[A] Truby : La faiblesse morale du héros

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Tristane Suzette
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Tristane Suzette »

Celia a écrit :Si on reprend, encore, le personnage de Luke.
On a le schéma d'un gamin frustré et naïf. Un robot lui demande de le délivrer. Il le fait. Le robot s'enfuit. Le gamin se sentant coupable et n'ayant pas envie d'avouer son erreur à son oncle, se barre de bon matin pour tenter de réparer les pots cassés.
Par la suite, il découvre qu'en son absence son oncle et sa tante ont été massacré. Ce n'est pas, stricto sensu, sa faute. Mais dans la psychologie, basique, du personnage, il se sent coupable, coupable d'avoir été naïf et de ne pas avoir réfléchi et d'avoir abandonné sa famille pour un vulgaire robot, parce qu'il a voulu être un adulte.
C'est un poids qu'il porte et dans lequel les jeunes spectateurs, je pense, se retrouvent.
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Beorn
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Beorn »

Koïnsky a écrit :S'il n'y a pas de notion de morale dans le concept, alors on en revient à la simple notion d'obstacle interne, que le protagoniste doit surmonter... c'est ce que vos derniers posts me donnent à penser, mais je m'y perds un peu.
L'obstacle interne de Lavandier peut être chez Truby soit un besoin psychologique (qui pourrit la vie du héros mais ne fait de mal à personne) soit un besoin moral (qui lui pourrit la vie ET fait du mal à au moins une personne).
Tristeplume a écrit :Ben c'est un peu ce que je pense, oui (mais c'est parce que je suis allergique au mot morale). Je parlerai bien de "contradiction interne" du perso.
Il y a bien une notion de "morale" et il faut dépasser l'allergie au mot.
Je sais qu'il est connoté "religion", "éducation civique", "donneur de leçon" et tout ce qu'on veut. Mais il faut passer par-dessus cela, parce qu'une histoire, ce ne sont pas juste deux camps qui s'affrontent, ce sont des valeurs qui s'affrontent.

Regarder un match de boxe, c'est peut-être fascinant pour les amateurs de boxe, mais ça ne fait pas une histoire.
En revanche, regarder Mc Lane se battre contre Grubber dans Piège de cristal, ça fait une histoire, parce que Mc Lane incarne des valeurs (la justice, la défense des faibles), alors que Grubber en incarne d'autres (l'appât du gain, l'usage du meurtre).
Dans cette histoire-là, il y a un "gentil" et un "méchant" très clairement, et nul besoin d'être catholique pratiquant ou prof d'éducation civique pour le comprendre en voyant le film. ^^
Les enjeux sont parfois plus complexes, cependant.

En tout cas, oui, la morale ça existe. Elle change d'un individu à l'autre et d'une société à l'autre, mais ça existe.
Par exemple, tuer ou violer, ce sont des actes considérés unanimement comme des actes mauvais. Si un personnage se livre à cela, il sera immédiatement classé comme "méchant" par le lecteur, bien qu'il puisse par ailleurs nous donner une grande envie de lire son histoire (cf Gagner la guerre).
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Beorn
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Beorn »

Célia a écrit :Si on reprend, encore, le personnage de Luke.
On a le schéma d'un gamin frustré et naïf. Un robot lui demande de le délivrer. Il le fait. Le robot s'enfuit. Le gamin se sentant coupable et n'ayant pas envie d'avouer son erreur à son oncle, se barre de bon matin pour tenter de réparer les pots cassés.
Par la suite, il découvre qu'en son absence son oncle et sa tante ont été massacré. Ce n'est pas, stricto sensu, sa faute. Mais dans la psychologie, basique, du personnage, il se sent coupable, coupable d'avoir été naïf et de ne pas avoir réfléchi et d'avoir abandonné sa famille pour un vulgaire robot, parce qu'il a voulu être un adulte.
C'est un poids qu'il porte et dans lequel les jeunes spectateurs, je pense, se retrouvent.
Oui, c'est une bonne analyse, je pense.
S'il fallait classer cela dans une catégorie, je pense que ce serait celle de la "faiblesse psychologique" (il commet une erreur bénigne, ses parents adoptifs meurent, il se sent coupable mais nous, nous savons bien qu'il n'y est pour rien).

A mon avis, la faiblesse psychologique peut suffire à faire un bon personnage dans bien des cas. La faiblesse morale n'est pas une obligation (mais attention, Truby, de son côté, affirme le contraire).
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Scipion
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Scipion »

Je ne suis pas complètement d'accord avec ceci.
J'ai beaucoup étudié la narration de ce premier volet il fut un temps, et j'avais en particulier pas mal réfléchi sur cette séquence où Luke découvre les corps calcinés de ses oncle et tante. La chose qui m'a longtemps interrogé, c'est que c'est la seule image de la sage ultra crue. On voit clairement et en gros plan les corps calcinés. Je me suis toujours dit que ce n'était pas anodin. Pas plus que la réaction immédiate de Luke est de dire à Ben "je viens avec vous, je vais faire quelque chose de ma vie".
Et ça a fait tilt lorsque j'ai lu la bio de Lucas et appris qu'il avait survécu à un terrible accident de la route.
Il raconte lui-même que cet événement - voir la mort en face - a changé sa vie. Avant l'accident, il n'était qu'un jeune sans but, qui passait son temps à draguer et à déconner en voiture. Cloué sur son lit d'hopital durant des mois, il s'est dit "mais bon sang, faut que je fasse quelque chose de ma vie, j'ai failli y passer et si c'était arrivé, qu'aurais-je fait de ma vie ?". Et c'est à partir de là qu'il s'est passionné pour le cinéma.
Cet événement dans le film est pour moi clairement la fin du premier acte, le moment où Luke comprend qu'il souhaite autre chose que de rester une sorte de mort-vivant sur Tatooine.
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Tristeplume
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Tristeplume »

@ Beorn :

Je ne veux pas faire un débat sur la morale (on avait déjà abordé ça je crois dans un topic sur les méchants). Je veux juste dire que ça implique un jugement de valeurs et que je n'aime pas trop ça. En tant qu'auteur, je précise. Je préfère m'en détacher pour avoir un maximum de liberté d'écriture.

Tu parles de méchant et de gentil mais tu sais très bien que la tendance actuelle est plutôt dans le gris, que des gentils peuvent commettre des actes moralement condamnables au service d'une noble cause et qu'inversement, des méchants peuvent d'une part avoir toutes les raisons imaginables d'être méchants et d'autre part être capables d'attitudes moralement louables.

Ce qui importe, à mon sens, dans la manière d'aborder le personnage ce sont bien ses contradictions et sa manière d'assumer ses actes et non un jugement de valeur "est-ce que c'est bien ou pas bien".

Ok, le meurtre gratuit ou le viol, bien sûr qu'il n'y a pas discussion (enfin, pas trop) mais ce sont des cas extrêmes.
Savoir si on peut abandonner sa famille pour aller faire le cacou à l'autre bout du monde pour une raison bidon, c'est intéressant parce qu'il n'y a pas une réponse morale toute faite. Il y a bien d'autre cas de conscience où il n'est pas question de morale de bien ou de mal.

Quand je parle des contradictions, j'inclus les questions de moralité dedans... mais à vrai dire, sont-elles les plus intéressantes puisqu'a priori, nous en connaissons en général les réponses ?
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Koïnsky »

Beorn a écrit :L'obstacle interne de Lavandier peut être chez Truby soit un besoin psychologique (qui pourrit la vie du héros mais ne fait de mal à personne) soit un besoin moral (qui lui pourrit la vie ET fait du mal à au moins une personne).
Ok, là ça rejoins ce que je pensais, merci pour la clarification, Beorn.

Concernant la morale, je pense qu'on ne peux pas l'ignorer quand on écrit, quelque part, notre vision du bien et du mal (et leurs nuances) vont de toute façon toujours transparaître dans nos écrits. Je n'ai peut-être pas encore assez écrit pour en juger, mais c'est mon sentiment.
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Beorn
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Beorn »

Tristeplume a écrit :Tu parles de méchant et de gentil mais tu sais très bien que la tendance actuelle est plutôt dans le gris, que des gentils peuvent commettre des actes moralement condamnables au service d'une noble cause et qu'inversement, des méchants peuvent d'une part avoir toutes les raisons imaginables d'être méchants et d'autre part être capables d'attitudes moralement louables.
Attention, quand je parle de conflit de valeurs, je ne parle plus du "moral need".
Ces valeurs n'ont absolument pas à être "morales" ou "immorales".

