[A] Changer de personnage pour un point de vue "je"

[anonymedeux]

Je lisais Gagner la guerre et je me suis posé une question.

Imaginons un roman avec deux personnages principaux, A et B. Dans la première partie, le pdv est à je et le je est le point de vue interne de A. B existe et A parle de lui.
Puis à la moitié du roman, A meurt.
Peut-on passer à B en "je" sans que cela choque pour poursuivre le récit ?

Evidemment, la première partie du roman sera nommée Livre de "A" et la seconde partie Livre de "B" ?

[NB]

Oui

A meurt ? Et les deux parties sont clairement dissociées ? Oui, les deux points de vue au Je me semblent tout à fait pouvoir cohabiter.

[Silène]

Comme NB, il n'y a pas de souci à mon avis ! Mais faudrait voir à nous montrer !!!

[Roanne]

C'est ce qui se passe dans le roman "Le scarabée", l'un des narrateurs meurt et sa mort est racontée par un autre narrateur.

[anonymedeux]

Merci, merci. Cela me conforte dans ma quête de la compréhension des points de vue. N'allez rien imaginer d'autre

[Pandora]

+ 1 pas de souci
et ça peut même être très intéressant à lire si le deuxième pdv change beaucoup

[EtienneB]

Un mode narratif que j'aime vraiment est de passer d'un personnage à l'autre et de les laisser s'exprimer les uns après les autres, à la première personne.

J'indique simplement qui "parle" par le nom du personnage, centré, avec un style particulier.

Avantage 1 : Tu écris toujours à la première personne, ce qui est plus facile
Avantage 2 : Jouer avec les différents points de vue, ce que chacun sait ou croit savoir.

[anonymetrois]

Dans Psychose, sans trop spoiler, c'est un peu ce qui se passe non ?

[EtienneB]

Psychose, le film d'Alfred ?

[anonymetrois]

Exactement.

Spoiler: montrer

C'est l'exemple idéal de changement de protagoniste. On commence avec une jeune femme traquée, et quand elle meurt longtemps avant la fin, c'est un sacré choc. Qu'elle meure ou qu'elle s'en sorte aurait dû servir de conclusion, du moins, les attentes du spectateur se situaient logiquement là... Pourtant le film continue avec un nouveau héros (deux même), et sans la première héroïne. Le problème, c'est que maintenant les spectateurs savent souvent à l'avance à quoi s'attendre. Je mets quand même les balises spoiler.

[Any]

J'espère que c'est plus que possible de changer de narrateur à la première personne, sinon j'ai tout faux pour la mer de feu.

La reine Leuce raconté par Leuce
L'oracle raconté par Achéron
et normalement Le temple de Poséidon raconté par Mélanos.

J'ai très longuement hésité avant de me lancer sur cette structure, mais finalement c'est ce qui me semblait le plus adapté.
En revanche, mes personnages ne meurent pas au fur et à mesure.

[pingu]

C'est la série des Incorruptibles qui est racontée par chacun des gars en "je" je crois ? (ça fait super longtemps, mes souvenirs sont petits petits) Mais c'est chacun son bouquin (mais ils ne sont pas très gros, rapport aux romans fantasy habituels ).

Bref, comme dit tout le monde, si tu aimes le "je", pas de souci.

Les romans épistolaires sont aussi en narrateur première personne "tournant".

[Tristane Suzette]

C'est ce qui se passe pour Les princes d'Ambre.
Pour moi ça a été un peu gênant après cinq tomes où on suivait Corwin de passer tout à coup à un nouveau narrateur.
Bon, après je me suis vite adaptée
Au niveau d'un seul livre, ça ne pose pas de problème, c'est plus courant.

[Mélanie]

Dans l'île au trésor de Stevenson, il y a un changement de point de vue plus vicieux.

Le roman est raconté sous la première personne du héros : Jim. Pourtant, lors d'un passage, il se trouve éloigné de l'action, et appelle donc un deuxième narrateur pour combler son récit. On passe alors à une deuxième narration à la première personne de cette fois le docteur. L'auteur le justifie explicitement en prétendant à un appel à témoignage direct.

C'est un livre connu, l'effet n'est pas raté.

[Xanadu]

Bélier : c'est aussi ce qui se passe dans "Boulevard de la Mort" en un sens, mais je trouve que l'effet y est plus foireux que dans "Psychose". Je pense que c'est un jeu dangereux et que, plus que le "changement" en lui même, le lecteur/spectateur peut surtout "regretter" l'ancien point de vue. Un risque énorme, mais très payant si bien maîtrisé de par la variété et la surprise que cela apporte ! Bref, quitte ou double à mon humble avis, mais c'est excitant !