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Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mar. avr. 17, 2012 11:27 pm
par desienne
Pour cela probablement que les "bad guys" deviennent les héros, on porte la faiblesse à son paroxysme. Par exemple dans Dexter, la faiblesse est claire (c'est un meurtrier en série), elle est classique (Dexter pallie une déficience du système, comme Charles Bronson en sont temps mais avec des flingues -Moi aussi je suis un vieux schnock), elle est mise en scène avec détail (le rituel de tueur en série) et bien sûr on élève cette faiblesse au rang de secret : personne ne doit savoir ce qu'il est réellement.
Ceux qui le savent sont morts y compris Harry.

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 7:51 am
par Celia
Je viens de lire le passage complet sur le personnage dans le Truby. Ca recoupe bien la conversation qu'on a ici, et je pense que je vais remettre à plat mes personnages avec cette "méthode" (à ma sauce)
(J'ajoute que je fais ce genre de synthèse pour tous les projets sur lesquels je bosse. J'écris d'abord les 10/20 premières pages selon le plan "mental" que j'ai, et si ça marche, je refais un plan de travail plus ordonné sur papier. Ca permet de me rassurer sur ce que je suis en train d'écrire ^^)

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 8:56 am
par Tristeplume
Je ne comprends pas comment on peut trouver Frodon passif alors que son combat permanent est de lutter contre l'influence de l'anneau. Et pour le coup, je trouve que c'est très bien rendu dans le livre.
Pour ce qui est de Gandalf, tous comme Galadriel et Elrond, leur faiblesse morale c'est simplement leur lâcheté. Ils disposent de pouvoirs cosmiques et s'en servent à peine.

Pour en revenir à cette faiblesse morale du héros, de base je n'aime pas trop le terme puisque le mot "morale" implique un jugement de valeur qui est propre à chacun.
Dans ce que je comprends du résumé de Béorn (merci au passage), il ne s'agit pas d'affubler le héros de tares juste pour le rendre plus attachant.
A mon sens, et c'est ce que je retiens pour l'instant, c'est plus de veiller à son épaisseur psychologique en le mettant face à ses responsabilités et aux conséquences de ses actes. Et du point de vue de l'auteur, de ne pas les occulter, de mettre des mots dessus et de ne pas épargner son personnage de ces considérations morales.

Un exemple hyper classique :
Le chevalier à la retraite qui reprend du service pour son roi, laissant femme, enfants et cochons derrière lui. Se pose la question du "peut-on sacrifier ses proches au nom du devoir" ? L'auteur peut apporter la réponse qu'il veut, et il y en a un paquet, mais au moins il ne faut pas l'occulter (et à mon humble avis, aucune réponse ne peut permettre de balayer facilement cette problématique).

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:00 am
par Tristane Suzette
@Beorn :
En revenant sur la faiblesse morale de Frodon...
J'avais oublié le passage à l'auberge, et puis je crois que les images du film ont gommé le bouquin, parce que pour moi c'est l'anneau qui va se passer sur le doigt de Frodon et non Frodon qui le passe. Mais ça rejoint la passivité que tu évoques.

Pour la Guerre des étoiles, tout à fait d'accord, Han Solo correspond bien au schéma. Le perso dépasse sa cupidité dès la fin du IV.
Le cas est moins simple pour Luke (et Truby, qui cite souvent la Guerre des étoiles, ne l'évoque pas dans son chapitre sur les personnages). Est-ce qu'il fait du mal involontairement à quelqu'un ? Non. Il arrive malheur à son oncle, mais ce n'est pas à proprement parler sa faute. Plutôt celle de son paternel. En ce sens qu'Obiwan habite où il habite pour ne pas être loin de Luke.

