Gérer plusieurs projets en même temps, ou non?

[Daloka]

Difficile d'avoir une seule idée fixe. Quand j'écris et que je réécris, j'ai généralement plusieurs idées d'histoires en même temps... Mais le temps lui, justement, manque . Vu que je ne peux plus écrire 2 à 4h par jour en dehors de périodes très exceptionnelles, j'ai dernièrement tendance à concentrer mes efforts vers un seul projet afin de l'achever.

Sauf que c'est extrêmement frustrant aussi. Parfois, j'ai l'impression de rester coincé sur la même histoire et de ne rien créer de nouveau . Avez vous parfois envie de faire plusieurs choses à la fois? Comment gérez vous ça?

Est-ce que vous vous concentrez sur une chose jusqu'au bout, ou bondissez de projet en projet? Par périodes, peut-être? Et si certains d'entre vous gèrent plusieurs textes à la fois, combien de temps avez vous mis pour terminer vos romans? J'avoue qu'avec ma manière de voir les choses, je commence déjà à fatiguer à la troisième année.

[Ravage]

Aaah quand muse nous prend...
Honnêtement, je préfère me concentrer sur un seul projet. Je suis comme toi, j'aime toucher à tout et je peux facilement et rapidement me lasser lorsque j'ai eu ma dose de satisfaction personnelle.
Mais voilà, finir un roman était une chose que je voulais vraiment faire. Alors, je me suis concentrée dessus et je pense qu'il s'agit d'un des seuls projets "plaisirs" que j'ai mené à bien jusqu'à la fin (pas parler trop vite hein, j'ai encore 3 tomes qui m'attendent...)
Je comprends tout à fait ta frustration, et en ce qui le concerne, je me suis forcée à le terminer parce que je savais que si j'allais ailleurs, j'aurais du mal à revenir.
Et j'avoue que l'avancée m'était souvent difficile, surtout lorsque ledit roman a eu droit à 2 ans d'écriture puis à 1 an de réécriture.
Je pense que c'est triste, parce que ça m'oblige à ne rester que dans une seule histoire, et plusieurs fois, j'en ai eu marre. Mais il s'agissait d'une histoire qui me plaisait, que j'avais moi-même imaginé, alors ça permet de tenir le coup. Et puis, je pense que ça en valait la peine de s'être concentré seulement dessus, car au moins j'en aurai achevé un. Je préfère ça que d'en avoir plusieurs autres incomplets.
C'est mon ressenti et j'avais réfléchi à ces problèmes avant de me lancer dans l'écriture, du coup, on peut dire que j'étais prête en quelque sorte.

[sydney]

perso, j'ai aucun problème à en avoir plusieurs en même temps. j'ai tendance à n avoir un principal et les autres qui sont à différentes étapes. j'ai commencé mon urban fan en avril, en parallèle je corrigeais ma romance, j'ai envoyé ma dystopie en cycle. J'ai terminé le premier jet de mon UF en août et j'avais déjà commencé une autre romance en juillet. Là l'UF est en pause avant relecture pré-second jet, j'écris ma romance (n°2), je termine les corrections de la 1, je commence à architecturer une troisième, je suis aussi dans la préparation des corrections de mon cycle (retours reçus, faut travailler maintenant) et (attention spoil) j'ai une idée pour une dystopie qui germe
j'ai besoin d'avoir plusieurs projets en même temps parce que je fluctue beaucoup dans ce que je veux faire : ça dépend de mon humeur, de l'envie du moment, d'une deadline etc
je peux avoir un créneau pour bosser mais le cerveau tourne au ralenti : correction des répétitions de la romance
j'ai envie d'écrire une scène avec de la tension (bataille, affrontement etc) : je vais mettre ma romance de côté pour avancer sur un UF ou une dystopie
j'ai envie d'écrire l'attraction entre deux personnages mais ma romance est sur la fin de l'histoire : j'écris une scène du roman suivant.
Je sais que si je ne couche pas mes scènes rapidement même si elle est liée à un autre projet, elles vont tourner en boucle dans ma tête et m'empêcher d'avancer sur le reste, et donc sur le projet principal.
C4est très perso, j'ai compris que mon cerveau fonctionne comme ça alors je fais avec. Mais c'est aussi ce que je dois faire au boulot donc c'est une façon de faire qui me semble normale

[Pi.]

Alors moi j'ai le problème inverse. Je suis mono-tâche. Quand je suis sur un truc, je suis incapable de faire autre chose, pourtant j'aimerais bien.

[Ravage]

Crois-moi Pi, c'est aussi une grande qualité : savoir finir ce que l'on commence.
Quant à sydney, waow, c'est juste impressionnant comme tu arrives à gérer aussi bien autant de projets !

