Nicéane a écrit :De mon point de vue en tant que lectrice, effectivement, je suis assez dérangée par ce genre de parenthèses culturelles qui ne servent pas l'intrigue. Enfin, surtout quand on s'étale dessus... En parler pendant deux ou trois phrases, pourquoi pas... mais disserter sur tout un paragraphe ou même raconter toute la légende, ce serait de trop à mon avis ! C'est à partir de là qu'on se dit : ça y est c'était un délire culturel (idem avec délire géographique/historique...) C'est vrai que quand on a une petite anecdote-légende assez sympa à raconter on a tout de suite envie de la caser, mais je pense que c'est un piège dont il vaut mieux se méfier.
tigrette a écrit :Je suis partisane de ne mettre dans mes romans que des éléments qui sont utiles de près ou de loin à l'intrigue. Je fais partie des lecteurs qui aiment que tous les fils de l'intrigue, toutes les pistes, tous les touches permettant de comprendre les personnages s'imbriquent à la fin.
Je rejoins totalement tigrette !
EDIT: je dis ça, mais en lisant le cycle de l'héritage, je n'ai pas été particulièrement gênée par les digressions. Il faut trouver le bon dosage je présume.
C'est justement ce qui me pose problème. Comme j'apprécie particulièrement les anecdotes qui font qu'un monde puisse paraître plus "réaliste", j'essaye d'en mettre de temps en temps également dans mon roman. Si les personnages connaissent l'histoire de leur monde, ce n'est pas le cas du lecteur qui découvre tout. Même si un message de Beorn m'a donnée une idée, cette légende a avant tout un caractère informatif. D'autant qu'elle s'étale sur bien plus d'un paragraphe... Mais peut-être que changer la forme allègerai le tout. Pour l'instant, elle est racontée dans des dialogues. La passer dans la narration la rendrait peut-être moins lourde, et surtout moins tendancieuse. Je vais y réfléchir.
Luani a écrit :
Si le texte est homogène et que rien ne dépasse, avec de multiples détails "inutiles" (je mets des guillemets, car pour moi les détails d'ambience ne sont jamais inutiles), et que ces détails se fondent pour former un décor riche/une culture particulière/une histoire tourmentée, les lecteurs ne se focaliseront pas sur un point particulier. Je pense à Tolkien, qui a truffé sont oeuvre d'informations qui ne servent pas forcément la trame principale, mais qui contribuent à la vie d'un monde unique.
Alors que s'il n'y a qu'une seule description détaillée dans toute l'histoire, on se dit forcément que cela risque de resservir.
C'est un peu ce qui sauve les meubles dans mon cas, je pense : des légendes, j'en raconterai d'autres pour étoffer l'Histoire du monde. Néanmoins, j'ai toujours cette inquiétude, surtout pour le récit des "arbres-soeurs". Maintenant, peut-être que je m'inquiète parce que j'ai tendance à me poser trop de questions. Si ça se trouve, ça passera comme une lettre à la Poste. J'aviserai lorsque j'aurai terminé ce tome.
Melanie a écrit :Beorn a écrit :En revanche, dans le cas général, si tu mets un élément en lumière de façon ce que le lecteur le retienne, alors il y a des chances pour que tu desserves ton roman : le lecteur risque d'enattendre quelque chose, ou au contraire de passer à côté d'un autre élément qui, lui, sera important par la suite.
Je me pose la même question que Beorn. Comme tu parles de cette légende en particulier, je me demande si c’est vraiment occasionnel que tu détailles des points de la culture de ton monde. Parce que, en tant que lectrice, si je trouve exceptionnel que l’auteur me décrive une légende, alors que ce n’est pas tellement dans ses habitudes, je crois que je pourrais en être intriguée et voir une manœuvre pour amener un quelque chose à l’intrigue. Alors, c’est vrai que ça serait frustrant si finalement tu n’en fais rien.
Comme je l'ai dis plus haut, cette légende ne devrait être qu'une parmi d'autres. J'aime bien donner plus de relief aux civilisations, qui ont chacune une histoire. Mais disons que ce qui m'inquiète le plus, c'est l'interactivité possible de cette légende. Pour être plus claire, la plupart des récits appartiennent au passé. Ils se sont produits, ont éventuellement eu une influence par la suite mais ça ne touche pas plus que ça. Dans mon histoire, il est clairement dit que l'esprit des soeurs peuvent communiquer, comme si elles avaient encore la parole. A partir de là, je me demande si le lecteur ne va pas se dire "Bon, c'est quand qu'elles interviennent les jumelles ?"
