Des sujets tabous
- Saile
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Coucou les grenouilles !
Je suis confrontée à un léger (euphémisme) problème dans la rédaction de mon roman : mon premier bêta-lecteur m'a signalé que l'un des thèmes majeurs de mon histoire est "gênant", car issu d'un tabou. Or, j'avais pris soin de prendre des pincettes pour rendre la chose moins choquante, mais il s'avère que ce n'est pas réussi ! Pourtant, je ne peux pas le supprimer puisqu'il s'agit d'un point très important de l'histoire.
Vous êtes-vous déjà retrouvés confrontés à ce problème ? Y a-t-il dans vos textes des "sujets sensibles" ou les évitez-vous justement pour ne pas choquer votre lecteur (et l'éditeur) ? Je pense à divers sujets comme l'homosexualité - bien que le thème soit de moins en moins tabou -, la pédophilie, le racisme, des pratiques sexuelles déviantes ou je ne sais quoi... Si vous en intégrez dans l'histoire, comment gérez-vous ce rejet du tabou par le lecteur ? Délicatement ? Par suggestions ? Par rentre-dedans ?
Merci d'avance pour vos réponses !
Je suis confrontée à un léger (euphémisme) problème dans la rédaction de mon roman : mon premier bêta-lecteur m'a signalé que l'un des thèmes majeurs de mon histoire est "gênant", car issu d'un tabou. Or, j'avais pris soin de prendre des pincettes pour rendre la chose moins choquante, mais il s'avère que ce n'est pas réussi ! Pourtant, je ne peux pas le supprimer puisqu'il s'agit d'un point très important de l'histoire.
Vous êtes-vous déjà retrouvés confrontés à ce problème ? Y a-t-il dans vos textes des "sujets sensibles" ou les évitez-vous justement pour ne pas choquer votre lecteur (et l'éditeur) ? Je pense à divers sujets comme l'homosexualité - bien que le thème soit de moins en moins tabou -, la pédophilie, le racisme, des pratiques sexuelles déviantes ou je ne sais quoi... Si vous en intégrez dans l'histoire, comment gérez-vous ce rejet du tabou par le lecteur ? Délicatement ? Par suggestions ? Par rentre-dedans ?
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Cauchemars, tome 2 : Dullahan, éd. Voy'el
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- Beorn
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Re: Des sujets tabous
D'abord, j'ai tendance à penser qu'il n'existe pas de sujets tabou - du moins en littérature non jeunesse, et encore.
La loi interdit quelques sujets limitativement énumérés : tu ne peux pas nier le génocide des juifs, par exemple, ou inciter à la haine raciale, mais pour tout le reste, je ne vois pas de problème à parler d'un thème ou d'un autre.
Il y a énormément de romans qui parlent de pédophilie, de viols, d'inceste, de torture, de racisme, d'enfants brûlés vifs et autres joyeusetés, certains vont très très loin dans la violence et la description crue des scènes. Ils sont publiés, lus, achetés par des bibliothèques, leurs auteurs sont invités sur des salons et cela ne pose aucun problème à personne.
Je ne parle même pas des films ou des séries... Et encore moins des jeux videos.
L'homosexualité, je ne le mets même pas dans la même catégorie : je pense que ça ne choque presque plus personne. C'est devenu un thème très courant - du moins dans les pays occidentaux.
Ensuite, c'est une question de technique et de choix de narration. Toi, qu'est-ce que tu veux ? As-tu envie de choquer, de toucher un public amateur de sang et de tripes (ce public existe, peut-être que tu t'y reconnais toi même, je ne sais pas) ? Ou veux-tu un roman réaliste, en nuance, touchant, avec une empathie forte pour les personnages ? Veux-tu un roman décalé, grinçant, rempli d'humour noir ?
La loi interdit quelques sujets limitativement énumérés : tu ne peux pas nier le génocide des juifs, par exemple, ou inciter à la haine raciale, mais pour tout le reste, je ne vois pas de problème à parler d'un thème ou d'un autre.
