La mare aux nénuphars

personnellement, un héro adolescent ne me gènerait pas du tout (ceci étant dit, j'ai tendance à écumer les rayons jeunesse) mais je pense qu'il est quand même nécessaire d'avoir des personnages adultes autour des héros pour donner plus de maturité à l'ensemble si on veut l'adresser à un public adulte.

Et quand je parle d'adultes autour du héros, je ne veux bien sûr pas parler d'adultes dépassés par les évenements et qui se reposent sur les ados, ou bien d'adultes ulrta sévères qui refusent d'écouter l'ado parce qu'ils sont butés mais ils ont tort parce que c'est l'ado qui a raison... (ça, ça s'appelle des faire-valoir-pour-faire-croire-au-lecteur-adolescent-que-le-héros-adolescent-du-même-âge-que-lui-est-mûr-et-donc-par-extension-lui-aussi).
Il faut des adultes avec des vraies personnalités d'adultes.

après, ça c'est un ressenti personnel

Je vois ce que tu veux dire. Après, mes jeunes sont dans un contexte particuliers, puisqu'ils vont se retrouver, dans un monde futuriste pas tendre, directement menacés par des adultes et obligés de rester dans le secret. On peut vaguement comparer ça à la série Dark Angel avec Jessica Alba.
La figure de l'adulte qui les aide pourrait s'imposer, mais j'ai peur que ça ne soit un terrible cliché...

LostHighway a écrit :Je vois ce que tu veux dire. Après, mes jeunes sont dans un contexte particuliers, puisqu'ils vont se retrouver, dans un monde futuriste pas tendre, directement menacés par des adultes et obligés de rester dans le secret. On peut vaguement comparer ça à la série Dark Angel avec Jessica Alba.
La figure de l'adulte qui les aide pourrait s'imposer, mais j'ai peur que ça ne soit un terrible cliché...

J'avais oublié complètement un exemple de héros adolescent dans un livre pour adulte (bien qu'il ait reçu le Prix des Lycéens à Epinal il y a quelques années) : c'est "Rien ne nous survivra", un monde où les enfants se révoltent contre le jeunisme de la société en revendiquant haut et fort leur statut unique de jeune... par les armes. C'est pas drôle du tout

Juste une précision un peu hors du débat : l'adolescence est un concept de société individualiste (moderne de pays riche, en gros) qui est apparue fin du XIXe, je crois, en France, mais n'est popularisée et effective (pour une grosse majorité) que depuis quelques dizaines d'années. Avant on était enfant ou adulte (c'est toujours le cas dans les sociétés de type traditionnel), la puberté, le travail rémunéré, un diplôme (certificat d'étude, bac,...), le mariage (pour les filles) pouvant être le marqueur du changement d'état.
Dans la littérature datant d'avant, disons 1960, il n'y a très généralement pas le terme "d'adolescent", et effectivement énormément d'histoires ont des héros ou héroïnes présentés/considérés comme adultes, bien que pubères depuis peu.
En Fantasy médiévale, je trouve que les sociétés du Trône de fer de Martin montrent très bien cette absence d'adolescence pour ses jeunes personnages (la série évite par contre de parler des âges des dits personnages et a pris des acteurs bien plus vieux que leurs âges officiels).

Maintenant à ce concept d'adolescence qui n'est pas assez vieux/utilisé/connu pour être bien cerné et qui continue d'évoluer à vitesse grand V (par exemple des grenouilles, ici même, disent "ado" pour des pré-pubères (moins de 14 ans) et d'autres pour des personnes majeures - en référence à des comportements, je pense), notre société - qui évolue aussi à vitesse grand V - essaie d'intégrer de nouveaux concepts : pré-ado, jeune adulte, adulescent. Ce qui embrouille encore les choses (ce n'est pas forcément un mal, hein, juste un état de fait).

Bref, le distinguo éditorial adolescent/jeune adulte/adulte est selon moi, maintenant et pour un bon moment, très personnel/subjectif et ne fait pas consensus entre éditeurs. D'autant plus, que beaucoup d'ados aiment croire (avec ou sans raison) qu'ils sont assez adultes pour lire de "l'adulte" et et certaines collections "adulte" en tiennent compte. D'autant plus aussi que certains adultes (les fameux adulescents peut-être) aiment lire du "jeunesse" et là aussi les collections peuvent en tenir compte.

