Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

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Rin

Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Rin »

Bonjour !

Voilà, ce fil existe sur le forum "Challenge Nuits de l'écriture" mais, suite aux réponses qui y sont données, je m'interroge et je voudrais connaitre vos réponses (vu que tout le monde n'est pas inscrit là-bas).

Par ailleurs je rajoute une question essentielle de mon point de vue et qui ne figure pas là-bas : que pensez-vous de la surenchère sadique vis à vis de votre histoire ? Un tords ? Un bien ? L'évitez-vous ? Si oui, comment ? Ou au contraire cela ne vous dérange pas parce que vous considérez que si les personnages ne "prennent pas plein la gueule, il n'y a pas de quoi en faire un roman"


Pour ma part : (copier/coller la réponse que j'ai donné) :
Je crois qu'on pourrait dire que oui mais ce n'est pas forcement fait de manière consciente...

Le personnage principal de "Toucher le fond [...] est une femme qui a perdu son mari et son enfant dans un accident tragique. Seule au monde elle ne peut s'en remettre et tente de se suicider régulièrement, d'une manière efficace d'aillleurs. Si ce n'est que je la condamne à la vie perpétuelle : elle est immortelle.

Margaux quant à elle je la condamne -en voulant aider quelqu'un- à prendre ses illusions pour la réalité. Tant et si bien qu'elle en mourra.
(Je ne peux en dire plus sans spoiler la chute, ce serait dommage).


Ma prochaine nouvelle sera un huis-clos. Je condamne mes personnages à la folie et à l'angoisse.

Un autre de mes texte parle des enfants soldats, l'enfant participe au massacre de son ancien village.


Et ça c'est que pour les nouvelles

Par contre, si je reconnais que je n'écris pas sur des sujets joyeux dans les trois quart des cas, j'évite la surenchère autant que possible, je trouve que cela nuit à une histoire...


A vous de débattre ! Je pense que cela pourrait faire un échange constructif alors n'hésitez pas à dire puis défendre (gentiment) votre point de vue ;)


Je m'excuse d'avance si cela a déjà été crée avant, j'ai regardé mais il ne me semble pas...

Lonewolf

Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Lonewolf »

J'évite d'aller trop loin dans cette idée, personnellement, je trouve que ça n'apporte pas grand chose :/

A moins que le sujet s'y prête, introduise une idée/un contraste (le cas des enfants soldats serait justement très parlant pour les 2 cas), ou qu'il y ait une vraie malédiction sur le personnage (comme Tolkien et Les Enfants de Húrin).

A part ça, je préfère éviter de laisser parler des penchants sadiques si ça n'a pas d'intérêt pour le développement, autant du personnage que du récit ^^

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Jo Ann v.
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Jo Ann v. »

Est-ce que je suis sadique ? Sûrement. Je torture psychologiquement mes personnages, c'est inévitable. Peut-être un peu moins dans mes nouvelles, mais mes romans, pauvres enfants... Ils vivent des évènements tragiques (entre le rapt d'un enfant, le retour en morceau d'un conjoint militaire, l'assassinat d'un fiancé, l'attaque d'animaux sauvages...) et les conséquences sont également variées (agoraphobie, amnésie, boulimie, insomnie, cauchemars récurrents...) J'ai failli devenir psychologue (le stress post-traumatique est mon "truc"), ceci explique sans doute cela.

Sinon, Rin, une de mes nouvelles parle également d'un enfant-soldat. Mais ce n'était pas totalement de la fiction, cet enfant-soldat, je l'ai connu...

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Elikya
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Elikya »

Oui ! Je pointe fièrement au club des auteurs sadiques ! :wamp:

De mon côté, il ne s'agit pas d'hémoglobine ou de personnages coupés en morceaux. Parfois je tue quelques personnages secondaires, mais il faut bien que les héros mènent l'enquête.

Par contre, j'aime placer mes personnages dans des situations tout simplement ingérables. Je les confronte à des choix douloureux pour les faire évoluer et ils souffrent comme des damnés. :twisted:

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blackwatch
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par blackwatch »

Par contre, j'aime placer mes personnages dans des situations tout simplement ingérables. Je les confronte à des choix douloureux pour les faire évoluer et ils souffrent comme des damnés
Je me reconnais totalement là-dedans (comme c'est bizarre...) Les dilemmes moraux, les décisions qui doivent être prises sans qu'une solution soit forcément meilleure qu'une autre et les changements qui en résultent chez les personnages m'intéressent bien plus que la surenchère d'horreur. Ce qui est suggéré peut choquer bien plus que ce qui est exposé à l'envi, sur des pages et des pages.

