Aux allergiques des manuels de construction du récit

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Stef-
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par Stef- »

C'est pas faux... D'ailleurs à la conférence avec Christophe Lambert sur les trois actes on avait été plusieurs à évoquer le fait que si c'était "mal fait" le squelette artificiel des ces trois actes apparaissait au lecteur, ce qui n'est pas le but... Spectateur ou lecteur, on veut quelque chose d'authentique ?

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Isaiah
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par Isaiah »

Une prof d'analyse filmique m'a un jour dit que lorsqu'un film l'ennuyait, elle chronométrait les articulations du récit (elle était très axée sur McKee, donc c'était pivots et mid-points). C'est un peu comme quand on lit un texte et paf soudain, on passe en mode bêta lecture. Ça me paraît être tout à fait révélateur du moment où la théorie est trop respectée au premier degré.

petitegazelle

Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par petitegazelle »

Milora a écrit :
Nainaille a écrit :Je suis un peu perplexe personnellement par rapport à vos réactions. En gros, si sentiment de méfiance il y a, c'est toujours par rapport à la "peur" de ne pouvoir se détacher d'une méthode ou d'une technique de construction. Or, il me semble n'avoir jamais lu dans ce genre de bouquin des formules telles que "c'est comme ça et c'est pas autrement". Chaque auteur de manuel prend toujours la précaution de préciser qu'il s'agit d'une vision personnelle, qui a certes de la valeur car ils sont souvent reconnus dans leur milieu.
Après, cela tombe un peu sous le sens que chacun mettra en jeu son esprit critique pour prendre de la distance par rapport aux conseils prodigués.
Plusieurs des réponses à ce fil n'expliquent pas leur méfiance par cette crainte ;)
En plus, le fait que la manuel dise "c'est ma vision des choses" c'est un peu une précaution rhétorique vu l'objectif même du livre, je pense. ^^
Je trouve intéressant en tout cas de s'intéresser à la question. Pourquoi l'écriture est-elle un art qui ne s'enseigne pas en France ? Dans les pays anglo-saxons, apprendre à écrire une oeuvre (que ce soit de la poésie ou de la fiction) est un cursus universitaire. Toutes les autres formes d'art s'enseignent et s'apprennent grâce à des règles et des principes qui vont au-delà de la technique pure.
Composer un tableau, une photo, un morceau de musique, une chorégraphie, cela s'apprend.
Est-ce pour autant que l'on bride le processus créatif à cause de ça ? Est-ce que l'imagination aura plus de puissance et de portée si elle est pure, débridée?
J'ai envie de dire que :
- il me semble bien que dans les études d'art, de photographie, de musique, etc., ce qui s'enseigne c'est la méthode de base, la "grammaire" de tel ou tel type d'expression. Or en écriture, l'équivalent c'est d'écrire un bon français, de savoir s'exprimer, etc. Et ça s'enseigne aussi ^^
- pour le reste, si je ne m'abuse (je connais pas les cursus d'arts graphiques mais des amis ou connaissances l'ont suivi en musique), il s'agit de comprendre le fonctionnement des oeuvres, les mécanismes, etc. Et ça aussi, ça s'enseigne en France pour l'écriture. C'est ça qu'on voit dans un cursus de lettre ^^
- quant aux cursus qui professionnalisent la pratique de l'écriture, c'est là que mon opinion diverge : non, j'ai pas du tout envie que ça devienne un cursus comme c'est le cas aux Etats-Unis par exemple ^^ On peut apprendre à rédiger un article de presse, à monter une photographie à visée publicitaire ou journalistique, etc. etc. Mais enseigner une pratique artistique (je parle pas de la technique de base, mais vraiment de l'expression artistique), ça me semble antinomique ^^
Mais, me répondra-t-on, ces ouvrages et ces cursus donnent justement ça : la technique de base. Sauf que je crois pas que ce soit le cas... Si en musique on vous dit (je mets n'importe quoi) : il faut ajouter des violons à la composition pour produire un sentiment, c'est plus de la technique, c'est de l'orientation.
Ça me fait le même effet qu'on m'explique comment construire une histoire selon des normes. Sans côté l'aspect un peu facile du "j'ai fait un DU d'écrivain, dont je peux écrire des romans ; toi tu l'as pas fait donc tu peux pas", sans compter les problèmes que ce système pourrait induire ensuite pour accéder à l'édition, mais c'est une autre question ^^
Et puis même, tu sembles dire que ça devrait s'enseigner... mais la question est aussi de savoir comment ça "devrait" s'enseigner. A mon sens, c'est par l'exemple, il s'agit plus d'apprendre à analyser une histoire que d'apprendre une technique.