Personnellement, pour un manuscrit que j'estime lisible ou attirant à partir de 13-14 ans, outre la loi sur les publications jeunesse (quand le manuscrit pourrait y être conforme), c'est la ligne éditoriale et les livres déjà publiés d'une collection, qui me permettent d'estimer s'il peut y être soumis ou pas. Que cette collection soit jeunesse, jeune adulte ou adulte.

En littérature jeunesse, c'est quand même bien balisé : en général, les éditeurs affirment qu'il faut que ton héros ait deux ans de plus que le lectorat visé (ou comment ton héros gagne ou perd deux ou trois ans lors des corrections ). Question d'identification, les enfants, à ce qu'il paraît, s'identifiant plus facilement à des héros plus âgés. Ceci pour dire que l'écueil, en littérature adulte, sera l'identification du lectorat au héros. Maintenant, est-ce que l'identification est nécessaire, c'est là toute la question...

L'identification est nécessaire, à mon sens. En tout cas moi, adulte, si je n'arrive ps à m'identifier à un des persos, je lâche le bouquin des mains

Un roman dur, dérangeant avec des héros jeunes (pré-adolescents) ? Sa majesté des mouches. Pourtant il semble que certains le classent en jeunesse (personnellement, je l'ai lu adulte et ça m'a bien retournée quand même).

"Bilbo le hobbit" - que j'ai lu en Bibliothèque Verte - n'a pas 2 ans de plus que ses lecteurs.
"Vive la république" de Marie-Aude Murail où l'héroïne est une instit' n'entre pas non plus dans ce cadre.

Je pense qu'il y a pas mal de bouquins qui n'entrent pas dans le cadre que tu donnes Kira et que tu définis là plutôt la ligne éditoriale de certaines collections jeunesses - ou seulement une partie de celle-ci.


Sauf à propos d'une demande d'identification du lecteur à l'un des personnages principaux qui est effectivement quasi obligatoire. Mais comme le remarque Célia, c'est vrai aussi pour les adultes.

(A noter que si on commence par viser une ou des collections jeunesses avant d'écrire un manuscrit, le cadre que tu proposes, Kira, m'apparaît être un bon guide. C'est une valeur assez sûre, oui. Mais le débat est à l'inverse : j'ai un manuscrit, est-il jeunesse ? Et non pas : je veux écrire pour telle(s) collection(s), que dois-je faire pour assurer ?)

Je plussoie Macada (pour ce post et pour le côté récent de la notion d'adolescence) et Isa pour Sa majesté des mouches !
Il me semble que toute la série des L'instit de Gudule met bien en scène un adulte, non ? Certes, il est en lien avec des enfants.

@ Macada : ce que tu dis sur l'histoire de l'adolescence est très intéressant - et trop souvent oublié.
C'est étonnant de voir à quel point on a tendance à croire universel ce qui est en réalité propre à notre petite époque personnelle.

Pour moi, il ne fait aucun doute que les lecteurs peuvent très bien s'identifier à des héros qui ne leur ressemblent pas du tout - que ce soit par l'âge ou par tout le reste.
Cependant, convaincre un éditeur jeunesse de publier un roman sans héros jeune, eh bien... C'est autre chose.

Oui, les gens ont des idées préconçues en tête et beaucoup auront tendance à reposer le bouquin en lisant la 4ème de couverture. Oui, les éditeurs ont souvent peur du risque et pensent le minimiser ainsi.

Maintenant, rien de tout cela n'est une fatalité. Losthighway, franchement, si ton histoire est meilleure avec des héros adolescents, surtout ne les vieillit pas ! Il n'y a rien de pire qu'un roman retouché et dénaturé soi-disant pour plaire aux éditeurs.
Et si ton roman doit être sombre, alors qu'il le soit ! Ne va pas l'édulcorer pour je ne sais quelle idée de ce qu'il faudrait ou ne faudrait pas faire.
Ecris donc le meilleur roman possible. Si tu ne sais même pas encore ce dont tu es capable, il est temps de le découvrir et de savoir où tu te situe. Il sera bien temps, après coup, de trouver les éditeurs qui pourraient être intéressés.

Sinon, pour ce qui est de la distinction YA/adulte, je copie/colle ce que je disais sur le fil d'à côté et pense profondément : je pense que la séparation ne tient pas au "niveau" de violence du roman.
Les bouquins YA peuvent être très violents (Hunger Games n'est pas tendre) et les romans pour adultes assez légers.

Ce qui fait qu'un roman est classé ado ou YA, ce sont les thèmes abordés. Enfin, je crois. Peut-être aussi une forme de densité de la narration dans certains cas - je ne trouve pas d'autre mot, ce n'est peut-être pas très clair.