Les psychologues te diront tout le contraire : tous les traumas de l'enfance et de l'adolescence influencent (plus ou moins selon les individus, c'est vrai. Certains s'en remettront très bien, c'est vrai.) la vie d'adulte. Et un trauma ce n'est pas forcément un viol, un meurtre...
Ce que tu dis est encore très partagé dans la population, malheureusement, parce que ça mène à laisser des adultes se débattre avec des syndromes de stress post traumatiques non diagnostiqués qui leur pourrissent la vie...
Je peux en témoigner... on m'a tenu ce discours ( comme à tant d'autres jeunes à cette époque) oh, c'est juste la crise d'ado, c'est dur pour tout le monde, ça passera une fois adulte. Ben oui, tiens... c'est vrai que les problemes psys ca s'envole tout seul, comme par magie. je te raconte pas comment c'est culpabilisant quand non, ça ne change pas juste parce qu'on devient adulte.
Et j'ai pas été violée, hein, j'ai pas connu une guerre... ce sont des truc assez banals, mais mal intégrés par la mémoire traumatique. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais j'ai des souvenirs d'enfance ou d'adolescence qui, quand je les évoquais, me provoquaient une réaction émotionnelle disproportionnée. Et c'est pas des trucs extraordinaires... y'a même sans doute des gens qui ont vécu la même chose et s'en sortent très bien ! Mais moi, ben, pas de chance...
Heureusement, on sait aujourd'hui comment ça fonctionne. Ce qui n'était pas vrai y'a trente ans. Donc autant ne pas répéter les mêmes erreurs, je pense... même si faut pas croire, en effet, que tous les gosses vont avoir des soucis. Non. Pas tous, mais un certain nombre certainement.
Et c'est vrai, bien sur qu'on est déjà en crise économique et bientot financière, qui va faire des dégats et va encore plus fragiliser ces mômes là parce qu'ils pourront pas avoir accès aux soins. Et un PTSD non soigné, c'est pas seulement quelqu'un qui se met à pleurer en se souvenant d'une scène, ça peut être quelqu'un qui prend des risques pour lui-même ( drogues, alcools, conduites à risques...), ou qui agresse les autres... la société n'a pas trop à y gagner. Quand je disais que la peur et l'enfermement rend des gens fous, ce n'est pas une métaphore, ça été constaté, observé concrètement. On a oublié ce que c'était, ici, en France parce qu'on vivait, sur notre territoire, une paix relative depuis 70 ans... mais c'est une réalité.
Je crois pourtant à l'extraordinaire capacité de résilience des gens. Mais faut-il encore que le contexte les y aide un peu...