[A] Ecrire sur des minorités

[Roanne]

J'ai aussi remarqu? quelque chose, plus on parle d'une minorit?, plus on doit penser communaut?

Heu...

On peut penser communaut?, mais on ne le doit surtout pas !

Les """"communaut?s"""" ne rassemblent qu'une toute petite minorit?s des minorit?s.

Hello Sand, ce n'est pas tr?s sympa de ne prendre que ce qui t'arrange dans mon post
Nous ne sommes pas l? pour faire du politiquement correct, la suite c'?tait :

C'est important mine de rien, vous avez remarqu? ? quel point nous avons tendance ? nous rassembler en fonction de nos go?ts et couleurs, mais aussi de notre milieu social / culturel.

Communaut? dans mon post est ? prendre au sens large et g?n?ral.
On parle toujours de communaut? SFFF et personnellement cela ne me choque pas : c'est une r?alit?.
Est-ce une bonne chose ou pas ? Je t'avoue que ce n'?tait pas le but de ma remarque, je ne faisais qu'?noncer un fait qu'on se doit, en tant qu'auteur, de prendre en compte dans nos ?crits.
Ne pas parler d'une r?alit? parce qu'elle g?ne, ou parce que c'est mal, ou politiquement incorrect, j'appelle ?a un tabou. A mon sens c'est pire qu'un clich?. Le communautarisme est une r?alit?. Un auteur peut ?videmment choisir d'en d?noncer les d?rives. Ou pas. L? c'est son choix d'auteur et cela doit entrer dans le cadre de son projet d'?criture.



Sur ce, je sors de ce fil o? je n'ai pas grand-chose ? apporter de pertinent, mais vu la sensibilit? du sujet, je pense que les Permanents conserverons un oeil dessus. Les deux m?me.
S'il y a la moindre d?rive il sera verrouill? : n'oubliez pas qu'on est ici pour parler ECRITURE.

[Tristeplume]

Je me demande si la "g?ne" exprim?e ici ne tient pas au fait que les minorit?s ?voqu?es touchent ? la sexualit? ?

Admettons qu'on pr?sente un supporter du PSG comme un gros beauf bastonneur buveur de bi?re et raciste, est-ce que ?a va vous choquer ?
Et pourtant c'est bel et bien un clich?. Mais aussi une r?alit? (il y en a) sans ?tre une g?n?ralit? (et oui).

Pour les homos, c'est pareil. J'en ai connu qui ?taient vraiment proches de la caricature de la "folle" (en en ayant une conscience certaine) tout comme d'autres qui n'avaient rien ? voir avec ce clich?.

En fait le sujet est sensible parce qu'on touche au "politiquement correct" et que, concernant les minorit?s, le clich? ne fait que mettre en avant ce qui nous "fait peur". Le clich? est n?gatif mais toutefois (et je risque de me faire lyncher) repose sur une certaine part de r?alit?. Qui n'est qu'une r?alit? parmi d'autres. Mais c'est celle qu'on met en avant pour assouvir notre m?fiance, nos appr?hensions et nos incompr?hensions vis-?-vis du "diff?rent".
(quand je dis "on", "nos", je parle de la soci?t? en g?n?ral, pas de vous, pas de moi)

Par exemple, si je parle d'une famille d'immigr?s africains qui vivent ? 12 dans 30 m?, qu'il y a "le bruit et l'odeur" (coucou monsieur Chirac) on va me taxer d'exploiter un clich?, voire de racisme. Et pourtant, c'est une r?alit? (je peux vous le certifier). Si j'ai quelque chose d'int?ressant ? raconter ? ce sujet, je ne vois pas pourquoi je me priverai de le faire.

Et on en arrive ? ma conclusion, on ne doit pas se priver d'exploiter des clich?s tant qu'on a quelque chose d'int?ressant ? dire et que ?a a un int?r?t quelconque (mis ? part inciter ? la haine et au rejet des minorit?s bien s?r).
Et on retombe sur le probl?me des clich?s qu'on conna?t bien, c'est que justement ils sont surexploit?s et qu'il n'y a plus forc?ment grand chose ? dire ? ce sujet.

