La noblesse sous l'Ancien Régime

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Enghien
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La noblesse sous l'Ancien Régime

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SOMMAIRE
  1. L'ordre de la noblesse
  2. Le statut social
  3. Les moyens d'existence
  4. Quelques charges
  5. Unité de l'ordre de noblesse
  6. Une division de la société nobiliaire
Voici mon premier dossier effectué sur ce site. Pourquoi ce dossier?
Parce que je suis incapable de donner des conseils sur la façon d'écrire, sur le style ou encore sur l'orthographe. Je me suis donc attelé à contribuer au forum d'une autre manière, en parlant de ce que je connais le mieux : l'Histoire de France.

Le dossier est écrit dans le but de donner des pistes à ceux qui souhaite écrire un récit qui se déroulerait durant l'Ancien Régime français en voulant être le plus près possible de la réalité historique.
Je l'ai aussi conçu de manière à ce que quelqu'un qui n'est aucune connaissance de la période ne soit pas largué et tout de même comprendre ce que j'écris.


INTRODUCTION

Second ordre sur les trois après le clergé mais avant le tiers-état, la répartition de la société admise au moyen age entre ceux qui prient, ceux qui se battent et ceux qui travaillent n'était plus une réalité sous l'Ancien Régime.
Cette société peuplée d'environ 20 à 26 millions de personnes se divisaient à peu près comme cela :
  • Clergé, environ 0,5% de la population.
  • Noblesse : entre 1 et 1,5 %.
  • Tiers-État : les 98% restant.
L'Ancien Régime, qu'est-ce que c'est ?

C'est la période qui se situe entre le Moyen age et la révolution française, de 1492 à 1789.
Cette période longue de trois siècles peut encore se subdiviser :
  • La Renaissance (de 1492 à 1589). Fin du moyen age à la mort d'Henri III.
  • Le Grand Siècle (de 1589 à 1715). Avènement et règne d'Henri IV et règne des rois Louis XIII et Louis XIV.
  • Les Lumières (de 1715 à 1789). Règnes des rois Louis XV et Louis XVI.
Deux dynasties se succédèrent durant cette période :

Dynastie royale des Valois. Elle commence avec Philippe VI en 1328 et s'étale jusqu'en 1589 à la mort d'Henri III.
  • Louis XII (1498-1515). Frère du roi Charles VIII.
  • François Ier (1515-1547). Cousin du précédent.
  • Henri II (1547-1559). Fils du précédent.
  • François II (1559-1561). Fils du précédent.
  • Charles IX (1561-1574). Frère du précédent.
  • Henri III (1574-1589). Frère du précédent.
Dynastie royale des Bourbons. Elle commence en 1589 jusqu'en 1792. Après la Révolution et le Premier Empire les deux frères de Louis XVI, Louis XVIII (1814-1824) et Charles X (1824-1830) vont régner.
  • Henri IV (1589-1594-1610). Henri de Navarre devra lutter pour conquérir sa couronne entre 1589 et 1594, année ou il sera couronné. Il est assassiné en 1610.
  • Louis XIII (1610-1643). Fils du précédent
  • Louis XIV (1643-1715). Fils du précédent
  • Louis XV (1715-1774). Arrière-petit-fils du précédent
  • Louis XVI (1774-1792). Petit-fils du précédent.
Une chose amusante à noter. Les trois dynasties capétiennes se terminèrent toutes trois par une succession de trois frères.
  • Les capétiens directs : Louis X dit le hutin, Philippe V dit le long, et Charles IV dit le Bel.
  • Les Valois : François II, Charles IX et Henri III
  • Les Bourbons : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Traditionnellement, quand le roi désirait consulter le peuple, les juristes rassemblaient les représentants par les trois ordres officiels. Mais le clergé n'était qu'un mélange constitué de membre des deux autres ordres. Le haut-clergé correspondant à la noblesse (cardinaux, archevêques et évêques), le bas-clergé au Tiers-États (abbés, doyens, chanoines et autres ecclésiastiques).
La noblesse elle aussi n'était pas homogène comme nous le verrons.
Le tiers-état, de même. Il n'y a aucun rapport entre un puissant fermier général aux revenus minimum de 50.000 livres par an et le misérable manouvrier avec à peine 200 livres au grand maximum par an.


