[A] Comment limiter les termes référents ?

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Tristeplume
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[A] Comment limiter les termes référents ?

Message par Tristeplume »

Yop,

J'ai croisé dernièrement quelques remarques concernant les abus de "référents" : c'est-à-dire des termes anonymes utilisés pour désigner un personnage et pour éviter d'avoir à répéter son nom (l'homme, la femme, l'enfant, le guerrier, le policier, etc...).
C'est un procédé que j'utilise beaucoup, en particulier dans les dialogues pour préciser les réactions de tel ou tel interlocuteur (qui sont assez "typés" pour ne pas avoir à préciser "machin dit :") du genre "machin fit craquer ses phalanges avant de répondre sur un ton menaçant".
Si je comprends bien que les abus ne sont jamais bons, d'un point de vue pratique, je trouve ça très dur de se passer de ces référents.
Avez-vous des astuces pour les limiter ?
Quelles limites vous accordez-vous dans leur usage ?
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

Boite en carton

Re: Référents

Message par Boite en carton »

Je sais qu'on a déjà eu cette discussion mais je ne la trouve pas. Perdue dans le déménagement ?

Pour moi, le référent est indispensable pour éviter les répétitions des il/elle, les répétitions des noms, pour donner des indications supplémentaires. Je trouve vraiment difficile de s'en passer. (En fait, je n'essaie même pas). Je tente juste de limiter les référents que j'utilise par perso (un ou deux) et j'essaie de faire en sorte que que ça ne soit pas de nature à embrouiller le lecteur.
(Genre si j'ai un perso petit et gros, je ne l'appelle pas un fois "le petit" et ensuite "le gros", hum, quel exemple... -_-)

Il me semble qu'on avait discuté du type de référent qu'on peut mettre (mais sans abus) et de ceux qui sont moins heureux.
Le métier ? l'âge ? l'apparence physique ?
Malheureusement, je ne me souviens plus des conclusions... Je sens que là je suis très utile...
Je crois que le risque est d'alourdir le texte et d'entrainer des confusions chez le lecteur, surtout en début de roman.

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Syven
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Message par Syven »

Pour être sûr qu'on n'abuse pas, le coup de la lecture orale n'est pas si mal.

Sinon, un conseil: étudiez des passages de bons romans en regardant comment leurs auteurs s'y prennent avec les référents.

De mon côté, je ne suis pas à une répétition de nom près. Mais ça reste ma bête noire.

(suis-je compréhensible?)

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Silène
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Re: Référents

Message par Silène »

Plusieurs pistes et après tu jongles :
les pronoms divers et variés (en particulier les indéfinis comme la plupart, chacun, certains ...)
les mots génériques (le chat/le félin, le comte/le seigneur/le noble ...)
les périphrases (le miroir de l'âme/les yeux (Shakespeare) le pays des gaulois/la France ...)
les synonymes (les gens/ la foule / tout le monde / la populace / le peuple ...)
les présentatifs + relatives (celui qui a vu l'ours, celle qui a ouvert la boîte ...)

Euh... je crois que j'ai fait le tour mais je ne suis pas sûre...
Prochain roman le 10 juin ! 8848 mètres chez Casterman.

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Arnaldus
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Re: Référents

Message par Arnaldus »

J'ai de vagues souvenirs de ce sujet. Il me semble que j'en ai parlé dans une sélection de roman, ou un fil de phase 1.

Pour moi, il y a deux problèmes potentiels avec les référents.

Le premier est celui de la lourdeur. Je trouver qu'utiliser "Il" ou "Elle" est presque invisible dans la narration, les prénoms/noms des personnages étant ensuite ce qu'il y a de plus transparent. Certains auteurs n'hésitent pas à les répéter fortement (je pense à Connelly). On peut également utiliser un surnom ("moustache", "face-de-rat") pour désigner des personnages non nommés, mais d'une manière général, je trouve qu'il est maladroit de multiplier les référents pour un même personnage.

