[A] Comment choisissez-vous les lieux de vos romans ?

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Zaniuka
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Re: Les lieux de vos romans

Message par Zaniuka »

J'aime plutôt inventer les lieux. Mon roman se situant sur des mondes imaginaires j'y suis bien obligée mais cela me convient. C'est un exercice d'imagination plutôt que de recherche et qui consiste à créer soi-même sa documentation, ce qui est au final assez enthousiasmant. Toutefois, j'ai placé nombre de mes nouvelles en Bretagne (étant donné mes origines) et dans certains lieux que je connais et que j'apprécie. Certaines de mes nouvelles se situent à Amsterdam, en Roumanie. Dans quelques cas extrêmes, j'envoie mes personnages dans l'espace, mais ils en reviennent rarement, ahahah ! :wamp:

Acquæ

Re: Les lieux de vos romans

Message par Acquæ »

Mon roman commence aujourd'hui, à Bordeaux pour se terminer dans un autre univers.
Pourquoi Bordeaux, même si cela n'a aucune importance dans l'histoire (il fallait juste que cela démarre dans la réalité), parce que je connais très bien la ville et que cela m'a évité des recherches :-D

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Macada
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Re: Les lieux de vos romans

Message par Macada »

Connaître un lieu ne signifie pas forcément et loin de là y avoir vécu IRL.
Et l'inverse est également vrai : avoir vécu IRL quelque part ne signifie pas forcément que l'on connaît ce lieu et ses habitants. (Par exemple, je pense aux coloniaux qui n'avaient que de très vagues idées de la culture des colonisés)

Ainsi, de mon point de vue, je n'écris que sur des lieux que je connais bien, même si ce sont des planètes situées hors de la Voie Lactée. ^^
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Jo Ann v.
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Re: Les lieux de vos romans

Message par Jo Ann v. »

Macada a écrit :Connaître un lieu ne signifie pas forcément et loin de là y avoir vécu IRL.
Et l'inverse est également vrai : avoir vécu IRL quelque part ne signifie pas forcément que l'on connaît ce lieu et ses habitants. (Par exemple, je pense aux coloniaux qui n'avaient que de très vagues idées de la culture des colonisés)

Ainsi, de mon point de vue, je n'écris que sur des lieux que je connais bien, même si ce sont des planètes situées hors de la Voie Lactée. ^^
Tu as raison, je connais par cœur mon univers fantasy ! :-D

Narayana

Re: Les lieux de vos romans

Message par Narayana »

Salut tout le monde !
J’ai enfin retrouvé mon clavier d’ordinateur : me voici donc pour quelques éclaircissements sur mon propos.
Arwen a écrit : Rien ne remplace l'expérience directe ?
Oui. Je persiste et je signe. Et je vais expliquer pourquoi plus bas…
Arwen a écrit : Moui... faut-il avoir tué dix personnes pour s'inventer un personnage serial killer ? Je ne crois pas...
Et que dire des romans historiques ? Ces auteurs auraient-ils inventé la machine à remonter le temps ? Non, ils se documentent, font des recherches. Et bien c'est aussi possible pour un pays étranger de nos jours ( et la visite de ce pays, si on en a les moyens ou la chance, fait partie de ces recherches)
Je suis d’accord avec toi pour dire qu’il n’est pas nécessaire d’être un meurtrier pour inventer un personnage de ce genre. Je suis d’accord sur le fait que les romanciers qui nous font remonter le temps ont un grand talent et savent nous retranscrire leurs recherches en une histoire cohérente et passionnante. Je suis encore d’accord pour dire que tu peux retranscrire un paysage, une architecture, etc… en faisant des recherches dessus, en visualisant des photos et toutes sortes de documents. Tout cela s’appelle le talent, comme tu l’as si bien dit.
Et je pense que tu vas comprendre mon point de vue après ces quelques précisions (ce qui ne veut pas dire que je te demande d’y adhérer sans réserve) :

Quand ai-je dit qu’il était impossible d’écrire sans avoir une expérience directe de notre sujet ?
Je dis juste que l’expérience directe est une source d’enrichissement irremplaçable lorsque l’on écrit. Parce qu’alors c’est notre sensibilité qui parle et non pas celle des personnes qui auront écrit les documents sur lesquels tu te seras appuyé. J’ai aussi (et surtout) parlé de mon cas personnel. Je ne me sens pas en phase avec l’idée d’écrire une histoire se déroulant dans un pays où je n’ai jamais mis les pieds. Je n’ai pas dit que tout le monde devait faire de même ! Juste que MOI j’ai besoin, pour le moment (ce qui veut dire qu’un jour, peut-être, ça changera), de cette expérience directe avec mon sujet.

Maintenant, imaginons un peu… Un de tes personnages doit parler du chocolat à d’autres personnes. Tu peux te documenter dessus, pas de problème ! Tu vas découvrir des tas de choses intéressantes qui vont sûrement enrichir ton récit. Pourtant, au moment de décrire la saveur du chocolat, d’expliquer les sensations que cela provoque en toi, crois-tu qu’une simple analyse scientifique fournie par Internet soit suffisante ? Ne crois-tu pas au contraire que manger un carré de chocolat serait plus approprié, pour que tu puisses parler en connaissance de cause ? Pour que tu puisses t’exprimer avec tes propres sensations ? Qui sait : tu aimeras peut-être ce que les autres n’ont pas aimé ! Et tu découvriras peut-être une saveur que personne n’a décrite dans les infos que tu as glanées !
Ce qui est valable pour le chocolat est valable pour un paysage, une architecture (bien que sur ces deux exemples, je préciserai mon avis dans la réponse que je fais à Revan, un peu plus bas), un mode de vie, la religion… Tout, en fait ! Cela s’appelle la sensibilité. Et Dieu sait que nous n’avons, fort heureusement, pas tous la même !

Autre exemple : tu écris un roman historique qui se situe à l’époque égyptienne. Tu vas trouver des tas d’infos utiles dans les musées, sur le Net, dans les bibliothèques, etc… Elles sont indispensables, c’est certain. Et ces recherches t’aideront à créer une atmosphère et un décor réalistes. En cela, lorsque l’on ne peut pas remonter le temps, il n’y a pas beaucoup de solutions. Maintenant, imaginons que tu possèdes la machine à remonter le temps… Ne seras-tu pas tenté par un petit voyage dans le passé pour t’assurer que tes infos sont exactes ? Ne voudras-tu pas t’imprégner des ambiances de l’époque pour rendre ton récit plus vivant une fois rentré dans le présent ? Là encore, ne crois-tu pas qu’une expérience directe de cette époque, si tu en avais les moyens, serait bien plus juste, bien plus efficace et bien plus vivante dans ton roman que toutes les recherches que tu pourrais entreprendre par d’autres moyens ?

Je n’ose pas te donner l’exemple du serial killer, sans quoi on va m’accuser de pousser les écrivains de ce forum au meurtre ( ;) ), mais je pense que tu as compris mon propos, non ?

Donc, concernant ce malentendu sur l’expérience directe : je ne dis pas que c’est impossible ; je ne dis pas « C’est mal ! Il ne faut pas faire ça ! » ; je dis : c’est mieux avec que sans et, moi, pour le moment, je ne pense pas pourvoir faire sans. That’s all ! Et je pense que Iluinar et Macada, que j’ai cités lorsque j’ai dit « rien ne remplace l’expérience directe », ne voulaient pas dire autre chose (mais je peux me tromper). Pour terminer, sache que je suis admiratif des écrivains qui parviennent à nous bluffer au point de nous faire croire qu’ils ont retranscrit leur vécu, alors qu’il n’en est rien ! Là, je dis bravo !
Arwen a écrit : Un roman est un roman. Le lecteur accepte un contrat tacite avec une histoire imaginaire.
Après quand les lieux sont réels, en fait, ce n'est qu'une illusion d'optique que propose l'auteur, je pense... un tour de magie qu'il réussit ou pas avec son talent, son écriture, ses recherches
Je suis d’accord. C’est ce que j’ai essayé de faire dans mon roman : une illusion d’optique en partant d’un lieu réel et en y greffant le fruit de mon imagination. Ai-je réussi ? Nous verrons bien !
Arwen a écrit : (ou sa connaissance directe, mais à l'heure d'Internet, franchement je crois qu'on en apprend plus en une heure de recherche, qu'en une heure de visite de touriste lambda dans un pays, sans compter les risques de clichés qu'amène ce genre de voyage... )
Là je ne te rejoins pas et c’est, je crois, notre seul point de divergence : le risque de tomber dans les clichés est d’autant plus grand que tu n’as pas eu une expérience directe de la chose sur laquelle tu souhaites écrire. Car si tu ne te bases que sur des recherches, tu te bases en fait sur les ressentis, les descriptions, les documents d’autres personnes. Le risque d’utiliser les mêmes mots est donc grand. Et avec lui, le risque d’écrire des clichés, puisque tu ne pourras t’appuyer sur rien d’autre que tes recherches. Tu ne peux que leur faire confiance, ce qui accroît aussi, de fait, le risque de répéter des contre-vérités.
Arwen a écrit : Bien sur vivre sur le lieu même de nos aventures ou y avoir vécu est un atout... indiscutable ! Mais pas franchement indispensable pour écrire quelque chose d'intéressant.
Tu vois que nous sommes d’accord ! Je n’ai jamais dit le contraire !
Arwen a écrit : Et sur la littérature française qui se passe aux USA, oui ça existe, cependant je pense que la littérature que j’appellerais de "terroir", se passant dans nos campagnes, peu importe où, trouve elle aussi un grand succès populaire. Beaucoup de gens cherchent à s'identifier dans un roman, aux personnages, aux lieux... (personnellement, je cherche le dépaysement et ne comprends pas trop ça, mais bon... )
Là encore, nous sommes en phase. J’aime voyager lorsque je lis un roman. J’aime découvrir des choses nouvelles, sortir enrichi par ma lecture, après l’avoir terminée. Je n’ai donc pas choisi le lieu de mon roman parce que j’ai besoin d’écrire une littérature « terroir » comme tu l’appelles, mais parce que, d’une part, l’endroit me convenait et répondait à mes exigences et que, ensuite, pour mon premier roman je préférais partir d’un élément connu. J’aurais pu planter mon décor en Espagne, en Angleterre, au Portugal… Bref ! Dans des pays que j’ai visités et dont je pourrais parler. Mais ma région répondait parfaitement à tous les critères.