SOURCES
  • Les Français et l'Ancien Régime, la société et l'état ; Pierre Goubert et Daniel Roche. Armand Colin.
  • La France au 17e siècle, puissance de l'état, contrôle de la société ; Lucien Bély. PUF.
  • Les institutions de la France sous la monarchie absolue ; Roland Mousnier. PUF.
  • Les institutions de la monarchie française à l'époque moderne ; Bernard Barbiche. PUF.
  • La véritable hiérarchie sociale de l'ancienne France, le tarif de la première capitation ; François Bluche et Jean-François Solnon. Droz.
  • Histoire économique et sociale de la France, vol 1/1, l'état et la ville, 1450-1660 ; Pierre Chaunu et Richard Gascon. PUF.
  • Histoire économique et sociale de la France, vol 1/2, la paysannerie et croissance, 1450-1660 ; Emmanuel Le Roy-Ladurie et Michel Morineau. PUF.
  • Histoire économique et sociale de la France, vol 2, 1660-1789 ; Ernest Larrousse, Pierre Léon, Pierre Goubert, Jean Bouvier, Charles Carrière et Paul Harsin. PUF.
  • Histoire des institutions, vol 2, le moyen-age ; Jacques Ellul. PUF.
  • Histoire des institutions, vol 3, 16e-18e siècle ; Jacques Ellul. PUF.
  • Les titres authentiques de la noblesse en France, dictionnaire raisonné ; Dominique de La Barre de Raillicourt. Perrin.
  • Dictionnaire de l'Ancien régime ; Lucien Bély. PUF.
  • Dictionnaire du Grand siècle ; François Bluche. Fayard.
Modifié en dernier par Enghien le lun. août 17, 2015 8:40 pm, modifié 5 fois.

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Enghien
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1 - L'ORDRE DE LA NOBLESSE

Comme souvent avec l'Ancien Régime, donné une définition précise de ce qu'est la noblesse est assez compliqué. En cela que durant cette période on ne peut vraiment rien définir exactement parce qu'il y aura une exception qui en chevauchera une autre qui se superposera encore à une autre.

L'effectif

Elle se situerait entre 1 et 1,5 % de la population française totale.
Durant la Renaissance, la population nobiliaire aurait représenté en 1560, entre 1,2 et 1,4%. En plein milieu de l'Ancien Régime, en 1700, elle représentait 1% de la population.

Le titre

Contrairement au cliché très répandu, un titre de noblesse se rattache à une terre, JAMAIS à une personne. C'est important à retenir pour ceux qui veulent situer leur récit au Moyen Age ou l'Ancien Régime. Si vous êtes baron, le roi ne vous fera pas comte, mais il érigera votre terre en comté. Ainsi, vous deviendrez comte parce que votre baronnie est érigé en comté.
Chaque titre venant d'une terre ne peut être porté que par un seul mâle par génération. Pour se distinguer de ses frères et/ou des autres membres de son lignage et si la famille possède plusieurs fiefs, un noble prendra le nom et rang du fief correspondant.

Exemple :
Dans une de mes nouvelles, les personnages principaux sont tous membre de la maison fictive de Penthièvre, un comté situé dans une Bretagne fictive.
J'ai titré le père de mon personnage principal comte de Penthièvre, je ne peux donc en aucun cas titrer son fils aîné baron de Penthièvre ou nommer son cadet chevalier de Penthièvre.

Pourquoi ?

Parce que le fief est un comté, il ne peut donc pas être en même temps une baronnie ou redevenir une simple seigneurie.

Par contre les enfants peuvent porter comme nom de famille le nom de la terre.
  • Le père, le chef de la maison de Penthièvre se nomme Judicaël, comte de Penthièvre.
  • Son fils aîné, et donc héritier, est Gaël de Penthièvre, baron de Lamballe.
  • Son fils cadet est Hoël de Penthièvre, sire de Saint-Brieuc.

Mais l'écrasante majorité de la noblesse n'était pas titrée. Il faut rappeler qu'écuyer n'est pas un titre de noblesse, ni même celui du degré supérieur, le chevalier.

La particule

Elle n'a jamais été un signe de noblesse. Elle exprimait une origine géographique portée par n'importe quel quidam.

