Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

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Tristane Suzette
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Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par Tristane Suzette »

Pour ma prochaine nouvelle, je voudrais éventuellement parler du syndrome post-traumatique. Mais, du coup, je me retrouve avec un personnage dépressif.

Personnellement, ça ne me pose pas de problème de développer son point de vue, mais il me semble qu'il est difficile de susciter l'intérêt du lecteur pour un tel personnage.
Si c'est l'apathie qui le caractérise, le récit peut vite verser dans le monologue intérieur et n'avoir aucun rythme.

En tant que lectrice, je n'ai moi-même pas pu finir Vernon Subutex de Virginie Despentes pour cette raison-là.

En tant que lectrice ou lecteur, vous, ça vous est déjà arrivé de vous attacher à un personnage qui n'allait pas bien ?

En tant qu'autrice ou auteur, avez-vous déjà construit toute une histoire autour d'un tel personnage ?

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timioko
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par timioko »

Pour ma part j'aime bien les personnages dépressifs/ les monologues intérieur ( et j'ai aimé la descente aux enfers de Vernon Subutex ^^ )
Un personnage qui se laisse aller va vite avoir un rôle passif et ça va être les personnages et l'histoire autour qui vont attirer le lecteur. La dépression malheureusement est un sujet qui touche beaucoup les gens et qui a tendance à déclancher des réactions de rejets. Un personnage dépressif risque de ne pas plaire mais ce n'est pas pour ça que le récit ne va pas plaire.
Après tout dépend de l'histoire, de sa longueur.
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ilham
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par ilham »

J'ai un vieux roman que j'ai remanié 36 fois et dont le personnage central est dépressif. Et c'est vrai que ça peut poser probleme car l'apathie n'amène pas grand chose, à part l'introspection. Au moins dans un premier temps. Mais moi, en tant que lecteur ce que j'aime, c'est de voir justement comment ce personnage va évoluer, en bien ou en mal...
ensuite l'apathie n'est qu'un aspect de la dépression... pour l'avoir connu personnellement, c'est une phase, mais tu as aussi un moment où tu essaies de t'en sortir, où c'est dur, ça coince, mais tu cherches et ça c'est bien, je pense dans un roman, cette phase de luttes et d'échecs.
Pour éviter le monologue trop long, j'ai pas mal réfléchi au choix du point de vue. Et un des moyens, je pense, c'est de ne pas rester dans le point de vue interne, d'ajouter d'autres points de vue, notamment celui de personnages qui entourent le personnage principal. C'est un moyen assez simple. Jouer avec la narration aussi (flashbacks)

Mais surtout, ne pas laisser stagner le personnage, le faire avancer dans un sens ou dans l'autre assez vite avec l'intrigue. Même si ce n'est pas lui qui choisit, qui prend les décisions.

Bon, ce sont des considérations générales. Avoir un personnage dépressif dans une nouvelle c'est pas la même chose que dans un petit roman ou une saga... Plus ça s'allonge, plus je crois que ça devient compliqué à tenir.
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Edel-Weiss
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par Edel-Weiss »

C'est vrai que la dépression peut avoir un aspect cyclique, avec des phases d'abattement ou de découragement, puis des phases d'euphories. Ces cycles peuvent être accentués dans les premières semaines de traitement, si ton personnage commence à prendre des antidépresseurs. Tu peux jouer sur les changements d'humeur pour caractériser un peu plus ton personnage, mais après, je ne trouve pas qu'un personnage dépressif soit inintéressant. Disons que ça dépendra de la sensibilité du lecteur ^^ Pour un format nouvelle, ce sera peut-être moins problématique que pour un roman en plus. Par ailleurs, le fait de te positionner sur le syndrome post-traumatique peut te permettre d'aborder tout un tas d'autres problèmes (que la seule apathie) : les angoisses, les troubles du sommeil, l'irritabilité, etc.

Ma première héroïne souffrait de ce syndrome (même si je ne l'avais pas du tout envisagé sous cet angle au début et que c'est avec le recul que j'ai compris qu'en fait, ben elle souffrait d'une dépression) : elle venait de subir un deuil traumatisant, et elle était en pleine dépression, mais celle-ci se caractérisait par une instabilité de l'humeur, plutôt que par l'apathie (elle alternait entre les crises de larmes et les crises de rage) Elle était ingérable :lol:

C'est pas forcément simple de susciter l'adhésion ou l'empathie du lecteur, parce que les réactions d'un personnage dépressif peuvent être difficiles à suivre ou à comprendre. Si tu choisis le versant apathique de la dépression, il faudra que l'intérêt du lecteur soit happé par autre chose : l'intrigue autour du protagoniste, les personnages secondaires, etc. Et l'évolution me semble capitale. Mais encore une fois, c'est difficile de répondre car s'il s'agit d'une nouvelle, ce ne sera pas la même chose que pour un roman : ça ne me dérangerait pas de suivre un personnage complètement apathique, à un instant donné (donc sans évolution réelle) car une nouvelle est généralement courte, on n'a pas le temps de se lasser de la passivité du personnage comme on le ferait dans un roman. :)
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ilham
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par ilham »