Revan a écrit : Quand je lis certains membres, je ne peux m'empêcher de sourire. Écrire seulement sur un lieu qu'on connaît ?
Je suis vraiment mal avec mon roman sur la Corée du Nord, où quasiment aucun touriste n'est admis
Heureusement que j'ai pu acheter plusieurs bouquins très intéressants sur ce pays.
Je suis heureux d’avoir illuminé ta journée ! (Si ce sont bien mes propos qui t’ont fait sourire) Faire sourire quelqu’un me réjouis. Le faire pleurer me fait culpabiliser.
Trèves de plaisanteries ! Je te renvoie à ce que j’ai écrit plus haut. Je n’ai jamais dit ça, sauf quand je parle de mon cas personnel. Quant à ton roman sur la Corée du Nord, je ne doute pas que tu puisses faire du bon boulot avec les infos que tu as. Mais si tu peux aller en Asie, ou, encore mieux, en Corée du Sud si les touristes y sont tolérés. N’hésite pas ! Cela te permettra au moins de glaner des infos sur la Corée du Nord, mais vue de l’autre côté de la frontière… Pas inintéressant. Et d’un point de vue mode de vie et architecture, je pense que cela devrait correspondre un peu quand même…
Revan a écrit : Je pense que la recherche permet d'éviter de nombreux écueils, clichés et erreurs sur les pays que l'on a pas visité. Un tour sur Wikipédia permet souvent de se faire une idée sur un pays ; lire quelques romans, documents spécialisés permet de donner une idée assez précise du truc. Fallait-il que j'aille en Corée pour connaître l'architecture traditionnelle d'une maison ? Non, il me suffit de lire, de croiser mes informations pour être sûr de ne pas écrire de bêtise.
Là encore, je te renvoie à ce que j’ai dit plus haut. Je pense au contraire que le risque est grand. Mais ce n’est que mon point de vue. Je ne détiens pas la vérité. Je n’ai pas cette prétention.
Pour ce qui est de l’architecture, je ne te rejoins pas. Et pour t’en convaincre (oui, désolé, j’ai la prétention d’essayer de le faire ! :mrgreen: ), je t’invite à :
1 – récupérer un max de photos d’un lieu connu, pour l’avoir sous tous les angles ;
2 – décrire ce lieu et les émotions qu’il t’évoque en te basant uniquement sur ces photos ;
3 – aller visiter ce lieu et prendre toi-même des photos ;
4 – recommencer le même exercice en te basant cette fois-ci sur tes propres clichés et sur tes souvenirs (qui prendront en compte tes 5 sens, cette fois-ci…).

Ensuite, on en reparle…

Pour faire de la photo depuis quelques années, je peux t’assurer qu’une photo, aussi bonne soit-elle, ne remplacera jamais l’œil humain. Sans compter que certains détails (défauts, par exemple) peuvent avoir été cachés sur la photo (soit par le choix du point de vue, soit par traitement d’image, car rares – très rares – sont les photographes qui livrent des clichés bruts de nos jours). Un photographe prend sa photo avec sa propre sensibilité (tiens, encore elle !) et se placera par rapport à son sujet de façon à ce que le cadrage corresponde à l’idée qu’il s’en fait et, par conséquent, qu’il souhaite transmettre. Donc, pour faire simple : une photo n’a rien d'objectif ! (sans jeu de mots)
Et le pire, c’est que l’ambiance lumineuse que tu crois réelle n’est, bien souvent, qu’une illusion. D’abord, parce que ce ne sont pas les couleurs réelles que voit l’œil humain, ensuite parce qu’il y a fort à parier que les tonalités, la saturation des couleurs, la balance des blancs, pour ne citer que ceux-là, auront été retravaillés. Du coup, la photo est certes belle, mais n’a pas la pureté, ni la fraîcheur, de l’ambiance réelle du lieu. Je te propose un nouvel exercice : récupère la photo d’un coucher de soleil d’une plage très connue sur le Net et essaie donc de faire exactement la même. Si tu as un appareil pro, tu mettras plus de chances de ton côté. Si tu utilises un objectif similaire, tu les accrois davantage. Si tu poses sur ledit objectif le même filtre qu’a utilisé le photographe, c’est encore mieux. Et si tu retravailles ta photo avec Photoshop aussi bien que lui, là c’est que tu devrais devenir photographe ! Mais, au final, les couleurs de ta photo sont-elles bien celles que tu as vues ? Non. Ce ne sera jamais pareil. Tu peux t’en approcher, mais aucun appareil n’est capable de rendre compte de ce que voit effectivement l’œil humain. Or, l’œil est influencé par les 4 autres sens. Car, quand tu regardes un paysage, ton regard va être attiré par ce qu’entendent tes oreilles, ou par ce que sentent tes narines, ou encore par le sol sur lequel tu marches, par le vent qui caresse ta peau… Tu regardes tout autour de toi, tu ne restes pas statique. Donc, tu captes des ambiances, des sons, des lumières, des émotions… Imagine le peu d’informations que tu perçois à travers une simple photo !

Donc, pour moi, dire « il me suffit de lire, de croiser mes informations pour être sûr de ne pas écrire de bêtise », c’est vrai et faux à la fois. Je nuancerais ton propos ainsi : plus nombreuses seront tes sources d’information, moins le risque de dire des bêtises sera grand, oui. Néanmoins, tu ne peux pas dire que tu es « sûr » de ne pas en écrire. Là, à mon avis, c’est péché par excès de confiance dans cette mine de renseignements que tu pourrais amasser.
Revan a écrit : D'ailleurs, ce n'est pas parce qu'on invente complètement le lieu du roman, qu'on imagine un autre monde, univers que la recherche n'est pas nécessaire. Elle reste très importante malgré tout.
100% d’accord ! Et je précise les choses un peu plus bas…
Desienne a écrit : Je décris des endroits où aucun humain n'est jamais allé...
Mes deux récits se déroulent à des dizaines d'années lumière de notre bonne vieille Terre, donc du coup : on ne peut pas y aller, il n'existe pas de documentation. Alors, je me base sur la planétologie (la base de données en lignes des exoplanètes découvertes) et sur la physique.
Et quand bien même les personnages se retrouvent sur Terre, celle-ci est projetée de 5 millions d'années dans le futur...
"Le lecteur accepte un contrat tacite avec une histoire imaginaire."
Arwen a exprimé la chose avec une grande justesse.
Blanche a écrit : Ecrire sur un lieu qu'on connait...
Chers participants à l'AT Destination Univers, nous sommes tous très très très mal barrés...
Je ne sais pas ce que c’est que l’AT Destination Univers. J’imagine que c’est un AT qui impose que l’action se déroule ailleurs que sur Terre… ? Ah ! Question très intéressante que celle de la création pure d’un monde/univers qui n’existe pas ! Evidemment, voyager dans l’espace pour écrire une saga spatiale n’est pas encore à l’ordre du jour ! En revanche, même pour ce genre d’exercice, nous nous basons sur notre expérience pour écrire. Explications…

D’où nous vient ce que nous écrivons ? Du néant ? Non, bien sûr. Cela nous vient de notre imagination (jusque-là, rien de neuf ! :mrgreen: ). Et de quoi se nourrit-elle ? De nos souvenirs, qu’ils soient réels (vécus) ou eux-mêmes imaginés (livre, film, …) et de ce que nous avons appris (école, documentaires…). Ce que nous imaginons n’est qu’une extrapolation de ce qui existe ou de ce que nous connaissons, donc de notre expérience. Lorsque nous inventons des monstres, des vaisseaux spatiaux, des planètes, etc… nous écrivons en nous basant sur des éléments qui nous ont marqués. Exemple : pour décrire la végétation d’une nouvelle planète, nous inventons de nouvelles plantes, ok, mais à partir de quoi naissent-elles dans notre imagination, si ce n’est à partir de la flore que constitue notre propre univers ? Même si nous inventons une plante intelligente mi-humanoïde, mi-végétal : les briques de base sont toujours les mêmes ! Et si cette plante est inconsistante, c’est-à-dire une plante d’énergie pure par exemple, c’est la même chose. Lorsque nous décrivons une ambiance, nous écrivons en nous inspirant des ambiances que nous connaissons ici, sur Terre, et nous extrapolons. Autre exemple : j’invente une odeur qui n’existe pas en lui donnant le doux nom de « Astaparougaillou ». Ah ! Beurk ! ça empeste l’Astaparougaillou, par ici ! OK… Bon, et après ? Comment savez-vous ce que sent « l’Astaparougaillou » ? Simplement parce que je vais essayer de vous le faire comprendre en vous décrivant cette odeur. Et comment vais-je m’y prendre ? En me basant sur des odeurs, des parfums, que je connais et dont je sais qu’ils évoquent aussi quelque chose dans votre esprit. Donc, j’ai inventé un mot, oui, mais je n’ai fait qu’extrapoler ce que je connaissais pour le nommer d’une façon différente. Je m’appuie sur mon expérience pour cela. Même Tolkien n’a rien inventé du tout ! Même Georges Lucas, avec Star Wars ! Et pourtant j’aime l’un comme l’autre !