Il y a énormément de romans qui parlent de pédophilie, de viols, d'inceste, de torture, de racisme, d'enfants brûlés vifs et autres joyeusetés, certains vont très très loin dans la violence et la description crue des scènes. Ils sont publiés, lus, achetés par des bibliothèques, leurs auteurs sont invités sur des salons et cela ne pose aucun problème à personne.
Je ne parle même pas des films ou des séries... Et encore moins des jeux videos.
L'homosexualité, je ne le mets même pas dans la même catégorie : je pense que ça ne choque presque plus personne. C'est devenu un thème très courant - du moins dans les pays occidentaux.
Ensuite, c'est une question de technique et de choix de narration. Toi, qu'est-ce que tu veux ? As-tu envie de choquer, de toucher un public amateur de sang et de tripes (ce public existe, peut-être que tu t'y reconnais toi même, je ne sais pas) ? Ou veux-tu un roman réaliste, en nuance, touchant, avec une empathie forte pour les personnages ? Veux-tu un roman décalé, grinçant, rempli d'humour noir ?
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Re: Des sujets tabous
Et puis, par rapport aux autres sujets qui sont cités dans ce fil, ce n'est pas un crimeBeorn a écrit : L'homosexualité, je ne le mets même pas dans la même catégorie : je pense que ça ne choque presque plus personne. C'est devenu un thème très courant - du moins dans les pays occidentaux.
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Re: Des sujets tabous
Tu veux dire, en France ?Celia a écrit :Et puis, par rapport aux autres sujets qui sont cités dans ce fil, ce n'est pas un crime
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Re: Des sujets tabous
+1Beorn a écrit :Tu veux dire, en France ?Celia a écrit :Et puis, par rapport aux autres sujets qui sont cités dans ce fil, ce n'est pas un crime
Il y a encore beaucoup à faire en la matière. Même (surtout ?) en France, d'ailleurs, pour que l'homosexualité ne soit justement plus considérée ni comme un crime, ni comme une maladie (ce qui n'est pas mieux, de mon point de vue, vue les dérives atroces que ça peut engendrer).
Ca me rappelle que j'avais été très choquée de découvrir que certains états, aux USA, interdisent encore la pratique de la sodomie - que l'on soit homo ou hétéro (dans certains états, c'est passible de prison, je crois, ce qui fait rire jaune quand on sait quelles pratiques ont lieu dans les-dites prisons).
J'arrête-là la parenthèse sur ces sujets.
Pour ma part, j'estime que le rôle de la littérature est justement, en grande partie, de parler des tabous. Après, il faut le faire intelligemment si c'est pour les dénoncer / combattre. Mais il y a plein de façon de les utiliser dans un roman, ce que Beorn a d'ailleurs très bien décrit.
Modifié en dernier par Roanne le mar. juin 11, 2013 10:00 am, modifié 1 fois.
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Re: Des sujets tabous
Si l'un thème majeur de ton roman relève de quelque chose de choquant, il faut évidemment t'attendre à ce que des lecteurs soient choqués. Tu peux essayer d'y aller doucement et progressivement si tu veux amortir le choc, mais, perso, je ne suis pas pour d'autres concessions. L'alternative pour moi est de ne pas écrire sur ce thème, si le but n'est pas de choquer et/ou n'est pas "militant".
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Re: Des sujets tabous
C'est vrai, mais il faut aussi gérer la question de la "promotion" de ces thèmes. Généralement, ils sont abordés pour être condamnés, même si l'auteur donne parfois l'impression de s'y complaireBeorn a écrit :Il y a énormément de romans qui parlent de pédophilie, de viols, d'inceste, de torture, de racisme, d'enfants brûlés vifs et autres joyeusetés, certains vont très très loin dans la violence et la description crue des scènes.
Deux exemples me viennent à l'esprit, pour le thème de la pédophilie :
- Twoilettes, où on voit plusieurs fois un loup-garou tomber amoureux d'un très jeune enfant (bien que ce soit expliqué qu'il l'aime assez pour attendre qu'elle ait l'âge légal pour consommer).
- "Novice", d'Octavia Butler, où l'héroïne a une cinquantaine d'années, mais l'apparence d'une gamine de douze ans. Et des pulsions d'adulte.
Dans ces deux cas, l'auteure s'en tire correctement et évite l'ambiguïté dans sa position. Mais il faut trouver les bons mots.