Pour Dark Vador, j'ai trouvé intéressante l'analyse de Truby, le fait que pour lui c'est un personnage actif, et du coup attractif pour le public.
(Rogue est un de mes personnages préférés)

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:27 am
par Beorn
Mais justement, Luke n'a pas de faiblesse morale, or c'est un personnage considéré comme fade et moins intéressant que les deux autres. Il aurait peut-être plus marqué les fans si sa faiblesse psychologique avait fait souffrir quelqu'un, c'est à dire si elle avait été présentée comme une faiblesse morale.
C'est comme ça que je vois la théorie de Truby.
Cela dit, on peut très bien contester ce point de vue et dire que Han et Vador suffisent déjà à faire de Star Wars une bonne histoire, ou que ça n'aurait pas marché sur un perso foncièrement "bon et pur" comme Luke, que ça n'aurait pas collé à l'univers, la force, le bien etc.

En tout cas, le fait est que Luke manque singulièrement d'épaisseur.

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:32 am
par Celia
N'est-ce pas aussi parce que son personnage est tiré des grandes traditions des héros sans peur et sans reproche des diverses mythologies occidentales ? Il existe un livre à ce sujet, sur les héros et les mythes, de Campbell, il faut que je remette la main dessus.
Du coup le personnage de Luke obéit à un schéma bien spécifique qui se lie mal avec les notions d'épaisseur psychologique qui font les personnages charismatiques (dans notre sens actuel)

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:39 am
par Koïnsky
Tout ça est effroyablement intéressant.
Beorn a écrit :Mais justement, Luke n'a pas de faiblesse morale, or c'est un personnage considéré comme fade et moins intéressant que les deux autres. Il aurait peut-être plus marqué les fans si sa faiblesse psychologique avait fait souffrir quelqu'un, c'est à dire si elle avait été présentée comme une faiblesse morale.
C'est comme ça que je vois la théorie de Truby.
Cela dit, on peut très bien contester ce point de vue et dire que Han et Vador suffisent déjà à faire de Star Wars une bonne histoire, ou que ça n'aurait pas marché sur un perso foncièrement "bon et pur" comme Luke, que ça n'aurait pas collé à l'univers, la force, le bien etc.

En tout cas, le fait est que Luke manque singulièrement d'épaisseur.
Je pense qu'il fallait que Luke soit foncièrement bon, d'abord parce que l'histoire fonctionne ainsi, comme tu le dis (Luke est du côté totalement lumineux de la force, il est l'opposé de l'empereur et de son père, c'est aussi ce qui rend la révélation de la passerelle si forte je pense). Ensuite, il me semble que Luke est un excellent faire-valoir pour Han, dont le bagout et l'égocentrisme vaniteux sont magnifiquement rehaussés par la naïveté crasse du petit paysan blond. Mais c'est loin, tout ça, faudrait que je les revoie.

Et +1 avec Celia, Luke est un archétype qui, dans notre conception "moderne", n'est pas très excitant, à l'inverse des anti-héros.

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:43 am
par Beorn
Effectivement, Luke met en valeur Han.
Je n'avais pas pensé à cela mais c'est une excellente réponse.

C'est d'ailleurs un point très intéressant pour la caractérisation des personnages : leurs interactions et leur comparaison.
Pour dire au lecteur QUI est le personnage, une bonne méthode est de le confronter à d'autres (c'est aussi un point évoqué par Truby dans les relations avec l'adversaire et dans le chapitre sur le personnage secondaire, j'en ferai un nouveau fil ;) )

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:45 am
par Tristeplume
Mouais, c'est surtout qu'il ressemble à rien et qu'il est victime d'une certaine capillarophibie. Sérieux, je pense que c'est vraiment physiquement qu'il ne passe pas, en plus d'un jeu d'acteur pas vraiment époustouflant.

En soit, je ne trouve pas le perso choquant et il se tient. Au début, il a le comportement d'un ado qui se retrouve avec un gros jouet. Lors du passage avec Yoda, on voit bien sa colère et son désir de vengeance. Sur la fin, il a gagné en maturité, en responsabilité.

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:45 am
par Tristane Suzette
Je me faisais justement cette réflexion que Luke, dans son manque d'épaisseur, incarne parfaitement le héros du roman d'apprentissage, naïf, qui va apprendre les règles qui régissent la société.
Dans ce "genre", en effet, y'a pas trop d'épaisseur psychologique. On est plutôt, en effet, dans l'épopée avec un héros qui incarne des valeurs et basta.

