Cahier, carnet... vs claviers

[Elle]

Et bien moi je commence juste à écrire, mais je me retrouve vraiment dans les paroles de certains. J'écris des noms, des idées, je fais des cartes sur toutes mes feuilles de cours quasiment, sauf avec un prof vraiment trop passionnant lol. Mais sinon, j'ai toujours un petit carnet bleu (oui pas une autre couleur aussi) avec moi dans mon sac au cas où j'aurais une brillante ou moins brillante d'ailleurs idée. Sinon à l'appart, j'ai des cahiers, des feuilles papiers, des pages word, enfin c'est le fouilli quoi, mais bon on est bordélique ou on ne l'est pas

[Boite en carton]

C'est marrant à vous lire vous avez d'abord le support et ensuite le texte ?
Je suppose que ce n'est pas systématique ?
Moi, j'ai le texte dans la tête et quand il est près à sortir j'ouvre une page de word et je l'écris.
Je pense les mots avant de les coucher sur le papier. Non, c'est pas simplement les penser, je les formule, je les écoute (je les regarde), je les reformule, j'introduis les personnage dans ma conversation avec le texte, je rembobine et je recommence...

ça m'a l'air assez différent de vos témoignages.

[NB]

J'avoue que le moment ou j'achète un nouveau cahier, où je choisis sa couleur en fonction de l'ambiance de ma nouvelle histoire, c'est un peu le déclic pour passer de l'idée qui mûrit à "ça y est, on s'y met".

[Amibe_R Nard]

Je découpe, parce que ça m'intéresse.

Au début où j'écrivais, il me fallait un cahier spécial (je n'ai jamais tenté le moleskine, perso). Et, si je n'avais pas ce cahier, j'étais incapable d'écrire !

Au bout d'un moment (3 romans plus tard), j'ai pu gribouiller sur n'importe quel support, sans problème (mais il me fallait encore un "bon" stylo). Peu à peu, le stylo à pu aussi devenir n'importe lequel, mais c'est resté : si j'ai un coup de mou, que je bloque, hop ! Un beau cahier et ça repart !

Visiblement, je ne suis pas la seule, mais quelqu'un a-t-il une explication ?

Tu écris encore au stylo ?
Ou tu es passée au tout clavier.


Une explication...

Hum.

Le côté territoire vierge d'un nouveau cahier, son rappel souvenir par rapport à la première fois où tu t'es mise à écrire ?

Tes premiers succès littéraires en classe ?
Tu tenais un journal ?

La mise en condition ?
Nombre d'auteurs ont besoin d'un rituel pour démarrer leur écriture.

Si tu aimes toucher les choses pour mieux te souvenir (en clair si tu es kinesthétique), ou si tu te rappelles mieux toutes les situations vécues lorsque tu les ressens... ce besoin de contact avec un cahier ou un stylo pourrait expliquer ce gimmick. (ou ce point d'ancrage pour ton écriture).


Pour le cahier vierge, on peut aussi pencher pour le plaisir de l'enfance, ce besoin de poser l'adulte de côté pendant un instant. L'adulte petit juge qui est trop aux commandes et qui empêche d'écrire comme un galopin.

Dernière explication, vaseuse comme les autres , écrire dans un beau cahier, c'est écrire beau.

Pour ma part, j'ai toujours écrit dans des cahiers brouillons, avec des bics baveurs... les stylos plumes n'ont jamais apprécié longtemps ma pression... disons... naturelle !
Avant de découvrir la machine à écrire, et ensuite le clavier.

Bilan, je ne peux plus écrire à la main pendant longtemps.
Et ça tombe bien, j'ai une écriture patte de mouche... au point de ne pas arriver à me relire.

Chacun ses trucs
L'Amibe_R Nard

[Mael]

C'est marrant à vous lire vous avez d'abord le support et ensuite le texte ?