(J'en profite, même si ça s'écarte un peu de la question, pour évoquer l'excellente novella d'Isabelle Guso, "Présumé coupable").
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- Saile
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Re: Des sujets tabous
Merci pour ces réponses !
Alors, non, mon but n'est pas de choquer. Le sujet dont je parle est la pédophilie : l'un de mes personnages se pâme d'adoration devant un enfant. Il maîtrise cependant ses pulsions et choisit de patienter durant plusieurs années, mais il y a immanquablement des passages où je suis contrainte de parler de cet amour. J'ai volontairement fait "soft" pour ces passages, et il y en a peu (disons, trois ou quatre sur l'ensemble du texte). Mon personnage n'est pas excité, il ne fait rien de choquant et aucune pensée ou réaction coupable n'est évoquée. En fait, il se désespère, plutôt, de devoir attendre, et c'est quasiment tout. Mais c'est clairement dit : il attend que l'enfant soit assez grand pour dévoiler ses sentiments.
Le problème, c'est que je fais en sorte que mon lecteur ait de l'empathie pour ce personnage... jusqu'à l'apparition de cette fameuse passion. Pour mon lecteur, c'est un terrain trop glissant. Alors est-ce que je devrais supprimer certains de ces passages ? Est-ce que je devrais faire passer le désir en amour purement platonique - ce qui reviendrait presque à en faire un amour filial, ce qui me gênerait beaucoup puisque ce n'est absolument pas le cas ? Ou, au contraire, osef, et je garde tel quel ?
(Quant à l'homosexualité, même si elle n'est plus taboue pour beaucoup de gens, il reste toujours des personnes qui fermeront un roman dès que le sujet sera évoqué, ou qui en garderont un mauvais souvenir juste à cause d'une allusion à ça. Alors, si ça n'est pas tabou, ça reste "délicat".)
Alors, non, mon but n'est pas de choquer. Le sujet dont je parle est la pédophilie : l'un de mes personnages se pâme d'adoration devant un enfant. Il maîtrise cependant ses pulsions et choisit de patienter durant plusieurs années, mais il y a immanquablement des passages où je suis contrainte de parler de cet amour. J'ai volontairement fait "soft" pour ces passages, et il y en a peu (disons, trois ou quatre sur l'ensemble du texte). Mon personnage n'est pas excité, il ne fait rien de choquant et aucune pensée ou réaction coupable n'est évoquée. En fait, il se désespère, plutôt, de devoir attendre, et c'est quasiment tout. Mais c'est clairement dit : il attend que l'enfant soit assez grand pour dévoiler ses sentiments.
Le problème, c'est que je fais en sorte que mon lecteur ait de l'empathie pour ce personnage... jusqu'à l'apparition de cette fameuse passion. Pour mon lecteur, c'est un terrain trop glissant. Alors est-ce que je devrais supprimer certains de ces passages ? Est-ce que je devrais faire passer le désir en amour purement platonique - ce qui reviendrait presque à en faire un amour filial, ce qui me gênerait beaucoup puisque ce n'est absolument pas le cas ? Ou, au contraire, osef, et je garde tel quel ?
Très pertinent ! Pour ma part, je ne condamne pas, ni n'en fais l'apologie. C'est dit, c'est tout. Peut-être que l'absence de condamnation rend le texte dérangeant, je ne sais pas...C'est vrai, mais il faut aussi gérer la question de la "promotion" de ces thèmes. Généralement, ils sont abordés pour être condamnés, même si l'auteur donne parfois l'impression de s'y complaire
(Quant à l'homosexualité, même si elle n'est plus taboue pour beaucoup de gens, il reste toujours des personnes qui fermeront un roman dès que le sujet sera évoqué, ou qui en garderont un mauvais souvenir juste à cause d'une allusion à ça. Alors, si ça n'est pas tabou, ça reste "délicat".)
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Re: Des sujets tabous
Saile, je pense que ce qui gêne ton lecteur, c'est qu'il a l'impression que tu fais de la pro-pédophilie déguisée, par le fait que tu "excuses" ton personnage en notant qu'il patiente. Même si, dans les faits, les "vrais" pédophiles se désintéressent pour la plupart de l'objet de leur attirance quand celui-ci devient mâture (c'est vraiment le côté "enfant" qui les attire).
