Ce mois-ci nous avons publié notre premier livre papier, auto-édité Melody, huit ans, deux vampires et l'apocalypse.
Outre la joie immense de tenir son livre entre ses mains, outre le sentiment assez jubilatoire ressenti en allant expédier les premières commandes à la poste, cette aventure est avant tout un vaste terrain d'expérimentation. Et comme toute expérience n'a de sens que si elle est documentée et partagée, nous avons pour ambition de rédiger une série d'articles pour retranscrire nos pérégrinations d'autrices et d'éditrices, pas si improvisées que cela..
L'idée est à la fois d'apporter un retour sur expérience, mais aussi de réunir à un même endroit toutes les questions que nous nous sommes posées lors du processus, et surtout, toutes les réponses que nous y avons apportées. Nous espérons deux choses... non, soyons honnêtes, trois choses, avec ces publications :
1- Aider toute personne qui aurait envie de se lancer dans cette démarche
2- Confronter nos choix à des regards critiques, provoquer la discussion, l'échange autour de cette démarche
3- Faire parler du livre (ça c'est le point honnêteté).
Ces articles vont être publiés sur notre blog, ainsi que sur Medium, l'introduction et la première partie y sont déjà disponibles :
Introduction
La relecture & la correction
Nos huit conseils de mise en scène
La couverture
Ceci étant posé, c'est autre chose que j'aimerais poser sur les nénuphars : au-delà de la simple aventure d'auto-édition, nous avons voulu tester un modèle économique particulier pour notre livre : le prix libre.
Une des choses qui nous froisse lorsqu'on parle d'auto-édition, c'est le prix des livres. Un livre à la demande coûte beaucoup plus cher qu'un livre classique et on se retrouve vite à payer plus de dix euros pour une nouvelle écrite en gros caractères. Bref, sous prétexte que le processus de production permet moins d'économie d'échelle, les livres auto-édités sont, généralement, vendus plus cher que ce qu'ils valent.
Nous avons eu la démarche inverse. On a regardé Melody (oui, à force, et avec un prénom dans le titre, j'en parle presque comme une personne -_-)
et on s'est demandé : "Combien tu donnerais-toi, pour acheter un livre poche d'une centaine de pages ?"
Nous sommes rapidement tombées sur un prix qui nous semblait juste : 4.5€
Dès lors le problème est posé : comment faire rentrer le livre dans ce prix, sans perdre en qualité et en se payant décemment ?
Quatre euros cinquante, c'est vraiment pas grand-chose et lorsqu'on retire tous les coûts de productions, de transaction bancaire, d'hébergement du site, de taxes... il ne reste qu'à peine 2€ dans notre poche.
Or, en parallèle de cela, nous avons scrupuleusement noté tout le temps que nous avons passé à travailler sur le livre.
J'ai même fait une infographie !
Le calcul est rapide, pour pouvoir nous payer à peu près décemment, il faudrait qu'on vende ... 750 livres. Utopique, surtout pour un premier, surtout avec notre réseau.
L'équation, pourtant, n'est pas si insoluble que cela et elle tient en une phase :
La valeur de cet objet est subjective et relative.
Cet objet contient une fiction, cet objet est l'aboutissement d'une histoire et chaque acheteur a sa façon subjective d'en évaluer la valeur. Pour ma mère, le premier livre du batch de test que nous avons fait imprimer n'a pas de prix. Pour la personne qui a dévoré l'histoire en une demi-heure, il vaut peut-être plus que ses 4.5€, pour celui qu'il a laissé indifférent, il ne vaut rien. (Bien sûr, pour que ces deux derniers cas fonctionnent, il faut que le lecteur ait pu lire le livre avant Mais chez nous, ça n'est pas un souci, le texte est toujours disponible dans son intégralité et dans sa dernière version sur internet)
De la même façon, 4.5€ pour un étudiant c'est bien plus que 4.5€ pour un salarié.
Voici donc notre pari : proposer Melody au prix qui nous semble juste pour l'objet et laisser à l'acheteur la possibilité de donner plus. Sur le même principe, le e-book est en vente au prix minimal de 0€.
Voilà ! Si cela vous intéresse, je tiendrais à jour ce fil de discussion pour vous informer de la notre progression... pour l'instant, l'expérience est très positive.
Cloé