Pour en revenir ? la question de base, je pense qu'on ?crit toujours sur des minorit?s, dans le sens "qui sort de l'ordinaire".
Concernant les minorit?s du monde r?el, on peut ?crire dessus mais ?a demande quand m?me de conna?tre un minimum le sujet et de ne pas prendre le clich? commun comme argent comptant.
Tiens, ?a me fait penser ? ma maman qui a un vieux fond raciste et qui pense que les arabes sont des voleurs... sauf son ?picier, son chauffeur de bus, le jeune crois? au supermarch? qui l'a aid? ? porter ses sacs, l'une de ses belle-filles, etc... bref, sauf tous les arabes qu'elle a eu l'occasion de rencontrer. Bon, apr?s, c'est une r?fugi?e vietnamienne ma m?re. Comme quoi, les niakw?s sont tous des racistes !

[blackwatch]

Tiens, ?a me fait penser ? ma maman qui a un vieux fond raciste et qui pense que les arabes sont des voleurs... sauf son ?picier, son chauffeur de bus, le jeune crois? au supermarch? qui l'a aid? ? porter ses sacs, l'une de ses belle-filles, etc...

Me rappelle un de mes tantes, qui faisait le m?me genre d'exceptions

Tes r?flexions sur le politiquement correct me rappellent ?galement un t?l?film, o? un jeune couple se retrouvait soudain avec une famille africaine pour voisins. C'?tait une belle mani?re de nous d?montrer que les clich?s ont quelquefois beaucoup de fond

[sherkkhann]

Coucou,
Je viens de tomber sur ce poste et comme je suis concerné, je me permet de le remonter
J'ai deux personnages homosexuels, un couple plus précisément, et c'est vrai que c'est quelque chose de pas évident à écrire. Je ne me suis pas posé la question s'ils étaient clichés ou pas. Ils ont chacun une psychologie et une approche différente de leur orientation. Je les ais décris tel qu'ils sont, sans appuyer leur sexualité. Ils sont un couple, oui et alors ? pas la peine d'en débattre de long en large et de chercher une justification (si le roman ne traitre pas de l'homosexualité).
Par contre, on m'a demandé récemment ce que j'écrivais (pendant un repas de famille). Quand j'ai expliqué que mes personnages principaux étaient un couple gay, j'ai vu tout de suite que le roman, son histoire, perdait toute sa crédibilité en moins de trente secondes. " Quoi ? Le seigneur des lycans est gay ? C'est quoi ce délire... Tu écris de la fantasy gay en fait " sans même avoir lu le livre...
Je pense que la réelle difficulté dans ce cas là, c'est que les personnages soient amenés de telle sorte que le lecteur ne leurs ôte pas leur crédibilité dans l'histoire. L'idéal serait que le lecteur se dise : Ouais, et ?

C'est peut-être un peu stupide, mais dès que je dis que mon lycan est gay, ça fait sourire... Alors que ce n'est pas drôle

[anonymedeux]

Quelques pistes pour que tu puisses écrire tout cela sans souci :

- Dans "Ben Hur", le centurion et Ben Hur ont été amants révélent ceux qui ont fait le film. Problème, Charlton Heston était profondément homophobe, alors on ne le lui a pas dit. Par contre, on l'a dit à l'autre acteur qui a joué tout en finesse son rôle pour exprimer la tendresse entre les deux hommes et on a dit à Charlton que le centurion romain et lui étaient des amis bien virils

Cette anecdote m'a toujours fait marrer.

- Dans Sakura card Captor : le frère de Sakura et son meilleur ami sont un couple en réalité mais ce n'est jamais dit explicitement.

Au final, tes personnages peuvent être gay, ça ne pose aucun souci. La question est de savoir si le révéler crûment et directement est vraiment utile à ton histoire ?
La plupart du temps, la sexualité d'un personnage ne sert pas l'histoire. Par contre, ses sentiments, si. Si toes deux personnages sont prêts à mourir l'un pour l'autre, montre-le ! Ne l'explique pas !

