire un genre donné, on va voir que le format du texte répond aussi à des codes: sur le nombre de personnages, sur le rythme, bref, sur un certain nombre de choses, dont les descriptions.
Par exemple, en fantasy ultra classique, si on met deux armées en présence qui attendent le signal pour se lancer l'une contre l'autre, une bonne description bien étalée de leur armement passera bien. Un autre exemple, un livre de fantasy raconté à la première personne va impliquer certaines attentes, en particulier sur le ressenti du personnage et sur sa perception du monde fantasy dans lequel il vit. Donc quelques descriptions de son quotidien seront sûrement bienvenues et attendues.
Ce n'est pas parce qu'un code existe qu'on est obligé de le respecter à la lettre, mais avoir conscience de ce code, c'est un grand plus pour déterminer les attentes du lectorat et comprendre pourquoi certaines choses ne fonctionnent pas (typiquement, une description qui ne vient pas au bon moment ou qui est trop courte ou trop longue).
C'est comme dans n'importe quel domaine, connaître le code, ça permet de savoir ce qu'on fait et d'en jouer. Parfois, on va construire une structure de récit qui va correspondre ou emprunter des éléments à un code, et c'est au moment où on ne le respecte plus que le lecteur risque de ne plus adhérer, parce qu'on a créé des attentes et que si on ne les satisfait pas au moins en partie, au final le lecteur est déçu.
Le code peut aussi influer sur le contenu de la description lui-même: si on écrit un livre tout public à partir de 10 ans, on ne va pas décrire une scène sanglante de la même façon que dans un livre gore où on pourra donner tout un luxe de détails sur les tripailles à l'air, les orbites vides, etc.
Pour connaître un code, il faut lire beaucoup et analyser ce qu'on a lu. Je pense que c'est applicable localement à la description, c'est-à-dire qu'on peut aussi rationaliser son écriture des descriptions quand on a du mal en analysant les textes qu'on aime pour comprendre comment ça fonctionne : comment est-ce qu'on prépare le terrain pour une grosse description par exemple, ou comment les scènes sont organisées visuellement, etc. Il me semble avoir lu que certains auteurs recopient des passages qu'ils aiment d'autres auteurs pour mieux comprendre leur prose.
Souvent, on connaît ce code de façon inconsciente. De mon côté, pour régler ces problèmes, je me place souvent du point de vue du personnage, et je montre ce qu'il voit en rapport avec son intérêt pour ce qu'il voit. Si une pièce est en désordre mais qu'il n'y prête pas attention, parce que, au hasard, il est poursuivi et qu'on en veut à sa vie, il va se contenter de traverser "une pièce en désordre", "trébucher sur une botte abandonnée là" et "s'engouffrer dans la pièce suivanteé. Je vais donner 2-3 détails, puis passer. Au contraire, si le personnage vient fouiller la pièce, il va y passer du temps et je vais la décrire dans cette perspective: les vêtements sales au pied du lit, la commode aux tiroirs grands ouverts, l'armoire qui baille, le lit défait, la boîte à bijoux renversée, blablabla. Et ce, dans l'ordre où il les remarque.
Coller à l'histoire, à l'action, au point de vue me semble une solution plus simple et plus facile à mettre en oeuvre. Le code devient plutôt un garde-fou pour le vocabulaire. enfin, je me comprends.
A titre personnel, je suis d'accord avec Beorn : la bonne description, c'est celle qu'on ingurgite sans même sans rendre compte.
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