Quand vous pensez à quelqu'un...

[LaMarquiseDeMerteuil]

Salut les grenouilles ! Alors non, contrairement à ce que pourrait laisser penser son titre, je n'ai pas ouvert ce sujet pour me lamenter à propos d'un être cher !

Suite à un échange avec une grenouille qui a gentiment BL l'un de mes extraits, je me pose une question à propos d'un point de détail (mais le diable se cache toujours dans les détails n'est-il pas vrai ? ). Comme c'est une situation à laquelle d'autres grenouilles pourraient être confrontées, je me suis dit qu'il serait intéressant de la poser ici.

Comme un exemple vaut mille mots, je me permet d'utiliser mon cas personnel en illustration, mais ça n'a pas d'importance.
Pour faire simple, nous sommes en focalisation interne à la troisième personne, et quelques pensées "brutes" de mon personnage sont retranscrites en italique. Dans l'une de ces pensées, mon personnage pense à quelqu'un qu'elle n'a pas revu depuis très longtemps et qu'elle s'apprête à retrouver. Ce qui donne :
"Et s’il ne me reconnaît pas ? Les années ont filé ! S’il ne me croit pas ? C’est si long dix-huit ans…"

• Donc dans sa BL, cette gentille grenouille me fait remarquer :

  Comme elle à l’air plutôt attaché à lui, je trouve étrange qu’elle ne veuille pas donner son nom

• Ce à quoi je réponds :

  En fait ça ne me paraît pas si étrange. Par exemple si je pense à quelqu'un que je n'ai pas vu depuis longtemps, dans ma tête je ne me dirais pas "Et si Bidule ne me reconnaît pas ?" mais bien "Et s'il ne me reconnaît pas ?". Non ?

• Et voici sa réponse, que je trouve tout à fait pertinente :

  Épineux comme question. Je dirais que personnellement dans ma tête je dirais "il" mais j'aurais en même temps une "image" de Bidule qui viendrait et donc traduire cette image en mots ?

Je précise qu'il n'y a ici aucune volonté de rétention d'information pour créer du suspense, le nom de "bidule" apparaît un tout petit peu plus loin et le personnage en lui-même dans la scène suivante. Mon interrogation concerne réellement la forme.

Et comme elle a conclut comme ceci :

Je pense par contre que c'est une bonne recherche à faire ou à demander à des gens qui maîtrisent ce genre de point de vue

Me voilà ici Donc, que feriez-vous (ou qu'avez-vous fait) dans ce genre de cas ?
par avance aux grenouilles qui viendront éclairer ma lanterne !

[Elijah Bailey]

Hello, Marquise.

Juste un avis (de béotien, qui plus est) :

Comme elle à l’air plutôt attaché à lui, je trouve étrange qu’elle ne veuille pas donner son nom

Le problème dans la remarque qui t'a été formulée, c'est le "veuille". Qui induit la notion d'intention. Dit comme ça, on dirait que ton personnage refuse. Si ça n'est pas pour autant le cas, alors, c'est un simple fait. Point. Et point n'est besoin de préciser plus si, naturellement, toi, auteur, tu ne l'as pas fait.
N'ayant pas BL ton texte, je ne peux me positionner par rapport à ça. Lu comme ça, soit tu as précisé auparavant dans ton texte qu'elle refuse d'employer son nom (et dans ce cas-là, on sait que c'est Voldemort) et on sait pourquoi elle ne le cite pas, soit c'est un procès d'intention qui est fait à ta phrase, et dans ce cas, pourquoi vouloir en tirer une règle ?

Concernant la représentation mentale associée au "il" dans les pensées d'un personnage, je dirais que c'est un faux problème, et que si on veut le considérer, c'est alors un problème insoluble car se posera aussi celui de la limite de détails qu'il "faut" prendre en compte. Si ton personnage se dit, par exemple : "Qu'est-ce qu'elle va vite, cette voiture !", tu n'est pas obligée de préciser "Qu'est-ce qu'elle va vite cette Clio III de marque Renault et de couleur verte avec un volant couvert de fourrure et une chaussure de foot qui pend au rétroviseur", quand bien même ça serait l'image mentale qu'il en a. Ca n'a pas de sens. Sauf si effectivement, on veut préciser qu'il s'agit d'un supporter de l'OM. Là, ça pourrait en avoir déjà un peu plus.
Ce que je veux dire, c'est qu'à mon avis, il n'y a pas de règle mais que ça dépend plus de ce que tu veux écrire et de comment tu veux l'écrire.