Les armoiries

Quant aux armoiries, durant l'Ancien Régime, n'a jamais caractérisée la noblesse. Cela n'est plus qu'un jeu ou un signe de vanité. S'attribuer des armoiries timbrées (c'est-à-dire surmontées d'un casque ou d'une couronne, voire les deux) n'est même plus un privilège nobiliaire. Seule la somme dépensée par un quidam limitait sa vanité.

La seigneurie

Enfin, la possession d'une seigneurie n'était elle aussi plus un signe de noblesse puisqu'elle s'achetait comme tout autre chose.

Alors. Qu'est-ce que la noblesse sous l'Ancien régime ?

Expliquer ce qu'est la noblesse n'est pas simple. En général, la noblesse se définie par un mode de vie correspondant au rang, « est noble celui qui vit noblement et est reconnue comme tel ».

En France, la noblesse est transmise par la primogéniture masculine. Le titre se transmet par l'aîné des fils ou par le mâle le plus proche de l'ancien détenteur du titre.
Dans la noblesse, la lignée familiale est appelée une « maison ». La famille est un terme de la bourgeoisie.

En se référant à son lignage, à sa maison, un gentilhomme cherchera à protéger les biens familiaux en évitant leur vente, en cherchant à faire des mariages utiles, en aidant la carrière de ses parents, il songera d'abord à faire perdurer dans le temps la survie de sa lignée. Le gentilhomme se reconnaît par ses pouvoirs économique et politique, sur les autres hommes, comme seigneur d'abord, en rendant la justice ensuite.
La noblesse se divise elle-même en deux grands « états » : Les gentilshommes et les nobles. Ces deux grands états se subdivise lui-même en degrés hiérarchisés.

Les gentilshommes. Le gentilhomme est ce que l'on appelle un noble de race. C'est à dire qu'il peut prouver trois degrés de noblesse en ligne paternel (c'est-à-dire trois générations nobles avant lui), lui-même en formant le quatrième degré.

Les nobles. ce qui ne sont pas encore noble de race.


Le gentilhomme

Le gentilhomme, « de qui la race est de tout temps exempte de roture » est considéré comme un vrai noble.

Parmi les gentilshommes, une élite se détache, les gentilshommes de nom et d'armes. C'est ceux dont l'ancienneté remonte à des temps anciens qu'il est impossible de dater leur entrée dans la noblesse.
Au rang inférieur, se trouve les gentilshommes de quatre lignes de noblesse. Celui dont le père et la mère, ainsi que ses aïeuls jusqu'à la quatrième génération sont nobles.
Plus bas se trouve le noble de race dont les trois générations précédentes étaient nobles. Ce noble compte ses degrés par lignée paternelle uniquement.

Le noble

Les nobles ont quelques choses de commun que le début de leur noblesse est connue. Celle-ci, peu ancienne, ne dépasse pas trois générations. Ils sont méprisés par les autres nobles mais ils partagent tous leurs privilèges.


Privilèges

Les nobles de l'Ancien Régime se définissent aussi par de nombreux privilèges. Ils n'ont plus la puissance qui leur garantissait une certaine autonomie sur leur fief, mais ils conserve toujours la garde de ses titres, son rangs et ses honneurs (Église et cours). Il bénéficie aussi d'exemption juridique et financière ; il est jugé par le parlement et ne paye pas d'impôts telles que la taille, les aides...). Il a le droit de rendre la justice sur sa seigneurie et des droits financiers. Les nobles ont aussi le droit de porter des armes.
Mais à l'époque de l'Ancien Régime, la noblesse ne rend plus les services de protection et d'aides qu'elle fournissait temps bien que mal à ses origines.


Anoblissement

On devient noble par la naissance d'un père noble ou par anoblissement. Celle-ci peut se faire de trois manière :

En recevant un ordre de chevalerie (Saint-Louis, Saint-Esprit). On le reçoit pour mérite militaire.

Par lettre patente accordé par le roi à un roturier. C'est une charge payé par le roturier qui doit être enregistré au parlement dont il dépend. De plus, le roturier doit aussi versé une rente à son village en compensation du fait qu'il ne payera plus la taille. Cette forme d'anoblissement donnant la noblesse par lettre était très onéreux. Lors des guerres de fin de règne une telle lettre coûtait 6 000 livres.
Seul le roi accorde la noblesse.