Maintenant, lorsqu’on invente une histoire dans laquelle surviennent des éléments dont on n’a pas pu faire l’expérience directe, comme les sensations que l’on a en apesanteur ou lors du décollage d’une fusée, par exemple, comment fait-on pour les retranscrire ? Pour moi, c’est là que les recherches prennent tout leur sens. Sur ce point, nous sommes d’accord, même pour de la SF ou de la Fantasy, c’est vrai qu’elles sont nécessaires. Et là, je rejoins l’argumentaire de Revan : elles permettent notamment d’éviter les clichés, car il y a beaucoup de redondance dans ce domaine. Mais, surtout, elles peuvent étayer notre propos grâce aux données scientifiques actuelles. Mais j’en reviens toujours au même point : rien ne remplace l’expérience directe. Si nous pouvions vivre ne serait-ce qu’une minute en apesanteur, cela renforcerait indéniablement notre récit.

Conclusion : personne n’est mal barré. A chacun de composer avec son imagination, son talent, le résultat de ses investigation et … son expérience.

Lunastrelle a écrit : Je suis mal barrée moi aussi, même si les lieux que je prends pour mes histoires restent en France !
Parce que je suis loin d'avoir tout visité quoi... Mais j'ai envie de dire, à partir du moment où l'on se documente, et où l'on a une idée de l'environnement où l'on veut placer l'action, il y a moyen de créer quelque chose de crédible...

Par exemple, je vis dans le Territoire de Belfort. J'ai vécu en Haute Saône, et j'ai été dans le Doubs because études, ou pour autre chose. En dehors de ma région, j'ai visité la Suisse, par exemple. Si je situe l'action dans un coin du Jura, je serai capable de retranscrire une atmosphère cohérente .
Oui, oui… Toujours d’accord avec ça…


Voilà pour les précisions que je souhaitais apporter. Et je répète en conclusion : concernant ce malentendu sur l’expérience directe : je ne dis pas que c’est impossible ; je ne dis pas « C’est mal ! Il ne faut pas faire ça ! » ; je dis : c’est mieux avec que sans et, moi, pour le moment, je ne pense pas pourvoir faire sans. That’s all !

A plus tard ! :coah:

arwen

Re: Les lieux de vos romans

Message par arwen »

C'est marrant...
Tu prends l'exemple de la photographie et je suis complètement d'accord avec ce que tu dis, le point de vue du photographe, etc...

Ce que tu oublies, j'ai l'impression, c'est que lorsque nous écrivons, nous faisons exactement la même chose que le photographe ! Nous choisissons notre point de vue, notre façon de parler de l'endroit en question : simple allusion ou large description fleurie. Si je prends la ville où je suis née, l'endroit que je connais surement le mieux au monde... je vais parler de sa forêt, du quartier populaire où j'ai grandi, peut-être de son chateau; Plus surement, je vais parler de l'industrie, de sa population ouvrière; Or, mon petit voisin qui écrit lui aussi, mais n'est pas moi, lui va causer des bleds environnants, de la campagne, de l'équipe de foot, du collège et de la castagne devant ses grilles...
Pof, deux visions complètement différentes de la ville ! Et pourtant qui se basent sur une même connaissance réelle des lieux...

Je fais de la photo et j'écris aussi.
Quand je fais une photo, je ne cherche pas à retranscrire la réalité ! Je la transcende et quand j'écris, et bien c'est pareil ! je transcende ! Je zoome sur des détails qui m'intéressent ( que j'ai vus, connus, ou lus, entendus, visionnés). Je ne cherche pas à faire réaliste ! Je cherche à décrire le décor d'une histoire imaginaire ! C'est toute la différence et ce que tu oublies dans ton explication ! Nous n'écrivons ni toi ni moi un reportage qui se veut 100 % fidèle à la réalité ( même un roman qui dit s'ancrer dans une réalité déterminée, par le biais même de l'écriture de son auteur, transforme la réalité comme le photographe "transforme" le paysage, l'objet, la personne qu'il prend en photo )

Sinon, je ne suis pas d'accord, les recherches qui s 'appuient sur des observations sérieuses, pour certaines scientifiques ou professionnelles sont justement à mille lieues des clichés. Par contre le touriste lambda qui va une semaine au soleil dans un pays du Maghreb, par exemple, ramène tout un lot d'images toutes faites pour touriste et y croit, en plus ! Ça, j'en ai l'expérience autour de moi ! Autant que j'en veux ! On va me causer des lieux que visitent les occidentaux, certainement pas des quartiers populaires qui m'intéressent et où personne ne mets jamais les pieds.

Et puis là, on parle de lieux. Franchement, à partir d'une bonne documentation, les risques d'erreurs sont minimes, en tout cas pour ce dont on a besoin dans un roman où on n'écrit pas des descriptions de vingt pages sur une vallée... Je dis ça, en pensant à Balzac, les chouans, qui décrit la ville de Fougères, vue d'un certain point de vue. Faut être allé sur place, c'est certain pour pouvoir faire une telle description ! Tous les habitants de la région reconnaitront le lieu. C'est génial, oui ! Sauf que bon, personnellement, je m'en fiche un peu dans mes romans, je n'écris pas comme Balzac et je ne fais pas vingt pages sur une vallée ! ;)
Donc oui, être allé sur place ( et pas en touriste lambda) c'est très bien. J'ai jamais dit le contraire ! D'ailleurs, j'ai très envie de le faire moi même!
Je dis juste que ce n'est pas indispensable pour écrire un bon roman... Je parle bien des lieux, hein ?
Y'a un autre sujet sur le problème des cultures différentes. Et sincèrement, j'appréhende beaucoup plus de me tromper sur le petit déjeuner palestinien que sur la Vieille Ville de Jérusalem ! Les risques d'erreurs sur la culture, le mode de vies là sont énormes et plus difficiles à gérer, ça je l'avoue sincèrement !
Mais sur les lieux... le risque d'erreur gênante est infime si on procède sérieusement.
Pour reprendre mon exemple : décrire la vieille ville est un jeu d'enfant, ( et surtout faire croire au lecteur que oui, il y est ! tout est là : faire croire ! ;) ) vue le nombre d'images dont on dispose. Idem pour l'Esplanade des mosquées. Franchement, je crois avoir mieux décrit Chatila que Rennes (où pourtant j'ai vécu plusieurs années...)...
Là où ça devient compliqué, c'est de savoir à quelle heure l'esplanade est ouverte quand on ne connait pas l’hébreu ou l'arabe ! ;) Ça c'est les détails de la vie quotidienne, et ça c'est le plus dur à trouver quand on n'a pas vécu dans un endroit et est source de grosses erreurs, bien plus que le lieu physique en lui même, je pense.
Un autre exemple : un roman qui se passe à Paris. Sincèrement je m'en fiche que la rue truc machin n'existe pas ou bien si elle existe n'est pas comme ça en vrai ! Tout ce que je demande à un auteur qui me situe son histoire dans le 20 eme arrondissement c'est qu'il n'y fiche pas la tour Eiffel et ne le confonde pas avec le XVI eme arrondissement !
Maintenant, si l'auteur prétend me décrire par le petit bout la vie quotidienne du quartier, avec sa population métissée, son rythme, ses commerces, ses particularités, j'vais être plus exigeante et là oui, l'auteur aura intérêt à y être allé, je pense.
Tout dépend du "zoom" que l'on choisit ! ;) Si c'est juste une toile de fond un peu vague comme décor à une histoire ou si le lieu fait vraiment partie de l'histoire...

Après, ça dépend bien sur de ta façon d'écrire. si t'es Balzac avec Les chouans, et ses vingt pages sur une vallée, ouais t'as grandement intérêt d'aller sur place !
Maintenant si t'écris une nouvelle dans un style pas trop descriptif... je ne crois pas que c'est indispensable. C'est très bien, mais pas indispensable.

Tout dépend en fait de ce que l'on souhaite écrire et je comprends ceux qui écrivent sur le milieu (physique, social, ou simplement le fait d'avoir un personnage du même sexe que soi, hein ? ) qu'ils connaissent bien, tout comme je comprends ceux qui partent à l'aventure, écrire sur des périodes, des lieux, des cultures différents de leur quotidien. Les deux approches peuvent donner des choses excellentes.

Narayana

Re: Les lieux de vos romans

Message par Narayana »

Arwen, chère Arwen…
Tu m’agaces à vouloir nous trouver des points de divergence là où il n’y en a pas … (quand je dis « tu m’agaces », tu auras évidemment compris que c’est sans animosité, mais avec amusement : j’apprécie beaucoup notre échange ! ;) )
Arwen a écrit : C'est marrant...
Tu prends l'exemple de la photographie et je suis complètement d'accord avec ce que tu dis, le point de vue du photographe, etc...