Sans compter qu'en plus, comme tu es un auteur, la tricherie a le champ libre :

Tu ne veux pas le citer :
"Et s'il ne me reconnaît pas ? Les années ont filé ! S’il ne me croit pas ? C’est si long dix-huit ans… Après tout, j'ai bien réussi à oublier son prénom, moi..."

Tu veux le citer ?
"Et s'il ne me reconnaît pas ? Sacré Joseph ! Toujours aussi beau, même si les années ont filé ! Et s’il ne me croit pas ? C’est si long dix-huit ans…"

Je pense sincèrement qu'il n'y a ni recette ni vérité absolue dans ce domaine. Juste l'auteur, ses envies et sa capacité à les retranscrire...

P.S. : ça marche aussi avec le PSG, hein ? Je ne veux froisser personne...

[ambre_revant]

J'étais partie sur Saint-Etienne avec la Clio verte... OK, je

(et sinon, je plussoie tout ce que tu viens d'écrire, hein)

[Elijah Bailey]

Bon, du coup, au lieu de faire les choses dans l'ordre, j'ai répondu d'abord et suis allé voir la BL ensuite.
Et là, c'est un peu différent, du coup.
Car il y a la mise en contexte à prendre en compte, avec Sergueï en pleine action auparavant et un éventuel griffon (si j'ai bien compris), et la formulation aussi est différente. Il s'agit plus d'un ressenti de lecteur que d'une règle d'écriture sur l'expression des pensées d'un personnage dans une incise en représentation interne. Et, pour le coup, il y a matière à discuter.

Quelle a été ta conclusion personnelle, ton avis à toi sur la question, Marquise ?

[LaMarquiseDeMerteuil]

Salut Elijah, et merci de tes réponses ! Je vais répondre surtout à la deuxième du coup

Bon, du coup, au lieu de faire les choses dans l'ordre, j'ai répondu d'abord et suis allé voir la BL ensuite.
Et là, c'est un peu différent, du coup.
Car il y a la mise en contexte à prendre en compte, avec Sergueï en pleine action auparavant et un éventuel griffon (si j'ai bien compris), et la formulation aussi est différente.

J'ai essayé de retranscrire l'échange au mieux (j'ai gardé les formulations d'origine en supprimant seulement le prénom du personnage), mais je n'ai effectivement pas mentionné le contexte pour essayer de généraliser mon propos et ne pas traiter uniquement de ce cas particulier. Je ne pensais pas que ça changerait quelque chose ? Donc oui cette pensée intervient pendant une action d'un autre personnage (ou "en pleine action" comme tu dis mais les esprits mal tournés dans mon genre pourrait interpréter ça... ).

Il s'agit plus d'un ressenti de lecteur que d'une règle d'écriture sur l'expression des pensées d'un personnage dans une incise en représentation interne. Et, pour le coup, il y a matière à discuter.

En effet cette gentille grenouille me faisait part de son ressenti, il ne s'agit en rien d'une idée qu'elle m'aurait imposé comme une règle. Je suis désolée que ça ai pu être perçu comme ça Donc effectivement ça ouvrait une discussion, d'où l'ouverture de ce sujet

Quelle a été ta conclusion personnelle, ton avis à toi sur la question, Marquise ?

Et bien c'est tout le problème... Je suis assez partagée en fait, et comme je vais entamer la réécriture de cet extrait je suis bien embêtée ! D'un côté, je trouve la remarque de cette grenouille très pertinente. Il est vrai que si je pense à une personne que je connais, j'ai son image en tête. Et après tout, les pensées c'est un ensemble, pas seulement la "petite voix intérieure". Mais d'un autre côté je trouve "ma formulation" plus naturelle à l'écrit... Donc j'en suis arrivée au stade où j'hésite à reformuler complètement le passage pour essayer de faire coïncider ces deux aspects. Mais je n'ai pas encore le début d'une idée de comment m'y prendre bien sûr Voilà, voilà...

