@Betty : J'ai bien lu tes messages et ton questionnement m'a semblé aller plus loin que le simple fait de tuer un personnage.
Pour moi, et cela ne reste que mon point de vue, il existe deux amours différents pour nos personnages.
On les aime d'abord, me semble-t-il pour ce qu'ils apportent à notre histoire, pour leur façon unique de faire progresser notre récit, pour l'empreinte qu'ils y laissent et la couleur qu'ils y mettent.
Cet amour là, rejoins pour moi l'écriture elle-même. Sans être dénué de serrements de cœur ou de sourire, il concerne plus le travail d'écriture que les sentiments des humains qui écrivent.
Ensuite, il y a l'attachement qui nous noue à notre personnage pour tout ce qu'il contient de nous, des personnes que l'on aime, des valeurs auxquelles on est attachés.
Là, on est clairement dans l'affect. Et c'est pour moi le plus "dangereux" et le plus beau à la fois.
Quand il m'est arrivé de devoir presque fermer les yeux pour tuer un de mes personnages, j'ai pris le parti d'écrire le premier jet de cette "exécution" à part du reste de mon texte. Cela peut paraître étrange, mais pour moi je n'étais plus vraiment dans l'écriture mais dans la gestion de mes propres sentiments qui n'avaient rien à voir avec mon écriture et mon histoire.
Cela parce que j'ai toujours considéré que la mort d'un personnage devait faire partie de mon intrigue et ne pas virer au darling.
Bien souvent, en me relisant, j'ai pu me rendre compte combien mon implication émotionnelle pour ce personnage pouvait déséquilibrer mon texte. Dans le sens, où mes sentiments avaient tendance à desservir cette mort que j'avais écrit un peu comme une apothéose.
J'ai ainsi travaillé sur le fait de réellement rendre justice aux personnages que j'aimais et tuais en ne restant pas sur une scène écrite en écoutant le requiem de Mozart les yeux débordant de larmes. (Je caricature à peine, il m'est arrivé de vraiment faire ça. Mais j'étais encore jeune :p)
Ainsi, le problème pour moi n'est pas dans l'apprentissage d'aimer tuer un personnage (cela me semble être l'étape suivante) mais plus dans ton rapport à ton personnage. Es-tu certaine de lui rendre "justice" en le tuant ? Cette mort que tu envisages n'est-elle pas le fruit d'un trop plein d'amour (une sorte de crime passionnel en gros) ?
Ce sont des questions qui m'ont, à titre personnel, beaucoup aidé. Et sans en faire une règle, je pense que les réponses sont toujours intéressantes à être données pour soi-même. Même si elle ne change pas toujours le destin fatal de notre personnage.