Ce que tu oublies, j'ai l'impression, c'est que lorsque nous écrivons, nous faisons exactement la même chose que le photographe ! Nous choisissons notre point de vue, notre façon de parler de l'endroit en question : simple allusion ou large description fleurie. Si je prends la ville où je suis née, l'endroit que je connais surement le mieux au monde... je vais parler de sa forêt, du quartier populaire où j'ai grandi, peut-être de son chateau; Plus surement, je vais parler de l'industrie, de sa population ouvrière; Or, mon petit voisin qui écrit lui aussi, mais n'est pas moi, lui va causer des bleds environnants, de la campagne, de l'équipe de foot, du collège et de la castagne devant ses grilles...
Pof, deux visions complètement différentes de la ville ! Et pourtant qui se basent sur une même connaissance réelle des lieux...
Là encore : ai-je dit le contraire ? Non ! J’ai dit la même chose. Car n’ai-je pas parlé de sensibilité ? C’est exactement ça ! C’est grâce à cela que toi et ton voisin décrivez votre vécu d’une façon différente. C’est pour cela que je dis que l’expérience enrichit le récit. C’est un plus, mais pas toujours indispensable. C’est ce qui donne une touche personnelle, qui vient du cœur, dans laquelle le style n’a que peu de place (mais compte quand même). Tout dépend de celui qui écrit et de ce qu’il souhaite retranscrire. Nous sommes bien d’accord sur ce point.
Arwen a écrit : Je fais de la photo et j'écris aussi.
Quand je fais une photo, je ne cherche pas à retranscrire la réalité ! Je la transcende et quand j'écris, et bien c'est pareil ! je transcende ! Je zoome sur des détails qui m'intéressent ( que j'ai vus, connus, ou lus, entendus, visionnés). Je ne cherche pas à faire réaliste ! Je cherche à décrire le décor d'une histoire imaginaire ! C'est toute la différence et ce que tu oublies dans ton explication ! Nous n'écrivons ni toi ni moi un reportage qui se veut 100 % fidèle à la réalité ( même un roman qui dit s'ancrer dans une réalité déterminée, par le biais même de l'écriture de son auteur, transforme la réalité comme le photographe "transforme" le paysage, l'objet, la personne qu'il prend en photo)
Je n’ai jamais dit que l’expérience visait à produire un roman qui retranscrit la réalité à 100%, ni à rendre les descriptions plus réelles. D’ailleurs, lorsque je te parle d’expérience, je ne restreins pas le sujet aux descriptions. Moi aussi, j’ai besoin de m’évader lorsque j’écris, autant que lorsque je lis. Je dis juste que le vécu te permet d’appréhender les choses sous un angle différent, à travers le filtre de ta propre sensibilité et donc d’y puiser des éléments à côté desquels tu serais peut-être passé en te cantonnant à tes seules recherches, donc basées sur l’expérience d’autrui. Qui dit « expérience d’autrui », dit aussi « sensibilité différente », « filtre différent », « émotions, descriptions, vécu différents »… Je n’oublie pas qu’il s’agit d’un décor, ni d’une histoire imaginaire où la réalité est transformée. Là n’est pas le problème. J’ai même dit que notre expérience est la nourriture primordiale de notre imagination. Donc, de quelque chose qui, par définition, n’existe pas réellement (comme la SF). J’ai dit aussi que j’ai utilisé, dans mon roman, des éléments réels pour en créer d’autres issus de mon imagination. Tout cela n’est en rien contradictoire avec le fait que « rien ne remplace l’expérience ». J’ai l’impression que tu restes bloquée sur cette phrase, comme si je te disais « tu as tort et j’ai raison », alors que ce n’est pas le cas.
Tu n’as pas tort et j’ai raison ! :mrgreen:
Arwen a écrit : Sinon, je ne suis pas d'accord, les recherches qui s 'appuient sur des observations sérieuses, pour certaines scientifiques ou professionnelles sont justement à mille lieues des clichés. Par contre le touriste lambda qui va une semaine au soleil dans un pays du Maghreb, par exemple, ramène tout un lot d'images toutes faites pour touriste et y croit, en plus ! Ça, j'en ai l'expérience autour de moi ! Autant que j'en veux ! On va me causer des lieux que visitent les occidentaux, certainement pas des quartiers populaires qui m'intéressent et où personne ne mets jamais les pieds.
Ce qui me gêne dans ce que tu dis, même si je comprends ton point de vue et que j’y adhère en partie (99% c’est pas mal quand même ! ;) ), c’est que les recherches (scientifiques, pro, que sais-je encore…) occultent une dimension importante : TA sensibilité ; pas celle d’autrui : la tienne ! Oui, tu peux avoir une certaine sensibilité qui te pousse à prendre en compte tel aspect et pas tel autre dans tes recherches, mais c’est comme l’exemple du chocolat : tant que tu n’en auras pas mangé toi-même, tout ce que tu diras manquera, non pas de réalisme, ni de cohérence, ni de talent, mais plus probablement de fraîcheur. J’ignore si ce mot te parlera…

Lorsque je parle de vécu et d’expérience, je ne dis pas de jouer les touristes lambda, mais de prendre les chemins de traverse, de se promener là où le touriste ne va pas. Il est évident qu’espérer découvrir un pays en restant accroché à un groupe de touristes est peine perdue ! Cela ne va pas t’apporter grand-chose de plus que les infos de base que tu trouveras sur le Web. (Sauf si tes personnages évoluent eux aussi dans un groupe de touristes et que ton intrigue y est liée de près.) C’est d’ailleurs ce que tu dis un peu plus bas, je crois. Nous sommes d’accord, une fois de plus…
Arwen a écrit : Et puis là, on parle de lieux. Franchement, à partir d'une bonne documentation, les risques d'erreurs sont minimes, en tout cas pour ce dont on a besoin dans un roman où on n'écrit pas des descriptions de vingt pages sur une vallée... Je dis ça, en pensant à Balzac, les chouans, qui décrit la ville de Fougères, vue d'un certain point de vue. Faut être allé sur place, c'est certain pour pouvoir faire une telle description ! Tous les habitants de la région reconnaitront le lieu. C'est génial, oui ! Sauf que bon, personnellement, je m'en fiche un peu dans mes romans, je n'écris pas comme Balzac et je ne fais pas vingt pages sur une vallée !
Je n’écris pas comme Balzac non plus et, si tu veux une confidence, je n’ai jamais lu Balzac au grand désespoir de mon père ! Donc, pour ce qui est des descriptions de 20 pages, ce n’est pas mon truc non plus. Là n’est pas la question. Et on ne parle pas que de lieux, on parle de tout. J’ai d’abord donné l’exemple du chocolat, puis des romans historiques pour rebondir sur ce que tu avais dit. Si j’ai fait une analogie avec la photographie, c’est pour (essayer de) montrer à Revan qu’il ne pouvait pas être aussi catégorique dans son propos : « il me suffit de lire, de croiser mes informations pour être sûr de ne pas écrire de bêtise. ». Là, tu comprends que je ne peux pas être en phase : qui peut être sûr de ne pas se tromper ? On peut minimiser le risque, oui, mais pas l’annuler complètement, même en ayant vécu des années dans le pays où nous plantons notre décor !
Arwen a écrit : Donc oui, être allé sur place ( et pas en touriste lambda) c'est très bien. J'ai jamais dit le contraire ! D'ailleurs, j'ai très envie de le faire moi même!
Je dis juste que ce n'est pas indispensable pour écrire un bon roman... Je parle bien des lieux, hein ?
Je n’ai jamais dit le contraire non plus : je ne dis pas « c’est indispensable et l’on ne doit pas écrire sans expérience directe ». Je dis : « c’est un plus ». Ce qui revient à la même chose que « ce n’est pas indispensable ». Donc nous sommes encore d’accord ! C'est fou, non ?
Arwen a écrit : Y'a un autre sujet sur le problème des cultures différentes. Et sincèrement, j'appréhende beaucoup plus de me tromper sur le petit déjeuner palestinien que sur la Vieille Ville de Jérusalem ! Les risques d'erreurs sur la culture, le mode de vies là sont énormes et plus difficiles à gérer, ça je l'avoue sincèrement !
100% d’accord !
Arwen a écrit : Mais sur les lieux... le risque d'erreur gênante est infime si on procède sérieusement.
99% d’accord ! (ça c’est pour t’embêter un peu :D Allez ! Ne fais pas la tête !)
Arwen a écrit : Pour reprendre mon exemple : décrire la vieille ville est un jeu d'enfant, ( et surtout faire croire au lecteur que oui, il y est ! tout est là : faire croire ! ) vue le nombre d'images dont on dispose. Idem pou l'Esplanade des mosquées.
Là où ça devient compliqué, c'est de savoir à quelle heure heure celle-ci est ouverte quand on ne connait pas l’hébreu ou l'arabe ! Ça c'est les détails de la vie quotidienne, et ça c'est le plus dur à trouver quand on n'a pas vécu dans un endroit et est source de grosses erreurs, bien plus que le lieu physique en lui même, je pense.
Oui. Rien à dire. C’est exactement le sens de mon propos, mais je ne sais pour quelle raison (sans doute me suis-je mal exprimé, sorry !), tu l’as réduit à la seule problématique du lieu. Or, dans le terme « vécu » ou « expérience directe », j’inclus tout : visuel, olfactif, goût, toucher, auditif, émotions, rencontres et expériences avec le peuple en question, religion, mode de vie… C’est un tout indissociable d’éléments qui vont s’interconnecter lors de l’écriture pour retranscrire le fruit de notre sensibilité.
Arwen a écrit : Un autre exemple : un roman qui se passe à Paris. Sincèrement je m'en fiche que la rue truc machin n'existe pas ou bien si elle existe n'est pas comme ça en vrai ! Tout ce que je demande à un auteur qui me situe son histoire dans le 20 eme arrondissement c'est qu'il n'y fiche pas la tour Eiffel et ne le confonde pas avec le XVI eme arrondissement !
Maintenant, si l'auteur prétend me décrire par le petit bout la vie quotidienne du quartier, avec sa population métissée, son rythme, ses commerces, ses particularités, j'vais être plus exigeante et là oui, l'auteur aura intérêt à y être allé, je pense.
Tout dépend du "zoom" que l'on choisit ! Si c'est juste une toile de fond un peu vague comme décor à une histoire ou si le lieu fait vraiment partie de l'histoire...