Le deuxième problème, pour moi, mais je suis peut-être obsédé, est celui de la distance qu'un référent induit dans la perception du lecteur vis à vis d'un personnage. C'est donc particulièrement sensible pour le personnage qui possède le point de vue (personnellement lorsque je lis un texte qui n'est pas du 19me avec "Le jeune homme vit/fit/..." alors qu'il s'agit du personnage avec le point de vue, je hurle)
* lecteur *
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pingu
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Re: Référents

Message par pingu »

Arnaldus a écrit : Le deuxième problème, pour moi, mais je suis peut-être obsédé, est celui de la distance qu'un référent induit dans la perception du lecteur vis à vis d'un personnage. C'est donc particulièrement sensible pour le personnage qui possède le point de vue (personnellement lorsque je lis un texte qui n'est pas du 19me avec "Le jeune homme vit/fit/..." alors qu'il s'agit du personnage avec le point de vue, je hurle)
+ plein.
Un mauvais référent peut donner une impression de "saute" de point de vue.

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Stef-
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Re: Référents

Message par Stef- »

Ca rejoint les discussions sur les points de vue, plutôt le style a adopter en fonction du pdv utilisé.

Sur un point de vue narratif/omniscient, les référents ne sont pas trop gênants, dans la mesure où le lecteur ne se retrouve pas perdu (à éviter dans les premières lignes qui introduisent l'histoire, où de bonnes balises bien solides sont indispensables pour le lecteur). Il faut par contre être impeccable sur le style : c'est ainsi la plume de l'auteur qui est directement "jugée" par le lecteur. Avec le pdv limité, l'auteur a tendance à "se protéger" derrière le pdv du personnage au niveau du style ?

Pour ma part je travaille surtout sur le pdv limité à la 3ème personne, celui depuis les personnages qui vivent la scène. Mon auteur favori l'indique je crois ainsi; les référents inappropriés seraient le plus souvent une "violation" du pdv utilisé, qui fait prendre une distance artificielle avec les pensées du personnage de pdv. Si nous vivons la scène depuis le pdv du petit garçon, et qu'il pense à son père comme papa, le père doit être nommé "papa", et pas autrement.
C'est encore plus indispensable pour le pdv 1ère personne.
Ma bible est ici (pour rejoindre les remarques d'Arnaldus et Pingu) : http://www.hatrack.com/writingclass/les ... 28-1.shtml

Comment faire alors pour éviter cet écueil ? Syven a raison, il faut se replonger dans ses bouquins qui utilisent un pdv proche de ce qu'on vise (ou plutôt le pdv qu'on cherche à imiter ce serait mieux rendre justice - en tout cas pour moi)

Eh ben, pour ceux utilisant le pdv limité 3ème personne, on voit que souvent, ils n'ont pas peur des répétitions. Ca décomplexe quelque part. Bien sûr il faut les éviter tant que possible. Et que le texte d'un auteur éprouvé avec pleins de répétitions de noms propres dedans va bien sonner, alors que le nôtre, le plus souvent, va faire "moche".

Pour ma part j'ai trouvé, en m'inspirant de ce que je trouvais bien, ces deux solutions, afin d'éviter de trop répéter un nom propre ou de devoir utiliser des référents inappropriés :

- J'espace la répétition du même nom propre par plus de description : ainsi, si le nom propre est répété seulement entre deux paragraphes déjà suffisamment fournis, cela fait moins lourd.

- J'alterne éventuellement par des incursions 1ère personne, lorsque je souhaite vraiment rentrer au plus près des pensées du personnage. Outre dispenser l'usage de noms propres, l'alternance permet d'alléger également les répétitions de pronoms. Seulement, c'est loin d'être la solution la plus simple : savoir quand faire cette pénétration dans les pensées du personnage de pdv est loin d'être aisé. Je tâtonne à peine et je ressens qu'il faut beaucoup d'expérience pour cela.

