Question avancement du processus d'écriture, continuer ou s'arrêter en cours pour retravailler ?

[Elijah Bailey]

Bonjour,

Je me pose une question dont je n'ai pas vraiment trouvé la réponse dans les blogs, sites, chaînes YT qui traitent de l'écriture d'un roman.

J'ai commencé un roman (et cette fois, ce sera celui-là ou pas), et suis allé jusqu'à une dizaine de chapitres. Etant béotien en la matière, je suis tombé dans un certain nombre de travers (erreurs de focalisation, de points de vue, de structure, imprécision des enjeux, dilution de la tension, etc.) et ai pu en prendre conscience grâce à quelques B-Lecteurs bienveillants. J'ai donc mis tout ça en pause, et ai tout repris depuis "bonjour".
J'ai retravaillé mes choix de narration, de structure, etc. Je pense avoir déjà pas mal éclairci le truc, et je préfère cette version à la précédente, qui me conduisait, à terme, dans une impasse car ce que j'envisageais était trop difficile à gérer.
Je pense que c'est une bonne chose, et je tiens donc maintenant une grosse dizaine de petits chapitres (petits parce que c'est comme ça que je voulais qu'ils soient organisés, un peu dans le genre chroniques. Des scènes qui s'enchaînent pour former un tout.) qui me semblent pouvoir constituer une base acceptable.

Pour autant je sens, ou plutôt je sais, qu'ils ont encore besoin d'être retravaillés. Mais la question que je me pose est la suivante :

Est-ce qu'il serait plus pertinent de les reprendre dès à présent et les corriger, ou continuer à écrire pour corriger le tout à la fin avec une vision d'ensemble ?

Dans le premier cas, c'est aussi un peu prendre le risque de reprendre à l'infini une dizaine de chapitres et voir l'écriture de mon roman ne jamais aboutir. Dans le deuxième, c'est prendre celui qu'une modification impactante apportée au début (idée nouvelle, modification profonde d'un personnage, ou autre.) oblige à tout revoir par la suite.

Je me doute un peu que si la réponse n'est pas clairement exprimée dans les "méthodes" d'écriture, c'est que les processus doivent probablement être variés et dépendre des affinités méthodologiques de chacun. Mais néanmoins, quel serait votre avis sur cette question ?

Comment vous faites, vous ?

[Elikya]

En général, on conseille d'aller jusqu'au bout du premier jet en priorité. Comme tu le dis, cela permet de ne pas corriger à l'infini le début avant d'aller jusqu'à la fin. De plus, cela permet d'avoir une vision de l'ensemble de l'histoire au moment de la corriger.

Pour ma part, je vais au bout du premier jet avant de corriger le roman dans son ensemble. En effet, je commence par corriger la structure du roman, donc il ne servirait à rien de corriger des scènes qui seront supprimées parce qu'elles ralentissent le rythme de l'histoire, ou qu'elles ne vont pas dans le bon sens.

[NaNa]

Perso ça dépend. Si je ne suis pas bloquée dans l'écriture, je continue le premier jet. Par contre, si ne pas corriger me bloque, là je reviens en arrière. En général, c'est le cas quand j'ai des modifications très importantes sur le fond à apporter, au point que cela impacte ma vision sur la suite du texte.
Par exemple, j'avais commencé un tome 3 au début de l'année, mais je bloquais sur un de mes pdv. Une des raisons est que j'avais l'impression que ce pdv faisait la même chose sur tous les tomes et que ça allait recommencer dans celui-là. J'ai donc décidé que j'allais reprendre son pdv depuis le tome 1 avant de continuer.
Par contre, là je corrige mon roman jeunesse, j'ai pas mal à reprendre sur la profondeur de mon perso principal, mais ça n'influence pas l'intrigue, donc ce n'était pas gênant de ne pas l'avoir fait avant. Et je sais où je vais, ça m'est déjà arrivée de faire comme si j'avais déjà modifié l'intrigue en continuant même si ce n'était pas le cas.

[Erysimum]

De mon côté, l'objectif c'est de me faire plaisir

J'essaie par moment de revenir en arrière, de corriger quelques points, rédiger un synopsis de travail mais lorsque les corrections (surtout sur le fond) me semblent trop conséquentes et que j'ai l'impression que je vais me décourager, je m'arrête illico pour poursuivre l'écriture du premier 1er
...jusqu'à la prochaine vague où je me dis que ça sert à rien car il y a de trop gros problèmes de fond et que je retente les corrections
... avant de poursuivre à nouveau le premier 1er !

Pour le côté architecte on repassera mais je pense que l'important c'est de conserver une bonne dose de motivation. Tu peux tenter plusieurs méthodes mais dans tous les cas, l'idée n'est effectivement pas de se perdre dans les corrections : on peut toujours améliorer mais l'objectif c'est aussi d'avancer !

