Ils peuvent être très réduits (une seule pièce) ou immenses (tout un pays, toute une planète), ou ciblés (les aéroports, les grands casino/hôtels/banques du monde) mais ces lieux doivent avoir une cohérence et refléter le thème principal.
En fait, je suis plutôt d'accord avec ce concept, pas dans le sens où il faut limiter le nombre de lieux qui apparaissent dans une histoire, mais plutôt dans le sens où il peut être intéressant de les "choisir" en adéquation avec le(s) thème(s) de l'histoire, la symbolique que ces lieux reflètent et l'ambiance qu'ils dégagent. Et aussi que les lieux, d'une certaine manière, reflètent la "dimension" de l'histoire, l'échelle à laquelle elle se situe.
Prenons un exemple (il est pas terrible, je vous préviens, mais c'est tout ce que j'avais sous la main
):
Dans le cas d'un huis-clos, on est d'accord: le symbole est fort et facilement identifiable.
Mais ce principe est transposable même dans des situations où les personnages ont, à première vue, toute liberté d'action: imaginons que l'on mette en scène une personne qui se sent "à l'étroit" dans sa vie. En le faisant tourner en rond entre les différents lieux qui constituent son quotidien (maison, boulot, école, lieu habituel où il retrouve ses amis...), on va générer cette impression de monotonie, de confinement, d'être "coincé" dans un espace restreint.
Si tout à coup on l'envoie aux Caraïbes dans le cadre de vacances exotiques, on va "casser" cette impression de routine. Dans les faits, la situation est peut-être pourtant la même: ce sont peut-être ses premières vacances depuis 10 ans et cela ne change strictement rien au fait qu'il se sent à l'étroit dans sa vie, qu'il en a marre de son boulot et de son quotidien bien rangé. Sauf qu'on a introduit une rupture, et que si on ne l'exploite pas, si cette rupture de lieu ne rencontre aucun écho dans le récit, on peut très bien avoir amoindri son propos sans l'avoir cherché.
En ce sens, je pense qu'il y a effectivement une "cohérence des lieux" à chercher en adéquation avec le propos.
Pour ce qui est de la "dimension" de l'histoire, je pense que les lieux peuvent la refléter aussi, non seulement dans le cas de récits intimistes mais même dans des récits où il y a justement beaucoup d'espace et de voyages.
Le Seigneur des Anneaux qui a été évoqué sur ce fil est à mon sens un bon exemple: l'univers très vaste dans lequel les personnages évoluent reflète la "grandeur" épique de la quête entreprise, le fait que les actions des personnages vont avoir des répercussions sur toute la Terre du Milieu... que l'on soit un hobbit vivant dans la Comté, un elfe planqué à la Lothlorien, un nain perdu dans l'immensité de la Moria ou un humain chevauchant sur les plaines du Rohan. On nous donne la mesure de tout ce qui dépend de la réussite ou de l'échec de la quête de l'anneau: si tout avait eu lieu dans l'intimité du jardin de Frodon, et même si les enjeux avaient été les mêmes, l'impact n'aurait certainement pas été le même...
Certains lieux ont une importante valeur symbolique aussi, ou psychologique pour les personnages: une scène qui se déroule dans un décor lambda ou bien dans un lieu étroitement lié à l'enfance du protagoniste (par exemple), ça n'a pas du tout la même portée.
Dans un autre ordre d'idées, les lieux ont aussi une "aura", une atmosphère, et on peut les choisir en adéquation avec le ton du récit (sans tomber dans le cliché bien sûr).
Bref, sans vouloir en faire une règle absolue, je pense que les lieux ont une "âme" et qu'il n'est pas inutile d'y réfléchir quand on pose le décor de l'action. Ça peut être une piste de réflexion intéressante en tout cas, et bien utilisé, je suis sûre que cela peut donner du "relief" à un récit.