En revanche, pour un bon "moral need", le personnage doit avoir commis un acte immoral (le principal critère étant que cet acte a fait souffrir quelqu'un d'autre).
Avec cette technique, on est exactement dans le "gris" dont tu parles.
Pour reprendre l'exemple de Piège de cristal, Mc Cane est un mari peu sympathique qui, si je me souviens bien, avait ses torts dans ses problèmes de couple - et les problème du couple Mc Cane sont un élément absolument essentiel du personnage et du film.
Tristeplume a écrit :Ce qui importe, à mon sens, dans la manière d'aborder le personnage ce sont bien ses contradictions et sa manière d'assumer ses actes et non un jugement de valeur "est-ce que c'est bien ou pas bien".
Mais là, je ne vois pas de contradiction avec ce que dit Truby, au contraire.
Tristeplume a écrit :Ok, le meurtre gratuit ou le viol, bien sûr qu'il n'y a pas discussion (enfin, pas trop) mais ce sont des cas extrêmes.
Oui, mais il y a une multitude de choses beaucoup plus subtiles ou bénignes.
Il est arrogant et il humilie quelqu'un publiquement ? Mauvaise action. Il pique de l'argent dans l'assiette d'un clodo ? Mauvaise action. Il ment à sa petite amie et la fait pleurer ? Mauvaise action. Etc.
Mais cela n'a rien à voir avec l'intérêt du personnage ou la sympathie qu'il nous inspire : l'immonde Dr House est attachant et fascinant, au contraire, le vertueux Tintin est un personnage totalement transparent.
(même si certaines BD de Tintin sont excellentes, preuve que le "moral need" n'est pas du tout indispensable, surtout pour le jeune public)
Tristeplume a écrit :Savoir si on peut abandonner sa famille pour aller faire le cacou à l'autre bout du monde pour une raison bidon, c'est intéressant parce qu'il n'y a pas une réponse morale toute faite. Il y a bien d'autre cas de conscience où il n'est pas question de morale de bien ou de mal.
Tout à fait. Il y a beaucoup d'actes qui ne sont a priori ni bons ni mauvais et qui peuvent faire la base d'une bonne histoire.
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Celia »

Pour rassurer TP, l'exemple qui revient le plus souvent chez Truby n'est pas celui du gentil garçon, ou plutôt si, mais qui va devenir salement "amoral", puisqu'il s'agit de Michael Corleone, le héros du Parrain. :) (Voilà, c'était juste mon ajout sans intérêt de la journée ^o^)
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Re: J. Truby La faiblesse morale du héros

Message par tigrette »

Michael Corleone, l'un de mes personnages préférés ever. Désolée pour le flood.
Pacino, la retenue, l'intelligence, l'instinct primal de défense de la famille, la complexité, ce mélange de noblesse et de violence à l'état pur.
J'adore. J'aime beaucoup Tom Hagen aussi, le fils adoptif.

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Re: J. Truby La faiblesse morale du héros

Message par Beorn »

"Je suis germano-irlandais..." :mrgreen:
Pardon, la réplique est sortie toute seule, je :arrow:
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Re: J. Truby La faiblesse morale du héros

Message par Celia »

Et je rajoute, si vous souhaitez lire Truby, il faut avoir vu Le Parrain et Tootsie (et la Guerre des Etoiles), sinon vous n'allez pas pouvoir autant profiter des exemples démonstratifs de l'auteur (j'ai une furieuse envie de revoir Tootsie et de découvrir Chinatown depuis deux jours, je ne sais pas pourquoi ^^)
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Tristeplume
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Tristeplume »

Beorn a écrit :En revanche, pour un bon "moral need", le personnage doit avoir commis un acte immoral (le principal critère étant que cet acte a fait souffrir quelqu'un d'autre).
Avec cette technique, on est exactement dans le "gris" dont tu parles.
Pour reprendre l'exemple de Piège de cristal, Mc Cane est un mari peu sympathique qui, si je me souviens bien, avait ses torts dans ses problèmes de couple - et les problème du couple Mc Cane sont un élément absolument essentiel du personnage et du film.
M'enfin, avoir des problèmes de couple, ça n'a rien d'immoral (hormis les femmes battues ou humiliées... même l'immoralité de l'adultère n'est pas forcément évidente pour moi, sans vouloir rentrer dans un épineux débat).
Oui, mais il y a une multitude de choses beaucoup plus subtiles ou bénignes.
Il est arrogant et il humilie quelqu'un publiquement ? Mauvaise action. Il pique de l'argent dans l'assiette d'un clodo ? Mauvaise action. Il ment à sa petite amie et la fait pleurer ? Mauvaise action. Etc.
Et je maintiens que ces "mauvaises" actions ne relèvent pas forcément de critères moraux.