[sherkkhann]

Je suis entièrement d'accord avec toi, d'ailleurs je le montre, sans détours, mais pas crument. Je pense que ça ferait moins rire si les perso étaient humains. Là ça fait bizarre aux gens parce que ce sont des lycans, je pense surtout que c'est ça. C'est stupide mais bon...

Sympa ce qu'ils ont fait a Heston il faut que je vois ça.

[Tristeplume]

C'est simplement la collision de deux clichés opposés : le lycan bête féroce et donc forcément viril, l'homosexuel forcément pas très viril.
C'est comme évoquer les savonnettes sous la douche dans un vestiaire de rugby.
Avec du recul, oui, c'est stupide mais les clichés sont tellement ancrés que la réaction est assez logique.

Introduire des personnages homosexuels dans une histoire nécessite à mon avis de poser un cadre à cette homosexualité : comment est-ce perçu par le reste de la population ? Est-on dans un contexte de sexualité tolérante où être homo ne pose aucun problème ? Est-ce considéré comme une déviance, puni par la loi ?
Une partie (majorité ?) des lecteurs va juger cette homosexualité à l'aune de notre société, donc en gros, comme un comportement minoritaire, victime de ségrégation, impliquant une vie de couple discrète voire cachée.
En plus, là, il est roi. Est-ce que ça a un impact sur son autorité ?

[Ellie]

Tiens c'est marrant que ce topic ressurgisse parce que je me disais justement que contrairement à mes réticences au départ j'y suis plutôt allée à fond dans une voie qui peut paraître «cliché» (en tout cas qui joue dessus) et qui présente des personnages «LGBT» (bon surtout des lesbiennes, là en fait) de manière visible et ostentatoire...

Et du coup je suis en train de me dire qu'autant si j'avais fait un traitement «subtil», ça n'aurait pas posé de souci, autant là j'ai peur que ça soit catégorisé (dans l'idée où ce serait envoyé à un éditeur et tout ça) comme «roman lesbien» (mais du coup ça risque d'être trop SFFF pour les éditeurs spécialisés) alors que ben voilà, même si l'héroïne est une gouine, pour moi ça reste du policier fantastique (ce qui est déjà le boxon parce que tu sais pas trop si ça va en policier ou en fantastique, mais c'est un autre sujet ) ...

Après peut-être que je me trompe et qu'il y a pas autant ces clivages dans la SFFF, et peut-être qu'en fait ça veut juste dire que j'ai deux fois plus d'éditeurs qui ont de chances de m'accepter, mais je suis pas complètement sûre non plus

[Dawood]

Woh, voilà un topic intéressant !

Je crois que la condition élémentaire pour écrire sur un sujet tel que l'homosexualité, c'est de bien comprendre ce dont il s'agit, de réfléchir à ce que cela implique. C'est comme cela que tu éviteras les clichés.
Être homosexuel n'est pas une qu'une caractéristique, c'est un état.
Personnellement, je pense que le comportement des gens dépend pour beaucoup de la façon dont les voit leur entourage, car cela influe inévitablement sur la manière qu'ils auront de se voir eux-mêmes.

Cela est d'autant plus vrai chez les minorités, qui peuvent selon les moeurs de la société dans laquelle ils évoluent, se considérer eux-mêmes comme des "anormaux", des curiosités, ou au contraire, comme des individus lambda parmi tant d'autres.

[sherkkhann]

Introduire des personnages homosexuels dans une histoire nécessite à mon avis de poser un cadre à cette homosexualité :

C'est vrai. Dans mon cas, c'est différent selon les royaumes. Les Amazones par exemple pour qui l'homosexualité est tout à fait normal. Pour elles c'est l'inverse, être hétéro est une honte, très mal vu dans leur société.
En ce qui concerne les perso principaux c'est plus compliqué. L'un vient d'un royaume où c'est puni de mort, l'autre est prince et doit avoir une femme et louveteau pour pourvoir gouverner. Finalement, même si le livre ne parle pas de ça, c'est évoqué car important pour les choix que feront ces perso. Ca va leur poser des problèmes, surtout au niveau de la crédibilité (un seigneur gay ca passe moyen pour les lycans).
Mais bon, je trouve ça très sympa à écrire, je m'éclate bien