"Rendez-vous, rendez-vous au prochain versionnement

[MadManu]

...rendez-vous, rendez-vous, rendez-vous sûrement aux prochaines versions."


Etant dans mon premier projet d'écriture, je n'ai aucun recul par rapport à cette question:
Quand peut-on estimer avoir suffisamment soumis un morceau ou l'entièreté de son travail à un regard extérieur?

En fait, entre le "on peut toujours faire mieux" et "on ne peut pas plaire à tout le monde" je m'y perds.
J'ai trop tendance à suivre le premier principe, mais je ne voudrais pas courir derrière une ligne d'arrivée qui recule tout le temps.

Peut-être avez-vous déjà vécu ça (dans la marre ou ailleurs): une nouvelle version qui reçoit de bons échos, et puis paf! Un point de vue différent demande une nouvelle approche. Correction. ça roule à nouveau pour quelques lecteurs, et puis paf! Un autre point de vue divergeant. Sur certains passages, on en reviendrait même à la version de départ.

N'importe quel point de vue peut m'être utile sur la question. Et si je ne suis pas seul, on peut fonder un club.

(Les modalités d'inscriptions sont simples: juste une pour adhérer)

[Crazy]

Perso, dès que je reçois une critique, je mets une note "ça va pas parce que..." dans mon texte mais je ne corrige pas tout de suite (sauf si ça relève de l'ortho-grammaire).
Du coup, j'attends d'avoir plusieurs avis avant de passer en phase de correction, et je compare entre ceux qui ont signalé en mal ou en bien et ceux qui n'ont rien vu/rien dit. Et mon avis perso, oeuf corse

[NB]

Le seul moment où on arrête de corriger, c'est quand le bouquin est imprimé

Mais, sinon, ça fait partie de sa formation d'auteur que d'apprendre à dire "stop" pour demander des bêtas.
Si tout va bien, plus on avance, moins on a besoin de versions (mais il en reste toujours un certain nombre quand même).
Exemple personnel : mon premier roman a eu besoin de 8 versions pour trouver un éditeur, et c'est la version 10 qui a été publiée (même si ce n'était pas une réécriture complète à chaque fois, hein).
Quelques années plus tard, j'ai en moyenne besoin de 3 (ou 4) versions avant acceptation, et c'est la 4 (ou 5) qui sort.

À mon avis, sur l'ensemble d'un roman (je ne parle pas d'extraits où ça peut être plus), je pense qu'on a en moyenne besoin de 4 retours de bêtas (dont un avis global sans bêta de détail). Au delà, c'est trop lourd à gérer pour "faire plaisir à tout le monde". À chaque remarque, l'auteur doit faire un choix "oui, le bêta à raison, je change (pourquoi ne l'ai-je pas vu tout seul)", "non, je comprends, mais je veux garder quand même", "mince, il faut que je change ailleurs pour que ça passe là", "plusieurs personnes me font la même remarque, c'est qu'il y a forcément quelque chose à faire, même si je ne suis pas convaincu", etc. Et il y a autant d'avis qu'il y a de lecteurs, donc c'est à nous, auteurs, de savoir quand s'arrêter de demander des avis !

[Mariedelabas]

Exemple personnel : mon premier roman a eu besoin de 8 versions pour trouver un éditeur, et c'est la version 10 qui a été publiée (même si ce n'était pas une réécriture complète à chaque fois, hein).
Quelques années plus tard, j'ai en moyenne besoin de 3 (ou 4) versions avant acceptation, et c'est la 4 (ou 5) qui sort.

Donc j'ai intérêt à élaguer sévèrement si je veux arriver à une version potable sans y sécher sur pied, moi. Impressionnant, Nadia ! 8 versions du premier !! (sans même parler d'une réécriture complète)
Moi je trouve douloureux ce moment où je sais que le texte est encore perfectible, mais je ne sais plus quoi faire, et même il me sort par les yeux. C'est très dur, parce que 95 % du boulot est fait, mais les 5% restants me donnent psychologiquement l'impression d'avoir l'Everest à gravir. Je pense surtout à la dernière relecture : au bout d'un moment, je n'en peux plus de relire mon texte depuis le début, mes phrases d'attaque m'insupportent. Enfin, bref, c'était mon moment de rouspéterie, ça m'arrive. Cela ne dure jamais bien longtemps, du reste.

au fait, bonne question Madmanu !

[Kira]

Exemple personnel : mon premier roman a eu besoin de 8 versions pour trouver un éditeur, et c'est la version 10 qui a été publiée (même si ce n'était pas une réécriture complète à chaque fois, hein).
Quelques années plus tard, j'ai en moyenne besoin de 3 (ou 4) versions avant acceptation, et c'est la 4 (ou 5) qui sort.