Ah oui, j'oubliais (Edelweis, tu m'y fais penser ! ) le stress post traumatique, c'est bien plus compliqué qu'une simple dépression : si ça peut se caractériser par des phobies, un repli sur soi, il peut aussi y avoir des prises de risques, de l'agressivité, de la violence...
Et juste un petit truc, je ne parlais pas de phases comme on en trouve dans la bipolarité. Juste qu'à un moment, on ne sort pas de la dépression par l'action du saint esprit... il faut agir d'une façon ou d'une autre (traitement, psychothérapie, changements personnels...) Et je trouve que tout ça est intéressant à décrire.
Le seul probleme du personnage dépressif, c'est de ne pas le faire évoluer pendant un assez long moment. Or l'histoire qu'il doit vivre dans le roman doit le transformer. D'une façon ou d'une autre.
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NaNa
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par NaNa »

Comme Edel-Weiss, je pense que tu as un avantage avec la nouvelle, c'est que le format est court. On n'a pas le temps de râler sur ce personnage, sur sa passivité, etc. Aussi, le format resserré de la nouvelle fait que le rythme va sûrement être plus soutenu que dans un roman, ce qui peut compenser l'apathie de ton personnage.
(bon, je dis ça, mais en vrai, j'en sais rien, je suis pas une lectrice de nouvelle... :rougit: mais j'imagine ce que ça donne dans ce genre de format)

Sinon, je pense que c'est l'évolution du personnage qui fait que l'on accroche ou pas. Que ce soit vers le mieux ou vers le moins bien. J'imagine aussi que ce sera un élément important de ton histoire, et que sûrement, le lecteur qui va lire va savoir ce qu'est le stress post-traumatique et lire pour ça aussi.

Au début d'un de mes projets, l'un de mes persos pdv devaient être un peu dépressive, mais ça s'est perdu. Je montrais son désintérêt pour ce qui se passe autour d'elle, et j'en ai fait un élément d'évolution pour son arc. J'ai un autre personnage qui devient apathique suite à un traumatisme, mais je n'ai pas écrit de son point de vue à ce moment-là, juste dans les yeux des autres personnages, en montrant la souffrance et l'impuissance face à cette situation. Enfin, j'ai un autre personnage dépressif (entre autres troubles :hihihi: ), mais je ne suis pas de son point de vue, et il n'est pas apathique, donc ça t'intéresse oins je pense.
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Armoire
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par Armoire »

Si cela peut te donner de l'inspiration, Kaladin dans La Voie des Rois de Brandon Sanderson est dépressif, et décrit par beaucoup comme étant une très bonne description de l'état de dépression. Brandon Sanderson exprime ses difficultés à transmettre son apathie sans en faire un personnage entièrement passif. Ici il discute brièvement du problème dans ses annotations du chapitre 4 de la Voie des Rois, et là tu as une longue discussion sur la dépression de Kaladin par des BL de Sanderson eux-mêmes souffrant de dépression. Si cela peut t'inspirer !

Bien que cela dépende du sujet et du contexte de ta nouvelle, je pense que dépression n'entraîne pas systématiquement passivité, et que ton personnage peut être actif dans ton intrigue (cela dépend des circonstances bien sûr). Dans l'exemple de Kaladin, alors que sa dépression et son apathie transparaît très bien, je ne me suis jamais ennuyée dans ses chapitres.

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sydney
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par sydney »

hello,
est-ce une dépression ou un stress post traumatique ? les symptômes ne sont pas les mêmes.
dans le SPT tu as notamment des cauchemars, des comportements d'évitement (par exemple : je me suis faite agressée devant un distributeur = dès je vois au loin un distributeur je change de trottoir). les cauchemars questionnent le lecteur, les réveils terrorisés inquiètent. Les comportements d'évitement, avec des remarques du personnage sur sa peur, son coeur qui accélère (etc) donnent de la tension. En plus, un SPT a une origine définie (agression, viol, accident, attentat) et se guérit avec des thérapies brèves (EMDR).
La dépression est plus difficile à diagnostiquer et traiter, elle s'installe plus lentement et l'apathie "agace" l'entourage alors que le SPT suscite empathie (causalité externe à l'individu).