Par l’exercice de certaine charge anoblissantes. Il y en avait plus de 4 000. Les charges anoblissantes se répartissaient dans les cours supérieurs et de secrétaires du roi donnait une noblesse héréditaire (transmissible) tandis que d'autres, seulement personnelles (c'est à dire non transmissible).
On rattache à cette noblesse, la noblesse de cloche. Ce sont des charges exercées dans les villes privilégiées.


Perte de noblesse

Un noble peut perdre temporairement ou définitivement la noblesse s'il a dérogé ou s'il à été déchu de sa noblesse. Cela s'appelle la dérogeance.
  • S'il est condamné pour crime.
  • S'il cesse de vivre noblement.
  • Les nobles n'ont pas le droit de gagner de l'argent par un métier.
Modifié en dernier par Enghien le lun. nov. 25, 2013 11:07 pm, modifié 4 fois.

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Enghien
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Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par Enghien »

2 - LE STATUT SOCIAL

Sous l'Ancien régime, le seul vrai titre qui compte (en dehors du roi) c'est le duc. Le tarif de la capitation (dont je fourni un extrait à la fin de ce dossier) montre que les titres de marquis à baron se valent.

Ce qui fait la réputation d'une maison sous l'Ancien régime ce sont, dans l'ordre décroissants :
  1. La dignité.
  2. Le pouvoir.
  3. La fortune.
  4. La considération.
La noblesse de Cour

Au sommet de la noblesse, la noblesse de Cour. C'est la noblesse qui vit directement autour du roi et de sa famille qui exercent des fonctions dans la Maison du Roi et celles des princes.
Pour faire partie de cette élite il faut être « présenté » au roi dans sa Cour. Cette « présentation » ce fait dans le cabinet du roi sous le parrainage d'un « présenté ». Pour être présenté au roi il fallait justifier de 300 ans de noblesse.

Au sommet, les puissants ducs et pairs. Ils siègent au parlement de Paris et arrivent directement derrière les membres de la famille royale dans l'ordre de préséance. Les membres masculins de la famille royale sont pairs de droit. Les autres sont toujours membres des familles d'ancienne noblesse et justifier de revenus de 25 000 livres de rentes. C'est le cas de la plus ancienne et la plus prestigieuse des maisons de l'aristocratie, j'ai nommé la maison de Montmorency. Je rajouterai aussi les maisons La Trémoille, Rohan, Harcourt et La Rochefoucauld.

Les ducs possédant un fief à titre héréditaire que l'on nomme un duché.

Les ducs à brevet possèdent un fief à titre personnel que l'on nomme un duché. C'est à dire que c'est un cas très rare où un titre se rapporte à une personne, pas à un fief. Il ne pourra donc pas se transmettre à sa descendance.

Grande noblesse provinciale

Au dessous de la noblesse de Cour se trouve la grande noblesse provinciale.
Pour certaines, il s'agit d'anciennes maisons dont l'importance diminue avec le temps. Souvent endetté par leur faste et leur train de vie au-dessus de leur moyen, elles vendent fief et seigneuries.
Pour d'autres, souvent elle aussi en déclin et besogneuse en sont pas moins riches et exploitent avec soin leur domaine.

La noblesse de robe

Vient ensuite la noblesse des magistratures, c'est celle de la justice et de la finance et dont l'on surnommait ses membres les robins. Cette noblesse était elle-même hiérarchisée :
  • Au sommet, les membres du Conseil du Roi et du parlement de Paris.
  • La noblesse des parlements de provinces.
  • La noblesse des autres cours souveraines.
La moyenne et petite gentilhommerie

Ce sont les familles de la noblesse provinciale, pauvre et vivant sur ses terres à la campagne. Ce sont des gentilshommes sans titre aussi ignorant et méprisés que la paysannerie par la noblesse et la haute bourgeoisie. Ces nobles ne quittent jamais leur seigneurie. Paradoxalement, ce sont en général des familles de noblesse très ancienne. C'est dans cette noblesse, de très loin la plus nombreuse, que sont conservé les valeurs de l'ancienne noblesse.
Modifié en dernier par Enghien le lun. nov. 25, 2013 11:18 pm, modifié 2 fois.

