Je suis bien placée pour savoir ce qu'est une thèse aussi, j'en ai commencé une en histoire contemporaine
Mais oui, on dit la même chose à peu près.
Sauf que déjà les manuels de licence, faut qu'ils existent sur le sujet. Et pour ça, il faut qu'il y ait des profs donnant des cours dessus en université...
Je prends un exemple La Commune de Paris en 1871. Je n'ai jamais vu un manuel dessus ( bon, ça a p'tre changé ces dernières années, mais y'a douze ans, nada) Les bouquins généralistes s'ils l'abordent en parlent en dix lignes au détour d'un chapitre sur les débuts de la troisième république ou les révolutions du 19e siècle.
Pareil sur la Palestine, ça n'existe pas les manuels niveau licence (en histoire en tout cas, en géographie le moyen-orient est bien étudié par contre) sur ce sujet. Ou alors, c'est de quelques lignes à quelques pages au mieux ! Par contre, il existe des ouvrages spécialisés très accessibles pour quelqu'un qui a une petite culture générale sur le sujet. Et quand je dis petite culture générale, ça va pas loin. Quand j'ai commencé à écrire sur le sujet, je ne connaissais même la géographie de la ville de Jérusalem et où se situe la vieille ville avec l'esplanade des mosquées.
D'ailleurs, on n'en a pas parlé, mais l'accès à Internet change considérablement le rapport qu'on peut avoir à la connaissance... faut en tenir compte dans ses recherches aujourd'hui. Plus besoin de passer par les livres pour avoir les bases. Pour la Palestine, j'ai commencé sur le net. Des plans, des cartes !
Ca facilite drôlement les choses.
Et je suis passé directement à des ouvrages spécialisés, de référence, pour approfondir.
Je n'ai qu'un seul bouquin, de format poche, pour ce qui est du cadre général... que je ne consulte quasiment pas si ce n'est pour vérifier une date, un nom... ( que je peux trouver sur le net, également
)
J'ai lu très facilement plusieurs ouvrages d'un historien israélien alors que ça faisait dix ans que je ne lisais plus ce genre de bouquins et qu'intellectuellement, je n'étais pas au mieux de ma forme. Alors non, je ne suis pas d'accord pour dire : attention, c'est pas évident à lire ! C'est faux, c'est tout à fait abordable par un quidam qui a le niveau bac ( qui sait donc lire et prendre des notes) et que le sujet intéresse. Ce qui ne me fait pas dire de négliger les ouvrages plus généraux, s'ils existent, ne serait-ce que pour ne plus avoir à y revenir !
Mais sauf si on la chance de bosser sur un sujet qui passionne actuellement les universitaires, le choix sera très restreint... et peu productif à la fin.
Et c'est ce qui arrive souvent aux gens néophytes dans ce domaine : "je n'ai rien trouvé sur le sujet". Ben oui, les ouvrages qui pourraient les intéresser ne sont pas sur les stands de la FNAC ou au rayon manuel de leur bibliothèque. Faut les dénicher dans des lectures plus spécialisées...
Autre exemple, le massacre de sabra et chatilah au Liban en 1983. Y'a rien d'écrit en France là dessus... Un texte de Jean Genet et pi... t'es le nez dans l'eau si tu ne vas pas fouiner dans des revues spécialisées, très confidentielles et que tu trouves enfin, au détour d'un article sur Ariel Sharon, la référence d'un travail d’enquête d'un journaliste israélien qui est THE reference sur le sujet... Epuisé. M'a fallu le dégoter en occas... Cette référence, je ne l'aurais pas trouvé dans un bouquin universitaire sur le Moyen-Orient... Donc attention à ne pas s'y limiter.
Empruntez les à une bibliothèque, feuilletez les ( si vous avez l'habitude de ce genre de travail, ça prend dix minutes...) et gardez vos sous et vos forces pour de véritables bouquins sur le sujet voulu, quoi !
Bien sur, certains sujets abordés peuvent être très difficiles à appréhender faute de connaissances de base. Je pense à l'antiquité qui fait souvent référence à des civilisations, à des notions, concepts, qu'on ne connait que très mal voir pas du tout... j'ai ainsi eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire de l’Égypte antique et du Moyen-Orient durant certaines périodes dont j'ignore tout.
Mais un historien (ou quelque scientifique que ce soit, d'ailleurs) qui ne sait pas rendre accessible son savoir est mauvais par essence, selon moi. J'insiste !
Le boulot et la finalité d'un chercheur c'est de publier et de rendre accessible son travail pour qu'il profite au plus grand nombre, pas qu'à ses pairs. S'il ne sait pas faire ça, il échoue sur une grande partie de son job, quelle que soit la qualité de ses recherches par ailleurs. J'ai connu ça à la fac, des profs passionnés certes par leur sujet et sans doute très pointus dessus, mais incapables de le transmettre, ni par écrit ( certains pondaient un article tous les cinq ans et on se demandaient comment ils étaient devenus profs de fac... ) ni par oral.
Désolée, mais c'est leur job aussi de savoir transmettre leurs connaissances !
Et les plus grands y excellent.
Tu lis la thèse de Leroy Ladurie, ça se dévore juste comme un roman !
Celle de mon maitre de thèse aussi... et d'autres encore !
Désolée pour la tartine.
Et grosso modo, ce que je veux dire, c'est de ne pas avoir peur des bouquins d'histoire, surtout pour l'histoire française contemporaine et moderne. Ils sont très accessibles. Et si un auteur vous rebute, passez à un autre ! Le moyen age et l'antiquité, et plus encore quand il s'agit de pays dont nous ne connaissons pas l'histoire, demandent quant à eux un peu plus de travail préalable, je pense. Ca fait moins partie de notre culture de base.
Et au fait, tu bosses sur quel sujet, Nariel ?