[NaNa]

J'ai perdu en régularité là-dessus cette année, mais j'essaye d'avoir un projet principal, et les autres que j'avance quand j'ai envie ou le temps. Se fixer des deadlines peut aider (par exemple, se dire "je prends six mois pour ce premier jet", et s'y tenir).
Avoir des projets à différents stades aident aussi, parce que du coup ce n'est pas le même travail dessus et ça change, et ça déculpabilise un peu aussi.

[sydney]

Quant à sydney, waow, c'est juste impressionnant comme tu arrives à gérer aussi bien autant de projets !

l'habitude et un cerveau qui a besoin de variété et de papillonner. Si je ne fais qu'une chose en même temps, je culpabilise de ne pas donner de temps aux autres, comme si je les abandonnais. Et limite je me lasse (ce qui est paradoxale parce que je peux écouter la même chanson en boucle plusieurs semaines ou manger la même chose tous les soirs pendant des mois/années, mais je ne cherche pas à comprendre)
et ça m'évite à la fois l'effet type "depression post-partum" (un classique dans mon domaine quand on termine un énorme projet-travail et qu'on n'est pas déjà engagé dans un autre) et à la fois l'angoisse de la page blanche parce que j'ai déjà écrit quelques scènes + construction monde/perso/plan au moment où le projet devient le principal
là, en plus d'écrire ma romance n°2, je bosse le plan de ma romance n°3 et surtout les lieux où les choses vont se passer parce qu'une partie sera à Toronto et que je suis censée y partir en mission quelques semaines, donc je veux faire d'une pierre deux coups et travailler mon sensorium sur place

comme je l'ai dit ça marche avec moi parce que mon cerveau fonctionne comme ça. et comme on est tous différents... (7 milliards d'individus = 7 milliards de possibilités )

[Ravage]

J'ai perdu en régularité là-dessus cette année, mais j'essaye d'avoir un projet principal, et les autres que j'avance quand j'ai envie ou le temps. Se fixer des deadlines peut aider (par exemple, se dire "je prends six mois pour ce premier jet", et s'y tenir).
Avoir des projets à différents stades aident aussi, parce que du coup ce n'est pas le même travail dessus et ça change, et ça déculpabilise un peu aussi.

Oui, les deadlines aident en effet, mais en ce qui me concerne, comme le projet écriture est surtout un plaisir, me fixer des deadlines m'ennuieraient grandement. En plus, avec mon emploi en ce moment, j'ai assez peu l'occasion d'écrire à ce moment, je vais déprimer. Par contre, c'est sûr que la date butoir d'une interro m'a toujours permis à me forcer à étudier

Quant à sydney, waow, c'est juste impressionnant comme tu arrives à gérer aussi bien autant de projets !

l'habitude et un cerveau qui a besoin de variété et de papillonner. Si je ne fais qu'une chose en même temps, je culpabilise de ne pas donner de temps aux autres, comme si je les abandonnais. Et limite je me lasse (ce qui est paradoxale parce que je peux écouter la même chanson en boucle plusieurs semaines ou manger la même chose tous les soirs pendant des mois/années, mais je ne cherche pas à comprendre)
et ça m'évite à la fois l'effet type "depression post-partum" (un classique dans mon domaine quand on termine un énorme projet-travail et qu'on n'est pas déjà engagé dans un autre) et à la fois l'angoisse de la page blanche parce que j'ai déjà écrit quelques scènes + construction monde/perso/plan au moment où le projet devient le principal
là, en plus d'écrire ma romance n°2, je bosse le plan de ma romance n°3 et surtout les lieux où les choses vont se passer parce qu'une partie sera à Toronto et que je suis censée y partir en mission quelques semaines, donc je veux faire d'une pierre deux coups et travailler mon sensorium sur place

comme je l'ai dit ça marche avec moi parce que mon cerveau fonctionne comme ça. et comme on est tous différents... (7 milliards d'individus = 7 milliards de possibilités )

Ce qui m'impressionne vraiment, c'est le fait que tu parviens à les finir. Moi, je fais ça, j'ai plein de projets non achevés qui vont traîner que je ne vais jamais retoucher, car ce que j'aurais déjà découvert m'aura suffit.

[Gernier]

Personnellement j'ai trouvé ma manière de fonctionner dans Écritures de Stephen King, et je dois avouer que la méthode marche du feu de dieu dans mon cas, puisque j'ai terminé 4 romans en deux ans.

J'écris une heure par jour, tous les jours.
L'écriture comprends la rédaction, mais aussi toutes les tâches annexes comme la recherche de documentation, faire les plans, la rédaction du premier jet, la correction et l'établissement du second, troisième et (quatrième jet - dans les cas les plus complexes). Puis je passe à la mise en page, et parfois à l'illustration.