Revan

Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Revan »

Si nos personnages ne souffrent pas, il n'y aurait pas besoin d'écrire une histoire sur eux :)
Si tout se passait parfaitement pour eux, le roman n'aurait pas lieu d'être. Donc, oui, mes personnages souffrent, et même beaucoup.
Psychologiquement et physiquement. Mais, ça a toujours un but bien évidemment. ;)

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Elyna
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Elyna »

Par contre, j'aime placer mes personnages dans des situations tout simplement ingérables. Je les confronte à des choix douloureux pour les faire évoluer et ils souffrent comme des damnés.
De même.

Je pars de l'idée que dans la vie de tous les jours, rien n'est vraiment facile et tout beau. J'ajoute à cela que des éléments difficiles ne peuvent que faire progresser le personnage et je brode autour.
Donc oui, je suis une auteure sadique. Mais surtout psychologiquement parlant. J'aime voir la manière dont un personnage peut évoluer placé face à une situation totalement ingérable et de laquelle découle un cruel dilemme. En revanche, je suis d'accord avec Blackwatch, la surenchère ne sert pas à grand-chose de mon point de vue. Suggérer puis laisser le lecteur s'imaginer les détails est bien plus utile, de mon point de vue toujours, que d'en décrire des tonnes et des tonnes, juste pour dégoûter le lecteur.

Elyna.

Jean-Claude Dunyach
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Jean-Claude Dunyach »

Sadique, non. Cruel, oui.
Je compte pour un. Comme chacun de vous.

http://www.dunyach.fr

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Lieko
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Lieko »

que pensez-vous de la surenchère sadique vis à vis de votre histoire ? Un tords ? Un bien ? L'évitez-vous ? Si oui, comment ? Ou au contraire cela ne vous dérange pas parce que vous considérez que si les personnages ne "prennent pas plein la gueule, il n'y a pas de quoi en faire un roman"
La "surenchère sadique", au sens où je l'entends (i.e. une sorte de descente aux enfers avec détail de toutes les étapes de façon de plus en plus abominable), est tout de même relativement rare dans les livres...enfin je ne me souviens pas d'en avoir lu aucun qui tombe réellement dans la "surenchère".

Après, c'est sans doute possible à faire, mais sûrement plus difficile que dans un film, par exemple, où on a le visuel pour renforcer cette impression désagréable et (si possible) prenante.
C'est un forme d'esthétisme, je pense qu'on peut en inclure dans une histoire même si ce n'est pas nécessaire, juste à des fins de divertissement (car le lecteur aussi est un peu sadique, après tout ;) ).

J'ai un peu de mal à comprendre le sens que vous donnez à ce mot, en fait...
Lourd est le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de nos illusions.

Rin

Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Rin »

Les réponses sont très interressantes. Et je me retrouve dans les propos de Blakwatch et Elyna.

Je suis l'avis de tous que la souffrance est nécessaire à un bouquin, au moins un minimum.
Et ce sous toutes ces formes, même si elle existe simplement à l'état de contrariété des projets.
Je préfère également traiter la souffrance psychologique que la physique (mais ça c'est une question de goûts :) ).

Simplement parfois, au vu des réponses données ailleurs, j'ai l'impression qu'un roman ne se justifie que par la souffrance, que les protagonistes vont d'horreurs en horreurs, sans pauses ou arrêts. Que finalement le roman, l'histoire est réduite à un prétexte pour assouvir les pulsions les plus inavouables de l'auteur. (Cela a été dit comme cela dans une réponse ailleurs)

Un peu comme un jeu de sauts (moi quand je lis certaines réponses je visualise un héros qui va de bonds en bonds, non stop).
C'est ce que j'entends par surenchère systématique.
Or, de mon avis, ce genre de choses aurait plutôt tendance à essoufler le lecteur, trop de dramatique tue le dramatique.
Un roman qui enchaine une suite d'horreurs sans qu'il y ait d'interruptions prend le risque de faire décrocher celui qui lit. A force d'être noyé dans la souffrance eh bien, de mon point de vue, les évènements en question risquent de perdre leur potentiel dramatique. Et le lecteur d'être dégouté comme le dit Elyna.