Ah mais oui !
La plupart du temps, je ne sais pas du tout ce que je vais écrire avant de poser le stylo sur la feuille. J'en ai parfois une vague idée, mais je suis toujours surpris des idées qui arrivent au fur et à mesure que je les écris ! C'est pourquoi je dis souvent que je suis mon premier lecteur.
Quelquefois, j'ai l'impression que c'est le stylo qui écrit tout seul.

En fait, je me replace dans la situation de la dernière fois, je vois la scène et hop, ça coule tout seul. Mais ça ne marche qu'avec le stylo et le papier. A la rigueur sur l'écran. Mais jamais la tête en l'air. impossible d'imaginer 3000 signes sans écrire.

Tes premiers succès littéraires en classe ?

Mon premier succès littéraire, c'est en 3e. Ca me faisait, euh... 14 ans, donc. Ah oué. Pile 30 ans. Rhâ, putain, 30 ans !
Il fallait faire une rédaction "à la manière de..." J'étais fan de Conan Doyle. J'ai écrit une enquête de Sherlock Holmes, avec tous les petits détails, avec Lestrade tourné en ridicule, etc. Il paraît que les profs se la repassaient en salle des profs.

PS : je viens enfin de comprendre le sens de ton pseudo en le disant à haute voix...

[Silène]

Je n'utilise plus de papier du tout après avoir écrit dans des carnets au plume épais pendant des années. J'ai tout dans la tête jusqu'au moment où cela passe dans le mac ! Mais j'ai plein de beaux carnets presque vides : sur chaque première page, j'ai mis un titre et puis... plus rien !!!!

[NB]

Tu écris encore au stylo ?
Ou tu es passée au tout clavier.

Jusqu'à il y a peu (octobre) j'écrivais d'abord à la main (tout). Aujourd'hui, j'arrive a écrire directement sur l'ordi (jusque là, ce qui me bloquait, c'était l'avancée technolohique de mes persos. Grosso modo, s'ils n'en étaient pas encore à l'ordinateur, impossible pour moi de l'utiliser en direct ). Pour les nouvelles, je privillégie quand même la main.

Le côté territoire vierge d'un nouveau cahier, son rappel souvenir par rapport à la première fois où tu t'es mise à écrire ?

Peut-être puisque j'ai commencé sur un cahier de ce type.

Tes premiers succès littéraires en classe ?

Zéro.

Tu tenais un journal ?

nope.

La mise en condition ?
Nombre d'auteurs ont besoin d'un rituel pour démarrer leur écriture.

peut-être, vu qu'à une période, je devais être capable de commencer à écrire dans la minute où mes petits étaient couchés, et m'arrêter aux premiers pleurs (donc m'arrêter parfois au mileu d'un mot...)

Si tu aimes toucher les choses pour mieux te souvenir (en clair si tu es kinesthétique), ou si tu te rappelles mieux toutes les situations vécues lorsque tu les ressens... ce besoin de contact avec un cahier ou un stylo pourrait expliquer ce gimmick. (ou ce point d'ancrage pour ton écriture).

Non, je suis visuelle, pas kinesthésique.

Pour le cahier vierge, on peut aussi pencher pour le plaisir de l'enfance, ce besoin de poser l'adulte de côté pendant un instant. L'adulte petit juge qui est trop aux commandes et qui empêche d'écrire comme un galopin.

Mince, je viens de réaliser que je suis adulte ! Damned, à 30 ans, serait temps. Donc, non, le galopin qui est en moi n'a pas de bride.

Dernière explication, vaseuse comme les autres , écrire dans un beau cahier, c'est écrire beau.

Whaaa. C'est peut-être ça !!

Merci pour ce décorticage !

[Alazaïs]

Moi, j'ai le texte dans la tête et quand il est près à sortir j'ouvre une page de word et je l'écris.

Pareil.
J'ai bien un vieux cahier pourri sur lequel je note les idées que j'ai peur de voir partir avant d'avoir mis la main sur mon ordi, mais ça, une feuille volante ou un carnet hors de prix... ça n'a pas vraiment d'importance. C'est juste un aide-mémoire. Ca ne m'inspire pas, et je n'écris pas de texte dessus (pour ça je préfère l'ordi).