Je change également de récit tous les deux ou trois mois (en fonction de l'avancement et de l'importance dudit récit, j'en ai des courts, mais également des monstres qui culmine à 700 & 800 p. rien que pour la première partie... Ceux-là, ça fait 10 ans que je suis dessus.) C'est une méthode qui fonctionne bien, mais elle demande une régularité de métronome et de ne pas se disperser.

En même temps, cela permet de se débrancher d'un récit pour en entreprendre un autre, ce qui fait prendre un recul de six mois sur les anciens, ce qui est très bon pour la relecture, puisqu'on les aborde avec un œil neuf & impartial tout en continuant d'autre part de progresser sur d'autres histoires. Donc on ne perd jamais de temps et on a plusieurs histoires à des stades divers d'avancement que l'on peut reprendre en fonction de son humeur ou de ses envies du mois en court.

Ceci dit, cela demande de la patience. Mais j'ai achevé des récits, chose que je ne parvenais pas à faire en me concentrant sur une seule histoire...

[Vanilumi]

De mon côté, je suis un peu comme sydney : j'ai un cerveau qui papillonne tout le temps, sans cesse. J'ai plusieurs projets en cours notamment dont un principal qui était en challenge l'année dernière et 4 autres projets annexes, tous différents dans leur structure/traitement. Par exemple, le projet principal est de la fantasy familiale (je ne sais pas le baptiser autrement) et les autres projets varient entre de la romance fantaisiste (Urban fantasy), de la fantasy pure et dure (avec le héros qui vit des trucs pas cools et se relève de l'adversité, toussa), de la romance mythologique antique et de l'animalier réaliste (du dinosaurien pour être plus précise). Et à côté de ça, j'adorerai faire d'autres projets en pur animalier (façon La Guerre des Clans, m'voyez ?).

En vrai, je m'y perds beaucoup entre tous ces projets et toutes mes envies alors j'essaie de garder une idée fixe : terminer mon projet principal, du moins son premier tome (oui, y a un deuxième prévu). Après, il m'arrive assez périodiquement d'en être lassée, d'avoir l'impression que c'est toujours la même chose qui revient, d'avoir envie de changer d'air,... A ce moment-là, je me replonge dans un autre projet moins "important" (gros guillemets parce qu'ils le deviennent tous, mais je dois hiérarchiser ), un peu plus "plaisir" pendant quelques jours, voire semaines. Ça peut aller de la bête relecture ou des notes de plan à quelques lignes supplémentaires écrites, voire un chapitre. Je ne me limite pas tout en gardant en tête mon projet principal parce que... bah j'ai besoin de papillonner dans tout ce que je fais, sinon ça ne va pas.

Le papillonnage a ses avantages et ses inconvénients, après. Les avantages, c'est que le cerveau s'aère et se vide régulièrement, part tout le temps sur des idées nouvelles, se remet en marche de réflexion sur de nouveaux projets (ce qui peut réactiver de nouvelles réflexions pour le projet en cours), on change d'air et ça fait du bien. Les inconvénients, c'est que les projets anciens et nouveaux mettent plus de temps à parvenir au bout, car ça avance par petites touches quand ça ne se met pas complètement en pause (coucou, Bleu russe ), mais tant que ça avance, même un chouïa, c''est le principal pour moi (même si c'est lent).

Le projet principal arrive à son terme, après deux ans de travail dessus, donc actuellement je préfère me concentrer dessus à fond les palmes

[nothoi]

Perso, je fonctionne par vague :
1er jet du roman B (6 mois - 1 an)
Correction Phase 1 du roman A (3-4 mois)
1er jet du roman C (6 mois - 1 an)
Correction Phase 2 du roman A (3-4 mois)
Correction phase 1 du roman B
1er jet du roman D
Etc.

De cette manière, j'arrive à travailler plusieurs roman et plusieurs univers à la fois. Le gros point bénéfique de la méthode, c'est que je n'aborde pas les mêmes thèmes et les mêmes perso pour chaque roman, ce qui me permet d'améliorer en parallèle les autres manuscrits (traitement des perso, etc.). Exemple typique, dans le dernier premier jet que j'ai fini, j'ai eu à traiter une romance sur un tiers de manuscrit. Or c'est un truc que j'avais toujours abordé de manière superficielle avant. L'avoir traité dans ce premier jet m'a permis de mieux aborder une romance que j'avais dans un roman en phase de correction finale, romance qui était de mon point de vue mal traitée dans ce roman.

[Florie]

C'est hyper intéressant de lire le fonctionnement de chacun et chacune, merci de vos partages

De mon côté j'ai un peu le même souci : beaucoup d'idées qui réclament d'exister (et pas qu'en écriture vu que je fais aussi de la poésie et de l'illustration ) et un temps & une énergie limitée comme tous les êtres humains...