Pour qu'un lecteur s'identifie au personnage, souffre avec lui, pour moi il faut qu'il y ait des pauses. Des pauses qui permettent de bien prendre la mesure des conséquences qu'imposent les changements dramatiques, de bien faire ressentir toute l'intensité dramatique des moments de souffrances.



Jean-Claude, la distinction pour toi est... ? :) Révèle nous tes pensées ^^

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Jo Ann v.
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Jo Ann v. »

Pour éviter que la souffrance soit gratuite dans mes histoires, je les démarre après le grand évènement traumatique. Plein de trucs arrivent à mes héroïnes (toujours des femmes, je ne sais pas écrire du point de vue d'un homme...!), mais c'est la lutte pour la survie que je raconte, peut-être avec des flashbacks si nécessaire...

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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Macada »

Jean-Claude Dunyach a écrit :Sadique, non. Cruel, oui.
+ 1

La distinction, Rin, est pour moi qu'un sadique prend plaisir à faire souffrir (ses personnages et/ou ses lecteurs - qui eux sont du coup masochistes ^^). Tandis qu'un auteur est cruel quand il fait souffrir ses personnages, mais ce n'est pas pour le plaisir, c'est pour les besoins de l'histoire. (Comme le dit Scipion, le problème des personnages heureux c'est qu'ils n'ont pas d'histoire. ^^)
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Dawood »

Je dirais que je suis un auteur cruel, donc.
Lorsque je j'ai le choix entre deux possibilités pour l'histoite, je pencherai toujours vers la pire pour mon personage principal, et donc parfois aussi pour ses compagnons. Non pas que j'aime faire souffrir ce pauvre héros, mais c'est souvent le pire qui crée les bouleversements les plus intéressants, les tensions, qui fait remuer les choses. Bref, un évènement tragique sera toujours plus moteur qu'un évènement plus neutre.
Après, je suis d'accord avec ce qui a été dit, la surenchère est à éviter, pour ne pas lasser le lecteur mais aussi parce que chaque "coup dur" de l'histoire perdrait de l'impact si on en croisait un nouveau à chaque chapitre.
Wyvern is coming.

(challenge à venir... :stylo: )

Rin

Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Rin »

Ah ! Oui je suis d'accord Macada. :)
En fait j'ai repris mot pour mot le titre du post crée sur le forum 10000wordsanight. D'ailleurs ceci explique peut être cela quant à l'impression que j'ai eu parfois là-bas...

Dans ce cas je suis cruelle, mais sans étalage non plus (de toute façon le thème de la souffrance est un thème fétiche chez moi, de la perte aussi, je ne pourrais pas me défaire de ce travers. ^^ Et puis écrire une histoire "bisounours" je ne sais pas faire, impossible. :) )

Jo Ann v : Cela me semble une bonne approche, surtout si tu traite en effet du syndrome post-traumatique ! :)
Je viendrais lire, j'aime les histoires psychologiques !

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Mitsu
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Re: Etes-vous un(e) auteur(e) sadique ?

Message par Mitsu »

Le thème de la descente aux enfers se retrouve dans mes deux romans : un personnage qui s'enfonce progressivement sans même le remarquer et qui essaye de remonter à la surface lorsqu'il est déjà trop tard. Excepté que pour le second, j'ai envie d'un happy end.

J'ai lu plusieurs oeuvres de Sade, et il faut dire que chez lui c'est particulièrement malsain : l'héroïne n'a pas son mot à dire, elle aura beau faire tout ce qu'elle peut pour s'en sortir, elle se retrouvera toujours dans des situations douloureusement glauques. Alors, je ne me considère pas comme sadique, plutôt cruelle.
Ce qui est important à mes yeux, c'est le libre-artbitre du personnage. Il faut qu'il soit confronté à des décisions, et que ses choix aient des conséquences. Si ce n'est qu'un pantin qui se prend des coups et qui en redemande, ça n'a plus d'intérêt.
Mon Challenge — Les Louves, dystopie fantastique avec du chamanisme et des couteaux volants dedans.

:tigre:

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