[Plumàfeuille]

Je te conseillerais d'aller au bout de ton premier jet en priorité.
Un premier jet, ça n'a pas à être parfait, ni même bon ; ça sert à fixer les choses une première fois, pour ensuite savoir dans quelle direction on veut aller en reprenant ce bazare.
Si tu bloque, tu peux très bien te faire une to-do list des choses à changer, en écrivant à coté un objectif à atteindre avant de t'y coller ( ça peut être finir le premier jet, ou avoir écrit le back-ground d'un personnage, etc.)
Le fait d'écrire ce que je dis faire et quand 'aide beaucoup à dépasser mes blocages... C'est de la psychologie : si ce n'est pas écrit, je dois le garder en tête, donc je ne peux pas me concentrer sur autre chose !

[Pi.]

Il faut apprendre à se connaître. Je dirais que l'important c'est d'apprendre et d'avancer. Parfois corriger permet de repartir de plus belle, mais ça va dépendre du moment et de ce que tu ressens. Il n'y a pas de recette miracle, mais par approximations successives, on arrive toujours à un résultat.
Mon plaisir est surtout dans l'écriture, donc je donne la priorité au premier jet et corriger c'est ma bête noire. Mais je dois bien reconnaître que les corrections m'ont apporté beaucoup, dont plein d'idée pour la suite !

[Vanilumi]

Je suis comme Nana sur ce point : lorsque j'écris mon premier jet mais qu'une scène ne fonctionne pas (au niveau déroulé/construction de phrases/syntaxe/il me manque des éléments informatifs) et que ça en vient à me bloquer pour la suite du récit parce que j'ai besoin d'avoir un truc correct pour avancer, je fais une pause, je m'arrête, je pèse le pour et le contre (je combats souvent ces envies de correction ) et ça me permet d'y réfléchir tout en me prenant la tête.

Une fois que je me suis bien pris la tête à ne pas avancer, je prends le taureau par les cornes : je prends la scène qui m'embête, je la retourne sur le dos et je la corrige. Parfois, il s'agit juste d'un mot à modifier, parfois une petite tournure de phrase, d'autres fois c'est un paragraphe, mais en général, ça reste des corrections légères. Une fois ceci fait, je repars d'un pas plus léger vers la suite du récit en sifflotant (tout en travaillant) trop heureuse d'avoir enfin vaincu le dragon infernal.

J'ai aussi un cas récemment plus important (un gros paragraphe ou plutôt une scène d'action qui s'étale sur 1-2 pages) que je n'ai pas retouché pour ne pas m'empoisonner la vie (ce sont surtout les formulations de la scène qui m'embêtent, comme d'hab'). Là, je me suis juste dit que j'allais garder l'info dans un coin de ma tête (pour ne pas me mettre un commentaire tout moche qui me réduit ma page Word de moitié, parce que zut ! ) pour la retravailler plus tard (à la fin de la première partie du 1er jet, par exemple, quelque chose comme ça) parce que la correction de cette scène n'est pas essentielle pour développer la suite du récit en tant que telle.

Donc, en résumé :

1) Identifier si tu estimes que la scène est importante pour te permettre de poursuivre ton intrigue ou pas
2) Si oui et si cela ne nécessite pas un gros travail, relis un petit coup et passe un coup de dépoussiérage. Si elle nécessite un plus gros travail, mets une petite note/un commentaire sur le côté pour revenir dessus plus tard (tout en notant les éléments importants qui te permettront d'avancer dans ton intrigue quand même).
3) Si la scène n'est pas suffisamment importante pour la suite du récit (p. ex : on s'en fiche de savoir que Marc a mangé du fromage plutôt que de la saucisse à midi, puisque ce n'est pas ça qui va lui faire rater son bus, mais plutôt le fait qu'il a trébuché sur le pavé et la scène du pavé est ok), tu te mets une petite note sur le côté pour y revenir ultérieurement (à la fin du chapitre en cours si tu en ressens le besoin ou à la fin du 1er jet).