J'en étais à la 10e pour Barthélémy Et c'est la 12e qui est sortie.
Laisser reposer entre chaque version aide beaucoup à repartir avec un œil "frais".

[Beorn]

Je n'ai pas de réponse toute faite à cette question.

De manière générale, je pense qu'il faut apprendre :
1) à ne jamais corriger quelque chose parce qu'un bêta vous a fait une remarque, mais parce que cette remarque trouve un écho en nous,
2) à retenir dans un coin de sa tête toutes les remarques des uns et des autres, y compris celles qu'on a refusées, pour deux raisons : d'abord, il faut parfois des mois ou des années avant de comprendre la justesse d'une remarque, ensuite, un autre bêta-lecteur peut faire la même remarque plus tard et dans ce cas, il vaudra mieux se pencher sur le problème et l'étudier de près,
3) à dire "non, ça je le garde" quand c'est vraiment important pour nous, sans colère, sans ressentiment, juste avec le sourire, en remerciant intérieurement le bêta d'avoir fait son travail de proposition,
4) à dire "stop, j'arrête les corrections sur ce projet et je passe à autre chose" histoire de ne pas passer sa vie sur le même roman, quitte à y revenir ensuite.

Et aussi, même si c'est plus difficile :
5) à sentir si le bêta semble en affinité avec nous, avec le roman, et avoir bien compris ce qu'on voulait faire. Parfois, le bêta n'est tout simplement pas le bon ou n'exprime que ses goûts personnels,
6) à savoir attendre un peu, lire une première fois la bêta, puis relire un jour ou deux après. Corriger des choses, attendre encore et revenir sur ses propres corrections, bref, laisser le temps aux choses de mûrir un peu.

Tout cela a l'air évident mais ne l'est pas du tout.
Et quand on l'a bien appris, il faut encore ne pas l'oublier.

[Anonyme_Quatre]

Tu devrais mettre ça dans les règles des papyrus Beorn

[Francis Ash]

8 à 10 versions avant d'envoyer le roman à un éditeur (et surotut que ledit éditeur l'accepte ?)

Bonté divine!

Déjà que je n'arrive pas à en finir avec mes nouvelles...
Mais je dois être maso, car malgré tout, je n'envisage même pas de ne pas essayer!

C'est grave, docteurs ?

[Mike Patton]

8 à 10 versions avant d'envoyer le roman à un éditeur (et surotut que ledit éditeur l'accepte ?)

Bonté divine!

Déjà que je n'arrive pas à en finir avec mes nouvelles...
Mais je dois être maso, car malgré tout, je n'envisage même pas de ne pas essayer!

C'est grave, docteurs ?

Je plussoie Francis! 10 versions, c'est flippant.
Je vais me faire une pour avaler le concept...

[tigrette]

Je n'ai pas de réponse toute faite à cette question.

De manière générale, je pense qu'il faut apprendre :
1) à ne jamais corriger quelque chose parce qu'un bêta vous a fait une remarque, mais parce que cette remarque trouve un écho en nous,
2) à retenir dans un coin de sa tête toutes les remarques des uns et des autres, y compris celles qu'on a refusées, pour deux raisons : d'abord, il faut parfois des mois ou des années avant de comprendre la justesse d'une remarque, ensuite, un autre bêta-lecteur peut faire la même remarque plus tard et dans ce cas, il vaudra mieux se pencher sur le problème et l'étudier de près,
3) à dire "non, ça je le garde" quand c'est vraiment important pour nous, sans colère, sans ressentiment, juste avec le sourire, en remerciant intérieurement le bêta d'avoir fait son travail de proposition,
4) à dire "stop, j'arrête les corrections sur ce projet et je passe à autre chose" histoire de ne pas passer sa vie sur le même roman, quitte à y revenir ensuite.

Et aussi, même si c'est plus difficile :
5) à sentir si le bêta semble en affinité avec nous, avec le roman, et avoir bien compris ce qu'on voulait faire. Parfois, le bêta n'est tout simplement pas le bon ou n'exprime que ses goûts personnels,
6) à savoir attendre un peu, lire une première fois la bêta, puis relire un jour ou deux après. Corriger des choses, attendre encore et revenir sur ses propres corrections, bref, laisser le temps aux choses de mûrir un peu.

Tout cela a l'air évident mais ne l'est pas du tout.
Et quand on l'a bien appris, il faut encore ne pas l'oublier.

