Salut Daerel
Si on part du principe du cadeau, alors tu n'étoufferas pas l'auteur.
Comme d'autres l'ont précisé, c'est surtout le nombre de bêta-lectures qui compte.
Les points où les bêta-lectures vont se croiser sont les points à traiter en premier.
En même temps, certains de ces points dépendent d'autre chose. Le fond, la forme, la chronologie des événements, une certaine cadence dans les phrases, des mots bien choisis, etc.
Quand on ne dit pas tout au premier tour, le jeune auteur peut croire que les parties non soulignées sont bonnes. Ne pas dire, c'est aussi, en quelque sorte, valider.
Bien sûr, une bonne part de notre ressenti est présent.
Toute lecture est un ressenti... Et parfois, on sent que le texte ne va pas. Même s'il est super bien écrit, il ne va pas, ne roule pas à son plein potentiel.
Ne pas dire, c'est aussi... punir ?
Se punir ?
J'ai des expériences où j'ai bêta-lu de jeunes auteurs, et je n'ai pas tout dit. Et aussitôt leur texte revu, ils se sont lancés à la recherche d'un éditeur. (quand je dis jeune, ce n'est pas l'âge qui fait le jeune auteur, mais une certaine maturité d'écriture
).
Bien sûr, ils ont pris une volée de refus.
J'ai aussi l'expérience inverse, un texte que je ne trouvais pas génial, mais qui a quand même terminé premier à un concours.
Maintenant, qui est-on pour donner l'aval à un texte ?
Ou le refus.
Chacun doit prendre une volée de refus avant de trouver chaussure à son pied - Cendrillon éditeur, n'est-ce pas, et le prince auteur
- avant d'atteindre la maturité qui permet de passer le mur.
Oui, j'ai envie de revenir sur cette question de maturité, et sur ce qu'a dit Lohiel à ce sujet. Comme elle, j'ai ressenti ce sentiment que beaucoup de grenouilles ne sont pas matures.
Attention, mature ne veut pas dire impupliable, ni inintéressant. Ça n'a rien à voir.
Mature, c'est un peu l'image de l'homme qui marche (du verbe marcher sur deux jambes
) qui marche à l'économie. Non pas comme l'adolescent pressé, ou comme l'enfant encore hésitant sur certains pas.
Mature, c'est avoir un mouvement naturel, de A jusqu'à Z.
Son mouvement naturel.
Et alors ? ai-je envie de dire.
Et alors, c'est normal. Sinon Cocyclics n'existerait pas.
Il n'y a pas là un critère de jugement, juste une constatation.
Une heureuse constatation.
Ça peut sembler dur à entendre, et en même temps, c'est une réalité : ceux qui viennent ici ont envie de progresser (ou sur des ateliers d'écriture). Ils ne viennent pas pour s'auto-congratuler (
même si c'est agréable, au début, on s'en lasse vite... parce que le fake s'installe : je t'aime parce que tu m'aimes), ils viennent pour apprendre à mieux écrire.
Mieux écrire, ce n'est pas le français, ni la grammaire, ni le fait d'écrire une histoire qui tient globalement la route. Ça va au-delà, on parle d'écrire une histoire qui plaise, qui soit riche, qui parle au coeur et qui impulse vibration d'âme.
D'une vibration dans la démarche.
Ce qui rend le marcheur différent des autres.
Ça, c'est impossible à demander à un jeune auteur. Il faut d'abord discuter, parler, marcher ensemble. Pour mieux se connaître.
Vrai, on peut croire - un court instant - qu'il y a un professeur et un élève. Sauf que... qui n'a jamais pu expliquer certaines choses à un enfant, de manière simple, souple et naturel ?... et là, qui apprend quoi à qui ?
On croit souvent maîtriser, jusqu'à la question qui tue.
Ou jusqu'à la "faute" dont on se demande s'il s'agit d'une faute ou de cette singularité propre à chacun.
Dire ou ne pas dire ?
Voir si le cas se reproduit (ce qui signifie marcher ensemble un bout de temps)
Parfois avouer son impuissance, parfois proposer un reflet miroir (une reformulation) pour savoir si on parle bien de la même chose, et souvent pour débuter une discussion. Parce qu'un exemple vaut souvent mille mots (même si ça en braque quelques-uns
) et que le problème n'est pas toujours dans une formulation, parfois il est situé plus en amont. Et les mots sont des aiguillages, qui dirigent leur propre logique.
Maturité n'est pas synonyme de nullité.
De plus, sur un texte en devenir, comme sur de la glaise, nullité n'a pas de sens.
C'est une fois cuit par le monde de l'édition qu'un texte est dit nul ou pas.
En attendant, tout peut en sortir.
Et le potier plus sûrement qu'ailleurs.
Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard