Perso, je ne suis pas d'accord avec le "10% de talent, 90% de travail".
Douze pages, pendant lesquelles vous avez tous discuté de la notion de talent, de génie. Et au final, tout ce qui a été cité comme étant du talent sont pour moi des choses qui se travaillent.
Ecrire, pour moi c'est
- Une envie, un besoin. Peut-être la seule part d'innée que je pourrais accorder au processus d'écriture, et encore. Cette envie vient le plus souvent de nos lectures, et de notre éducation. Pas totalement inné, donc. De plus, je connais de nombreuses personnes qui n'aimaient pas du tout lire, et qui en grandissant se sont mises à avaler quantité de livres, voire à commencer d'écrire des fan-fics. (Oui, je sais qu'on parle du fait d'écrire dans le but d'être publié, mais l'un comme l'autre ça commence là. La seule différence que je fais entre les deux est l'envie de partager avec le plus grand nombre de personnes possibles, l'envie de reconnaissance aussi - et là encore pour moi ça vient en grande partie de l'éducation) A noter que quand je parle d'éducation, je parle de l'éducation par l'entourage, quelqu'il soit : parents, famille, amis, mais aussi l'éducation que l'on se donne à soi même en s'intéressant à des choses sur lesquelles on peut tout à fait tomber par hasard.
- De l'inspiration. Je relie fortement celle-ci à l'envie, dans le sens où pour être inspiré sur une histoire, il faut vouloir la raconter. Si on n'a pas envie de raconter comment machin devient machine, on pourra se forcer à le raconter, ça n'aura jamais la force d'un récit dans lequel l'auteur s'est investi.
Je relie aussi l'inspiration à la quantité de travail fournie auparavant : c'est en écrivant qu'on devient écrivain. Quand je me suis arrêtée d'écrire, j'ai eu du mal à retrouver ce qui auparavant m'était si facile (imaginer mon monde, mes personnages), et petit à petit, à force d'y réfléchir, ça revient, plus ou moins naturellement d'ailleurs. De plus, allez faire un petit tour sur write or die : de ce que j'en ai moi-même expérimenté, et de ce que j'en ai lu, ça marche pour pas mal de monde. Ecrire quelques lignes, sur tout à fait autre chose que notre projet du moment, relance le processus, comme si on était de nouveau "inspiré".
- L'orthographe, la grammaire, la façon de construire ses phrases, la façon de présenter ses personnages, qui sont des choses qui s'apprennent.
- La volonté, la motivation. Là aussi ça se travaille. Exemple purement personnel : je faisais du sport, j'adorais ça. J'aime toujours, quand j'en fait. Mais souvent je ne suis pas motivée pour y aller, après une journée de taf. Si je le voulais, sans nul doute que je me ferais violence pour y aller. Et pour avoir testé avec l'écriture il y a peu, se faire violence pour reprendre quelque chose au début, si on aime vraiment ce quelque chose, la motivation suit.
- Une chose qui rejoint la volonté : nos choix. On a tous gribouillé quelques mots inventés sur une feuille de papier, ne serait-ce que pour les écritures d'invention au collège et au lycée. Ces choix que l'on fait ne sont pas inscrits dans notre patrimoine génétique, et heureusement !
- Du temps. Ca rejoint la motivation pour moi, car comme l'a si bien dit Chuck Wendig
ici (traduit
icipar nos chères petites grenouilles
), si on est motivé pour écrire on ne le casera pas en cinq minutes entre "nettoyer la cage du hamster" et "se mettre au macramé".
- De la concentration. Ca aussi, ça se travaille. Parole d'une fille qui est passée par une année de concours et qui au début de l'année ne pouvait pas bosser plus de vingt minutes d'affilées. En juin, attendre deux ou trois heures pour me faire une pause ne me dérangeait plus vraiment
- Un travail sur soi-même, qui est la partie la plus difficile de l'écriture dans le sens où apprendre des règles et une chose, apprendre à se connaître en est une autre, bien plus difficile pour la plupart des gens. Apprendre à prendre du recul par rapport à soi-même, par rapport à nos actes, par rapport à nos créations, nos écrits. Apprendre à gérer sa motivation, aussi, et apprendre à gérer ses choix (pour reprendre l'exemple que j'ai cité dans la partie "volonté, motivation", si je ne me suis pas motivée à reprendre vraiment le sport, c'est parce que j'ai fait le choix de faire passer mes études et l'écriture avant, et que les deux conjugués me fatiguent assez comme ça)
Mon père m'a toujours dit "quand on veut, on peut". Pas dans le sens où quand on veut quelque chose, il nous suffit de tendre la main pour l'avoir, mais dans le sens où quand on veut vraiment quelque chose, on se donnera toujours les moyens pour l'avoir. Et je suis on ne peut plus d'accord avec ça.
Après, je suis d'accord avec le fait qu'il y ait des prédispositions (à apprendre plus rapidement, à se concentrer plus longtemps), mais pour moi ces prédispositions font gagner du temps, c'est tout. Pour moi, n'importe quelle idée de base peut être enrichie à force d'y réfléchir, de travailler dessus justement. Pour moi, on peut toujours travailler à aller à l'encontre de ses prédispositions, ou de ses non-prédispositions justement.
Weber décrit dans son livre "Nouvelle encyclopédie du savoir relatif et absolu" une expérience avec des puces. Pour résumer, des puces sont mises dans un bocal. Au début elles sautent plus haut que la hauteur du-dit bocal. On met un couvercle transparent et, à force de se cogner, elles sautent moins haut. On retire le couvercle, elles sautent toujours à la même hauteur (soit moins haut qu'au début). L'ëtre Humain est pour moi distingué des autres espèces animales par son intelligence, qui justement permet de se rendre compte qu'il n'y a pas de couvercle. S'il s'en aperçoit (il a l'intelligence pour, non ?) et s'il en a envie, il sautera plus haut de façon à pouvoir sortir du bocal.
Du coup, mon crédo, c'est plutôt 0,1% d'inné, 99,9% de travail.