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Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : dim. févr. 07, 2010 9:04 pm
par sherkkhann
Merci pour les liens Sandrinoula, je suis sur que ca va en intéresser plus d'un. Très intéressant pour la suite de connaitre les symptômes.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : lun. févr. 15, 2010 8:09 pm
par arwen
Bonjour,
je me suis frottée à cette question;
Je ne sais pas si ma solution sera la bonne pour toi, mais je te la livre.
L'un de mes personnages est emprisonné et torturé pendant un mois à peu près.
C'est long...
Je pouvais prendre le parti de détailler ces trente jours... mais finalement j'ai préféré éluder 99 % de ce qui se passe durant cette période. D'abord parce que décrire ces trente jours serait à force répétitif, je pense. Ensuite, franchement, en tant que lecteur, ça dégoute bien quand même, alors mieux vaut y aller à dose homéopathique et ne pas trop s'y attarder. Enfin, je pense, en tout cas.
Donc, finalement, je n'ai écris que deux scènes concernant ces trente jours.
L'une d'elle est juste un interrogatoire où la seule violence est une baffe un peu forte.
La seconde aborde la torture réellement. Mais ce n'est qu'une seule et unique séance de torture, plutôt brève, et pas plus la hard de ce que je sais de ce qu'a subi mon personnage. Et je la raconte selon son point de vue.
En fait, je fais comprendre que ce qu'il a vécu par la suite. Ben oui, on ne se relève pas de trente jours de prison et de torture par un claquement de doigt. On est blessé, traumatisé psychologiquement aussi... et durant le récit, je reviens une ou deux fois dessus par des allusions, sans description précise.

Voilà... en espérant avoir aidé.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 10:14 am
par Lojie
On m'a damé le pion pour les références à la torture (physique ou morale).

Quoiqu'il en soit, juste mon petit conseil qui vaut ce qu'il vaut, dans les scènes de souffrance psychologique/physique, il y a toujours une volonté de vouloir détruire l'humain. De ce fait, une petite phrase, un petit détail qui rend toute l'humanité à la personne malmenée rend beaucoup mieux qu'une longue série de découpes chirurgicales (et au passage on fait mieux avec moins).

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 10:37 am
par sherkkhann
@Arwen
J'ai opté pour cette solution aussi. Impossible et inutile de détailler mes 115 jours de prison :wamp: J'ai passé sous silence les tortures physiques pour décrire seulement 3/4 scènes de tortures psychologiques, principalement pour montrer à quelle vitesse un des perso "craque".
@ Lojie
Entièrement d'accord. L'idéal (selon moi) est de réussir à prendre le lecteur aux tripes sans verser une goutte de sang dans la scène. Mais bon, dur dur, c'est quand même un super entrainement point de vue émotions.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 11:43 am
par desienne
En somme, vous préférez décrire une torture morale plutôt que physique ?
C'est intéressant quand on imagine que la plupart des personnes pensent que la torture morale est souvent plus insupportable.
A titre personnel, je ne pense pas que ça ne soit qu'une affaire de sang, de lèvres fendues et de bleus ou d'autres tourments plus "dégoutants". On veut torturer mais sans laisser voir. Certains lecteurs ont un côté voyeur, d'autres pas. C'est une question délicate, mais la réponse est à trouver dans le fondement de ce type de scène (enfin, selon moi).

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 1:15 pm
par Tristeplume
Il n'y a quand même pas grand monde qui puisse résister à une véritable torture physique. Il n'y a pas forcément besoin d'aller loin dans l'horreur pour faire craquer, si on est bien sûr dans l'optique d'obtenir quelque chose du personnage torturé. Si c'est bien le cas, il faut être vigilant.
Alors bien sûr, notre héros torturé est un super héros qui n'a même pas peur de la mort et qui résiste à tout. Ok, super. Dans ce cas, pourquoi serait-il plus affecté par la torture psychologique que par la torture physique ? Pourquoi après s'être fait arracher un oeil, avoir subi un shampoing au verre pilé et s'être tapé l'intégrale de Plus belle la vie, il en subirait des séquelles alors que sur le coup, il a tout supporté ?
A ce sujet, je vous conseille la série 24 heures avec Jack Bauer qui est un spécialiste de la torture. Cette série pose des questions très intéressantes sur l'emploi de la torture (surtout dans la saison 7). On y voit que la torture "propre" a ses limites et que Jack lui n'hésite pas à passer à la torture "sale" et qu'elle se révèle plus efficace. Tout comme menacer de buter tous les proches du gars. Et de le faire s'il hésite.