[Elikya]

Je prend toujours un cahier format A5 à grands carreaux, avec spirales pour tourner les pages plus facilement.
Je l'emmène partout, tout le temps. J'en suis au n°7.
Dessus, je note tout et n'importe quoi. Les plans, les idées, des morceaux de dialogues, la première version de chaque scène.
Les mots viennent plus facilement sur le papier que devant un écran. Quand je bloque, il suffit de tourner une autre page.
J'aime mon cahier
Il matérialise mes rêves, mes personnages, mes mondes imaginaires...

[Amibe_R Nard]

Alors quelques citations, tirées de : PERRAT Pascal Libérer son écriture et enrichir son style... (un journaliste, et un bouquin super ! super riche !)

De Perrat, on en parle ici.
http://marcautret.free.fr/sigma/pratik/ ... perrat.php

Chez Marc on se penchera aussi sûr !
http://marcautret.free.fr/autret/150q-faq/


Les citations :

“ C'est tellement sensuel d'écrire à la main, quand la pensée descend le long du bras, comme une veine noire. ”
G. Wittkop, romancière.

“ J'écris les brouillons au stylo. Il y une connexion directe entre le cerveau, l'intime, le moi vital et la main, l'outil charnel. Ainsi, je me sens libre d'écrire, de raturer, de couper. Mon travail demeure vivant car toutes mes corrections restent visibles, alors que la machine efface tout. Ensuite, je tape la mouture finale. Là je deviens lecteur de mon propre texte. L'ordinateur met une distance entre les mots et leur sens. ”
David Lodge, romancier.


* Écrire avec un stylo ou un clavier ?
Autrefois, on ne pouvait “ bien écrire ” qu'avec une plume, puis arriva la bille, le feutre et enfin les machines.
Écrire avec un stylo est proche de la calligraphie, on dessine autant sa prose qu'on l'écrit, la main court sur le papier, glisse de pleins en déliés. Comme le fait de marcher dans la rue ou à la campagne aide à réfléchir et trouver des idées, l'écriture manuscrite stimule généralement la création. Un clavier, au contraire, est froid et mécanique. Un stylo permet plus facilement de s'accorder au rythme des mots et des phrases, d'entendre leur résonance, de s'imprégner des sentiments qui nous gagnent, de laisser germer les idées. Mais c'est selon les habitudes et les manies de chacun.
Les deux ne sont pas antinomiques, mais complémentaires, le stylo pour jeter ses idées rapidement sur le papier, l'ordinateur pour les agencer.
PERRAT Pascal


“ Je travaille aussi bien sur un ordinateur qu'avec une plume ou un crayon. Tout dépend de la situation - si une idée me vient dans un train, il est évident que je la note à la main sur le premier bout de papier venu -, mais aussi de ce que l'on veut dire. Certaines choses nécessitent de prendre une plume parce que le papier oppose une résistance qui contraint à écrire plus lentement. Par contre, si l'on veut immédiatement mettre noir sur blanc des pensées venues rapidement, l'ordinateur est plus adéquat. En fait, je me surprends parfois à passer de la table où se trouve l'ordinateur à une autre, pour écrire à la plume un point précis. C'est une question de rythme, qui change avec la résistance qu'oppose la matière ou l'instrument en support. ”
Umberto Eco


* Laissez votre imagination écrire des histoires
Selon l'Évangile, le Christ nous a dit de redevenir comme des enfants. Non pour retomber en enfance mais pour retrouver la liberté d'être soi-même. Retrouvez l'enfant ludique qui est en vous et offrez-lui quelques heures de récréation. N'ayez aucune crainte, l'adulte sérieux et responsable que vous êtes devenu reprendra vite le dessus...

Bien Amicalement
l'Amibe_R Nard

[Boite en carton]

C'est marrant à vous lire vous avez d'abord le support et ensuite le texte ?