Après, ça dépend bien sur de ta façon d'écrire. si t'es Balzac avec Les chouans, et ses vingt pages sur une vallée, ouais t'as grandement intérêt d'aller sur place !
Maintenant si t'écris une nouvelle dans un style pas trop descriptif... je ne crois pas que c'est indispensable. C'est très bien, mais pas indispensable.

Tout dépend en fait de ce que l'on souhaite écrire et je comprends ceux qui écrivent sur le milieu (physique, social, ou simplement le fait d'avoir un personnage du même sexe que soi, hein ? ) qu'ils connaissent bien, tout comme je comprends ceux qui partent à l'aventure, écrire sur des périodes, des lieux, des cultures différents de leur quotidien.
100% d’accord !

Conclusion : arrête de m’agacer en nous cherchant des différences ! :D
A bientôt !

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tigrette
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Re: Les lieux de vos romans

Message par tigrette »

Je n’écris pas comme Balzac non plus et, si tu veux une confidence, je n’ai jamais lu Balzac au grand désespoir de mon père ! Donc, pour ce qui est des descriptions de 20 pages, ce n’est pas mon truc non plus. Là n’est pas la question.
Tu devrais, Balzac décrit surtout l'âme humaine, et les descriptions géographiques servent toujours l'intrigue.

arwen

Re: Les lieux de vos romans

Message par arwen »

En fait, Narayana, la différence fondamentale entre toi et moi, c'est que je suis très rationnelle. ( je suis chiante, hein ? ;) ) Au fond, je m'en fiche du "ressenti"... Je cherche des données, pas du sentiment. Je cherche à savoir à quelle heure l'esplanade est ouverte, pas la qualité du son ( m'en fiche de ça) ou la transe qui prend certains cathos qui se croient la résurrection du Christ...
Regarde, je te parle de ma ville natale et je cause sociologie et économie ;)
Et ça les données, j'ai pas besoin d’être sur place pour les avoir !

Donc, nan, ça ne me manque pas du tout ce que tu évoques (moi ! je ne parle que de moi ! Je ne veux pas te convertir ! ; ) ) et ce n'est pas parce que j'écrirais sur ma ville natale que je fournirai un travail meilleur, je pense, plus sensible ou plus personnel pour reprendre ton propos. Non, parce que vois tu, je connais peut-être sur le bout des doigts cette ville, mais ce n'est pas ça qui me touche, qui m'intéresse...

Je crois sincèrement qu'un auteur est bon (technique mise à part, bien sûr) quand il est sincère, qu'il écrit sur ce qu'il le touche, le transporte. Moi, un reportage au JT sur la guerre dans un pays lointain, ça me touche, ça me donne envie d'écrire beaucoup plus que de respirer l'air frais de la forêt de ma ville natale... Et j'ai pas besoin d 'aller sur place pour avoir ce ressenti dont tu parles. J'ai pas besoin de connaitre la guerre dans ma chair pour avoir de l'empathie pour les personnes qui la vivent, pour imaginer. Et c'est là qu'intervient ma sensibilité personnelle ! ;) Ne t'inquiète pas, elle s'exerce très bien, y compris dans mes recherches ! :)

Je comprends ta logique, qui me semble assez opposée à la mienne. Mais c'est pas grave, je te rassure ! ;)
Mais je ne suis pas d'accord, l'expérience n'est pas irremplaçable ! Fort heureusement , on peut parler de la guerre, de tas de choses sans les avoir vécues personnellement. Ça amène certainement un positionnement différent, plus rationnel d'un certain coté. Perso, ça me va très bien ! :) J'ai pas le sentiment d'écrire à travers les yeux d'un autre. Ma sensibilité peut tout à fait s'exprimer sur la base du travail d'un autre... historien, journaliste, témoin... Elle s'exprime quand je romance des faits, des données brutes...
Toi, tu as peut-être du mal à fonctionner comme ça ( je peux me tromper, excuse moi si c 'est le cas) tu as besoin de toucher, de voir, de sentir par toi même... plus émotionnelle, quoi. Et dans ce cas, je comprends ce mot : irremplaçable !
Mais pour moi, non, ce n'est pas irremplaçable.
Je n'ai pas besoin de connaitre un bombardement pour imaginer la peur que l'on ressent... J'ai décrit la traversée d'une ville bombardée par un homme et franchement ce passage a impressionné mes lecteurs.
Je n'ai pourtant jamais mis les pieds dans une ville bombardée... je n'ai jamais entendu une bombe exploser.
Donc non, pas irremplaçable. Utile, enrichissant, à faire si on le peut oui ! Dix fois,c ent fois, mille fois oui ! (quoique... désolée, je n'irai pas courir dans un pays en guerre pour savoir ce que ça fait en vrai), mais pas irremplaçable.

Ah si j'ai réduit à la problématique du lieu ( c'est p'tre un tort) c'est parce que d'autres topics abordent les questions des cultures, par exemple... mais je suis d'accord pour dire que tout ça est très lié !

Narayana

Re: Les lieux de vos romans

Message par Narayana »

Salut Arwen !
Allez, continuons...
Arwen a écrit :En fait, Narayana, la différence fondamentale entre toi et moi, c'est que je suis très rationnelle. ( je suis chiante, hein ? )
Je reconnais que je suis moins ancré sur Terre… :)
Et tu n’es pas chiante… Juste… Agaçante ! ;)
Arwen a écrit :Au fond, je m'en fiche du "ressenti"... Je cherche des données, pas du sentiment. Je cherche à savoir à quelle heure l'esplanade est ouverte, pas la qualité du son ( m'en fiche de ça) ou la transe qui prend certains cathos qui se croient la résurrection du Christ...
Regarde, je te parle de ma ville natale et je cause sociologie et économie
Et ça les données, j'ai pas besoin d’être sur place pour les avoir !
Vu comme ça, je suis tout à fait d’accord !
Arwen a écrit :Donc, nan, ça ne me manque pas du tout ce que tu évoques (moi ! je ne parle que de moi ! Je ne veux pas te convertir ! ; ) )
Rassure-toi, moi non plus je ne suis pas en croisade :) Mais comme cet échange m’intéresse, je creuse pour mieux comprendre ton point de vue…
Arwen a écrit :et ce n'est pas parce que j'écrirais sur ma ville natale que je fournirai un travail meilleur, je pense, plus sensible ou plus personnel pour reprendre ton propos. Non, parce que vois tu, je connais peut-être sur le bout des doigts cette ville, mais ce n'est pas ça qui me touche, qui m'intéresse...

Je crois sincèrement qu'un auteur est bon (technique mise à part, bien sûr) quand il est sincère, qu'il écrit sur ce qu'il le touche, le transporte.
100% d’accord !
Arwen a écrit :Moi, un reportage au JT sur la guerre dans un pays lointain, ça me touche, ça me donne envie d'écrire beaucoup plus que de respirer l'air frais de la forêt de ma ville natale... Et j'ai pas besoin d 'aller sur place pour avoir ce ressenti dont tu parles. J'ai pas besoin de connaitre la guerre dans ma chair pour avoir de l'empathie pour les personnes qui la vivent, pour imaginer. Et c'est là qu'intervient ma sensibilité personnelle ! Ne t'inquiète pas, elle s'exerce très bien, y compris dans mes recherches !
J’en suis persuadé.
Arwen a écrit :Je comprends ta logique, qui me semble assez opposée à la mienne. Mais c'est pas grave, je te rassure !
Mais je ne suis pas d'accord, l'expérience n'est pas irremplaçable ! Fort heureusement , on peut parler de la guerre, de tas de choses sans les avoir vécues personnellement. Ça amène certainement un positionnement différent, plus rationnel d'un certain coté. Perso, ça me va très bien ! J'ai pas le sentiment d'écrire à travers les yeux d'un autre. Ma sensibilité peut tout à fait s'exprimer sur la base du travail d'un autre... historien, journaliste, témoin... Elle s'exprime quand je romance des faits, des données brutes...
Toi, tu as peut-être du mal à fonctionner comme ça ( je peux me tromper, excuse moi si c 'est le cas) tu as besoin de toucher, de voir, de sentir par toi même... plus émotionnelle, quoi. Et dans ce cas, je comprends ce mot : irremplaçable !
Mais pour moi, non, ce n'est pas irremplaçable.
Je n'ai pas besoin de connaitre un bombardement pour imaginer la peur que l'on ressent... J'ai décrit la traversée d'une ville bombardée par un homme et franchement ce passage a impressionné mes lecteurs.
Je n'ai pourtant jamais mis les pieds dans une ville bombardée... je n'ai jamais entendu une bombe exploser.
Donc non, pas irremplaçable. Utile, enrichissant, à faire si on le peut oui ! Dix fois,c ent fois, mille fois oui ! (quoique... désolée, je n'irai pas courir dans un pays en guerre pour savoir ce que ça fait en vrai), mais pas irremplaçable.
Au temps pour moi, je comprends aujourd’hui où j’ai péché. Lorsque j’ai dit « rien ne remplace l’expérience directe », j’aurais en fait dû écrire : « Rien ne vaut l’expérience directe ». Ce n’est pas la même chose… et c’est le vrai sens de mon message. Il a suffit que tu écrives l’adjectif « irremplaçable » pour que je me rende compte que je n’avais pas choisi la bonne formulation ! Mea Culpa !

Dans le premier cas, on sous-entend que l’on ne peut pas se passer de l’expérience pour écrire. Ce qui est un non-sens dans le cas des romans : je l’ai déjà dit d’une façon différente, en plus. Par conséquent, je n’adhère pas du tout à cette affirmation.
Dans le deuxième cas, il s’agit simplement de dire : il est possible d’écrire sans avoir eu l’expérience directe de notre sujet, néanmoins, celle-ci nous apporterait un plus indéniable si l’on pouvait l’intégrer au récit. (Note l’emploi du conditionnel qui sous-entend aussi que ce n’est pas toujours utile ou réalisable ;) )

J’espère que cette correction permettra de remettre les pendules à l’heure. Cependant, avec toutes les précisions que j’ai apportées depuis dans mes différents posts, le message est peut-être passé quand même…

Peut-être ne le sais-tu pas, mais comme je suis un homme (ou alors… on m’aurait menti ?), je préfère que tu dises « plus émotionnel », parce que l’espace d’un instant j’ai cru avoir changé de sexe… :)
Oui, c’est vrai que je fonctionne beaucoup dans le ressenti et l’émotion. Cela explique que, bien que nous soyons d’accord sur le fond, les arguments que nous nous présentons montrent deux aspects d’une même problématique qui ne s’opposent pas mais, au contraire, se complètent.
C’est en cela que, personnellement, je trouve notre échange intéressant et enrichissant.

Tout ce que tu dis sur la guerre est juste et je pense qu’il est tout aussi juste de dire que si tu avais vécu une guerre dans ta chair, dans tes tripes, dans ton cœur, le récit que tu ferais serait encore plus fort.
Je ne te contredis pas en disant cela, comprends-le bien. Je ne fais qu’appuyer, renforcer ce que tu dis. Je ne remplace pas ton argument par le mien, je les additionne ! Tu comprends pourquoi depuis le début je te dis que nous sommes d’accord ? :)
Arwen a écrit :Ah si j'ai réduit à la problématique du lieu ( c'est p'tre un tort) c'est parce que d'autres topics abordent les questions des cultures, par exemple... mais je suis d'accord pour dire que tout ça est très lié !
Il ne fallait pas te sentir obligée de te justifier là-dessus. En fait, je pensais que je ne m’étais pas fait comprendre, donc que c’était ma faute !

A plus tard… Bonne journée ! Et encore désolé pour cette erreur de formulation qui a fait couler beaucoup d’encre ! (mais quel échange intéressant tout de même !)
:coah:

arwen

Re: Les lieux de vos romans

Message par arwen »

Oui, je t'ai fait changer de sexe ! ;)

Oui, c’est vrai que je fonctionne beaucoup dans le ressenti et l’émotion. Cela explique que, bien que nous soyons d’accord sur le fond, les arguments que nous nous présentons montrent deux aspects d’une même problématique qui ne s’opposent pas mais, au contraire, se complètent.
C’est en cela que, personnellement, je trouve notre échange intéressant et enrichissant.
Tout à fait ! :)

MAIS...
Tout ce que tu dis sur la guerre est juste et je pense qu’il est tout aussi juste de dire que si tu avais vécu une guerre dans ta chair, dans tes tripes, dans ton cœur, le récit que tu ferais serait encore plus fort.
D'abord, ce ne serait pas plus fort, ce serait différent...
Un témoignage n'a jamais la même portée qu'un roman de pure fiction.
Je ne prétends pas au témoignage. Je prétends écrire une histoire avec un décor, une base particulière parce qu'elle m'intéresse.
Je ne joue pas sur le même terrain. Donc me comparer est sans objet. C'est comme comparer un cyclotouriste au vainqueur du tour de France !

Ensuite, non, je suis désolée, avoir ressenti quelque chose soi même n'est pas absolument nécessaire pour écrire quelque chose de puissant ou de plus fort.
On revient sur notre opposition ;)
Franchement, j'ai absolument pas besoin d'avoir perdu quelqu'un de mort violente pour avoir l'empathie nécessaire pour appréhender ce que cela fait et pour le retranscrire. Ça j'y tiens mordicus ! L'empathie est une capacité humaine énorme !
Et j'ai pas d'exemple précis en tête en littérature, mais je ne crois pas que les passages plus mémorables de certains écrits soient tous dus à l'expérience de l'auteur. Le talent de l'auteur c'est de raconter, de conter ( j'aime cette idée de conteur, de cette tradition orale dont on est un peu les héritiers, en fin de compte) Peu importe qu'il ait vécu ou pas ! Sonb talent c'est de transmettre les émotions !
C'est comme un acteur ! Heureusement qu'ils n'ont pas à avoir vécu des drames, des violences pour incarner admirablement un rôle, non ? Les meilleurs acteurs sont capables d’interpréter des personnages à mille lieues de ce qu'ils sont ! C'est pareil, je pense pour un auteur ! Un bon auteur est capable de raconter ce qu'il n'a pas vécu. Grâce à l'empathie...

D'ailleurs, me connaissant, je crois que j'aurais énormément de mal au contraire à parler, écrire sur quelque chose qui me touche personnellement... Vraiment ! Pas assez de distance, de recul. Je serais très mal à l'aise, même, en fait et me restreignerais. Par pudeur et aussi, parce que je pense que je ne voudrais pas revivre ça une seconde fois, fut-ce par l'écrit. Pour le peu de difficultés que j'ai connues dans ma vie, je ne prends aucun plaisir à écrire dessus et évite même ces sujets... Donc nan, personnellement, je serai sans doute très mauvaise si c'était le cas... voir incapable, même.

Voilou, je suis ravie d'avoir cette discussion, je voulais te dire ! :) Même si on a une approche différente des choses ;).

Narayana

Re: Les lieux de vos romans

Message par Narayana »

Bon, là... Il faut que tu m'expliques...
J'avoue que je commence à ne plus savoir comment faire passer mon message.
Parce que, personnellement, je ne vois aucune opposition :)
J'ai beau retourner le problème dans tous les sens : rien à faire ! Je ne trouve pas d'opposition dans nos arguments respectifs... Il faut vraiment que tu m'expliques... ;)
arwen a écrit :D'abord, ce ne serait pas plus fort, ce serait différent...
Un témoignage n'a jamais la même portée qu'un roman de pure fiction.
Je ne prétends pas au témoignage. Je prétends écrire une histoire avec un décor, une base particulière parce qu'elle m'intéresse.
Je ne joue pas sur le même terrain. Donc me comparer est sans objet. C'est comme comparer un cyclotouriste au vainqueur du tour de France !
Je ne parle pas de témoignage. Je parle aussi de fiction. J'accepte le terme "différent". Il est plus juste, sans doute, c'est vrai. En revanche, je n'ai pas fait de comparaison avec l'écriture d'un témoignage. Il va de soi que cela n'a rien à voir avec la fiction. Et que l'expérience vécue, une fois intégrée au récit, n'aura ni le même objectif, ni la même portée émotionnelle.
S'il y a une opposition ici, merci d'éclairer ma lanterne :)
Personnellement, je me sens en phase avec ce que tu dis.
arwen a écrit :Ensuite, non, je suis désolée, avoir ressenti quelque chose soi même n'est pas absolument nécessaire pour écrire quelque chose de puissant ou de plus fort.
On revient sur notre opposition ;)
Franchement, j'ai absolument pas besoin d'avoir perdu quelqu'un de mort violente pour avoir l'empathie nécessaire pour appréhender ce que cela fait et pour le retranscrire. Ça j'y tiens mordicus ! L'empathie est une capacité humaine énorme !
J'ai dit exactement la même chose dans mon Mea Culpa. Petit rappel :
Narayana a écrit :Dans le deuxième cas, il s’agit simplement de dire : il est possible d’écrire sans avoir eu l’expérience directe de notre sujet, néanmoins, celle-ci nous apporterait un plus indéniable si l’on pouvait l’intégrer au récit. (Note l’emploi du conditionnel qui sous-entend aussi que ce n’est pas toujours utile ou réalisable)
Pour moi, c'est la même chose ! Alors, si tu y vois une opposition, là encore : éclaire mon esprit, s'il te plaît ! :roll:
Je ne dis pas : "c'est absolument nécessaire" ; je dis : "c'est un plus".
Prenons un exemple qui n'a rien à voir avec la littérature : tu me dis "Il n'est pas absolument nécessaire d'avoir vécu en Angleterre pour parler couramment anglais" ; et je te réponds "Oui, c'est vrai, et c'est tout de même un atout supplémentaire".
Un ATOUT SUPPLEMENTAIRE... Pas une NECESSITE ! :)

D'autant que, dans le passage où tu me cites, il manque cette précision :
Narayana a écrit :Je ne te contredis pas en disant cela, comprends-le bien. Je ne fais qu’appuyer, renforcer ce que tu dis. Je ne remplace pas ton argument par le mien, je les additionne ! Tu comprends pourquoi depuis le début je te dis que nous sommes d’accord ?
En clair, je te dis : "tu as raison, je partage ton point de vue à 100% et je me permets d'ajouter que..." . J'ajoute ! Je ne retire rien de ce que tu dis. Au contraire ! Je garde ton argument, que je considère comme valable, et j'en ajoute un autre qui le complète.
C'est comme si tu disais "L'herbe est verte" et que je te répondais "Oui, l'herbe est verte et bien tondue". A aucun moment je ne dis "Non l'herbe n'est pas verte, elle est juste bien tondue"...
Je dis "OUI... ET...", qui sous-entend un accord entre les deux parties, mais j'ai l'impression que tu lis "OUI... MAIS...", qui implique plutôt un désaccord. Est-ce que je me trompe ?
Tu comprends pourquoi je ne saisis pas ton explication ?
Parce que, dans mon esprit, il n'y a pas de contradiction, ni d'opposition. Il n'y a que des arguments complémentaires.

Pour ce qui est de l'empathie, là encore, je partage totalement ta vision. Aucun problème.
arwen a écrit :Et j'ai pas d'exemple précis en tête en littérature, mais je ne crois pas que les passages plus mémorables de certains écrits soient tous dus à l'expérience de l'auteur. Le talent de l'auteur c'est de raconter, de conter ( j'aime cette idée de conteur, de cette tradition orale dont on est un peu les héritiers, en fin de compte) Peu importe qu'il ait vécu ou pas ! Sonb talent c'est de transmettre les émotions !
C'est comme un acteur ! Heureusement qu'ils n'ont pas à avoir vécu des drames, des violences pour incarner admirablement un rôle, non ? Les meilleurs acteurs sont capables d’interpréter des personnages à mille lieues de ce qu'ils sont ! C'est pareil, je pense pour un auteur ! Un bon auteur est capable de raconter ce qu'il n'a pas vécu. Grâce à l'empathie...
100% d'accord.

Et cela n'enlève rien, non plus, au fait qu'un acteur qui aura vécu l'expérience émotionnelle qu'il doit retranscrire à l'écran le fera d'autant mieux qu'il pourra s'appuyer sur son propre vécu.

D'ailleurs, puisque tu prends cet exemple, je me permets de rajouter que la plupart des acteurs se plongent dans l'univers du personnage qu'ils doivent interpréter (Dustin Hoffman dans Rain Man, par exemple), suivent des stages avec des professionnels (s'ils doivent tenir le rôle d'un policier, autre exemple), etc... justement pour paraître plus crédibles ensuite et se mettre plus facilement dans la peau de leur personnage.
Ces expériences, mêmes brèves, leur donnent des atouts qui nous font oublier, précisément, qu'ils ne sont que des acteurs...
arwen a écrit :D'ailleurs, me connaissant, je crois que j'aurais énormément de mal au contraire à parler, écrire sur quelque chose qui me touche personnellement... Vraiment ! Pas assez de distance, de recul. Je serais très mal à l'aise, même, en fait et me restreignerais. Par pudeur et aussi, parce que je pense que je ne voudrais pas revivre ça une seconde fois, fut-ce par l'écrit. Pour le peu de difficultés que j'ai connues dans ma vie, je ne prends aucun plaisir à écrire dessus et évite même ces sujets... Donc nan, personnellement, je serai sans doute très mauvaise si c'était le cas... voir incapable, même.
Je peux comprendre ça sans problème. ;)
(Juste un détail : verbe restreindre au conditionnel présent = "restreindrais".)
arwen a écrit :Voilou, je suis ravie d'avoir cette discussion, je voulais te dire ! :) Même si on a une approche différente des choses ;).
Une approche différente, oui. Des oppositions... :roll: Je cherche encore ! :)
:help:

A plus tard ! Je vais me coucher : je me couche tard tous les soirs depuis que j'ai découvert ce forum et aussi ce topic ! Je sais, je ne suis pas raisonnable... Mais c'est tellement sympa de discuter de tout ça avec quelqu'un qui a de vrais arguments et une grande ouverture d'esprit que j'ai du mal à ne pas répondre dans la journée...

Bon ! A plus tard !
:zzz:

arwen

Re: Les lieux de vos romans

Message par arwen »

hi, suivre des stages, avoir un coach, c'est l'équivalent des recherches que nous faisons... Ce n'es tpas vivre dans la peau de... ( certains le font, mais ce n'est pas toujours possible ! ;) )

Sinon, en fait, en y réfléchissant, je crois que ça dépend beaucoup du récit qu'on veut écrire. Ne pas m'être rendu sur place, ne m'a pas empêchée d'écrire une nouvelle réaliste sur la révolution égyptienne ou un petit roman fantastique sur un camp de réfugiés en Palestine.
Je triche dans l'un comme dans l'autre, par un jeu d'optique, par un choix de narration. La nouvelle, il n'y a que deux personnages, ça se passe dans une chambre d’hôtel ou une usine. c'est simple à mettre en place. le roman c'est un camp imaginaire. Ca me laisse beaucoup de libertés. Le fait que ce soit un gosse permet aussi d'occulter certains détails que le personnage lui même ne comprend pas.
Par contre, ça fait deux ans que je coince sur un autre roman, réaliste lui aussi, en Israël, parce que dans mon idée, on y aborde pas mal de sujets de sociétés, on visite des lieux réels. Beaucoup... Et donc ça implique énormément de détails que je n'ai pas, même avec des recherches.
Et ce roman là, ouais, je crois que je ne le finaliserai qu'après un voyage; Mais c'est le thème lui même qui l'impose. C'est une peinture sociale. Zola de son bureau bourgeois ne pouvait écrire Germinal, c'est certain... même avec les meilleures lectures sur le sujet.
Ou bien, faut que je trouve un biais dans le scénario pour faire croire à cette fameuse illusion d'optique et c'est pas la même histoire que je raconterai forcément... si je raconte l'histoire de deux personnes en huis-clos dans une chambre d'hotel à tel Aviv, ce n'est pas les mêmes obligations qu'un récit qui te mène du plateau du golan au sinai ! De la Cisjordanie occupée à Jérusalem, en passant par Tel Aviv et Gaza... Des Palestiniens, à la petite bourgeoisie israélienne, en passant par les immigrés clandestins africains dans ce pays, sans parler des internationaux, de l'armée. et en plus des avocats ! ;)

Narayana

Re: Les lieux de vos romans

Message par Narayana »

Salut !
Petit passage après plus d'une semaine d'absence...
arwen a écrit :hi, suivre des stages, avoir un coach, c'est l'équivalent des recherches que nous faisons... Ce n'es tpas vivre dans la peau de... ( certains le font, mais ce n'est pas toujours possible ! ;) )
Ah ! Enfin ! Une vrai "opposition" comme tu l'appelles !
Là, je dois reconnaître que je ne suis pas de ton avis. Explications...

Commençons par rappeler la définition de l'expérience :
Etymologie = du latin experientia, de experiti, faire l'essai.

1 - selon l'Internaute :
Connaissance acquise par la pratique

2 - selon MediaDico :
Action d'éprouver, d'avoir éprouvé.
Connaissance des choses acquise par l'usage.
Connaissance des choses acquise par les sens.

3 - Larousse :
- Pratique de quelque chose, de quelqu'un, épreuve de quelque chose, dont découlent un savoir, une connaissance, une habitude ; connaissance tirée de cette pratique : conducteur sans expérience.

- Fait de faire quelque chose une fois, de vivre un événement, considéré de son point de vue formateur : avoir une expérience amoureuse.

- Action d'essayer quelque chose, de mettre à l'essai un système, une doctrine, etc. ; tentative : tenter une expérience de vie commune.

- Mise à l'épreuve de quelque chose, essai tenté sur quelque chose pour en vérifier les propriétés ; expérimentation : Faire l'expérience d'un médicament.

- Epreuve qui a pour objet, par l'étude d'un phénomène naturel ou provoqué, de vérifier une hypothèse ou de l'induire de cette observation : Expérience de chimie.

4 - Le Dictionnaire.com :
- connaissance ou pratique acquise au contact de la réalité, de la vie, ou par une longue pratique.

- tout ce qui est appréhendé par nos facultés sensorielles et qui constitue la matière de la connaissance de l'homme.

- le fait de ressentir quelque chose comme un enrichissement du savoir, de la connaissance, des aptitudes (expérience professionnelle)

- le fait de provoquer quelque chose pour l'étudier, pour l'infirmer ou le confirmer ou pour en recevoir les informations nouvelles (expérience de physique)


Maintenant, passons à la définition de la recherche documentaire ou d'information :

1 - selon MediaDico :
Ensemble des recherches et analyses des informations disponibles sur un thème donné.

