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[A] Jusqu'où aller dans l'horreur ?

Posté : ven. févr. 05, 2010 10:42 pm
par sherkkhann
Coucou :zzz:

Le titre n'est pas très parlant car ce n'est pas vraiment de l'horreur. Voilà, je dois écrire un chapitre où les héros sont torturés, mais pas seulement. L'homme qui les enferme est un pervers qui prend plaisir à les humilier. Je me demandais si certain d'entre vous avait déjà écrit ce genre de scènes ; humiliations.
Jusqu'où peut-on aller ? Vaut-il mieux suggérer ou montrer ?
Quand j'écris les scènes j'ai franchement une boule au ventre :? , j'aimerai que ce soit pareil pour le lecteur mais sans trop en faire. La pire scène sera suggéré pour cause de "peut pas écrire ça..."
En tant que lecteur, préférez-vous que ce soit suggérée ? Préférez-vous tout voir pour mieux cerner ensuite la psychologie des perso ?

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 10:43 pm
par anonymedeux
Cela va paraître stupide mais écris juste ce qui sert le récit.

Ne cherche pas à écoeurer ton lecteur mais à lui faire comprendre.

Enfin bon, ce n'est que mon avis.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 10:48 pm
par sherkkhann
Justement, c'est le chapitre clef du roman, là où se construit la psychologie des persos et tout le reste. Si je le foire, le roman est foiré :? Je ne veux surtout pas écœurer le lecteur.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 10:55 pm
par Arya
Si ce n'est pas gratuit, fais-le, dépeins toute la scène.
Par ailleurs, tu parles d'une scène perverse mettant en scène des humiliations, ce ne sera pas forcément hyper "gore" / boucherie je suppose, et ça te permettra de mettre en place des éléments psychologiques, d'après ce que tu dis. Donc, moi je te conseillerais d'y aller à fond. Par ailleurs, une scène forte peut marquer l'esprit du lecteur.
Personnellement, dans tout ce que j'ai lu, je ne me suis jamais dis "Pouah, là c'est trop hardcore, je vais vomir" (par contre ça m'est déjà arrivée en regardant des films type - 16 ans...)

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 10:56 pm
par Celia
sherkkhann a écrit :Justement, c'est le chapitre clef du roman, là où se construit la psychologie des persos et tout le reste. Si je le foire, le roman est foiré :? Je ne veux surtout pas écœurer le lecteur.
Moi je n'ai qu'un conseil : lis et regarde ce qui s'est déjà fait, et fais-toi ton propre niveau de tolérance. Je pense qu'avec un peu d'expérience, on en vient naturellement à savoir ce qu'on est capable d'écrire (et donc d'écrire juste) et ce qu'on ne pourra jamais faire. Et ça dépend grandement de ta propre sensibilité.
Si tu sens que tu vas trop loin, que tu as du mal à écrire, arrête, et passe dans quelque chose de plus subtil, de voilé.
Ou pousse jusqu'au bout si tu y arrives.
Je pense vraiment que dans ce genre de cas tu ne dois pas penser au lecteur, mais à ta propre sensibilité. Après, ça peut casser, mais alors tu pourras demander leurs avis à d'autres lecteurs pour connaître leur propre ressenti, et puis y'a toujours la bêta-lecture ^^
c'est difficile de savoir quand on tombe dans le trop crû, le too much, mais je pense sincèrement qu'il faut se tester d'abord et ne pas avoir peur de faire mal.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 11:07 pm
par sherkkhann
Je vais suivre vos conseils. Ce ne sont pas des scènes gratuites visant à écœurer. Je vais tout écrire (jusqu'à ce que ma sensibilité m'arrête) puis poster dans papyrus pour voir ce que ça donne. Je vais essayer de trouver des livres avec ce genre de scènes pour voir comment l'auteur s'est dépatouillé.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 11:08 pm
par Sandrinoula
(Groumph, j'avais écrit une réponse mais... où est-elle donc ?!)

Pour ma part, je n'ai pas écrit de telles scènes mais j'ai travaillé au contact de personnes qui les ont réellement vécues.

Tu peux lire Terres Inhumaines de Pierre Duterte (éditions J.C. Lattès) où ce médecin raconte le vécu de certains de ces survivants, ainsi que les conséquences psychologiques, sociales et physiques de la torture : cela pourrait te faire comprendre ce qui est "acceptable", et qui sait peut-être te donner des idées pour développer certains de ces aspects dans ton roman.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 11:12 pm
par Celia
Si tu veux savoir ce qu'est la torture psychologique, pourquoi ne pas commencer par ce chef d'oeuvre qui a aussi la qualité d'être court : Le joueur d'échec, de Stephen Sweig.
Ensuite le gros classique beaucoup plus sanguin de Misery, de Stephen King.
Entre les deux, des milliers de possibilités.
Et puis bien sûr, il y a aussi les témoignages. Les rapports d'Amnesty International sont pas mal pour ça...
Et pourquoi pas les Infortunes de la Belle au bois dormant ? (y'a de la torture aussi après tout)

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 11:14 pm
par sherkkhann
Merci Sandrinoula, un tel livre m'aiderait beaucoup pour les conséquences psychologiques et surtout sociales que je ne trouvais pas crédible dans ma première version.
Le joueur d'échec, de Stephen Sweig.
Misery, de Stephen King.
Je note tout ça

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 11:24 pm
par anonymetrois
Entièrement d'accord avec Daerel : tout ce qui sert l'histoire, ni plus, ni moins.