Mais on chipote, je comprends ce que tu veux dire et l'idée de l'auteur mais le terme de "faiblesse morale" me paraît trop restrictive.
M'enfin bon, ça doit être la faute de ces puritains d'amerloks qui voient de la morale partout. :roll: :mrgreen:
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Re: J. Truby La faiblesse morale du héros

Message par Celia »

Mais justement TP, quand je lis le Truby, je ne vois AUCUN jugement de valeur (religieux ou non) sur les actions des personnages. L'auteur en est complètement détaché. Alors peut-être que c'est le mot "moral" qui, pour toi, a des consonnances négatives, mais ce jugement entre "Bien" et "Mal" n'est pas mis en avant dans l'essai. Il s'agit simplement de savoir ce qui peut nuire à un personnage ou non, ce qui peut nuire à son entourage, ou non.
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Re: J. Truby La faiblesse morale du héros

Message par Beorn »

Tristeplume a écrit :M'enfin, avoir des problèmes de couple, ça n'a rien d'immoral (hormis les femmes battues ou humiliées... même l'immoralité de l'adultère n'est pas forcément évidente pour moi, sans vouloir rentrer dans un épineux débat).
Attention, je n'ai pas dit "avoir des problème" j'ai dit "être en tort".
Peu importe quels sont les torts de Mc Cane en fait, ce qui compte, c'est le résultat : sa femme a souffert de ses actes à lui.
Je crois qu'il refusait qu'elle travaille. Non ? je ne sais plus.

C'est la souffrance non méritée d'autrui qui fait que le héros a un bon "moral need".

Si le lecteur croit que Mc Cane a eu raison de la faire souffrir (par exemple, si le lecteur est convaincu que le rôle des femmes est de rester à la maison), alors le moral need ne marchera pas sur lui, c'est tout. Au contraire, sur tous ceux qui pensent qu'une femme a bien le droit de sortir de la maison et de travailler si elle le souhaite, il fonctionnera.
Tristeplume a écrit :Et je maintiens que ces "mauvaises" actions ne relèvent pas forcément de critères moraux.
La morale, c'est un ensemble de valeurs qui permettent de classer les actes dans la catégorie "bon" ou "mauvais", "bien" ou "mal". En tout cas, c'est comme ça que j'en parle ici. Si une action est considérée comme "mauvaise", par définition, c'est forcément par rapport à une "morale".
Mais peut-être qu'on n'a pas la même définition.
Tristeplume a écrit :Mais on chipote, je comprends ce que tu veux dire et l'idée de l'auteur mais le terme de "faiblesse morale" me paraît trop restrictive.
C'est une traduction, le vrai terme est "moral need". Je parle anglais, mais pas assez bien pour savoir s'il y a une nuance perdue dans l'affaire...

Je pense qu'il y a bien un appel à une morale, mais je n'en fait pas un gros mot. Pour que ça fonctionne, il faut que ce soit des éléments très communément admis (frapper quelqu'un, mentir, voler, tuer, humilier...) cela ne fait pas vraiment appel à des notion très polémiques. Sinon, on perd la moitié du lectorat.
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Dawood
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Re: J. Truby La faiblesse morale du héros

Message par Dawood »

En gros, sans nécessairement parler de morale, il faudrait que le personnage agisse de manière contestable (et contestée, certainement dans le livre) dans un contexte particulier.

Moi j'aime bien ce genre de choses.
Je me suis pas mal interrogé là-dessus. J'écris ce genre de héros, mais une de mes bêta-lectrices n'aimait pas mon perso principal, du fait des erreurs qu'il commet. Elle ne le trouvait pas héroïque, justement.
Moi, c'est ce qui m'intéresse, perso. Je n'écris pas l'histoire d'un héros (au sens héroïque du terme), mais de la naissance d'un héros (comment un mec lambda peut devenir héroïque).

L'héroïsme me parait être une part essentielle de la fantasy, ou du moins de la fantasy traditionnelle.
Il peut prendre bien des formes, mais il est important à mon sens. Le "moral need" semble appeler à des perso qui seraient avant tout des anti-héros avant de devenir des héros.
Enfin, c'est ce que j'en comprends. Du coup, il se trouve que ça correspond vraiment à ma démarche. De là, à en faire une règle, je sais pas.
Wyvern is coming.

(challenge à venir... :stylo: )

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