Si ton personnage n'éprouve pas un minimum d'auto-critique envers ses propres sentiments, de la culpabilité, etc, c'est en effet très gênant de mon point de vue (je suis pour ma part allergique au 3ème degré à la pédophilie déguisée, donc c'est clair, le terrain est miné !).
La pédophilie peut être très vicieuse, on peut faire du mal psychologiquement sans jamais toucher quelqu'un. Si la relation entre ton personnage et l'enfant qu'il désire va dans ce sens, ça peut donner quelque chose de malsain qui a pu gêner ton lecteur.
Après, il y a aussi le fait que la sensibilité de tout un chacun entre en jeu dans ce genre de thématique.
Ce qui va déranger certains ne fera ni chaud ni froid à d'autres.
Si ton personnage n'éprouve pas un minimum d'auto-critique envers ses propres sentiments, de la culpabilité, etc, c'est en effet très gênant de mon point de vue (je suis pour ma part allergique au 3ème degré à la pédophilie déguisée, donc c'est clair, le terrain est miné !).
La pédophilie peut être très vicieuse, on peut faire du mal psychologiquement sans jamais toucher quelqu'un. Si la relation entre ton personnage et l'enfant qu'il désire va dans ce sens, ça peut donner quelque chose de malsain qui a pu gêner ton lecteur.
Après, il y a aussi le fait que la sensibilité de tout un chacun entre en jeu dans ce genre de thématique.
Ce qui va déranger certains ne fera ni chaud ni froid à d'autres.
Modifié en dernier par Roanne le mar. juin 11, 2013 10:22 am, modifié 3 fois.
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Re: Des sujets tabous
Je pense également qu'à moins d'enfreindre la loi, les seules limites sont l'intention de l'auteur et le public visé. Après je pense qu'il faut faire attention à la notion de valeurs. Parler de viol ou de prostitution sera perçu comme maladroit si l'auteur use d'euphémisme et fait passer le message que ce n'est qu'un moindre mal, voire quelque chose de positif (y a eu un truc comme ça au dernier Cannes, il me semble). Idem pour les racismes et autres pratiques pédophiles : si un personnage trouve ça très bien il faut que ça reste son opinion et que ce ne soit pas présenté comme un point de vu général.
J'ai retrouvé un lien TV Tropes qui me semble correspondre.
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Re: Des sujets tabous
Je ne suis pas vraiment d'accord.Macada a écrit :Si l'un thème majeur de ton roman relève de quelque chose de choquant, il faut évidemment t'attendre à ce que des lecteurs soient choqués. Tu peux essayer d'y aller doucement et progressivement si tu veux amortir le choc, mais, perso, je ne suis pas pour d'autres concessions. L'alternative pour moi est de ne pas écrire sur ce thème, si le but n'est pas de choquer et/ou n'est pas "militant".
D'abord, pour moi, un roman n'est pas un acte de militantisme. C'est une autre démarche. Bien sûr, il peut parler de choses difficiles et prendre parti, faire réfléchir, mais cela reste une conséquence et non pas un but. Pour moi, le but est avant tout... de raconter une histoire, tout simplement.
Ensuite, à mon avis, on peut évoquer des choses atroces dans un roman assez doux et tendre, avec une violence qui reste sous-jacente.
Je pense au roman de Silène, par exemple, "La saveur des figues" : les filles sont mariées dès douze ans et doivent pondre bébé sur bébé, les vieux sont emmenés dans des mouroirs, les élites subissent un véritable lavage de cerveau... bref, il y a quand même des thèmes très lourds (mariage forcé, euthanasie, propagande...) et pourtant, c'est un livre tout en douceur, centré sur la relation entre une enfant et sa grand-mère, l'amour, le voyage à travers le monde, le goût des bonnes choses, etc.
En fait, je pense que tous les romans, d'une manière ou d'une autre, parlent d'au moins un thème choquant. De manière plus ou moins souterraine.
