Évidemment, on peut écrire n'importe quoi, dans n'importe quel style. Et heureusement ! Je suis contre les cloisons.Je ne suis pas d'accord...on peut tout à fait écrire une roman de "genre" sans avoir tel ou tel type de style présupposé.
Ce que tu dis là, je trouve que ça ramène à formater l'écriture au final et c'est même sans doute, à mon avis, une cause du mépris que certains peuvent justement avoir de la littérature de genre...
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Genre et style pour moi ne sont absolument pas liés. Tu as le droit d'avoir une écriture poétique même si tu parles de robot !
Maintenant, là où je suis moins d'accord avec toi, c'est que le style participe à la construction de l'histoire. Ils sont inextricablement liés. Certes, ça n'influence pas toujours le genre lui-même, mais ça change le contenu du texte. Une écriture poétique ou une écriture crue donnera au texte une tonalité et des répercussions très différentes. Ce n'est pas la même histoire.
ex : un texte (dont je ne me souviens pas le nom) classé en littérature classique alors qu'il se passe dans un monde post-apocalyptique. Mais son écriture et son thème (une espèce d'enquête il me semble) ont fait qu'il n'a pas été édité sous l'étiquette "SF".
Un écrivain capable d'adapter son style (de créer un style ?) à son histoire, à l'émotion qu'il veut faire passer ou au monde qu'il veut créer est pour moi un écrivain pouvant aller très loin, car il n'est pas bloqué dans un genre, il n'a pas de limite.
(Même si, évidemment, certains auteurs, spécialistes dans un style, peuvent être très bons. Il existe juste pour eux un risque de répétition et de manque de diversité)
Quelques exemples de style qui m'ont marqué.
Ch. Miéville, avec Perdido Street Station a réussi, grâce à ces mots, à créer une atmosphère très particulière. Bon, j'ai souvent eu recours à mon dictionnaire, mais, étrangement, au lieu que cela me sorte du texte, cela m'a permis de m'immerger dans son univers.
A noter que cet auteur peut tout à fait changer de registre. Son Lombres n'a pas du tout le style alambiqué de son Perdido.
Le Déchronologue de Beauverger. Son écriture, très réaliste, avec le changement de ton selon la situation (alors que le récit ne contient qu'un POV) m'a marqué. J'avais l'impression que les personnages étaient de chairs, et non de papier.
Anne Rice a une écriture très particulière, que j'aime beaucoup (Le Violon ). Quelque chose de baroque, lourd, intense. Comme des vagues de velours ? Je n'arrive pas très bien à définir ce que je ressens, mais ses phrases respirent la mélancolie et la noirceur, même quand elles décrivent l'ouverture d'une porte !
Et enfin, Bradbury, que j'aime beaucoup lorsqu'il écrit de la "SF poétique". Comme un doux rêve avec des vaisseaux spatiaux.