A l'école selon les pays

[Alamankarazieff]

En 2004, j'ai eu une classe à 5 niveaux, du CP au CM2, avec 13 élèves seulement. L'année après moi, ils ont fermé la classe.
La France a un réseau très dense de petits villages par rapport à d'autres pays (à population équivalente, 3 fois plus commune en France qu'en Allemagne par exemple), et nous avons donc aussi gardé une grosse quantité de petites écoles rurales.

[Crazy]

Vers 1980-85, j'étais en primaire, à Paris, en école privée sous contrat, avec qq classes doubles.
De mémoire, il y avait une classe de chaque du CE1 au CM2, plus un CE1-CE2 et un CM1-CM2.
La maîtresse faisait des cours communs mais aussi des cours à une seule moitié de la classe pendant que l'autre avait une activité plus autonome (et je crois qu'on devait être une vingtaine).

[NaNa]

Mon école primaire était dans le même cas que celle de Crazy. Ils avait précisé à mes parents qu'ils mettaient en double-niveau les élèves qu'ils jugeaient autonomes (on se disait que les élèves de CM2 en CM1-CM2 avaient pu être mis là pour rattraper un peu une année moyenne de CM1 en même temps, mais pas du tout; comme le professeur fait parfois court à un niveau pendant que l'autre travaille seul, il faut que les élèves puissent être travailler en autonomie).

Bon par contre, dans ton cas Kashiira, j'imagine que les élèves n'auront pas trop le choix. En campagne, les effectifs sont plus faibles (par exemple, j'étais allée en maternelle dès l'âge de deux ans et demi pour éviter la fermeture d'une classe).

[Tsyl]

comme le professeur fait parfois court à un niveau pendant que l'autre travaille seul, il faut que les élèves puissent être travailler en autonomie

Techniquement, d'après les injonctions de la hiérarchie (qui n'a évidemment jamais vu un élève depuis qu'elle-même était à l'école), on est même censés faire des cours différents avec chaque niveau, en même temps. Ce qui implique une maîtrise du timing invraisemblable, des activités pensées pour être faites sans aucune aide, et, en effet, des élèves autonomes.

(A titre d'illustration, j'avais cette année 10 CM1 et 15 CM2 ; sur ces 10 CM1, cinq déchiffraient plus qu'ils ne lisaient ; sur ces cinq, quatre étaient incapables de comprendre sans aide la consigne suivante : "Mesure les côtés de la figure". Bon, c'était une classe de niveau faible, voire très faible, mais ça montre bien que les élèves autonomes, c'est un mythe plus qu'autre chose.)

Donc pas mal de profs font des cours communs à tous les niveaux (dès lors qu'ils ne sont pas trop éloignés, évidemment) et distinguent ensuite au niveau des exercices ou des approfondissements. Le ministère répète depuis quarante ans que les niveaux multiples sont un remède miracle pour les élèves, que ça tire les élèves faibles vers le haut, et tout et tout ; depuis quarante ans on voit le contraire et ça empire d'année en année. Les élèves faibles accaparent toute l'attention, obligeant les autres à se débrouiller, et - les miens cette année en tout cas - beaucoup d'élèves n'ont strictement aucun goût pour la recherche et l'effort de faire seul, donc ils ne font rien. Cette année j'ai envoyé en 6ème des élèves qui savent à peine lire, écrire, comprendre des phrases simples sans être lourdement aidés. C'est très inquiétant pour la suite.

Je me suis quelque peu écarté du sujet, j'en ai peur ; je m'arrête là.

[NaNa]

C'est bien pour ça Tsyl qu'ils avaient envoyé les meilleurs élèves dans ces classes dans la primaire où j'étais... Et pas du tout les élèves avec un niveau plus faible qui ont besoin de plus d'attention souvent.

[Alamankarazieff]

J'évoque le début d'une digression, mais je préfèrerai la continuer en MP sauf si des gens veulent, mais il y a des modèles éducatifs qui fonctionnent mieux pour les niveaux multiples (je forme à la pédagogie Montessori). Imposer le niveau multiple sans donner les outils pédagogiques qui vont avec, c'est violemment contre-productif.