Tout d'abord, merci à tous pour vos réponses qui sont presque aussi variées que le nombre de personnes. Il ressort néanmoins un certain nombre de points qui semblent mettre tout le monde d'accord. Et c'est vrai que lorsque l'on est la tête dans le guidon, on ne se rend pas toujours compte des implications de ce que l'on écrit pour le lecteur.
Beorn a écrit :En premier lieu, je vais faire mon vieux grincheux et je sais que cela peut-être agaçant, donc je te demande pardon de le dire, mais... une sage en 10 tomes, je trouve cela extrêmement ambitieux.
En général, je pose toujours la même question dans ces cas-là : pourquoi ne pas commencer par une histoire plus courte et essayer de la maîtriser déjà de bout en bout ?
Pour citer RR Martin dans cette interview traduite ici :
http://ecrire-un-roman.blogspot.fr/2013 ... ucces.html
Je te remercie de me prévenir de cette manière, c'est très aimable. Néanmoins, ce n'est ni une décision du hasard, ni un coup d'essai. Je m'explique : je suis déjà l'auteur d'une bonne quinzaine de nouvelles et d'un roman fantastique. Lorsque j'ai commencé ce récit, il était destiné à devenir une BD. Par les aléas de la vie, j'ai préféré le transformer en roman. Je pensais que deux ou rois tomes me paraissaient envisageables (le découpage BD était prévu comme ça). Mais au fur et à mesure que j'avançais dans mon plan et dans mes notes, je me suis rendu compte que je n'arriverai pas à raconter mon histoire aussi vite. J'ai donc continué à élaborer mes grosses lignes du récit, tout en écrivant le premier tome. Les deux se sont télescopés ! J'ai fini le premier tome de 430 pages, et je n'avais même pas pu raconter tout ce que j'avais prévu. J'ai donc décalé mes prévisions et continué à écrire en détail les résumés de tous les chapitres des tomes 2, 3 et 4. En ce moment, le tome 2 en est à la moitié et je sais très précisément ce que je vais raconter jusqu'au tome 6. Enfin, si j'ai choisi 10 tomes, ce n'est pas vraiment par hasard (voir la signification des nombres ci-dessous).
Sur la planète Mô, il existe des êtres vivants intelligents humanoïdes. C'est sans doute le seul point commun avec la terre. Aucun autre arbre, aucun autre animal n'est similaire à ceux de notre monde. Ces "hommes" sont plus grands et plus fins que nous. Le crâne est aussi légèrement différent. Mais je ne le dis pas dans le premier livre car je ne voyais pas comment placer une comparaison avec nous autres. Aucun terrien n'est jamais allé là-bas et inversement. Il n'y a donc aucune raison d'en parler. Pourtant, cette différence existe. Cela implique aussi que je suis obligé de nommer chaque plante, animal. Il n'y a aucun équivalent.
Xavier a écrit :J'avoue ne pas avoir été clair, mais ma dernière phrase visait en fait les 190 mots de trop du lexique de 200. Ainsi, on garde les noms chinois, mais on ne garde pas tous les termes : on dira bien "un service à thé" et non "Chájù" (merci google translate).
En gros, je voulais dire : pourquoi avoir 200 mots non traduits et pas 20 ou 2000 ? Pourquoi ce choix médian ?
Parce que j'ai traduit quasiment tout ce que je pouvais traduire, et je n'ai laissé que ce qui aurait provoqué une perte de sens. Mon envie aurait plutôt été d'en mettre plus. Mais je dois avouer qu'un mur reste un mur, même sur Mô.
Guy Le Heaume a écrit :Le chiffre trois est l'un des plus importants de nos civilisations, qu'il s'agisse de la Chine ou de l'Europe. Raté
La base que je me suis donnée avec le chiffre 3 est à la fois une bénédiction et un malheur. Mais quand je dis que que la civilisation tourne autour du chiffre trois, cela la rien à voir avec chez nous. Nous comptons pour la plupart en base dix, et même si 3 est un chiffre important, il l'est tout autant que 2, que 4, que 5 ou que 10 (même si c'est un nombre pour nous). On peut très bien trouver des centaines d'exemples de l'utilisation sacrée ou cruciale de tous ces chiffres. Sans compte le nombre d'or ou PI. En résumé, certains chiffres sont important, mais il n'en est pas un qui ressorte du lot au point d'être reconnaissable. Sur Mô, Il n'y a guère que deux chiffres qui soient importants :
- 3 qui est sacré : 3 lunes, 3 continents, 3 points cardinaux, comptage en base 3, 3 murs aux maisons (si ! si !), . Tout tourne autour de ce chiffre et de ses dérivées :9 et 27 (9 disciples de l'Ekti, comptage en base 27 pour les grands nombres, 27 provinces, etc.
- 10 qui est maudit, et dont l'utilisation est proscrite
- Tous les autres n'ont d'importance que celle qu'on leur donne
Beorn a écrit :Il y avait un billet assez drôle de Boulet à ce sujet (même si je n'aime pas qu'on caricature la fantasy, de manière générale
mais là, c'est drôle
)
http://www.bouletcorp.com/blog/2010/05/21/fantasy/
Chaque mot que tu introduis, au moment où tu l'introduis, crée une gêne pour le lecteur. Il faut en avoir conscience. Peut-être qu'au fil des pages, cette étrangeté deviendra une force, mais la première rencontre avec le mot sera toujours un obstacle à passer.
Ça, c'est excellent ! Et ça m'a fait beaucoup réfléchir. L'ayant écrit, je ne me rendais plus compte de la quantité de mots. Mais quand j'ai tenté de faire un inventaire des mots inventés utilisés dans le premier chapitre, je me suis rendu compte de ampleur. En trois page, j'en avait 27 (hasard pour le coup !). Autant les 200 sur 430 pages ne me choquaient pas plus que ça, autant 27 en trois pages, c'était effrayant !
Grâce à toutes vos remarques, j'ai donc pris les décisions suivantes :
- Tout ce qui peut-être traduit sans trop de perte va être traduit (un maison traditionnelle "kerimom" est construite avec trois pans et forment un tétraèdre avec le sol. Ça reste une maison).
- Je vais distiller avec plus de précautions les termes inventés. Je me suis fixé un mot par page avec une tolérance à deux quand je n'ai pas le choix.
- Je garde les noms d'animaux, de plantes, de territoires, mais j'essaie au maximum de les contextualiser. C'est à dire de mettre à chaque fois des indications qui permettent de les comprendre même si on ne se rappelle plus de leur sens.
Bon, ben c'est pas le tout, mais j'ai du boulot avec tout ça !!
Merci à tous et à bientôt.