Si c'est de la depression, alors effectivement c'est plus complexe. Au-delà de l'apathie du personnage à décrire, le lecteur peut avoir envie de lui "coller une paire de baffe", genre "mais elle va se bouger un peu".

après, ne connaissant pas le texte/l'histoire, c'est difficile de trouver des conseils adaptés, mais dans le cas du SPT c'est "facile" car causalité externe. Dans le cas de la dépression, il faudrait trouver ce qui fait conflit chez la personne. Les "je voudrai" mais la dépression l'en empêche. Ainsi tu travailles la souffrance du personnage, et l'empathie du lecteur. Peut-être aussi donner "corps" à la dépression, en faire une sorte de personnage extérieur qui emprisonne le personnage, avec des métaphores visuelles : "je voudrais tant aller me promener sous ce magnifique soleil et profiter des arbres en fleurs comme les enfants qui courent en riant. Mais elle me tient par ses chaînes, ses tentacules de plomb m'empêchent d'aller jusqu'à la porte. Vaincue, je m'effondre sur mon canapé. Les larmes sortent de mes yeux sans que je ne puisse les retenir". Je sais pas si tu vois ce que je veux dire ?

j'espère t'avoir aider :)
:heart: :heart: :pompom: :chocolat: :chocolat: :chocolat: :pompom: :heart: :heart:
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par Pandora »

Swald, tu n'as pas forcément de troubles dépressifs dans les premiers temps de l'ESPT, et les flash backs et les cauchemars peuvent te permettre de faire un récit très vivant avec un personnage qui sera beaucoup moins dans l'apathie qu'un dépressif pur.
Je trouve ce site pas mal fait :
https://www.anxiete.fr/stress-post-trau ... symptomes/

Et tu trouves beaucoup d'exemple de personnages dépressifs dans les polars où souvent les personnages principaux de flics sont très déprimés ce qui n'empêche pas le lecteur de s'y attacher (Adamsberg chez Fred Vargas, Erlendur dans les romans d'Arnaldur Indriðason, etc)
Je n'ai pas en tête de personnage déprimé de SFFF

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ilham
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par ilham »

Sydney,
en France, le SPT reste très mal diagnostiqué et mal soigné ( mais je suis d'accord sur l'EMDR, pas encore très répandu d'ailleurs ni accessible : thérapies non remboursées)...
De plus, ce n'est pas seulement dû à des évènements hyper violents (meurtre, viol, attentat) mais aussi du harcèlement ou des choses qui vont agresser la personne en fonction de sa sensibilité, personnalité... On réduit trop souvent le SPT aux gros trucs. Non, un gamin qui subit des moqueries tous les jours à l'école peut développer un SPT...
Le SPT peut se résumer à un problème de la gestion de la mémoire. Elle reste associée à l'émotion ressentie sur le moment. Et la personne va revivre cette émotion dès qu'un élément déclencheur va raviver le souvenir.
Et oui, ça peut créer des cauchemars, des hallucinations aussi, des comportements d'évitement ( la prise de stupéfiants ou de produits pour s'anesthésier en fait partie).
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sydney
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par sydney »

ilham a écrit :
dim. juil. 26, 2020 6:49 pm
Sydney,
en France, le SPT reste très mal diagnostiqué et mal soigné ( mais je suis d'accord sur l'EMDR, pas encore très répandu d'ailleurs ni accessible : thérapies non remboursées)...
De plus, ce n'est pas seulement dû à des évènements hyper violents (meurtre, viol, attentat) mais aussi du harcèlement ou des choses qui vont agresser la personne en fonction de sa sensibilité, personnalité... On réduit trop souvent le SPT aux gros trucs. Non, un gamin qui subit des moqueries tous les jours à l'école peut développer un SPT...
Le SPT peut se résumer à un problème de la gestion de la mémoire. Elle reste associée à l'émotion ressentie sur le moment. Et la personne va revivre cette émotion dès qu'un élément déclencheur va raviver le souvenir.
Et oui, ça peut créer des cauchemars, des hallucinations aussi, des comportements d'évitement ( la prise de stupéfiants ou de produits pour s'anesthésier en fait partie).
oui tout à fait, je donnais juste que quelques exemples. Je n'ai plus le tableau clinique en tête (j'ai eu ces cours là en licence, y'a 20 ans, ça date un peu et j'ai choisi une autre orientation :psychocoah: )

pour une mise à jour et aller plus loin, la fac où j'ai étudié a créé ce centre : http://centrepierrejanet.univ-lorraine.fr/
on doit pouvoir y trouver des ressources pour creuser un peu :ange:
:heart: :heart: :pompom: :chocolat: :chocolat: :chocolat: :pompom: :heart: :heart:
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ilham
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par ilham »