Amen.
Parfois, une beta faite avec les meilleures intentions peut faire plus de mal que de bien.

Je dirais qu'on a toujours envie de corriger quand on relit son manuscrit. Un mot, un adjectif, une tournure de phrase. En ce qui me concerne, je remanie assez peu mon premier jet (sauf pour mon premier manuscrit parce que c'était mon premier et j'avançais à tâtons.).

L'éditeur me donne ses corrections (portant sur le fond essentiellement, incohérences, passages à remanier etc) et après les modifs faites, le texte est quasiment prêt (sauf fautes débusquées par les correcteurs).
Mais j'écris très lentement et je fais ce travail de remaniement quasiment à chaque paragraphe. Le processus d'édition est indissociable de l'écriture du premier jet chez moi, même si je m'aimerai me lacher davantage, quitte à éditer plus et plus longtemps.

[MadManu]

Mais, sinon, ça fait partie de sa formation d'auteur que d'apprendre à dire "stop" pour demander des bêtas.

Ouf, je vais dans la bonne direction.

10 à 12 versions je peux le concevoir. Maintenant je pense avoir vu trop grand pour mon premier projet: J'en suis à plus d'un million de carac. (autour de 1,1M) et à ma 3ème version. Je devrais peut-être envisager de le découper en tomes. Et me concentrer sur la 1ère partie.

Autre interrogation: à chaque version mon roman a gonflé en taille de 10%-15% (j'ai approfondis des situations, rajouter des chapitres complets, complété en descriptions et en ambiance). Cette expansion systématique, ça vous arrive aussi?

[desienne]

Tu peux avoir aussi des versions du projet suites aux différents retours éditoriaux.
Je pense que c'est une fois publié que la correction s'arrête, que tu mets un point final (dès que tu signes le BAT en fait, c'est là que c'est fini - parce que tu ne peux plus corriger...).
Après, je retiens le conseil de Beorn : " laisser le temps aux choses de mûrir un peu. "
Prendre le temps, ça peut faire économiser des versions, de l'énergie et du temps. Le cycle apprend à "laisser infuser" les remarques des alphas et bêtas, de vraiment s'en imprégner.

Cette expansion systématique, ça vous arrive aussi?

C'est pas systématique. Mais il m'est arrivé qu'un projet prenne 50% de plus entre deux versions.
L'inverse est vrai aussi, j'ai déjà amputé un projet des deux tiers.

[NB]

J'en suis à plus d'un million de carac. (autour de 1,1M) et à ma 3ème version. Je devrais peut-être envisager de le découper en tomes. Et me concentrer sur la 1ère partie.

Oui

Autre interrogation: à chaque version mon roman a gonflé en taille de 10%-15% (j'ai approfondis des situations, rajouter des chapitres complets, complété en descriptions et en ambiance). Cette expansion systématique, ça vous arrive aussi?

Je crois avoir lu quelque part que, selon les personnes, on est plutôt du genre à faire gonfler, ou, au contraire, sabrer...
Mais ça dépend beaucoup des projets (on peut développer un roman, et raccourcir un autre, selon les besoins de l'histoire).

[Xavier]

Je ne peux que confirmer le premier commandement de Beorn : "tu ne corrigeras point pour le plaisir de ton bêta, mais tu corrigeras parce que cela a du sens pour toi".
Si plusieurs bêta te font la même remarque (par exemple, sur le manque de clarté d'une scène que tu voyais pourtant très bien), c'est sans doute que la correction s'impose, et que l'erreur vient de l'écart entre le regard de l'auteur et celui du lecteur.

Quant à savoir quand arrêter de soumettre à un regard extérieur - puisque c'était quand même la question du fil - je pense que c'est au moment où, d'une part, les retours ne répondent plus au premier commandement de Beorn et ne t'apportent plus rien, et d'autre part, où tu es content de toi.
Car l'air de rien, être content de son travail après des volées de versions, c'est un signe comme un autre à prendre en compte.

Sinon, pour l'expansion du volume de ton histoire, j'ai connu les deux, expansions comme diminutions, et ce dans le même roman (celui en cours).
La révision te permet de voir qu'il y a des manques graves, des chapitres entiers nécessaires, et aussi qu'il y en a d'autres qui ne servent finalement à rien, et dans lesquels il vaut mieux trancher à vif.

[Mariedelabas]

Moi j'ai pour objectif de réduire mon manuscrit de 20 à 25 %, on verra si j'y arrive. Plus c'est long en premier jet, plus c'est long à peaufiner, corriger, rectifier pour garder la cohérence générale... je suis très inquiète de cela en ce qui concerne mon roman.