Du coup, je pense qu'il ne faut pas hésiter à aller loin dans l'horreur. C'est un peu trop facile d'éluder et après de dire "ouais mais c'était super dur, il est tout traumatisé ! Regardez, il fait des cauchemars !"
Show don't tell, c'est ça la formule consacrée ?

Si ces descriptions trash servent le texte et ne relèvent pas d'une certaine complaisance malsaine, ça passera comme une lettre à la poste.

Ce genre de situation est toujours risquée parce qu'honnêtement, torturer son perso, c'est prendre de grands risques qu'il faut savoir assumer par la suite.
Et à priori, je ne vois pas comment un perso peut se "remettre" d'une torture, ne serai-ce que physiquement. J'ai pas très envie, et ne serait pas capable sans me renseigner avant, d'écrire les aventures d'un mec qui se fait émasculer au milieu de l'histoire.

Niveau crédibilité, de telles scènes me paraissent excessivement délicates à gérer.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 1:29 pm
par sherkkhann
Pourquoi après s'être fait arracher un oeil, avoir subi un shampoing au verre pilé et s'être tapé l'intégrale de Plus belle la vie, il en subirait des séquelles alors que sur le coup, il a tout supporté ?
Moi j'avoue tout ce que je sais dès le générique de plus belle la vie :D

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 1:57 pm
par Dawood
Hum !
Tout ce que je peux dire, c'est que je suis assez friand de scènes trash, dures, et violentes pour une bonne et simple raison : c'est qu'elles marquent généralement une fracture, un tournant dans la psychologie du héros, et donc, dans la trame de l'histoire.

Le cinéma n'hésite pas à aller parfois jusqu'aux limites de l'horreur, et je suis le type de spectateur qui aime ça, quand cela occasionne un remous scénaristique, que ça s'intègre à l'histoire et que ça l'impacte.
Sinon, c'est clairement sans intérêt.

Je pense qu'il est bon de ne pas toujours ménager son lecteur, il ne faut pas avoir peur de le heurter, de l'éprouver... S'il ressent cette secousse comme légitime, et même comme une façon de sublimer l'histoire, c'est tout bénéf'.
;)

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 9:02 pm
par Celia
Tristeplume a écrit : Du coup, je pense qu'il ne faut pas hésiter à aller loin dans l'horreur. C'est un peu trop facile d'éluder et après de dire "ouais mais c'était super dur, il est tout traumatisé ! Regardez, il fait des cauchemars !"
Show don't tell, c'est ça la formule consacrée ?
Oué, et quand on parle de séquelles, ne pas se limiter aux cauchemars ! Parce que les conséquences psy peuvent être beaucoup plus variées que juste une insomnie parce qu'on à peur de rêver. Il y a l'hypersomnie (dormir profondément pour fuir la réalité), d'éventuelles pertes de mémoire (pas forcément la mémoire de ce qu'il s'est passé d'ailleurs), l'acoolisme, les troubles de l'appétit, le développement de phobies qui sont jointes à l'épreuve ou conjointes (pour citer ma propre "expérience", suite à un sale évènement, j'ai eu un accrochage en voiture, depuis j'ai développé une phobie des bagnoles alors que bon, ça n'avait rien à voir), le syndrome de Stockholm direct ou détourné (je le trouve souvent très mal utilisé dans les histoires), etc, etc.
On peut "jouer" avec une infinité de possibilités quand on parle des conséquences d'une torture (quelle qu'elle soit), mais il faut que ça reste juste.
L'autre côté aussi est que ce genre de trauma peut aussi développer des conséquences "positives" ou disons pas forcément positives mais qui font agir le personnage, à l'opposé des conséquences qui le rendent passif (victimisation, besoin d'être protégé, etc)

Bon je suis pas psy et je parle beaucoup de ressentis plus ou moins vécus (par pour tout je vous rassure ^o^), mais quitte à donner des pistes à nos grenouilles hein...