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Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par Enghien »

3 - LES MOYENS D'EXISTENCE

À cette époque bien des différences ils y avaient entre la noblesse parisienne et la provinciale. Il y a plusieurs niveau de distinctions à observer :
  • La noblesse des régions de grand commerce et la noblesse des régions écartées.
  • La noblesse citadine et la noblesse rurale.
  • La noblesse en fonction et la noblesse sans fonction.
  • Les aînés et les cadets.
Beaucoup, si ce n'est pas tous apportent un soin particulier à assurer à leur lignage une bonne base économique. La grande noblesse provinciale, la moyenne et la petite vivent principalement de leur rente tirer de leur fief. Il semble d'ailleurs qu'ils aient géré leur domaine activement et avec une grande rigueur.
Quant à l'aristocratie, elle faisait peu de cas de leur domaine qu'ils laissaient géré par des intendants. Leur revenu venait principalement des charges qu'ils occupaient et des pensions avancées par le roi (évidemment, des avances jamais remboursées) qui étaient pour celui-ci un moyen supplémentaires pour contrôler sa noblesse.

Repère économique

Pour se faire une idée du niveau de vie, je rajoute ces deux tableaux.

Pouvoir d'achat (18e siècle):
50.000 livres/an : Opulence en province et richesse à Paris.
25.000 livres/an : Richesse en province et vie confortable à Paris.
15.000 livres/an : Vie confortable en province, correct à Paris.
5.000 à 15.000 livres/an : Vie correct en province, pauvre à Paris.
< ou = à 5.000 livres/an : Considéré comme noblesse pauvre.
252 livres/an : C'est la limite ultime sous laquelle on est un miséreux à cette époque.

La monnaie : Avec ce tableau, vous savez donc que 1 livre = 240 deniers (12 x 20 = 240).
1 pistole = 10 livres
1 écu = 3 livres
1 livre = 20 sous
1 sou = 12 deniers
1 denier = 2 oboles

La noblesse commerçante

La plus grande partie de la noblesse était pauvre. C'est pourquoi Richelieu autorisa à la noblesse de pratiquer le commerce maritime sans que cela puisse être un motif de dérogeance. En 1701, la noblesse fut autoriser à pratiquer le commerce en gros, maritime et continental.


La noblesse militaire

Mais le véritable métier du gentilhomme reste celui des armes. Mais là encore elle rencontre une concurrence acharnée ; celle des roturiers sortis du rang, celle des fils de financiers et celle des « présentés » à la Cour.

Bien que le roturier sorti du rang ne pouvait, au maximum, que prétendre au grade de lieutenant, très rarement capitaine, cela ne gênait pas pour autant la noblesse qui voyait en lui un vrai soldat.

Plus grave, c'était les fils de financiers comme les fermiers généraux, les receveurs des finances ou encore les trésoriers. Ces roturiers là, membres de la haute bourgeoisie, pouvaient acheter des compagnies, voire des régiments au nobles endettés et ainsi remplacé le capitaine ou le colonel noble par le fils du bourgeois.
Ce qui faisait enragé les nobles qui condamnaient leur enfants au grade d'officier subalterne.

Enfin, les « présentés », les fils de la noblesse de Cour. C'était les plus redoutables concurrents car destiné de par leur naissance même au plus haut grades militaires. Un enfant de cinq ans pouvait devenir colonel d'un régiment de son père.
Modifié en dernier par Enghien le lun. août 17, 2015 8:43 pm, modifié 4 fois.

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fanifanette
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Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par fanifanette »

Merci pour toutes ses précisions... pour cet exposé détaillé. J'attends la suite avec impatience :pompom: :pompom:
Sagouine de la grammaire, de l'orthographe, de la conjugaison et de la syntaxe. Pas fière de l'être, mais je ne m'excuserai plus :rale: :lol:

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tomate
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Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par tomate »

Très interessant d'avoir des repères économiques! Ils correspondent à la période juste avant la révolution?

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Enghien
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Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par Enghien »

Pour l'instant je vais m'atteler à travailler sur mon extrait publié ici et attaquer la correction et l'amélioration du dossier.

Têtard potté

Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par Têtard potté »

Excellent travail !
Je me souviens aussi que ce qui me gênait quand j'écrivais mon challenge de l'année passée, c'était la façon de s'adresser à chacun. Par exemple, dit-on plutôt Sire ou Votre Majesté quand on s'adresse au roi... ?
Il serait peut-être judicieux de compiler nos réponses pour compléter le travail d'Enghien.