Eva a écrit :Par contre, si le détail fait partie du décor, le lecteur comprendra qu'il n'est là que pour enrichir l'univer. Ex : Quand les personnages de ton roman arrive au village elfique, ils remarquent, entre autres détails, que les habitants s'inclinent en passant devant les arbres soeurs. Ce n'est qu'un des éléments culturels qu'ils découvrent dans le village (en même temps que l'habitude des elfes à porter des bijoux en bois, par exemple) et il n'a aucune incidence sur l'histoire.
Ce sera surtout dans ce type de contexte que cette légende sera expliquée. Du moins, c'est l'effet que je veux produire, et pas un ignoble fusil de Chekov/Tchekhov/tout autre orthographe car j'en ai trouvé quinze
Maden a écrit :C'est intéressant mais pour moi raconter une légende ou un mythe c'est important pour donner de la profondeur au monde/peuple qu'on décrit.
Ca ne veut pas dire que c'est important ou que ce sera utilisé par la suite mais ca aide niveau cohérence, pour moi ce genre de détails culturels servent simplement à donner vie au monde imaginaire en question.
Par contre, comme pour tout c'est une question de dosage. Il en faut mais pas trop.
Yeah, je ne suis pas la seule à penser de cette manière !
Par contre, c'est vrai que j'ai tendance à en faire trop...
Beorn a écrit :En revanche, si elle fait évoluer les personnages, si elle leur fait comprendre autre chose à propos de l'intrigue, si leur échec les met dans une situation nouvelle... Alors même s'ils se sont provisoirement fourvoyés sur un chemin qui ne va pas vers leur but, cela a un sens.
Beorn a écrit :
La légende racontée peut avoir mille raisons d'être reliée à l'intrigue.
Soit une raison directe (elle donne un élément d'information utile à un personnage, très concrètement).
Soit indirecte (elle créé un parallèle avec la situation d'un personnage : amour, vengeance, obsession...) dans ce cas, elle permet de définir le/les personnage(s) par contraste ou comparaison.
Soit complètement indirecte (elle sert de symbolique à tel ou tel aspect de l'histoire...), dans ce cas, elle permet de revenir et de préciser les fils rouges de l'intrigue, de l'univers, etc.
En fait, on peut imaginer énormément de manières de faire que cette légende ne soit pas déconnectée de l'intrigue.
Ces réponses m'ont donnée une idée qui pourrait peut-être résoudre le problème, du moins si le lecteur arrive à se contenter de mon tour de passe-passe. Merci !
prionfou a écrit :Salut,
Je lisais un article hier sur un sujet connexe, qui apportait un eclairage interessant sur ce probleme. L'auteur disait qu'il decompose les elements de son texte en trois categories:
- Les elements lies au developpement de l'action (le "story arc")
- Les elements lies au developpement des personnages (le "character arc")
- Et les elements lies au developpement du monde, de l'ambiance et du theme (pas de nom la-dessus -- d'ailleurs a y reflechir on s'apercoit que c'est une categorie un peu foutoir).
Les trois ne sont pas necessairement lies... mais idealement, ils devraient.
[...]
Donc ca peut valoir la peine de reflechir a ce que ton passage cherche a effectuer. Si ca ne sert ni l'intrigue, ni le developpement des personnages, ni le theme, et qu'en plus cette sous-intrigue n'est pas nouee a la fin de ton roman, tu prends le risque que ton lecteur parte dans une direction qui n'etait pas la tienne (par exemple, se demander ce que viennent faire ces elements industriels dans Beowulf). Si c'est un aparte, qui trouve resolution et permet d'eclairer un certain aspect de ton histoire, par contre, faut surtout pas te priver -- des tonnes d'histoires sont concues comme cela (les Mille et Une Nuits, les Versets Sataniques, etc.).
Ceci dit, c'est le genre de choses sur lesquelles il vaut mieux ne pas trop se focaliser tant que ton histoire n'est pas terminee -- ex-ante, on ne sait jamais ce qui pourra servir a la fin (puisqu'on n'est jamais completement sur du theme).
Très intéressant développement, merci beaucoup ! Au départ, je pensais cataloguer cette légende dans la catégorie "développement du monde" (même si, comme tu le précise, ça fait un peu fourre-tout), mais si je réussis à la passer dans le "character arc", j'espère que le lecteur la digèrera plus facilement. Mais effectivement, je ferais peut-être mieux de n'y penser sérieusement qu'une fois l'histoire finie... Je suis pas sortie de l'auberge moi.
Merci pour vos réponses !