Nana a écrit :en fait, ce que tu veux dire, c'est que les grecs n'attendent pas de leurs dieux qu'ils viennent les sauver?
Oui. Beaucoup d'autres choses sont impliquées par l'absence de dogme.
Nana a écrit :Par contre je ne pense pas que le dogme soit la fin naturelle du polythéisme, je pense que c'est juste que historiquement, ça c'est passé comme ça.
Je ne vois pas sur quoi tu te bases : si cette évolution notable a lieu sur tous les continents (le zoroastrisme, l'évolution du védisme, le shintoïsme, le christianisme...), on peut penser qu'elle est logique et trouver les raisons. Tu peux sur le papier inventer tout ce que tu veux : loin de moi l'idée de mettre une barrière à ta créativité ! Cela restera de l'invention, non la remise en question de la logique évolution du paganisme adogmatique vers le monothéisme dogmatique. En général l'esprit va de ce qu'il a sous les yeux vers la nature des choses. La religion ne fait pas exception : d'abord les dieux incarnent des forces de la nature, ensuite ils sont le principe de la vie et de l'être. Il s'agit d'une tendance à l'abstraction liée à l'évolution de l'homme et de ses représentations. On ne peut pas se figurer le paganisme comme une modernité religieuse : il ne peut s'agir que d'une pré-modernité ou d'une post-modernité.
Nana a écrit :Au fond, y a rien dans la définition du dogme qui s'oppose au polythéisme
Si. Le dogme est le fond de la foi. Les polythéistes sont sans foi. Le dogme est le fondement de la morale. Les polythéistes sont très critiques sur la morale de leurs dieux (inceste, adultère, assassinat, cannibalisme...). Le dogme est unique. Les polythéistes se moquent de croire à telle ou telle version d'un mythe : ils n'y croient pas, ils n'y ajoutent pas foi, ils s'en servent d'historiette et la retravaillent dans le théâtre et dans leurs écrits. On pourrait multiplier les oppositions qui rendent le dogme et le polythéisme inconciliables.
Nana a écrit :le fait que les chrétiens aient des dogmes et pas les grecs ait plus dû à la façon dont est organisé le culte et à leur façon de voir leur dieu.
C'est l'inverse en fait. Le culte et la façon de se représenter la divinité découlent du dogme, et, dès qu'on rétablit le dogme (en réponse aux progrès exégétiques), on réforme à la fois la liturgie et les mentalités.
Nana a écrit :Mais en fantasy, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas inventer une religion polythéiste qui ne soit pas sur le modèle grec et permette d'avoir des dogmes.
On peut tout inventer. Mais si l'on cherche à rendre une religion crédible (et c'était le but de l'auteur du fil, disait-il), il y a quelques principes qui peuvent guider la démarche, et notamment celui-ci qu'une religion naturelle est sans dogme et qu'une religion révélée est dogmatique.
Nana a écrit :Après tout, ce qui est bien en fantasy, n'est-ce pas aussi de pouvoir inventer des choses qui n'ont pas eu lieu dans notre monde?
Je suis tout à fait d'accord. Même si la réalité ne reste pas longtemps sans s'inviter. Les problématiques sociales de notre temps sont rarement tout à fait délaissées sur les pages de fantasy. Le style et le vocabulaire (et les catégories de pensée) n'ont pas souvent la couleur d'un autre monde.