Et un petit exemple réel tiré de mon challenge en cours (pour bien imager le truc) :

A un moment, j'ai une scène d'action qui se passe (un personnage qui combat une armée, grosso modo). Le combat se déroule, j'écris du tac au tac, j'écris la suite dans la foulée. En relisant le passage, la formulation de la scène m'embête très très fort (traduction : "Je veux tout jeter et tout refaire tellement c'est nul !" ) mais comme j'avais déjà écrit ce qui se passe après (quelques phrases jetées vite fait), le moment étant passé, la scène en elle-même ne me dérange pas en soi pour continuer. Je garde juste en tête que X a massacré son armée et continue sa petite vie pépère tout en me gardant dans un coin sur Bloc-Note : "Scène du combat à revoir complètement". Et je suis ainsi repartie de plus belle écrire, j'y reviendrai à la fin du 1er jet ou de ma 1ère partie, contrairement à mon habitude, mais tant mieux (la réécrire m'aurait pris trop de temps et d'énergie). Et à côté, je continue à relire mes dernières phrases écrites en les remodifiant/corrigeant si nécessaire avant de poursuivre mon écriture

Chacun a sa manière de fonctionner, donc si tu ressens vraiment le besoin viscéral de corriger ta scène, corrige-la avant que ce besoin ne te mange. Si ce n'est pas le cas, ne la laisse pas t'empoisonner et poursuis le processus d'écriture

Merci d'avoir lu ce pavé César tartine

[Elijah Bailey]

Merci à tous. Vos conseils et point de vue me sont précieux. Je ne suis jamais allé aussi loin dans un projet d'écriture qu'aujourd'hui, et j'avoue que je commence un peu à y croire. Cette fois, peut-être que j'arriverai à finir un truc...

[Mhagpi]

Bonjour tous le monde !

Voilà, je me demandais par quoi est-ce que vous commencez quand vous avez une idée d'histoire. Quel est votre processus de création ? Est-ce que vous commencez par détailler un synopsis ? Ou étoffer l'univers ? Est-ce que vous réfléchissez d'abord aux thématiques que vous voulez aborder ? Ou alors c'est les personnages qui vous viennent en premier ?

Personnellement, j'ai l'impression d'avoir une approche pas très "roman". Je commence généralement par l'univers, pour y mettre ce que j'aime, ce que je voudrais développer et cerner les possibilités des mondes qui prendront place dans cet univers. Quasiment en même temps, je formalise le monde, je pose son ambiance, les peuples qui l'habite, les principales nations et organisations, je tisse les liens entre tout ça et créer les personnages en fonction des rôles qui se dégagent de ce processus. Parallèlement, je dessine beaucoup de référence de ce que j'imagine. Les styles vestimentaires, l'esthétique des bâtiments, les différentes calligraphie, les cartes du mondes, le bestiaire... Je disais que mon processus n'est pas très "roman" car finalement l'histoire viens en dernier dans tout cela, si elle vient a un moment. Je passe énormément de temps à construire l'univers et au final c'est presque une fin en soit. Écrire n'est qu'un moyen de donner un peu plus de profondeur et de vie à l'univers, de le mettre en pratique, de le visualiser plus concrètement...

Voilà, je sais pas s'il y en a qui sont un peu dans ce cas là aussi ?

[Story]

Bonjour Mhagpi,

Avant de commencer à écrire, j'étais passionné de Worldbuilding. Je créais des univers et, pour moi aussi, c'était une fin en soit. Je n'imaginais même pas écrire dessus, ça finissait souvent en JDR, mais même là ce n'était pas une fin en soit.
J'ai lancé mon premier challenge dans la marre sur la base d'un univers créé bien longtemps avant et puis au fur et à mesure de l'écriture, pour les besoins de l'intrigue je continue à l'étoffer.
En ce moment je travaille sur une grosse nouvelle, voir une novella et j'ai fait pareil pour la préparation.
Je pars d'un logiciel de tableau blanc, je pose tout sous forme de post-it avec des codes couleurs pour l'univers, l'intrigue, les quêtes des personnages,...
Au final, ça donne un truc comme ça :


Donc au contraire, je pense que ta manière est parfaite pour l'écriture. Mais il n'y a pas de bonne ou de mauvaises manière de faire, je suis souvent ébahis ici devant les "jardiniers" qui arrivent à sortir des intrigues hyper complexes et cohérentes en posant très peu (voir pas du tout) de choses sur papier.

[Redornan]

Je commence aussi, souvent, par le worldbuilding, souvent une idée forte/un concept de magie qui me semble intéressant, et c'est autour de ça que je vais édifier le monde, puis les personnages et leur histoire !
Donc non, je pense comme Story que ça s'adapte parfaitement à un projet de roman
Par exemple pour un concours auquel je veux participer en octobre, j'ai commencé à édifier un système de magie et une organisation de la société et là je réfléchis à l'héroïne/l'histoire qui va trouver sa place là dedans

[NellyParker]

Hello Mhagpi
Pour te répondre, je pense qu'il existe autant de méthodes qu'il existe d'auteurs. Commencer par le worldbuilding n'est pas forcément contraire à l'écriture, d'ailleurs il y a beaucoup d'auteurs qui le font.

