Pas très d'accord avec la fin : un auteur parle de ce qu'il observe aussi et surtout !
Certes, le premier réflexe, surtout quand on débute (mais pas que) est de se construire des personnages plus ou moins proches de soi. J'admets, je le fais volontiers d'une certaine façon. Mais pas que... je me suis amusée à écrire des textes avec des personnages complètement à l'opposé ! C'est intéressant comme exercice.
D'ailleurs, combien d 'auteurs femmes ont des personnages masculins et vice versa ?
Combien de personnages enfants ou au contraire vieillards ?
Sans cela, comment un bourgeois comme Zola aurait-il pu écrire sur la classe ouvrière ou paysanne ?
Comment pourrait-on écrire des romans historiques ?
Je crois qu'au final, on procède en mixant ce que l'on sait de soi bien sur, mais aussi des autres et entre les deux... et bien, on imagine !
Perso, j'ai beaucoup de personnages masculins, de cultures différentes de la mienne, mais j'ai aussi un ou deux vieillards, des enfants. Mais il est vrai que plus jeune j'avais du mal à m'éloigner de ma classe d'age dans mes héros... c'était difficile. Avec l'expérience qui s'accumule, cet obstacle s'efface et prendre un enfant ou un vieillard ou une femme à l'opposé de celle que je suis ne me cause plus vraiment de souci.
Pour revenir au sujet, bien que je n'aime guère cette façon de classer les gens par catégorie, de rationaliser ce qui ne l'est pas, j'admets volontiers qu'il y ait un fond de vérité. J'ai d'ailleurs fait les tests de Jung, et ma foi, c'était pas trop stupide comme résultat ... (si on le fait en jouant le jeu, car c'est assez facile de fausser les choses une fois qu'on a compris la logique). Mais l'expérience sociale, les rencontres, l'observation, reste ma première façon de construire mes personnages. Plus que la psychanalyse... d'ailleurs, je n'ai jamais songé à utiliser ce fameux questionnaire !
Car au fond, je suis d'accord avec Beorn, notre personnalité, comme celles de nos personnages, se dévoile d'abord par nos actes (ou non-actes), plus que par ce que nous penserions faire dans telle ou telle situation. Ainsi, on peut très bien se prétendre généreux et être en réalité radin ; courageux et au final plutôt pleutre... les contradictions ne manquent pas en matière humaine car l'adéquation entre l'image que nous nous faisons de nous et la réalité n'est pas toujours au RDV !
Alors oui, les tests style Jung sont peut-être des outils intéressants, mais utilisés seuls ils ne nous donnent qu'une surface lisse, loin de la complexité qui constitue la personnalité d'un véritable être humain, car il ne s'agit au fond que d'une représentation de soi (comment l'on se perçoit) et non pas de la réalité. Comme études scientifiques, je préfère largement les textes sociologiques... qui étudient, d'un point de vue externe et non plus interne, l'homme dans son contexte, en interaction avec ses congénères.
C'est un peu mon attitude quand je rencontre des gens dont le mode de vie, la personnalité m'interpellent ( en bien ou en mal). Observer, comprendre leur fonctionnement. J'avoue qu'avoir été journaliste m'y a aidé et que ce n'est pas forcément naturel comme attitude
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Tomate, les réactions post traumatiques sont très intéressantes à étudier pour construire des personnages cohérents quand ceux-ci doivent faire face à des évènements graves ou violents, j'en suis convaincue. Cependant, toutes les victimes ne développent pas ce fameux syndrome... certaines se porteront très bien, alors que d'autres seront laminées... Tout dépend des ressources qu'elles ont pu ou non se construire ( ressources personnelles telles que croyances, engagements, mais aussi soutien social, familial...) durant leur vie.