C'est chouette d'avoir eu des cours là dessus y'a vingt ans ! Ca devait pas être courant, à l'époque ! ;)
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sydney
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par sydney »

je ne crois pas. j'avais bien aimé (bon, comme tout étudiant j'ai bachoté pour avoir mes exam pis après j'ai beaucoup oublié :mouahaha: :argh: )

n'étant pas du tout du côté de la psychothérapie, je ne m'intéresse pas trop au contenu des cours de mes collègues mais je crois qu'il n'en font pas. quant à l'EMDR, ils haïssent ça... dommage
:heart: :heart: :pompom: :chocolat: :chocolat: :chocolat: :pompom: :heart: :heart:
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par kyaramoe »

Dans le roman que j'écris en ce moment mon personnage principal est dépressif (dans le genre apathique, ce qui fait qu'il subit beaucoup au début de l'histoire mais je le raconte avec une touche d'humour pour alléger la chose), mais étant donné que le but de l'histoire c'est qu'il reprenne sa vie en main, la dépression n'envahit pas toute l'histoire. Les personnes qui ont lu quelques extraits ont trouvé le personnage attachant (c'est écrit en je et il subit pas mal de merdes, en plus il essaye de s'en sortir donc...). Pour un personnage qui reste dans la dépression tout du long, je ne saurais dire.

J'écris aussi une nouvelle avec un personnage atteint du SPT, sauf que dans le contexte où elle évolue, ce n'est pas quelque chose que l'on diagnostique ou que l'on soigne, ses symptômes sont associés à de la sorcellerie et les gens autour d'elle ne tolèrent pas ses difficultés, elle doit passer au-dessus et puis c'est tout. Ce qui la conduit au drame.

Voilà pour moi !
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Et si les oiseaux collectionnaient les horizons bleus ?

ALHHaas
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Re: Personnage dépressif, comment intéresser le lecteur ?

Message par ALHHaas »

Bonjour Swald et autres lecteurs/auteurs intéressés par ce sujet :mage:

Pour répondre à la question initiale, je pense que la dépression n'est pas un élément qui va faire en soi qu'un lecteur s'attache ou non à un personnage. Qu'est ce qui fait qu'on apprécie/s'identifie à un personnage ? Le fait qu'il soit complexe, bourré de défaut, qu'il nous ressemble ou non, en somme, on s'intéresse aux personnages multidimensionnelles et qui ne se résument pas à une caractéristique. Dès lors, il est essentiel dans n'importe quelle histoire traitant de personnages dépressifs, de ne pas les limiter à ce seul aspect. Les gens sont plus qu'une seule chose et les malades sont plus que leur maladie.

Malgré la dépression, ton personnage reste un personnage, cela signifie que d'une certaine façon, il doit prendre des décisions, faire avancer l'intrigue, ne pas "subir" son environnement (sauf si c'est l'orientation que tu souhaites prendre dans ton histoire). Et même un individu souffrant d'une quelconque forme de dépression prendra des décisions. De fait, tu pourras accentuer certains de ses traits comme la loyauté ou la lâcheté, la peur ou la détermination, ce qui en fera un personnage que le lecteur pourra apprécier. Donc même si ton personnage est passif face à la maladie, il ne doit pas être passif face à l'intrigue et aux évènements qui se jouent autour de lui, sinon le personnage sera complètement effacé et donc oubliable.

De plus, la dépression peut prendre plusieurs formes et possède divers degrés. Tous les individus souffrant d'une dépression ne passent pas leur temps à ressasser des choses, à penser à leur douleur (ou à l'absence d'émotions), à se plaindre ou à rester muet, ou autres choses. En fait, beaucoup de ces individus nous paraîtrons "normaux" car la dépression est un mal qu'on a intériorisé et qui, comme bon nombre de troubles mentaux, ne se voit pas. Dès lors ton personnage pourra être comme les autres mais va par exemple avoir des crises de panique à chaque décision, va subir des terreurs nocturnes qui gênent son quotidien, va constamment se sous-estimer, se rabaisser, ou bien va se placer dans des situations dangereuses... Chaque dépression est différente et chacun traite avec la maladie différemment, c'est donc à toi d'imaginer un personnage qui pourra mettre en valeur la façon dont tu veux représenter cette maladie.

Pour finir, je ne peux que répéter ce qui a été dit plus haut : tout dépend de ce que tu écris. Si ton histoire se concentre uniquement sur la dépression, tu peux en développer plusieurs aspects et te concentrer sur ton personnage principal. Si la dépression n'est qu'une partie de ton histoire, ou une caractéristique d'un de tes personnages dans un genre totalement différent (SF, Fantasy, Thriller...), alors il serait peut-être plus sage de se concentrer sur un seul aspect de la dépression pour qu'elle ne prenne pas le pas sur les autres intrigues.

J'espère que ma réponse est claire et je te souhaite bonne chance dans la construction de ce personnage !

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