Ma petite pierre à l'édifice : apparemment, on dit plutôt sire lorsqu'on s'adresse à un roi et monseigneur à un prince. Par contre, ce n'est peut-être pas restrictif. (Wikipédia)
Les filles de duc ont le droit de porter le "dame" devant leur prénom : Dame Marie...(désolée, pas moyen de me rappeler la source). Quid des filles de noblesse inférieure ?

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Enghien
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Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par Enghien »

tomate a écrit :Très interessant d'avoir des repères économiques! Ils correspondent à la période juste avant la révolution?
Pardon, je n'est pas répondu plus tôt.

Sur la monnaie, tu peux partir du Moyen-Age jusqu'à la fin de l'ancien régime.
Sur le tableau d'évaluation de richesse, il correspond au 18e siècle.
Modifié en dernier par Enghien le sam. févr. 21, 2015 5:07 pm, modifié 2 fois.

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Enghien
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Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par Enghien »

QUELQUES CHARGES

Voici un tableau TRÈS résumé venant de l'ouvrage de Bluche et Solnon ;
La véritable hiérarchie sociale de l'ancienne France, le tarif de la première capitation (1695)

Le livre recense 569 rangs répartis sur 22 classes.
Bien entendu, le roi et la reine n'y sont pas classés.
Je n'ai pas jugé utile d'inscrire ici les membres de la famille royale, mais sachez que le dauphin occupe le premier rang de la première classe ; le reste de la famille suit des 2e (Monsieur, duc d'Orléans, le frère du roi) au 11e rang (Madame la duchesse de Verneuil).
Le chancelier occupe le douzième rang et c'est donc à partir de lui que j'attaque.
J'ai sélectionné ce que j'estime les plus utiles pour des écrivains se basant sur l'Ancien Régime.
Maintenant, si vous voulez des précisions sur le rôle de certaines des charges n'hésitez pas à me demander. Je les apporterais si je suis dans la possibilité de le faire.

Première classe

Le chancelier de France
  • Type : dignité
  • Coût : Gratuit
  • Revenu annuel : pension de 120.000 livres en 1699.
Les ministres d'état
  • Type : dignité
  • Coût : Gratuit
  • Revenu annuel : pension de 20.000 à 80.000 livres en 1691.
Les secrétaires d'état
  • Type : Office vénal gouvernemental.
  • Coût : Brevet de retenu de 800.000 livres en 1690, 400.000 en 1704.
  • Revenu annuel : 20.000 livres en 1691.
Contrôleur général des finances.
  • Type : Commission. Fonction gouvernementale, c'est l'équivalent du ministre de l'économie et des finances.
  • Coût : Gratuit
  • Revenu annuel : 200.000 livres en 1691.
Deuxième classe

Ducs (titre de noblesse).

Les maréchaux de France.
  • Type : Dignité militaire. Ils font partis des Grands officiers de la Couronne. Ils étaient limités à 16 simultanément.
  • Coût : Gratuit.
  • Revenu annuel : appointements de 12.000 livres en 1690.
Les Grands officiers de la couronne.
Type : Dignité, offices vénaux.
Coût : Dépend du poste occupé.
Revenu annuel : Dépend du poste occupé.
  • Grand maître de cérémonie : 6.000 livres en 1685.
  • Grand échanson : 700 livres en 1688.
  • Grand fauconnier : 26.000 livres en 1688.
  • Grand maréchal des logis : 23.000 livres en 1696.
  • Grand veneur : 42.000 livres en 1699 ; 8.000 en 1701.
Le premier président du parlement de Paris.
  • Type : Commission.
  • Coût : Brevet de retenu de 450.000 livres en 1694. 500.000 en 1707.
  • Revenu annuel : 18.000 livres en 1689.
Les gouverneurs des provinces.
  • Type : Commission.
  • Coût : Dépend du poste occupé.
  • Revenu annuel : Dépend du poste occupé.
Troisième classe

Les vices-amiraux.
  • Type : Dignité militaire. Le nombre maximal est de 2 simultanément (amiral du Ponant et amiral du Levant).
  • Coût : Gratuit.
  • Revenu annuel : 18.000 livres en 1689.
Le premier président du grand conseil.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 9.000 livres en 1690.
Les présidents à mortiers du parlement de Paris.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 12.000 livres en 1698.
Quatrième classe