Pour ma part, mon processus créatif est presque entièrement inconscient, je fonctionne sur un système d'idées que je laisse se développer tranquillement avant de commencer à écrire. Concrètement quand je trouve qu'une idée pourrait faire une bonne histoire je la mets dans un coin de ma tête. Cette idée ça peut être n'importe quoi, un thème, un type de personnage, une scène, une ambiance, un élément de worldbuilding. Au bout d'un moment, l'idée finit par mûrir, et je découvre qu'il y a tout un tas de choses exploitables qui vont avec. À ce moment, je commence à me jouer les scènes importantes qui me viennent dans ma tête, ce qui me permets de continuer à développer l'intrigue, les personnages et l'univers. Je n'arrive pas à séparer les trois, ils viennent ensemble, mais je dirais que les personnages sont prédominants dans mon processus créatif. Mes personnages existent parce qu'ils ont un rôle dans l'intrigue, et ils sont comme ils sont parce que l'univers duquel ils viennent les a façonné ainsi. Les thèmes sont également très important dans mon écriture, mais comme le reste, je ne vais pas sciemment choisir tel ou tel thème. Une fois que j'ai l'histoire, en général il y a aussi les thèmes qui vont avec.

Quand j'ai une vision suffisamment précise du début, des scènes clés, et de la fin, je commence à écrire. J'ai déjà essayé de plannifier mes écrits par le passé, mais au final je n'arrive pas à suivre mon plan s'il est trop précis, donc j'ai arrêté.

[Elikya]

Je pense qu'il n'y a vraiment pas de règle absolue, aucune façon de faire n'est fondamentalement bonne ou mauvaise, l'important c'est de trouver ce qui fonctionne pour soi. Commencer par le worldbuilding, cela me rappelle la méthode d'Orson Scott Card, qui commence ses romans par une carte. Du moins, c'est ce qu'il raconte dans Comment écrire de la fantasy et de la SF ?.

Pour ma part, je fonctionne à l'instinct. Des rouages tournent dans ma tête, et soudain ils s'assemblent, et je sens que je tiens un roman. Il y a un peu de tout comme rouages : les personnages principaux (au moins deux), une esquisse d'univers (l'époque et l'ambiance), un début d'intrigue (plus ou moins selon les cas). Et puis vogue la galère, je commence à écrire le premier jet. Je ne note rien en amont, car je suis plutôt jardinière, si j'écris le plan du roman, alors je n'écrirai pas le roman. C'est souvent par les dialogues que je découvrent mes personnages. Ils parlent, parlent, parlent, et à force je commence à comprendre leur caractère. Du coup, je fais mes fiches personnages pendant ou après le premier jet, jamais avant. C'est pareil pour l'univers, je le construits au fur et à mesure des besoins, donc le plan se fait pendant le premier jet et pendant les corrections. Et je construits l'intrigue au fur et à mesure du premier jet aussi, avant de la rendre plus solide et plus riche pendant les corrections. Tout cela pour dire que je prépare peu, et que je corrige beaucoup.

[NaNa]

Comme disent les autres, il n'y a pas de mauvais processus d'écriture. Si ça te mène à un bon roman à la fin, c'est tout ce qui compte.

Pour ma part, même si j'ai parfois des exceptions, je commence souvent par les personnages. J'ai souvent le concept d'un personnage, parfois deux ou trois scènes en tête, et je brode à partir de ça : je crée d'autres personnages avec parfois le concept de l'intrigue, et c'est quand j'ai tous les persos que je commence à réfléchir à l'intrigue. Souvent d'ailleurs, créer les fiches de personnages me donnent des idées pour l'intrigue.
Par exemple pour une de mes histoires, j'avais juste le concept d'un perso, et j'ai commencé à créer les autres persos dont j'avais besoin autour de lui (son père, sa soeur, etc), puis les persos qui entouraient ces nouveaux persos (leurs alliés, leurs ennemis, etc). Je ne savais pas encore exactement pourquoi les persos allaient s'opposer même si j'avais décidé qu'il y aurait deux camps, et c'est en écrivant leurs fiches que j'ai eu des idées pour l'univers et pour l'intrigue, qui est venue en dernier.
Sur un autre projet, j'ai commencé à écrire avec juste un concept de personnage, et j'ai tapé ce qui me venait à l'esprit à partir de ça.

Je pense que c'est assez courant finalement de ne pas penser à l'intrigue en premier. Bon après, je ne dis pas que personne ne commence par l'intrigue, il y en a forcément, mais pas tout le monde et ça marche quand même.

[Mosswing]

C'est intéressant de voir comme chacun a un point de départ différent. Pour le coup je pense vraiment à l'intrigue d'abord, et mes premières idées sont des bouts de scènes ou des successions d'actions. C'est assez austère, il n'y a même pas de personnages, ahah. Ensuite je développe l'intrigue en essayant de construire les personnages en parallèle. Le reste vient vraiment à la fin.