Même si cette scène est importante, je vais ajouter une idée : une horreur suggérée peut être plus angoissante et plus dure qu'une horreur explicite. La dernière fois où j'ai eu besoin d'écrire une scène de torture suivie d'un viol, j'ai passé les détails horribles sous silence, tout en décrivant le reste en détails (au motif que le personnage n'a plus la force de tout regarder en face).

Dans Gagner la guerre, le narrateur s'en prend plein la gueule, et aucun détail ne nous est épargné. Mais c'est fait avec un style excellent et un profond sens du détail, qui rend les scènes très vivantes et permet de développer la psychologie du narrateur (son comportement futur dépend largement de ce qu'il encaisse, bien que coriace, il n'est pas un surhomme indestructible et on comprend exactement pourquoi il lui arrive de craquer). Et puis ses blessures servent le scénario de plus d'une manière.

Dans "Rendez-vous" (les Héritiers de Heikai), quelque part dans les papyrus de cette mare, tu trouveras un exemple de scène de torture à la fois "light" et terriblement éprouvante.

Par contre, la pire façon d'écrire des scènes de torture à mon avis, elle se trouve dans L'épée de vérité, de Terry Goodkind, à la fin du tome 1. D'un ridicule achevé et de très mauvais goût (pas vrai, Scribo Loutre ?).

Par contre, je ne pense pas qu'il faille se faire du mal en écrivant... Ça risque de ne pas donner de bons textes.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 11:52 pm
par Arya
Bélier a écrit :Par contre, la pire façon d'écrire des scènes de torture à mon avis, elle se trouve dans L'épée de vérité, de Terry Goodkind, à la fin du tome 1. D'un ridicule achevé et de très mauvais goût (pas vrai, Scribo Loutre ?)
hmmmmm ça dépend... j'ai bien aimé ces scènes ^^

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : ven. févr. 05, 2010 11:57 pm
par anonymetrois
Même le moralisme lourdingue, et le côté "christique" (dans le sens d'offrir ses souffrances pour racheter ses semblables) ? ^^

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : sam. févr. 06, 2010 12:14 am
par Arya
Certes non !
Enfin, ce long passage (presque une centaine de pages !) m'avait plutôt scotchée et j'en ai un souvenir très précis, comme quoi un peu de vice pour accrocher le lecteur, ça ne peut pas faire de mal ?

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : sam. févr. 06, 2010 12:28 am
par Roanne
Le joueur d'échec est excellent !

J'avais adoré le lire, car il montre jusqu'où la torture peut subtilement amener au point de rupture, au bord de la folie, sans que jamais le moindre mal physique ne soit fait.

Bon courage en tout cas pour écrire tout ça car c'est très délicat ! Mais tu verras bien les retours de tes lecteurs pour ajuster.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : sam. févr. 06, 2010 8:10 am
par anonymetrois
@Arya : il y a la façon de mettre le vice en scène. Ce long passage est terriblement racoleur, et terriblement faux, à mon avis ; d'autant plus qu'on baigne jusqu'aux gencives dans la condamnation morale implicite et la bonne conscience (enfin, tout au long de l'Épée de Vérité, en fait). J'ai trouvé ce choix navrant. Je sais que je ne lirai plus jamais de Terry Goodkind, pour les mêmes raisons que je fuis les œuvres d'Aaron Spelling comme la peste.

Mais marquant, pour ça je suis entièrement d'accord. Après tout, si je l'ai fini, c'est quand même parce que le scénario est bien ficelé (dans le genre transcription d'une partie de ADD, parce que la crédibilité des situations... Quelle est la probabilité que le jeune ranger niveau 5 rencontre la magicienne elfe niveau 10 au moment où elle est poursuivie dans la montagne et où elle a besoin d'aide ?).

Bon, j'arrête le flood... Tout ça pour dire que la suggestion de scènes d'avilissement peut réellement être préférable. Mais j'ai aussi vu des scènes très dures qui montraient tout ; de bonnes scènes. Par contre, il faut éviter de développer l'héroïsme des personnages dans ce genre de situation, à mon avis, et ne pas hésiter à montrer comment leur vulnérabilité explose.