2 - selon le dictionnaire de SensAgent :
- Ensemble des méthodes, procédures et techniques ayant pour objet de retrouver des références de documents pertinents (répondant à une demande d'information) et les documents eux-mêmes.

- Ensemble des méthodes, procédures et techniques permettant, en fonction de critères de recherche propres à l'usager, de sélectionner l'information dans un ou plusieurs fonds de documents plus ou moins structurés. Toute recherche d'information suppose trois phases successives : a) une recherche bibliographique des références de documents pertinents ; b) une recherche documentaire, c'est-à-dire une recherche bibliographique complétée par la recherche (l'acquisition) des documents eux-mêmes ; c) et enfin le repérage de l'information dans les documents sélectionnés (recherche de l'information).

3 - selon Wikipedia :
Abrégée en RI ou IR (Information Retrieval en anglais), la recherche d'information est la science qui étudie la manière de répondre pertinemment à une requête en retrouvant de l'information dans un corpus. Celui-ci est composés de documents d'une ou plusieurs bases de données, qui sont décrits par un contenu ou les métadonnées associées. Les bases de données peuvent être relationnelles ou non structurées, telles celles mises en réseau par des liens hypertexte comme dans le World Wide Web, l'internet et les intranets. Le contenu des documents peut être du texte, des sons, ses images ou des données.
La recherche d'information est un domaine historiquement lié aux sciences de l'information et à la bibliothéconomie qui visent a représenter des documents dans le but d'en récupérer des informations, au moyen de la construction d’index. L’informatique a permis le développement d’outils pour traiter l’information et établir la représentation des documents au moment de leur indexation, ainsi que pour rechercher l’information. La recherche d'information est aujourd'hui un champ pluridisciplinaire, intéressant même les sciences cognitives.
L'application directe la plus connue de la RI est le moteur de recherche sur le web.

4 - selon une fiche de l'accadémie de Bordeaux :
-Recherche documentaire (Définition Afnor): Action, méthodes et procédures ayant pour objet de retrouver dans des fonds documentaires les références des documents pertinents (Vocabulaire de la documentation, AFNOR, 1987). Ensemble des techniques et modalités permettant de sélectionner l’information dans un fonds documentaire structuré en fonction de critères de recherches propres à l’utilisateur.

-Recherche de l’information (Définition Afnor) : Action, méthodes et procédures ayant pour objet d’extraire d’un ensemble de documents les informations voulues (d’après l’AFNOR, 1979). Dans un sens plus large, toute opération (ou ensemble d’opérations) ayant pour objet la recherche, la collecte et l’exploitation d’informations en réponse à une question sur un sujet précis.

5 - un document de l'université Pierre et Marie Curie intéressant :
http://webdoc.snv.jussieu.fr/Guide_documentation.pdf


OUF ! Voilà pour les définitions... ;)

Alors, pourquoi je te donne toutes ces définitions au lieu d'une seule ? Parce que, même si l'idée sous-jacente est toujours la même, je trouve qu'elles se complètent bien.

Ce que l'on peut en retenir à mon sens :
L'expérience est une connaissance toujours issue de la pratique, du vécu, ou d'une confrontation avec la réalité, la vie.
La recherche documentaire, elle, s'appuie sur des documents, qui synthétisent des connaissances certes acquises grâce à l'expérience, mais il s'agit de celle de l'auteur du document.

Par conséquent, je ne peux pas être d'accord avec toi (tu m'en vois désolé ;) pour une fois que je trouve un point de désaccord ! :D ), lorsque tu dis que les stages ou un entraînement auprès d'un coach seraient identiques à la recherche d'information que nous faisons tou(te)s pour écrire. Ce n'est pas du tout la même chose, puisque dans un cas tu t'appuies sur du vécu (stage, entraînement, immersion dans un milieu particulier comme Dustin Hoffman pour Rain Man - je vais revenir sur ce dernier exemple), dans l'autre tu te bases uniquement sur de l'information documentaire. Les acteurs font ce genre de recherches, c'est vrai, lorsqu'ils lisent le livre dont est issu un film, par exemple, ou la biographie du personnage historique qu'ils sont censés interpréter.

Il s'agit donc là de deux sources de connaissance totalement différentes : l'une est pratique, l'autre théorique car, de fait, l'acteur n'expérimente rien par lui-même, n'est pas directement au contact de la réalité, mais se contente de faire confiance à l'expérience d'autrui.

Prenons l'exemple de Rain Man:
Dustin Hoffman a rencontré des autistes et, notamment, Kim Peek qui a inspiré le personnage de Raymond Babbit au scénariste. Il est peu probable que, sans ces expériences directes, ni sans cette préparation, seule son empathie ait pu lui permettre de se mettre à ce point dans la peau de son personnage. Il a sûrement lu aussi des tas de livres, ou même voir des films ou documentaires sur le sujet. Mais il ne s'agit pas de la même préparation : l'une est pratique, car en lien direct avec la réalité, l'autre non. Et je crois sincèrement qu'aucune recherche documentaire n'aurait pu avoir le même impact qu'une confrontation réelle avec Kim Peek, ou les autres autistes qu'il a rencontrés et dont il a partagé le quotidien pendant un certain temps.

Donc, voilà... Tu pourras enfin dire que nous sommes en opposition ! :) Pour moi, la recherche documentaire n'est en rien identique à une préparation de type stage, entraînement ou immersion dans un milieu réel. Car même si cette dernière n'a pas toujours pour objectif de chercher à "vivre dans la peau de...", elle vise au minimum d'aller à sa rencontre, de plonger dans son univers d'une manière réelle et pas uniquement cognitive (ce qui est le cas avec la recherche documentaire).

Elles sont complémentaires, oui, mais pas similaires, pas identiques.

Sinon, cela revient à dire que, puisqu'elles sont identiques, alors il suffit de lire un livre pour apprendre à piloter un avion, par exemple, et savoir quelles sensations, quelles émotions, cela procure, ou à quelles difficultés nous pouvons être confrontés. Inutile de suivre un stage de formation pour ça, après tout !

Cela veut dire aussi qu'il n'y a plus qu'à supprimer, soit les épreuves théoriques, soit les épreuvres pratiques de certaines formations, puisqu'elles visent la même chose. Or, nous savons bien que ce n'est pas le cas. Elles vont de pair. Par ailleurs, quelqu'un peut être un excellent théoricien, avoir accumulé de nombreuses connaissances, mais être un praticien médiocre qui n'est pas capable de mettre en pratique ce qu'il a appris. De la même façon, il y a des gens qui ont des facilités dans la pratique d'une activité, mais ne sauront jamais expliquer ce qu'ils font, ni pourquoi ils le font, ou pourquoi cela fonctionne ainsi.

Cela signifie aussi que tout ce dont nous avons parlé jusqu'à présent, dans nos longs échanges, n'aurait plus aucun sens, n'aurait plus lieu d'être. ;) A part d'avoir fait fuir tout le monde de ce topic ! :)

:yata: nous ne sommes pas d'accord ! Il était temps ! ;)
arwen a écrit :Sinon, en fait, en y réfléchissant, je crois que ça dépend beaucoup du récit qu'on veut écrire. Ne pas m'être rendu sur place, ne m'a pas empêchée d'écrire une nouvelle réaliste sur la révolution égyptienne ou un petit roman fantastique sur un camp de réfugiés en Palestine.
Je triche dans l'un comme dans l'autre, par un jeu d'optique, par un choix de narration. La nouvelle, il n'y a que deux personnages, ça se passe dans une chambre d’hôtel ou une usine. c'est simple à mettre en place. le roman c'est un camp imaginaire. Ca me laisse beaucoup de libertés. Le fait que ce soit un gosse permet aussi d'occulter certains détails que le personnage lui même ne comprend pas.
Par contre, ça fait deux ans que je coince sur un autre roman, réaliste lui aussi, en Israël, parce que dans mon idée, on y aborde pas mal de sujets de sociétés, on visite des lieux réels. Beaucoup... Et donc ça implique énormément de détails que je n'ai pas, même avec des recherches.
Et ce roman là, ouais, je crois que je ne le finaliserai qu'après un voyage; Mais c'est le thème lui même qui l'impose. C'est une peinture sociale. Zola de son bureau bourgeois ne pouvait écrire Germinal, c'est certain... même avec les meilleures lectures sur le sujet.
Ou bien, faut que je trouve un biais dans le scénario pour faire croire à cette fameuse illusion d'optique et c'est pas la même histoire que je raconterai forcément... si je raconte l'histoire de deux personnes en huis-clos dans une chambre d'hotel à tel Aviv, ce n'est pas les mêmes obligations qu'un récit qui te mène du plateau du golan au sinai ! De la Cisjordanie occupée à Jérusalem, en passant par Tel Aviv et Gaza... Des Palestiniens, à la petite bourgeoisie israélienne, en passant par les immigrés clandestins africains dans ce pays, sans parler des internationaux, de l'armée. et en plus des avocats ! ;)
Pour tout le reste, comme d'habitude ... Je suis d'accord ! ;)

A plus tard
Modifié en dernier par Narayana le dim. juin 12, 2011 11:22 pm, modifié 1 fois.

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Re: Les lieux de vos romans

Message par Jo Ann v. »

Eh bé.

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