Mais si je me souviens ce débat avait déjà eu lieu dans le fil que citait Garulfo au tout début ^ ^ (et je crois aussi qu'on dévie du sujet initial :oops: )
Image avec Milora!
Je pense que chacun est libre de faire ce qui lui plaît.
Pour ma part, j'ai lu quelques manuels mais je ne fonctionne pas ainsi. La liberté de créer me paraît entravée si on a constamment en tête des règles et des interdictions. Mais à chacun de voir ce qui marche le mieux pour lui! ;)
De toute façon, on n'est jamais totalement libre de créer ex nihilo, parce qu'on vient d'un milieu social, on est né dans tel pays, on s'est construit par ses lectures, etc...
Peut-être que par rapport à la littérature générale, la littérature de l'imaginaire a besoin de plus de codes pour que le lecteur n'ait pas l'impression qu'on se moque de lui (règles de la magie, etc?)?
Mais je pense que même pour la littérature générale, les écrivains "respectent" plus ou moins consciemment des règles. C'est ce qui permet de les ranger dans telle ou telle catégorie (réaliste, romantique, etc...) Même ceux qui s'affranchissent des règles seront catégorisés eux aussi (surréalistes, Nouveau Roman etc...)

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Le Graillon
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par Le Graillon »

Les réactions de tout le monde sont intéressantes. Je me demandais comment était perçus les manuels d'écritures (ou tout autre chose dispensant des conseils sur l'écriture.) Comment se servir d'un manuel d'écriture?

Personnellement, je suis curieuse et distante à la fois.

Curieuse parce qu'il est intriguant, à mon sens, de savoir comment les autres fonctionnent? Comment les autres pataugent?
Distance, par manque d'intérêt, tout simplement. En effet, si j'aime bien aller feuilleter ces manuels (plutôt les blogs, ils sont plus facilement à feuilleter), je m'en lasse assez vite.
Pourquoi?
Parce que ce ne sont que des manuels. Je considère que ça ne se lis pas comme un roman. Je regard les sections qui m'intéresse. Est ce que l'auteur évoque un problème qui me concerne? Est-ce que ça peut répondre à mes questions?

Je fais mon marché. En général, je retourna à mon propre travail plus sereine, soit parce que conforter dans ma ma méthode (ou non-méthode), soit avec une nouvelle idée en tête. J'ai tendance à aller voir les manuels quand je rame.
Bref, parce que j'ai lu les réactions précédentes. J'ai noté deux ou trois trucs que j'ai trouvé super intéressants:
Kira: Quelles sont vos réserves ou vos craintes ?
=> Réserve : il me semble qu'une partie de la théorie appartient à de la reconstruction a posteriori, qui ne relève pas de la volonté consciente de l'auteur (un peu comme les analyses de textes que l'on faisait au lycée)
Juste je vais rien rajouter parce que tout est dit.

Ensuite, certains (beaucoup?) ont soulevé l'aspect normatif. C'est un des éléments des manuels en générales. Quelque soit les précautions des auteurs ont tombe facilement dans le "ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire". Je pense que c'est aux lecteurs d'avoir une lecture attentive. Voyons lecteurs, nous ne sommes pas si influençable pour lire quelque chose et l'appliquer dans la foulée. On a tous un sens critique vis à vis de tout ouvrage.

