[A] Ma nouvelle est, en fait, un roman

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Talldwarf
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[A] Ma nouvelle est, en fait, un roman

Message par Talldwarf »

Bonjour,

je me trouve face à une question simple qui se révèle un problème épineux, pour moi. J'aimerais avoir vos avis.

Je me suis lancé dans l'écriture d'une nouvelle qui n'en finit pas de s'allonger... Aussi suis-je conduit à penser qu'il s'agirait peut-être d'un roman. La question est donc la suivante : comment savez-vous si une idée de départ se prêtera davantage à un roman ou à une nouvelle ?
Quels sont vos critères ? Juste la longueur ? (J'ai pourtant le sentiment qu'un roman court et une nouvelle longue ce n'est pas la même chose)

NB: J'avoue que l'idée d'écrire un roman m'enthousiasme tout autant qu'elle m'inquiète...

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Dawood
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Dawood »

Hum... pour ma part, je te conseillerai de ne pas te soucier de la longueur, pourvu que tu ais une idée assez précise de où tu vas, et donc de où tu veux t'arrêter pour ton histoire. C'est important de ne pas s'éparpiller, quoi qu'il arrive, et de savoir vers où te diriger.
Après, je ne me suis jamais essayé à l'écriture de nouvelle, uniquement de roman, mais j'imagine qu'il est fréquent que des nouvelles se transforment en romans chez beaucoup d'auteurs. ;)
Wyvern is coming.

(challenge à venir... :stylo: )

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Guy Le Heaume
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Guy Le Heaume »

Je te donnerais le même conseil que Dawood. Ne te soucies pas de la longueur et tant que tu as envie de faire vivre ton monde, tes personnages, continue ! Tant que tu sens que la fin n'est pas arrivée.
Après lors de la conception j'ai eu beaucoup de problèmes entre les nouvelles et les romans. Sur plusieurs nouvelles j'ai haché en trois ou quatre l'intrigue afin que ça rentre dans un nombre de signes imparti. La lecture d'une préface de Dick m'a beaucoup aidé en ce sens, je la poste ci-joint au message*. J'espère que cela pourra t'aider autant que ça m'a aidé.

* Je ne sais pas si j'ai le droit de citer entièrement le texte, je vais te l'envoyer par MP. Pas de problème de droits comme ça.
Chaque monde a ses lois, le tout est de les découvrir.
L'œil dans le ciel, Philip Dick.

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Iluinar
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Iluinar »

Pas si souvent... Moi qui suis quasiment exclusivement novelliste, j'aimerais bien que mes nouvelles se transforment parfois en roman.

Pour mon cas, j'arrive assez bien à estimer la quantité de texte que j'arrive à tirer d'une idée mais je suis incapable d'expliquer comment je fais. Je crois que ça vient avec le temps. Plus on écrit, plus on connaît sa propre écriture et plus on est capable de faire ce genre de prédiction.

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Milora
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Milora »

Pareil que les autres : lance-toi, tu verras bien ! ;)
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Siana
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Siana »

Entre la nouvelle et le roman, question longueur, il y la novella. ^^ Donc fais ton histoire aussi longue tu veux, et puis tu verras dans quelle catégorie ça rentre.

Partance

Re: Et si c'était un roman...

Message par Partance »

Comment savoir ? Ecris et tu verras, comme tout le monde te dit !
Je me rends compte avec le temps que je sais être très constante quand je choisis de faire des chapitres équilibrés, j'y arrive toujours (c'est rare que je dépasse d'une page !) et ça m'épate ! =')

Par contre, je suis un peu puriste ... Je définis une "nouvelle" comme une courte histoire centrée sur un personnage et avec une chute. Si pas de chute et si ça dépasse les 10 pages, c'est plutôt un "court récit". Et puis ensuite les romans c'est ce qui contient un grand potentiel et où beaucoup de choses peuvent être développées et décrites.
Je ne suis pas très douée pour les "nouvelles", les courts récits ça se passe plutôt bien, et maintenant vivent les romans ! Je pensais toujours qu'écrire un roman serait très difficile, demandait une grande rigueur, mais finalement ça s'écrit tout seul, toutefois qu'on se prend pas la tête, qu'on a du temps et qu'on a pas le vertige ! =)

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Siana
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Siana »

Pour la longueur des différents formats, ça dépend en général des éditeurs. Au plus court on a la micro-nouvelle ou le pépin, de une phrase à quelques centaines de caractères espaces compris. Après c'est une nouvelle courte, et le format nouvelle peut monter jusqu'à 60 000 à 80 000 sec selon les éditeurs, il me semble. Après on parle de novella jusqu'à environ 200 000 ces. Plus gros, c'est un roman.
D'ailleurs, les espaces de travail et soumissions au cycle de bêta-lecture sur Cocyclics sont basés sur de telles limites (je n'ai plus celles exactes en tête mais elle doivent se trouver dans les consignes). ^^

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Christophe
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Christophe »

Siana a écrit :Entre la nouvelle et le roman, question longueur, il y la novella. ^^ Donc fais ton histoire aussi longue tu veux, et puis tu verras dans quelle catégorie ça rentre.
+1
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Re: Et si c'était un roman...

