Syven a écrit :Je ne suis pas d'accord. Certains lecteurs vont omettre inconsciemment ce qui les gêne pour projeter leur histoire sur ce qu'ils lisent. Ils vont juste oublier instantanément certains détails et ne garder en mémoire que ce qui les arrange.
Par exemple, s'ils ont décidé de détester ton héros parce que certains traits de caractère les dérangent, ils ne verront pas le reste du personnage, ils ne l'apercevront que d'un certain angle et liront un texte à l'opposé de ce que tu as voulu. Certains vont au contraire réarranger le héros et gommer ce qu'ils n'aiment pas pour ne voir que ce qu'ils aiment.
L'auteur ne peut pas lutter contre l'inconscient du lecteur. C'est aussi pour ça que chaque lecteur n'apprécie pas un roman pour les mêmes raisons qu'un autre, et pourtant, ils lisent bien le même texte.
Bien sûr, il y a toujours des lecteurs qui vont complètement comprendre de l'histoire de travers : je pense à un certain lecteur qui voyait Jéhanne comme malfaisante et perverse alors que je l'ai voulue profondément bonne et simple. C'est un retour unique et qui m'a beaucoup surpris.
Ce genre de cas isolé, sans doute dû à une histoire personnelle très particulière et propre à ce lecteur, on ne peut pas l'éviter complètement.
Mais on doit essayer au maximum : l'auteur doit être clair et explicite sur les fondamentaux (sans être lourd non plus...).
Parce que si Jéhanne est perverse, "La Pucelle" n'a aucun sens, c'est un roman qui ne va nulle part, il n'a aucun intérêt. Il est construit sur du vide.
Après, un lecteur va peut-être s'intéresser au combat au sabre plus qu'à la scène du sein... Il va lire le phénomène de Diable-Vert au premier degré ou y voir une vaste métaphore... Tout cela est possible, mais ce n'est pas grave : le roman tiendra debout, les lecteurs se seront juste plus ou moins projetés dans une facette ou une autre.
Mais sur certains aspects fondamentaux du roman, il ne doit pas exister de contresens.
Certains textes peuvent se lire de deux façons opposées parce qu'ils sont construits comme cela et qu'ils restent logiques dans les deux cas.
C'est le cas du du "Horla", de Maupassant (ou du "Tour d'Ecrou" de Henry James) : le narrateur est-il attaqué par une créature invisible et surnaturelle, ou sombre-t-il dans une crise démence ?
On ne peut pas le savoir mais dans les deux cas, le récit est cohérent.
C'est le cas aussi de l'exemple d'elophil, "Un tramway nommé désir".
On peut voir la fin comme un viol ou comme l'aboutissement d'un désir (je n'ai pas vu la pièce, je n'ai vu que le film et je ne me souviens pas de cela).
Par contre, il y a des fondamentaux : si on croit que Stanley est moche ou qu'il n'aime pas Stella, on commet un contresens qui ôte tout intérêt à l'histoire.
EDIt : My god, il y a eu tout plein de messages entre-temps !