Je sais que j'arrive après la bataille mais ce sujet m'intéresse et comme j'ai souvent été confronté à cette problématique, je me permets d'apporter mon grain à moudre.
Je rejoins clairement l'avis qui a été donné au début, expliquant qu'une histoire portée par ses personnages est une histoire dans laquelle l'action de ces derniers reste en tout temps cohérente avec leur caractère et leur psychologie.
D'ailleurs, je trouve que la mouvance actuelle dans la littérature SFF est clairement portée sur le sujet (il n'y a qu'à prendre le
Trône de Fer comme parfait exemple), mais ce n'est pas nouveau : il suffit de songer à Zola et ses romans naturalistes, qui consistaient à peu de choses près à observer les décisions et les choix de personnages donnés dans un contexte initial choisi.
Un premier intérêt pour la qualité du roman est que
si l'histoire est portée par les personnages, ceux-ci prennent de l'importance, leurs psychologies sont plus développées, et ils offrent donc des points de repère plus tangibles auxquels le lecteur peut se raccrocher. Et un lecteur se rattache bien plus facilement à un caractère qu'à un lieu ou qu'à une histoire.
On peut tous facilement citer un personnage favori sans devoir parler de l'histoire dans laquelle il évolue, mais on a plus de mal à citer une histoire favorite sans aborder en détails ses protagonistes.
Aussi, second intérêt, un tel processus
donne une crédibilité à l'histoire, et vous aurez beau faire un univers totalement fantasque, votre histoire se doit de garder de la vraisemblance : aucune
suspension volontaire de l'incrédulité ne vous sauvera de ça.
L'auteur peut évidemment mener l'histoire (et heureusement), mais pour ce faire, il doit obligatoirement prendre la forme d'éléments
internes à l'histoire. L'écrivain est extérieur au monde qu'il décrit et sentir sa patte dans le récit, c'est comme la voir cousue de fil blanc.
Que cela soit par une catastrophe naturelle, le passé d'un personnage qui justifie un revirement de décision, une émeute politique,
l'auteur peut intervenir indirectement et forcer la main à ses personnages tant que cela reste plausible.
Mais si l'écrivain qui veut contraindre un personnage ne prend pas la peine de se travestir pour le faire, le lecteur sentira immédiatement le bon vieux deus ex machina - et le lecteur n'aime pas ça.
TL;DR : une histoire menée par ses personnages met en valeur ceux-ci. L'auteur peut conduire l'histoire mais il doit pour se faire se déguiser en causes et effets internes au monde du récit.