Message par macalys »

Pour moi, une nouvelle se concentre principalement sur une intrigue, et met en scène peu de personnages importants. L'univers reste peu développé, juste ce qu'il faut pour expliciter les enjeux de l'histoire. Pour un personnage central, une seule intrigue et un univers neutre, une de mes nouvelles tournera autour de 10 000 signes. Pour trois personnages importants, deux ou trois fils d'intrigue et un univers qui a besoin de plus de développement, mon texte atteindra facilement les 30 000 signes.

Pour un roman ou une novella, c'est plus complexe je trouve, car je ne développe pas que des intrigues, mais aussi des thèmes (par exemple, dans mon roman actuel, je brode autour du rêve, de l'amour et de Paris. Ces trois thèmes sont sensés donner plus de cohérence et d'unité à l'histoire de mon roman). Et puis, en plus des personnages principaux, davantage fouillés que dans une nouvelle, la galerie de personnages secondaires est bien plus fournie (et riche). Enfin, dans un roman j'explore bien plus l'univers que dans une nouvelle.

Ce sont des indications qui n'empêchent pas que je me trompe parfois dans mes estimations ^^
Pour le roman que j'écris actuellement, j'étais d'abord partie sur une novella, puis des fils d'intrigue et un pan d'univers se sont rajoutés, et j'ai bien dû me rendre à l'évidence : j'écrivais un roman, pas une novella. Cela dit, maintenant il y a un décrochage entre les premiers chapitres, plus courts car écrits au format novella, et les suivants, au format roman, où je prends plus mon temps pour développer l'histoire et l'univers. Il faudra que j'égalise tout ça au moment des corrections.

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Celia
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Celia »

Si je vois qu'une de mes nouvelles se rallonge, j'arrête immédiatement d'écrire et j'y réfléchis sérieusement. J'essaie de déterminer l'histoire que je veux raconter (ou qui veut se raconter toute seule), s'il y a un début et une fin logique et si tout n'est pas en train de m'échapper (gros risque de plantage en plein milieu de l'écriture, au moins pour moi *pas que je me fasse lancer des cailloux*) Si j'arrive à ordonner le tout et que je tiens une histoire solide, je reprends l'écriture.
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Roanne
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Roanne »

Je dirais pour ma part que tout dépend de ce que tu as envie de raconter, des personnages, de la richesse de leur interactions.
Si tu sens que tu es à l'étroit dans le format nouvelle, il ne faut pas paniquer mais se poser pour s'interroger.
Et si tu tiens à écrire un roman, même très court, ça peut valoir le coup de d'abord y cogiter pour définir ton fil conducteur (que tu le rédiges sous forme de synopsis ou pas) et pour commencer à poser éventuellement des bases pour ne pas foncer dans le mur, surtout si tu as besoin de développer le décorum autour de tes persos. Car dans ce cas il va y avoir une attente potentielle de la part des lecteurs, donc il faut que tu cogites à la cohérence de ton monde pour y répondre, en fonction du niveau de détails et descriptions vers lequel tu veux tendre.

(bon courage !)
Vous n'aimez pas Noël ? ça tombe bien, nous non plus ! Du coup, avec Chapardeuse, nous vous invitons sur Wattpad pour (re)découvrir le Noël cataclysmique de Claire et Chan.