Mais n'oublions pas que pour Truby il n'y a pas un personnage et un autre et un autre, etc, mais des réseaux de personnages.
Est-ce que Luke n'acquiert pas de valeur dans son opposition à Han Solo ? (je pense par exemple au débat sur la "force", dans le Faucon, où Solo dit que c'est une superstition alors que Luke y croit)
Ceci dit, je m'éloigne de la question de la faiblesse morale.
Tiens, j'y pense, est-ce que la faiblesse morale de Luke n'est pas d'être trop obéissant (je pense au moment où il dit qu'il ne peut pas partir avec Obiwan - avant que la mort de son oncle et de sa tante ne lui permette de transgresser) ?
(non je ne veux pas à tout pris que Luke ait une faiblesse morale :lol: )

edit: grillée par plein de monde

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:49 am
par Tristeplume
Bien sûr que Luke est le personnage type du roman initiatique.
Il apprend la Force avec Obiwan et Yoda.
Il apprend la vraie vie avec Han.
Il apprend le sens des responsabilités avec Princesse Beignets sur les oreilles.

Il est donc "maléable" puisque c'est bien ça l'objet de l'histoire, faire d'un pecno naïf le sauveur de l'humanité et des coupes de veuch ridicules.

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:50 am
par Roanne
Beorn a écrit :Mais justement, Luke n'a pas de faiblesse morale, or c'est un personnage considéré comme fade et moins intéressant que les deux autres.
Ca, c'est valable pour les adultes... Quand j'étais petite, Luke était mon héros.
Han Solo était drôle mais je ne comprenais pas vraiment les blagues et tout le jeu avec la princesse (c'est venu plus tard). Vador me terrorisait (et l'Empereur encore plus), je ne risquais pas de trouver le côté obscur attractif.
Luke, c'est LE modèle à suivre pour des enfants. Donc ce personnage est idéal, à mes yeux, pour un public jeune.
Tout dépend donc du point de vue dont on se place.

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:52 am
par Celia
Roanne a écrit :
Beorn a écrit :Mais justement, Luke n'a pas de faiblesse morale, or c'est un personnage considéré comme fade et moins intéressant que les deux autres.
Ca, c'est valable pour les adultes... Quand j'étais petite, Luke était mon héros.
Han Solo était drôle mais je ne comprenais pas vraiment les blagues et tout le jeu avec la princesse (c'est venu plus tard). Vador me terrorisait (et l'Empereur encore plus), je ne risquais pas de trouver le côté obscur attractif.
Luke, c'est LE modèle à suivre pour des enfants. Donc ce personnage est idéal, à mes yeux, pour un public jeune.
Tout dépend donc du point de vue dont on se place.
J'appuie également cette observation, qui rejoint celle sur le héros de roman/film initiatique. Elle est tout à fait juste :)

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:55 am
par Koïnsky
@swald : Oui, Luke a des faiblesses psychologiques : naïf, inexpérimenté, obéissant... mais ce ne sont pas des faiblesses morales au sens où je le comprends. Les faiblesses morales, je comprends ça comme des défauts qui font que les personnages ne sont pas "tout blancs" : avarice, lâcheté, xénophobie (ça me rappelle American history X, tiens, un cas qui s'applique bien au sujet)

@Roanne : tu as raison, remarque très intéressante.

Grillé par tout un tas de gens. J'envoie quand même.

Re: La faiblesse morale du héros

Posté : mer. avr. 18, 2012 9:58 am
par Tristane Suzette
Est-ce une évolution des spectateurs, je l'ignore, mais je peux témoigner que mon fiston ne jure que par Dark Vador (ce n'est pas le déguisement de Luke qu'il a demandé).
Je demande, pour l'évolution des spectateurs, parce que les enfants sont peut-être devenus comme nous, plus attirés par les anti-héros.