[LaMarquiseDeMerteuil]

(et sinon, je plussoie tout ce que tu viens d'écrire, hein)

pour ce "plussoiement"

[NaNa]

Je n'utilise pas la pensée en italique en général (je n'aime pas, mais c'est personnel), par contre je retranscris souvent leurs pensées dans la narration comme tu peux le faire.
Je pense que le plus souvent, j'utilise le pronom. Mais c'est souvent aussi des cas où soit je ne donne pas le nom exprès, soit la personne dont je parle est facilement identifiable (souvent, elle a été citée juste avant et il est logique que le pronom se rapporte à elle).

Je n'ai pas lu l'extrait donc je vais peut-être tomber à côté. Pour moi, ne pas donner le prénom va renforcer un effet d'attente pour le lecteur : qui est ce "il" et pourquoi le personnage pense-t-il à lui sans le nommer ? Je pense donc que je ne tiquerai pas à ma lecture, ça m'intriguera seulement davantage.
Je pense que je tiquerai davantage si c'était un perso que je connaissais déjà et qu'il n'y avait aucune raison de ne pas donner son nom, surtout si la pensée est un peu déconnectée de ce qui se passe avant (bon c'est un exemple que j'ai trouvé en deux secondes, donc probablement pourri, mais disons que votre perso est en plein dilemme du style "dois-je ou non partir à l'aventure" et d'un coup il pense "mais que dirait-elle si je m'en vais", ça me dérangerait de pas savoir qui est "elle" (sauf si y a une raison à ça bien sûr)).

Je sais pas si je suis claire désolée.

En résumé : chez moi je résonne en termes de compréhension pour le lecteur. Si le lecteur peut comprendre de qui je parle alors j'utilise le pronom car je trouve ça plus naturel. Si ce n'est pas le cas je vais utiliser le nom pour que ce soit clair.

[timioko]

Sauf exception assumé le but d'écrire ( au moins dans la phase correction) c'est de rendre l'histoire claire et lisible. Du coup on va s'attacher à ce que lecteur sache toujours qui fait quoi avec qui. Dès lors qu'il y a rupture dans cette logique, à mon avis, il y a un procédé stylistique. Donc le lecteur s'attend à ce qu'il y ait une raison. Qui est ce"il" ? Est ce un personnage que je connais ou pas? Pourquoi le personnage, avec la complicité de l'auteur ne donne pas son nom?
Si ce suspens ne sert pas le texte et son intrigue, s'il ne dit rien de spécial, il embrouille à mon avis le lecteur pour rien.
Ceci dit je suis très friande de cette façon de faire qui me semble assez naturel quand j'écris et c'est à la correction que je traque ces imprécisions en essayant de garder que les vraiment utile.

[LaMarquiseDeMerteuil]

Salut à toute les deux, et merci pour vos réponses très complètes !
Du coup je pense que mon cas personnel peut rentrer dans la situation que vous décrivez :

Pour moi, ne pas donner le prénom va renforcer un effet d'attente pour le lecteur : qui est ce "il" et pourquoi le personnage pense-t-il à lui sans le nommer ? Je pense donc que je ne tiquerai pas à ma lecture, ça m'intriguera seulement davantage.

le lecteur s'attend à ce qu'il y ait une raison. Qui est ce"il" ? Est ce un personnage que je connais ou pas? Pourquoi le personnage, avec la complicité de l'auteur ne donne pas son nom?
Si ce suspens ne sert pas le texte et son intrigue, s'il ne dit rien de spécial, il embrouille à mon avis le lecteur pour rien.

Puisque le personnage en question n'est pas encore connu du lecteur et que l'on ne sait pas encore ce que mes autres personnages viennent faire là, j'imagine que ça peut participer de ce côté un peu mystérieux, du genre "mais qui viennent-ils rencontrer ?". Ce n'était pas l'intention de base, mais je pense que ça peut coller

Encore à tous d'avoir pris le temps de répondre !