Ah mais oui !
La plupart du temps, je ne sais pas du tout ce que je vais écrire avant de poser le stylo sur la feuille. J'en ai parfois une vague idée, mais je suis toujours surpris des idées qui arrivent au fur et à mesure que je les écris ! C'est pourquoi je dis souvent que je suis mon premier lecteur.
Quelquefois, j'ai l'impression que c'est le stylo qui écrit tout seul.

En fait, je me replace dans la situation de la dernière fois, je vois la scène et hop, ça coule tout seul. Mais ça ne marche qu'avec le stylo et le papier. A la rigueur sur l'écran. Mais jamais la tête en l'air. impossible d'imaginer 3000 signes sans écrire.

3000 signes ce n'est pas grand chose pourtant. Je peux en avoir plus, bien plus et les repasser mot pour mot tant qu'ils ne sont pas écrits.
Une fois écrits, j'ai l'impression que je ne les possède plus et que le texte à sa vie propre et indépendante, qu'ils ne sont pas comme je les aurais voulus.
Dans une de ses nouvelle Murakami fait dire à un de ses perso "dire, c'est mentir" dans le sens où s'exprimer c'est déjà déformer ce que l'on ressent. C'est un peu mon sentiment quand j'écris car les textes sont présents en moi avant de les écrire, et les poser c'est un peu les trahir, en tout cas c'est rarement satisfaisant ,le support n'a pas de rôle à jouer dans ce processus.
Bref, c'est assez loin de ce que toi ou l'Amibe décrivez , et je trouve ça vraiment intéressant de voir des vécus si différents dans la naissance des textes !

[Roanne]

Toutes les personnes qui connaissent mon graphisme auront deviné sans mal que pour moi l'écriture consiste à taper directement sur des touches.
C'est un complexe qui n'a fait que s'aggraver avec les années. J'écris (très) mal.

J'adore la même collection de calepins que Daerel, celui que j'ai acheté est un répertoire qui attend depuis 6 mois que j'aie le courage d'y reporter toutes mes adresses. Je me suis empêchée d'acheter un carnet car ce serait idiot de le gâcher en le laissant au fond d'un tiroir ou juste en déco. Par contre, je ne me priverai pas d'en offrir !

[Sylmar]

C'est drôle ce que tu dis BeC, j'ai jamais essayé "d'écrire dans la tête"... j'écris, ça coule, comme dirait Mael. Y a un moment où ça s'arrête net, par contre. Il faut que je reprenne quelques minutes plus tard... pour faire du bon boulot ou pas, ça c'est une autre histoire !

A Daerel : j'ai le même modèle de carnet que toi. Je crois qu'ils sont rattachés à un artiste en particulier, le mien c'est Van Gogh ...

[Roanne]

Ces carnets, c'est Paper Blanks (Hartley & Marks publishers). Ils ont différentes collections.
Celle des chats stylisés est sympa aussi.
Pour ma part, je suis tombée amoureuse d'une couverture qui imite une reliure cuir finement travaillée.
Je suis juste déçue de découvrir que ces beaux calepins hors de prix sont... made in China.

C'est tout de suite moins sympa.

[Mael]

Le fait de ne pas imaginer trop les scènes avant de les écrire vient aussi probablement du fait que j'ai un métier créatif. Pour faire vite, je suis ingénieur en bureau d'Etudes. Et le bureau d'études, c'est moi tout seul, donc, ça occupe. Je crée des nouveaux concepts de maquillage, j'invente des packagings, des nouveaux applicateurs, des brosses, des trucs et des bidules et je pose des brevets. Donc, quand je suis à la CAO (dessin technique 3D) ou à la rédaction d'un brevet, je ne pense pas au roman. Et croyez-moi, rédiger un brevet, ce n'est pas le même français !
Du coup, le midi, il faut que je me déconnecte complètement de ça pour me remettre à écrire, et ça vient au fur et à mesure.