Comme tu dis, c'est "généralement" le cas, mais pas toujours.Crazy a écrit :C'est vrai, mais il faut aussi gérer la question de la "promotion" de ces thèmes. Généralement, ils sont abordés pour être condamnés, même si l'auteur donne parfois l'impression de s'y complaire
"Lolita" condamne-t-il la pédophilie ? Je ne sais pas. Il en parle, c'est sûr, mais pour le reste...
"le silence des agneaux" ne condamne pas vraiment le cannibalisme, la manipulation mentale et le meurtre pour le plaisir. Ce n'est juste pas le sujet.
EDIT : beaucoup de réponses entretemps
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Re: Des sujets tabous
C'est drôle (enfin, drôle, façon de parler...) parce que j'ai l'impression qu'en SFFF les auteurs se freinent beaucoup plus et sont beaucoup plus freinés dans les thèmes qu'ils choisissent de traiter (paradoxal lorsque l'on sait que les littératures de l’imaginaire se veulent sans limites ni frontières). Ce genre de questionnement se retrouve très peu en blanche où les écrivains n'hésitent pas à utiliser un sujet tabou comme trame de fond.
Après, il est vrai que le plupart du temps, c'est pour dénoncer ce tabou ou parler de la reconstruction psychologique qu'il y a derrière. Mais certains écrits n'hésitent pas aussi à se complaire dans ces sujets-là quittent à en devenir proprement écœurant. Et ces écrits sont édités, promus et achetés. Contrairement à ce que l'on pense, le tabou fait vendre. Et trouver comme campagne de promotion ce tabou mis en avant fonctionne. Ça joue sur le côté voyeurisme présent chez beaucoup de personne et ça donne une impression "libertaire" chez les lecteurs/acheteurs qui justement pensent se permettre de briser les tabous en achetant ce genre de livre.
Je te conseille de lire des microfictions de Régis Jauffret, chez Gallimard (quelques unes, pas toutes. Il y en a presque mille, d'à peine une page recto-verso mais c'est tout simplement abominable et écœurant). Et lesdites Microfictions se vendent très, très bien...
Donc pour revenir sur le sujet principal, je pense comme Beorn qu'il n'y a pas de tabou en littérature. Après, selon le public que tu veux toucher il te faudra adapter ta manière d'en parler et de l'évoquer/le montrer, ça c'est sûr. Mais la littérature n'a aucune limite à ce niveau-là.
Edit : zut, pleins de réponses entre-temps. Je remonte les lire.
Après, il est vrai que le plupart du temps, c'est pour dénoncer ce tabou ou parler de la reconstruction psychologique qu'il y a derrière. Mais certains écrits n'hésitent pas aussi à se complaire dans ces sujets-là quittent à en devenir proprement écœurant. Et ces écrits sont édités, promus et achetés. Contrairement à ce que l'on pense, le tabou fait vendre. Et trouver comme campagne de promotion ce tabou mis en avant fonctionne. Ça joue sur le côté voyeurisme présent chez beaucoup de personne et ça donne une impression "libertaire" chez les lecteurs/acheteurs qui justement pensent se permettre de briser les tabous en achetant ce genre de livre.
Je te conseille de lire des microfictions de Régis Jauffret, chez Gallimard (quelques unes, pas toutes. Il y en a presque mille, d'à peine une page recto-verso mais c'est tout simplement abominable et écœurant). Et lesdites Microfictions se vendent très, très bien...
Donc pour revenir sur le sujet principal, je pense comme Beorn qu'il n'y a pas de tabou en littérature. Après, selon le public que tu veux toucher il te faudra adapter ta manière d'en parler et de l'évoquer/le montrer, ça c'est sûr. Mais la littérature n'a aucune limite à ce niveau-là.
Edit : zut, pleins de réponses entre-temps. Je remonte les lire.