Dans la même lignée, il a été évoqué les cursus universitaire aux Etats-Unis d'Amérique (l'herbe est tellement plus verte ailleurs). Ce ne sont que des hypothèses que je développe.
Je pense en l'occurrence que la question ne se traite pas tant du point de vue de l'écriture que de la structure du système éducatif US.
Je m'explique, lorsqu'on a un système éducatif où l'évaluation repose majoritairement sur le QCM (lorsqu'ils sont au lycée). On peut légitimement s'interroger sur les capacités d'écriture des étudiants US.
Mais pas que! Il faut voir aussi du point de vue du marché US qui n'est pas le même que le nôtre.
Et enfin, du point de vue de la structure de l'Université. Nos universités sont publics et rattaché à un système qui globalement dis : Cursus universitaire = Discipline universitaire = science. Du coup, on distingue l'analyse de texte de l'écriture en tant que deux activités différentes. Dans la discipline littéraire, il existe une méthode, des outils, des paradigmes que les chercheurs appliquent. Quand l'écriture va réclamer une forme d'expérimentation, d'originalité, sortir des sentiers battus...

Un troisième point a été abordé (que j'ai relevé, il y en a eu d'autres), que j'ai compris comme l'écriture c'est de l'art et l'art ne soufre pas de règle. Si seulement, c'était possible... Quelqu'un disait que quoi qu'il arrive on ne sort pas un texte ex nihilo. Je plussoie!

Il ne faut pas se leurrer, l'écriture c'est du travail. Les manuels peuvent aider, renseigner... Ceci étant dit et pour revenir à des considérations imminents terrestre, je ne suis pas prête d'en acheter! Je les trouve globalement trop chère. Surtout pour l'office au quel je les destine : feuilleter une fois de temps en temps.

Sinon, que deviens ce projet avec Christophe Lambert?

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Any
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par Any »

Je vais peut-être répondre à côté, j'espère que non. :roll:
J'adore les manuels de toutes sortes parce que j'aime comprendre pourquoi telle construction induit tel effet. J'aime l'idée d'essayer de les comprendre pour mieux les utiliser.

Le problème c'est que je suis incroyablement tête en l'air. Sur le moment ca me fascine et une semaine plus tard il faudrait presque que je relise tout parce que j'ai oublié la moitié des trucs super intéressants que j'ai lu.

Il me manque souvent des schémas, des résumés visuels sur lesquels revenir pour ne pas avoir à reprendre tout le livre à chaque fois que je veux me remémorer les principes fondamentaux.
Des fiches en somme, peut-être une réminiscence du temps ou je préparais mes concours. ^^

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Siana
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par Siana »

Prend des notes ! ;) C'est ce que je fais et c'est vachement plus simple pour retrouver les notions.

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Any
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par Any »

Siana a écrit :Prend des notes ! ;) C'est ce que je fais et c'est vachement plus simple pour retrouver les notions.
C'est ce que je fais, mais je suis très visuelle en fait, il faudrait que je me fasse des schémas plutôt et je ne prends pas le temps.
En plus je prends mal mes notes, tout me semble important. :psychocoah:

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tomate
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par tomate »

Dans la même lignée, il a été évoqué les cursus universitaire aux Etats-Unis d'Amérique (l'herbe est tellement plus verte ailleurs). Ce ne sont que des hypothèses que je développe.
Je pense en l'occurrence que la question ne se traite pas tant du point de vue de l'écriture que de la structure du système éducatif US.
Je m'explique, lorsqu'on a un système éducatif où l'évaluation repose majoritairement sur le QCM (lorsqu'ils sont au lycée). On peut légitimement s'interroger sur les capacités d'écriture des étudiants US.
Mais pas que! Il faut voir aussi du point de vue du marché US qui n'est pas le même que le nôtre.
Et enfin, du point de vue de la structure de l'Université. Nos universités sont publics et rattaché à un système qui globalement dis : Cursus universitaire = Discipline universitaire = science. Du coup, on distingue l'analyse de texte de l'écriture en tant que deux activités différentes. Dans la discipline littéraire, il existe une méthode, des outils, des paradigmes que les chercheurs appliquent. Quand l'écriture va réclamer une forme d'expérimentation, d'originalité, sortir des sentiers battus...
Si tu fais référence à mon post, je parlais de la Grande Bretagne. Et considérant la diversité et l'originalité de la littérature britannique et la façon dont ils enseignent en général (il y a une forte emphase sur la création personnelle), je pense au contraire que ces cours sont intéressants (si j'ai du temps et des sous, pour ma retraite... On peut toujours rêver).