Talldwarf
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Talldwarf »

Avant tout, merci de vos réponses.
Partance a écrit :Comment savoir ? Ecris et tu verras, comme tout le monde te dit !
Dawood a écrit :Hum... pour ma part, je te conseillerai de ne pas te soucier de la longueur, pourvu que tu ais une idée assez précise de où tu vas, et donc de où tu veux t'arrêter pour ton histoire. C'est important de ne pas s'éparpiller, quoi qu'il arrive, et de savoir vers où te diriger.
Siana a écrit :Entre la nouvelle et le roman, question longueur, il y la novella. ^^ Donc fais ton histoire aussi longue tu veux, et puis tu verras dans quelle catégorie ça rentre.
Je m'aperçois en vous lisant que je vous ai un peu lancé sur la longueur...
Or, mon problème se pose plutôt en ces termes : ma nouvelle "défend" une idée, une seule, est-ce suffisant pour un roman ? Je veux dire, même si j'étoffe l'arrière-plan et la psychologie des personnages, croyez-vous qu'une idée suffira à nourrir tout un roman ?
Je n'ai jamais écrit de roman et le travail, par rapport à une nouvelle(à longueurs égales évidemment), me semble bien plus important. Je ne voudrais pas m'investir dans un truc qui ne me mènerait nulle part...
Celia a écrit :Si je vois qu'une de mes nouvelles se rallonge, j'arrête immédiatement d'écrire et j'y réfléchis sérieusement.
Roanne a écrit :Je dirais pour ma part que tout dépend de ce que tu as envie de raconter, des personnages, de la richesse de leur interactions.
Si tu sens que tu es à l'étroit dans le format nouvelle, il ne faut pas paniquer mais se poser pour s'interroger.
Et si tu tiens à écrire un roman, même très court, ça peut valoir le coup de d'abord y cogiter pour définir ton fil conducteur (que tu le rédiges sous forme de synopsis ou pas) et pour commencer à poser éventuellement des bases pour ne pas foncer dans le mur, surtout si tu as besoin de développer le décorum autour de tes persos. Car dans ce cas il va y avoir une attente potentielle de la part des lecteurs, donc il faut que tu cogites à la cohérence de ton monde pour y répondre, en fonction du niveau de détails et descriptions vers lequel tu veux tendre.
J'ai l'impression que vous visez toutes les deux juste, il faut que je prenne le temps de poser les choses. En effet, lorsque j'écris, je pars d'une idée et je me laisse porter par l'enthousiasme... Or, au stade où je me trouve, je ne parviens plus à avancer, je manque de visibilité... Et comme dit plus haut, je ne veux pas m'engager sur une voie de garage...
Guy Le Heaume a écrit : La lecture d'une préface de Dick m'a beaucoup aidé en ce sens, je la poste ci-joint au message. J'espère que cela pourra t'aider autant que ça m'a aidé.
Si je stylise le propos de Dick, le roman repose sur ses personnages et leur univers tandis la nouvelle s'appuie sur son intrigue. Du coup, j'écris bien une nouvelle, et sa transformation en roman constituerait un réel changement de point de vue. Peut-on faire cela sans tout reprendre ?

Je ne sais pas trop...

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Guy Le Heaume
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Re: Et si c'était un roman...

Message par Guy Le Heaume »

Si je stylise le propos de Dick, le roman repose sur ses personnages et leur univers tandis la nouvelle s'appuie sur son intrigue. Du coup, j'écris bien une nouvelle, et sa transformation en roman constituerait un réel changement de point de vue. Peut-on faire cela sans tout reprendre ?
Je pense que c'est faisable. Si tu as l'intrigue, tu peux ensuite donner l'épaisseur nécessaire aux personnages.

Après renseignement pris je peux poster le texte de Dick auquel je pensais, pour les curieux / ceux à qui ça peut être utile :)
Roman et nouvelle