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Re: Des sujets tabous
Je ne sais pas si tu as lu "Lolita", mais en matière de pédophilie, ça se pose là quand même ! Et il n'y a aucune attente d'âge légal dedans. On se prend même de compassion pour Humbert... (cela dit, le roman a quand même été un peu censuré avant de devenir un classique)
Bref, c'est évidemment un sujet qui va choquer et amener à se questionner, mais je pense que tant que tu es à l'aise avec ce que tu écris, si ça sert ton histoire, tu dois le garder. Évidemment, tu ne seras pas publiée en jeunesse :p
Bref, c'est évidemment un sujet qui va choquer et amener à se questionner, mais je pense que tant que tu es à l'aise avec ce que tu écris, si ça sert ton histoire, tu dois le garder. Évidemment, tu ne seras pas publiée en jeunesse :p
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Re: Des sujets tabous
Alors là, effectivement, c'est un terrain hyper glissant.Saile a écrit :Le sujet dont je parle est la pédophilie : l'un de mes personnages se pâme d'adoration devant un enfant. Il maîtrise cependant ses pulsions et choisit de patienter durant plusieurs années, mais il y a immanquablement des passages où je suis contrainte de parler de cet amour. J'ai volontairement fait "soft" pour ces passages, et il y en a peu (disons, trois ou quatre sur l'ensemble du texte). Mon personnage n'est pas excité, il ne fait rien de choquant et aucune pensée ou réaction coupable n'est évoquée. En fait, il se désespère, plutôt, de devoir attendre, et c'est quasiment tout. Mais c'est clairement dit : il attend que l'enfant soit assez grand pour dévoiler ses sentiments.
Le problème, c'est que je fais en sorte que mon lecteur ait de l'empathie pour ce personnage... jusqu'à l'apparition de cette fameuse passion. Pour mon lecteur, c'est un terrain trop glissant. Alors est-ce que je devrais supprimer certains de ces passages ? Est-ce que je devrais faire passer le désir en amour purement platonique - ce qui reviendrait presque à en faire un amour filial, ce qui me gênerait beaucoup puisque ce n'est absolument pas le cas ? Ou, au contraire, osef, et je garde tel quel ?
Je ne crois pas que, légalement, il existe une interdiction de présenter la pédophilie sous un jour favorable (c'est à vérifier), et à vrai dire, j'ignore si réellement, cela serait un problème pour toucher un public (comme le dit Elyna, le tabou fait vendre, même si pour celui-là, je ne suis pas sûr...).
Comme le dit Crazy, Isa Guso a écrit une novella chez Griffe d'Encre qui aborde presque le même thème : on est dans la peau d'un pédophile, mais c'est un homme doux et gentil, qui ne passe jamais à l'acte car il sait que c'est un crime. En soi, le roman ne fait pas l'apologie de ce crime, il présente juste un pédophile sous un jour favorable (mais pas sa pédophilie, juste sa personnalité).
Isa Guso a reçu des réactions très violentes de la part de certains lecteurs.
Selon moi, ce livre était intéressant à sa manière. Il permettait de ne plus exclure ces gens de l'humanité, comme s'ils étaient des monstres différents de nous, mais au contraire, permettait de voir un être humain, sympathique, qui ne veut faire de mal à personne et se trouve torturé par un désir qu'il n'a pas choisi.
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Re: Des sujets tabous
D'une part, c'est ton histoire, c'est toi qui juge.Saile a écrit :Est-ce que je devrais faire passer le désir en amour purement platonique - ce qui reviendrait presque à en faire un amour filial, ce qui me gênerait beaucoup puisque ce n'est absolument pas le cas ? Ou, au contraire, osef, et je garde tel quel ?
D'autre part, ça dépend de la raison de l'amour porté. Le désir charnel envers un enfant, c'est difficile à gérer. Mais tu peux faire éprouver (j'imagine) un amour fraternel (au sens : comme pour un égal, mais relativement platonique), qui évolue en désir lorsque l'autre commence à avoir un âge "raisonnable" (on va dire 16+), ce qui ne veut pas dire qu'il est immédiatement consommé
Tu peux comparer ça à deux personnes du même âge qui sont meilleurs amis jusqu'à ce qu'ils tombent amoureux, si tu vois ce que je veux dire.
PS : Un autre exemple qui me vient à l'esprit : le roman "the time-traveller's wife", où les deux personnages font connaissance à un moment où ils ont bien une douzaine d'années d'écart au moins (et la fille est donc mineure), mais pareil, la consommation attend, à cause de la différence d'âge et de maturité notamment.
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