Une troisième solution: changer de personnage de pdv. Usuellement on change donc de scène.
Modifié en dernier par Stef- le mer. nov. 25, 2009 4:40 pm, modifié 1 fois.

NB

Re: Référents

Message par NB »

Arnaldus a écrit : C'est donc particulièrement sensible pour le personnage qui possède le point de vue (personnellement lorsque je lis un texte qui n'est pas du 19me avec "Le jeune homme vit/fit/..." alors qu'il s'agit du personnage avec le point de vue, je hurle)
Je trouve ça hyper intéressant.

Quand on est dans le point de vue d'un perso, on ne pense pas aux autres persos de la même manière que lorsqu'on est dans leur point de vue à eux (ouch, la fièvre, tout ça).

Ex : la brute épaisse.
Un perso A peut considérer un perso B comme une brute, alors que B ne se verra pas du tout de cette manière.
"La brute épaisse avança vers Jérémy, sa large pogne prête à frapper. L'enfant se recroquevilla et gémit de peur."
=> point de vue de Jérémy (à peu près), on déduit que l'enfant = Jérémy mais pas la brute.

"Roger avança droit sur le petit et tendit la main pour l'aider à se relever. Le gamin tremblait. Il baissa les yeux et gémit sans faire mine d'accepter la large paluche de Roger.
"Comme si j'allais le frapper !"
— Allez Jérémy, viens avec moi, soupira le colosse."
On se doute que Roger = large paluche = colosse tandis que petit = gamin = Jérémy.

Bref, tout ça pour dire que les référents permettent de clarifier le point de vue. Jérémy penserait à lui comme "un enfant" mais pas comme "un gamin". Idem opposition "Colosse" / "brute".

De mon côté, j'évite d'utiliser plus de 3 référents sinon, c'est lourd.
ex : dans les élémentaires : Christian = le jeune stagiaire = le mage d'air

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Ereneril
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Re: Référents

Message par Ereneril »

Classiquement, on peut désigner un personnage de 3 façons :
- Son nom
- Un pronom (il/elle)
- Un référent

On peut alterner entre les trois sans soucis et tant qu'à faire, je pense comme Arnaldus que la répétition des pronoms n'est pas gênante. En tout cas, elle l'est beaucoup moins que celle du nom et encore plus que celle du référent. C'est à mon avis celui qui doit être le moins employé des trois.

Il y a un risque avec le(s) référents : il est tentant d'utiliser plusieurs référents pour le même personnage. Ca évite de nombreuses répétitions en augmentant le panel de nommage disponible.
Par contre c'est dangereux. Au delà de 2 référents, on introduit du flou et des risques de confusion.
Imaginez une scène avec 3 protagonistes. Si chacun d'entre eux a trois référents, on se retrouve à jongler avec 9 désignations + les noms et les pronoms.
Il faut faire bien attention. C'est un passage qui va mériter d'être lu et relu par plusieurs lecteurs pour vérifier qu'ils ne perdent pas pied et qu'à tout moment ils savent de qui on parle.
"Les coupes d'émeraude", la première pierre des Lithomanciens, a pris forme...

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Selsynn
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Message par Selsynn »

@NB
Moi, je trouve ton deuxième exemple pas évident (ni le premier, d'ailleurs). Pour moi, j'associe pas le prénom, je les distingue en deux personnes. et du coup, je suis perdue. (jéremy et la gamin)
Pour moi, c'est un exemple où ça va trop vite. Les premières fois, il ne faut pas hésiter à insister pour que le lecteur ne rate pas qui est quoi.

Sinon, j'use personnellement du nom plus que de raisons(plus pdv 1ere personne en général)

(bon, mais, non, je ne fais pas du hors sujet !)
Selsynn
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Benedict
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Re: Référents

Message par Benedict »

Pour moi, il ne faut pas dépasser 3 dénominations pour parler d'un personnage et effectivement, ces dénominations doivent être en phase avec le point de vue, la personne qui raconte, comme l'a expliqué NB. C'est d'ailleurs assez amusant de jouer avec ces référents suivant le point de vue narratif, chaque personne voyant l'autre différemment.

