A ses débuts, on lui donne le conseil suivant :
Keyes fait ensuite le rapprochement entre ce conseil et le style d'Hemingway :Pour bien écrire, il faut secouer chaque feuillet pour faire tomber tous les mots et les phrases inutiles.
Plus tard, il explique de quelle façon il a appliqué ce principe pour corriger sa célèbre nouvelle Des fleurs pour Algernon. (Pour ceux qui ne connaissent que le roman, cette histoire est en fait née sous la forme d'une nouvelle. Keyes ne l'a adaptée en roman que plus tard, au prix d'un travail de plusieurs années.)Et c'est comme cela qu'[Hemingway] a réussi, en époussetant le superflu.
La première version de son texte faisait trente mille mots et son éditeur lui demandait d'en couper dix mille. Il y est parvenu sans raccourcir l'histoire elle-même, mais en appliquant le conseil d'époussetage et en secouant ses feuillets :
Ça pourra peut-être vous servir pour vos corrections (ou si vous devez raccourcir un texte ).j'ai biffé tous les mots et paragraphes qui n'étaient pas absolument nécessaires. (...) Je me suis débarrassé des adverbiages et des pronombreuseries, des expressions redondantes et des digressions. Prenons : "Des phrases comparables à celle-ci, qui s'avançaient trop pesamment avec une floppée de petits mots, ont été corrigées." C'est devenu, après révision : "J'ai corrigé des phrases trop pesantes." On est passé ainsi de vingt mots à sept, sans changer le sens.