Les conseillers d'états.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 5.000 livres en 1691.
Procureur général du parlement de Paris.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 38.000 livres en 1700.
Avocat général du parlement de Paris.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 18.000 livres en 1698.
Le prévôt des marchands de Paris.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 45.000 livres en 1700.
Cinquième classe

Les maîtres des requêtes.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 1.000 livres en 1710.
Gouverneurs des places frontières.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Sixième classe

Lieutenants généraux des armées du roi (équivalent au général de division).
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 12.000 livres en 1689.
Lieutenants généraux des armées navales (équivalent au vice-amiral).
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : .
  • Revenu annuel : 12.000 livres en 1689.
Gouverneurs des places du dedans du royaume.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Septième classe

Marquis, comtes, vicomtes et barons (titre de noblesse).

Huitième classe

Maréchaux des camps et armées du roi (équivalent au général de brigade).
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : 8.000 livres en 1691.
Les chefs d'escadres (équivalent au contre-amiral).
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : 6.000 livres en 1695.
Neuvième classe

Les brigadiers des armées du roi.
  • Type : Dignité militaire.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : x.
Capitaine de vaisseau.
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : 3.600 livres en 1689.
Dixième classe

Colonels.
Type : Office vénal, Grade militaire.
Coût d'un régiment d'infanterie
  • Régiment d'élite « Vieux » : 75.000 livres.
  • Régiment d'élite « Petits Vieux » : 55.000 livres.
  • Régiment de plus de 30 ans : 40.000 livres.
  • Régiment de moins de 30 ans : 30.000 livres.
  • Régiment nouveaux : 16.000 livres.
Coût d'un régiment de cavalerie
  • Régiment de cavalerie : 22.500 livres.
  • Régiment de dragons : 22.500 livres.
Bien entendu, « Les 6 Vieux » (Picardie, Champagne, Navarre, Piémont, Normandie, La Marine) et « Les 6 petits Vieux » (Leuville, Bourbonnais, Auvergne, Tallart, Boufflers, Royal) sont les plus chers car ils sont les plus anciens et les plus prestigieux. Les sommes de 75.000 et 55.000 sont des moyennes.
Pour l'infanterie, le corps le plus prestigieux de l'époque, le régiment Picardie-Infanterie, valait 110.000 livres.
Pour la cavalerie, le régiment Colonel-Général-dragons valait 120.000 livres.


Onzième classe

Les maires des villes du premiers ordres. Les villes du premier ordre sont celles abritant une cours souveraines et/ou supérieures (parlements, cours des aides ou cours des comptes).
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Présidents des présidiaux de provinces.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Douzième classe

Rien de bien intéressant lié au sujet du dossier.

Treizième classe

Procureurs du roi d'une ville du Premier ordre.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Les maires des villes du Second ordres.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Quatorzième classe

Capitaine de frégate.
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : 2.400 livres en 1689.
Quinzième classe

Gentilshommes possédant fief et château. Le noble de base.

Seizième classe

Procureurs du roi d'une ville de Second ordre.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Maires de petites villes.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Dix-septième classe

Lieutenant de vaisseau.
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : 1.200 livres en 1689.
Dix-huitième classe

Capitaines et lieutenant de bourgeoisie.

Dix-neuvième classe

Capitaines d'infanterie.
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : 900 livres en 1698.
Procureurs du roi de petite ville.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Gentilshommes tenant ni fief, ni château.

Maire de bourg.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Vingtième classe

Lieutenant et sous-lieutenant d'infanterie.

Juge de justice seigneuriale.

Laboureurs. Le roturier de base.

Vingt et unième classe

Gendarme.

Sergent d'infanterie.
  • Type : Grade militaire.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : 180 livres.
Sergent de justice seigneuriale.
  • Type : Office vénal.
  • Coût : dépend de la place.
  • Revenu annuel : dépend de la place.
Vingt-deuxième classe

Les soldats.

Les manouvriers.
  • Type : métiers.
  • Coût : x.
  • Revenu annuel : de 100 à 200 livres/an.

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CarreLapresad
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Re: La noblesse sous l'Ancien Régime

Message par CarreLapresad »

Merci pour ce fil très éclairant. :merci: et très utile pour mon histoire (Difficile de trouvé quelque chose de compréhensible sur le web) Pour le coup, ici tout est très clair et condensé. :heart:
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