La différence entre nouvelle et roman se résume à ceci : quand la première traite du meurtre, le second se préoccupe du meurtrier, et l’action y prend sa source dans une personnalité que l’auteur a préalablement bien pris soin de présenter, du moins s’il connaît son affaire. La différence entre nouvelle et roman n’a donc rien à voir avec la longueur ; par exemple, The Long March, de William Styron, est aujourd’hui présenté comme étant un « court roman » alors qu’à l’origine le magazine Discovery avait publié ce texte sous l’appellation « longue nouvelle ». Donc, si vous l’avez lu dans Discovery , c’était une nouvelle, mais si vous l’achetez en version livre de poche, vous allez lire un roman. Et voilà.
Le roman doit en outre remplir une condition qui ne concerne pas la nouvelle : le personnage principal doit être suffisamment apprécié par les lecteurs, ou suffisamment connu d’eux, pour que ces derniers aient constamment l’impression qu’à sa place ils auraient fait la même chose. .. ou, dans le cas de la littérature d’évasion, aimé faire la même chose. Tandis que dans une nouvelle, il n’est pas nécessaire de susciter cette identification de la part du lecteur, car (un), on n’a pas la place d’insérer ce genre d’éléments contextuels, et (deux), puisque l’accent est mis sur l’acte lui-même, et non sur l’acteur, peu importe – jusqu’à un certain point tout de même – qui le commet. Dans une nouvelle, on apprend à connaître les personnages en se basant sur ce qu’ils font ; dans un roman c’est le contraire : on pose des protagonistes et ensuite on leur fait commettre un acte tout à fait caractéristique de leur personnalité unique. On peut donc dire que les évènements du roman sont uniques, non susceptibles de se retrouver dans une autre oeuvre de fiction, alors que dans les nouvelles, ce sont invariablement les mêmes choses qui se produisent, au point qu’une sorte de dialogue codé finit par s’élaborer entre auteur et lecteur. Et je ne suis pas du tout certain que ce soit là un phénomène négatif.
Par ailleurs, le roman (et particulièrement en science-fiction) invente tout un monde parsemé d’innombrables détails mineurs – du moins pour les personnages du roman, car aux yeux du lecteur, ils revêtent une importance vitale : l’impact de l’univers fictionnel tout entier repose sur ces mille petits riens. Dans une nouvelle, en revanche, on débarque dans un monde futur où les quatre murs du salon vous bombardent de feuilletons télévisés à l’eau de rose – un monde jadis décrit par Ray Bradbury. Là encore, la nouvelle se retrouve expulsée du domaine général de la littérature et catapultée dans celui de la science-fiction.
La condition sine qua non, quand on veut écrire une nouvelle de science-fiction, c’est de poser une prémisse qui l’isole complètement de notre monde à nous, coupure qui doit être réalisée à la fois au niveau de la lecture et à celui de l’écriture dans toute bonne oeuvre de science-fiction. Seulement, la pression exercée sur l’écrivain de science-fiction est beaucoup plus forte, car la cassure est bien plus importante que dans Paul’s Case ou Big Blonde, par exemple – deux oeuvres généralistes qui ne sortiront plus jamais de nos mémoires.
Dans les nouvelles de science-fiction se déroulent des récits de science-fiction ; dans les romans de science-fiction, ce sont des mondes qui se créent. Les nouvelles qui suivent proposent une série d’évènements. Car le secret du nouvelliste, c’est la crise. Une stratégie du « bord de l’abîme », en quelque sorte ; l’auteur introduit ses personnages dans un tel bourbier qu’on a bien l’impression qu’ils ne s’en sortiront jamais. Et là, il les tire de ce mauvais pas... enfin, le plus souvent. Disons qu’il peut les en tirer, et c’est tout ce qui compte. Mais dans le roman, les faits et gestes du protagoniste sont si profondément enracinés dans sa personnalité que pour l’en extraire l’auteur serait obligé de revenir en arrière et de réécrire complètement son personnage. Ce qui n’a pas lieu d’être dans une nouvelle, surtout une nouvelle courte (les longs récits tels que Mort à Venise de Thomas Mann, ou le texte de William Styron dont je parlais plus haut, sont en fait de courts romans). Les implications de cette théorie expliquent que certains écrivains de science-fiction ne sachent écrire que des romans, ou bien seulement des nouvelles : dans une nouvelle, tout peut arriver ; l’auteur se contente de tailler son personnage à la mesure de l’action. Donc, sur le plan événementiel, pour l’auteur, la nouvelle est beaucoup moins restrictive que le roman. A mesure qu’il construit son roman, l’écrivain se retrouve lentement emprisonné par lui, privé de sa liberté ; ses propres personnages prennent le dessus et, tout à coup, n’en font qu’à leur tête – au lieu de se conformer à ce qu’il veut leur faire faire. D’un côté, c’est ce qui fait la force d’un roman ; de l’autre, c’est ce qui fait sa faiblesse.

Philip K. Dick, 1971.
Extrait d’une introduction inédite composée en 1968 pour le recueil The Preserving Machine.
Chaque monde a ses lois, le tout est de les découvrir.
L'œil dans le ciel, Philip Dick.

arwen

Re: Et si c'était un roman...

Message par arwen »

Ben, c'est ce que je suis en train de faire sur ma dernière nouvelle ! ;)
Elle était déjà très longue 60 000 sec et j'étais pas contente de sa construction en flash backs.
Dans un roman, j'ai la place d'aborder tout ce que j'avais éludé, le contexte, les personnages secondaires... sans toucher à l’intrigue elle même.
La construction aussi a un peu changé, plus un aller et retour de flash backs, mais un seul et unique flash-back.
Pour l'instant, je en sais pas, c'est d'une simplicité à écrire....

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