J'ai testé plein de choses différentes au fil des années pour trouver ce qui me convient : si je ne reste que sur un seul projet d'écriture pendant un an je m'ennuie comme un rat mort et ça se ressent dans la qualité du travail créatif.

Mais si j'attends trop longtemps (par exemple entre le premier jet et les corrections) j'ai beaucoup changé, c'est comme si Muse était passée à autre chose et que je ne me reconnaissais plus vraiment dans le livre et j'ai beaucoup de mal à le mener au bout.

Du coup c'est un équilibre ! En général, j'ai un premier jet en cours pendant que le projet précédent est en alpha/bêta lecture chez des relecteurices, puis j'alterne écriture créative et corrections, puis je commence un nouveau projet quand les corrections d'un projet précédent sont terminées.

Et quand de nouvelles idées me viennent, je note tout ce qui me vient dans un coin en attendant son heure. Si le livre est destiné à exister, l'idée reviendra encore et encore jusqu'à ce que ça devienne mon projet principal.

Avec les années j'ai aussi appris à lâcher les vieux projets - ceux qui m'ont aidée à grandir soit dans la technique d'écriture, soit dans l'affinage de ma plume, mon style, mes intentions et le genre de texte que je veux vraiment écrire au fond... Au lieu de m'acharner dessus j'ai appris à reconnaître qu'ils m'ont aidée à écrire ce que j'écris aujourd'hui et c'est OK si je ne les termine ou corrige jamais...

[Adé]

Team comme Sydney, ici, j'ai plusieurs projets en même temps (avec le temps qui passe, j'ai maintenant deux romans en corrections, deux en attente d'on sait pas trop quoi, deux en réécriture totale et un en premier jet) que j'alterne selon l'envie/le besoin.

Ici, je n'ai pas particulièrement de projet principal, ça dépend des périodes. Je trouve que c'est une habitude à prendre, notamment si le style est un peu différent entre les différents textes, mais ça se fait bien. C'est effectivement plus lent, mais je me dis qu'au bout d'un moment, j'aurai plusieurs textes finalisés et ce n'est pas plus mal (on se console comme on peut ). Ça me rappelle le conseil de Nadia Coste (si mes souvenirs sont bons) qui parlait d'avoir deux textes d'avance, pour être tranquille (quand on est publiés, je suppose, ce qui n'est pas encore mon cas, mais du coup, si/quand ça arrivera, ce sera forcément le cas, je pense).

Par contre, j'aurais tendance à déconseiller au départ, quand on commence vraiment à bêta-lire et apprendre, parce que potentiellement, ça donne plusieurs premiers jets mal écrits à mettre au niveau, et ça (sauf si on veut les laisser de côté et les considérer comme des romans d'apprentissage), c'est très demandeur en temps.

À mon avis, il faut suivre ses envies, c'est le principal moteur et parfois le plus dur à conserver, quand on est dans des passages compliqués/des blocages, alors autant se faire plaisir !

[sherkkhann]

Je suis à la fois dans la team Pi et Nothoi
Je suis monotache, impossible de lâcher un roman tant que la phase de travail n'est pas terminé. Si je mets 3 ans à terminer un premier jet, bah je reste dessus jusqu'au bout sans jamais aller voir ailleurs, genre ça m'obsède complètement. Par contre, une fois le premier jet terminé, je bascule sur autre chose, comme des corrections sur un roman que je vais soumettre aux éditeurs car très aboutie. Là pareil, tant que ce n'est pas terminé, je lâche pas l'affaire.
Par contre, il me faut aussi plusieurs projets "en conception" pour ne jamais me retrouver sans rien. Je me tape une grosse déprime à chaque fois que je termine un roman, plus le travail a duré longtemps et plus la déprime est grosse. Si je me retrouve sans rien pour rebondir, c'est la dépression assurée.

[Daloka]

Merci beaucoup pour vos témoignages qui aident à voir un peu plus clair . Comme avec la plupart des choses, tout le monde a sa propre méthode... Pour le coup vu que je travaille sur un long projet, j'aurais probablement pu placer plus de "pauses" entre les étapes de sa réécriture. J'ai tendance à laisser reposer mes textes sur un délai assez bref, je penserai à des méthodes d'alternance pour mes prochains projets. C'est toujours bien d'essayer de nouveaux procédés.

Pour mon roman actuel, Cyprée, j'avais fait des exercices d'écritures entre le premier jet et la réécriture, plutôt que de commencer un nouveau projet. Bon, je ne le regrette pas, c'était assez amusant!

En y repensant, j'ai déjà fait des textes entre l'écriture des romans, mais ce n'était que des nouvelles qui visaient généralement à étoffer les univers sur lesquels j'écris. Parce que comme certains ici je n'aime pas avoir une période sans rien faire.