Ca me fait penser que j'ai un petit souci pour ma nouvelle sur les vampires et je profite honteusement du sujet. ^^ Dans un dialogue, j'ai un personnage secondaire qui a un titre, un nom et un prénom. Je n'utilise que le titre et le prénom de peur de perdre le lecteur mais pourrais-je éventuellement pousser jusqu'à utiliser le nom de famille ? Est-ce que cette dénomination nom d'un côté, prénom de l'autre pour appeler une même personne vous gênerait, a priori ? Je ne suis pas sûre d'être claire là. Je compte sur ceux qui ont de la fièvre pour me traduire. ^^

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Message par pingu »

@ Benedicte : si dans le dialogue, on est formel, on va s'appeler "monsieur Truc" ; si c'est moins formel, on utilise le prénom. Si dans la narration tu utilises le prénom, mettre d'un coup le nom dans la narration c'est casse-figure (et vice-versa).

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Message par Benedict »

@ Pingu : son interlocuteur utilise son titre dans la conversation. C'est dans la narration que j'utilise le prénom, bêtement parce que j'utilise aussi un prénom pour le personnage principal et le vampire. Et je voulais utiliser le prénom ou le nom en alternance dans la narration mais j'ai peur que ce soit casse-figure, en effet.

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Re: Référents

Message par Beorn »

Je suis extrêmement méfiant vis-à-vis des référents. Je trouve que neuf fois sur dix, ça fait horriblement téléphoné, ça sent son auteur débutant qui veut bien faire.
Parfois, ça peut passer (si on ne connaît pas ne nom du personnage, si son statut a une valeur particulière, comme "le comte" ou "le sergent", ou si on est vraiment sûr de son coup), mais ces cas sont l'exception. Pour moi, la règle générale, c'est qu'il faut les éviter au maximum.

ça tourne très vite en ce que j'appelle les "RARE" Remplacements Anti-REpétition" avec un mot bancal qui sert de cale boîteuse à la place du mot exact, c'est à éviter absolument.

Comme Ereneril, je pense que le mieux est d'utiliser les pronoms, et les noms si on ne peut pas faire autrement.
Il vaut mille fois mieux faire une répétition de nom que de coller une rustine qui prend l'eau.
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

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Lùani
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Re: Référents

Message par Lùani »

Personnellement, je ne vois pas le problème de multiplier les référents le long d'un roman pour les personnages principaux. (A condition bien sûr, de ne pas tous les empiler dans la même scène). Au contraire, c'est un moyen d'enrichir la caractérisation.
Parce que :
- en fonction du pdv utilisé, le référent sera différent.
- pour un même pdv, l'état d'esprit du personnage suivi peut changer. Exemple : si j'utilise ponctuellement "le connard" ou "l'emmerdeur", cela participera à montrer que le personnage Pdv s'est vraiment levé du mauuvais pied ce matin.
- pour un même pdv, on peut introduire des référents spécifique à une situation donnée. Si la situation est bien posée, un référent "exceptionnel" est plus explicite et plus porteur d'information que le référent générique. ("son sauveur" au lieu "du chevelier")
- la vision qu'un personnage a d'un autre peu évoluer tout au long du récit. Par exemple, je pense à mon perso principal féminin, qui passe lentement de "la princesse" à "la jeune femme" au fur et à mesure qu'elle se rapproche du héro.

En fonction de ces critères, j'ai au contraire l'impression que le fait de vouloir limiter les référents risque d'appauvrir dangeureusement le texte.
Normalement, si la caractérisation et la situation est bien posée, le lecteur ne doit pas avoir de problème.

Edit : bon, j'ai l'impression finalement d'avoir répondu à côté de la question. Ok avec tout le monde pour dire qu'il ne faut pas multiplier les référents dasn la même scène sous peine de lourdeur.

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