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Le Graillon
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par Le Graillon »

Je pensais à ton post mais avait du manqué d'attention dans la lecture.
Je n'ai pas d'a priori sur leurs contenus. Seulement, leurs non-existences en France ne me choquent pas (au vue de comment est pensé le système universitaire Français...)
Comme tu le dis, si j'ai des sous, pour ma retraite. Au vue de l'actualité, nous rentrons dans la science-fiction. Les retraités c'est un peu comme les baleine: en voie d'extinction. RIP.

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Topaze
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Re: Aux allergiques des manuels de construction du récit

Message par Topaze »

Je n'ai jamais été un "allergique" à proprement parler, les réactions épidermiques constituant, pour moi, le symbole d'une réflexion inachevée.

Non. J'étais juste sûr de moi. De la qualité de ma plume, de la qualité de mes caractérisations, de mon univers. Je n'avais jamais pris suffisamment de recul sur l'acte d'écriture. Mais étant de nature particulièrement critique, sceptique, cartésienne et stoïcienne (oui, tout ça en même temps, on ne se refait pas...), je voyais que quelque chose bloquait ma production. L'intrigue. Je n'étais pas tant un conteur d'histoire qu'un conteur d'univers.

En somme : un excellent peintre, parfois même vaguement philosophe, mais certainement pas un cinéaste.

C'est un travail intérieur qui amène à découvrir ses propres lacunes. Une fois identifiées, deux chemins s'offrent à nous : trouver ses propres solutions (comme je le fais souvent), ou gagner du temps et s'employer à décortiquer les manuels (ce que j'ai fait cette fois-ci, le temps me manquant...).

Comme je l'ai dit plus haut, en bon sceptique, je remets systématiquement en cause ce que peut me dire un "spécialiste" Je ne place aucune confiance dans le spécialiste, et aucune confiance dans les gens qui prétendent que c'en est bien en. Ça fait partie de moi, je suis un vaniteux. Je crois que la seul vérité valable est celle que j'ai mise à l'épreuve de mon intellect.

Alors, j'ai fait mes petites recherches, avec, dans la tête des souvenirs de "La Dramaturgie" de Lavandier, dont j'avais déjà lu quelques extraits. J'ai immédiatement recherché son opposé, ou au moins identifié comme tel. J'ai vu des mots aigres de Lavandier à l'encontre de Trudy, et j'ai vu Trudy remettre en question la structure en trois actes. J'avais trouvé mes deux "victimes" !

Je suis, actuellement, en train de décortiquer leurs oeuvres respectives. J'ai fini Trudy hier, enfin, plus spécifiquement ce matin, à 3h. J'en ai pris et j'en ai laissé. Pour qui n'a pas de recul, il y a un certain poison préremptoire dans son oeuvre. Avec beaucoup d'allusions au mauvais auteur, ou au bon auteur (qui est celui qui applique sa technique). L'argumentation n'est pas parfaite. Le livre me semble globalement dangereux pour un créatif sous cet aspect. Mais la théorie de la conception organique en toute chose est, me semble-t-il, une réussite. Englober toute l'intrigue, tout le personnage et ses changements, tout le "débat moral", pour former un tout cohérent. C'est le passage de la photo au film. J'en ai tiré ce dont j'avais besoin, et c'est tout ce qu'il faut faire avec n'importe quel livre dispensant un certain type de sagesse. Encore plus s'il manie un ton péremptoire (et se dissimule de temps à autre derrière une petite phrase disant qu'il ne faut pas suivre sa recette à la lettre).

J'attaque "La Dramaturgie" et "Construire un récit" aujourd'hui. J'appliquerai le même procédé. Je prends, je laisse.

Puis j'écrirai de nouveau, après plus d'une année passée loin du clavier.

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