Aelys a écrit :Pour moi, une histoire d'amour qui fonctionne, qu'elle soit essentielle ou secondaire, c'est une histoire d'amour toute en nuances, spéciale aussi, spécifiques aux personnages, et qui nous réserve quelques surprises. C'est là qu'il peut y avoir de l'émotion : quand on désire de toutes nos forces que ces deux personnages qui vivent une situation bien particulière parviennent à trouver le bonheur en s'appuyant l'un à l'autre. Et pour ça, à mon avis, il faut vraiment travailler la nuance et la spécificité des personnages.
Je plussoie aussi des deux mains et c'est quelque chose dont il faut se souvenir en permanence en cours d'écriture.
Roanne a écrit :D'ailleurs, concernant L'Assassin Royal, je ne suis pas du même avis que ceux qui disent que la liaison Fitz-Molly se fait en dehors de l'intrigue. Les deux sont liées, dans le sens que Fitz veut protéger Molly et que cette volonté va influencer ses choix. Molly se retrouve en première ligne quand elle vient habiter dans le château, et ce n'est pas sans entraîner des problèmes. La jeune femme est l'une des plus grosses faiblesses de Fitz, à cause des sentiments qu'il a pour elle et qui peuvent se retourner contre lui (Molly peut devenir la cible des ennemis de Fitz et il le sait pertinemment).
Ce n'est bien sûr pas une histoire totalement indépendante de l'intrigue principale. Elle génère des obstacles pour Fitz, elle lui donne du courage, elle le met à l'épreuve... Mais objectivement, Molly n'est pas directement partie prenante dans les complots et les intrigues du château. Elle compte pour Fitz, mais elle n'est ni une véritable alliée active contre Royal, ni une véritable adversaire dans les complots qui se trament. Elle n'a que des rapports lointains avec les autres personnages qui agissent dans l'intrigue (il y a évidemment Burrich, mais à la toute fin, et ça n'agit pas sur l'intrigue principale, seulement sur l'état d'esprit de Fitz).
Kam'Ui a écrit :Je suis tout à fait d'accord avec ça. Sans trop insister sur le côté "organique", je dirais qu'une histoire ne peut pas être totalement séparée de l'intrigue principale, compte tenu qu'au moins un des deux personnages est impliqué et influencé par cette histoire d'amour, ce qui influe donc l'intrigue principale. Donc je dirais qu'il n'est pas possible que les deux intrigues soient complètement séparées.
Complètement séparées, ce n'est pas possible, nous sommes bien d'accord. En fait, ce n'est pas du tout souhaitable car dans un bon roman, tout doit être lié d'une manière ou d'une autre.
Mais pour moi qui étais pétri de l'idée du "récit organique", je pensais c'est qu'une histoire forte ne pouvait pas rester en périphérie, ne pas être en interconnexion permanente avec l'intrigue principale. Or je constate qu'en réalité, c'est possible.
Il y a des liens, c'est évident, mais dans les cas cités (où le protagoniste est un homme), le personnage féminin reste un personnage assez secondaire dans l'intrigue. Il n'est le personnage principale que dans cette "sous intrigue" que constitue l'histoire d'amour.
Kam'Ui a écrit :Mais si le personnage aimant est le protagoniste de l'intrigue, alors tout est forcément lié, non ?
Lié, bien sûr. Dans un bon roman, rien n'est totalement séparé du reste.
L'histoire d'amour compte pour le protagoniste. Elle le fait grandir, ou souffrir, elle génère des obstacles et des complications supplémentaires, elle peut éventuellement lui donner un indice fortuit pour l'intrigue principal.
Cependant, elle reste fondamentalement secondaire. Si on la supprimait, le roman continuerait à tenir debout et à avoir un sens (même s'il y perdrait en densité).
Kam'Ui a écrit :A part ça, ça me fait penser que l'histoire d'amour peut être un contrepoint à l'intrigue principale. Que ce soit pour la gestion du rythme, de la tension, ou autre.
Ou bien plus simplement parce que cela donne au personnage principal un choix, un aperçu de ce que pourrait être sa vie si, par exemple, il quittait son devoir (qui est l'intrigue principale) pour vivre son amour (intrigue secondaire). Mais dans ce cas, la distinction entre les deux intrigues n'est plus vraiment justifiée je pense.
Ce sont des pistes très intéressantes.
Un contrepoint, en effet : une manière de laisser en suspens une autre intrigue pour accroître la tension (la laisser sur un cliffhanger) ou casser l'effet de lassitude.
Je remarque d'ailleurs que les trois exemples que j'ai cités sont des récits à la première personne. Or la première personne a pour double effet d'empêcher de casser la lassitude par un changement de point de vue et d'enfermer la narration dans le langage particulier du protagoniste.
L'histoire d'amour "à côté" pourrait donc être un "palliatif" pour rompre la monotonie : l'auteur passe d'une intrigue à l'autre. Il utilise l'émotion très forte que constitue "l'amour" pour créer une sous-intrigue palpitante, bien qu'elle soit secondaire.
Et ce que tu dis sur le choix est aussi intéressant, je trouve. Le choix
et le contraste : notre héros se comportera d'une manière touchante, coléreuse ou passionnée avec sa/son dulciné(e), ce qui pourra créer un contraste avec son attitude dans l'intrigue principale.
En tout cas, merci à vous tous pour ces éléments de réflexion que j'ai tous lus avec attention, c'est très utile pour moi et cela me donne à réfléchir pour un projet en cours.
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