@Dawood : moi j'ai beaucoup aimé Hostel 2 !

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 11:14 pm
par Roanne
En fait, à partir du moment où l'auteur éprouve le besoin d'en mettre "plein la gueule" à son/ses personnages, il doit penser à la crédibilité des séquelles.
Qui doivent être correctement équilibrées entre la psycho du perso, ce qu'il a subit, et la façon dont il est "remis sur pied".
On en avait un peu parlé là, des séquelles : http://cocyclics.org/phpBB3/viewtopic.php?f=14&t=2692
Par contre, c'est un fil qui date, il est plein de "?" donc ça va être pénible à lire...
(et je n'ai pas le courage de nettoyer)

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mer. févr. 17, 2010 11:15 pm
par Thomas John
ll me semble que c'est hautement subjectif comme sujet : les auteurs autant que les lecteurs auront des points de vue différents.
Personnellement, je suis un adepte de l'horreur. Toutefois je pense qu'il ne faut pas multiplier ce genre de scènes et qu'elles ne doivent pas être gratuites.
J'ai en tête une torture hard pour le début d'un tome, mais je ferai en sorte que cela serve directement l'histoire. Là je compte bien aller jusqu'au bout dans l'horreur... tout en finissant sur une note qui je l'espère galvanisera le lecteur, le but n'étant pas de le laisser mariner dans son dégoût.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : jeu. févr. 18, 2010 9:56 am
par Dawood
J'avais sérieusement pensé à faire émasculer mon héros vers le milieu de l'histoire... Je trouvais cette idée vraiment très trash, mais super intéressante... Mais j'avais un peu de mal à céder complètement, j'avais peur de ne pas pouvoir "récupérer" mon personnage, qu'il ne pourrait jamais s'en remettre.

Au final, les conséquences physiologiques d'une émasculation ont eu raison de mon enthousiasme : cela impliquerait quelques transformations physiques dont je ne connais même pas la liste exhaustive...

@Celia: J'ai beaucoup préféré le premier, qui était très noir, le second étant plus tourné vers l'humour, il m'a semblé. :)

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : dim. févr. 21, 2010 3:30 pm
par Sandrinoula
Pas mal d'entre vous semblent penser que la torture fait parler (ce que je comprends par "craquer").

C'est faux. La torture fait taire.

Elle fait hurler de douleur ou bien elle fait vaciller l'esprit, elle fait raconter n'importe quoi "pourvu que ça s'arrête", mais elle ne fait pas "parler".
Depuis longtemps déjà, les tortures les plus utilisées font en sorte que la victime se sente humiliée ou complice de ce qu'elle subit. Un excellent moyen pour qu'elle ne raconte pas ce qui s'est passé.
Dans la "vraie vie", on torture pour faire taire la victime. Et par ricochets, pour que la société dans son ensemble reste silencieuse. Mais l'obtention d'une information quelconque ne passe pas par la torture. Elle passe par d'autres moyens, l'infiltration, l'espionnage ou autre.
Les 900 personnes suivies par Parcours d'exil, tout comme les dizaines de milliers de survivants qui résident en France pourraient vous l'expliquer.

Même au temps de l'Inquisition, la torture n'était pas utilisée pour faire "avouer" les sorcières, mais bien pour effrayer le reste de la population.

Si dans vos scènes, vous imaginez des bourreaux sadiques qui découpent, tranchent et font saigner, vous êtes complètement à côté de la plaque de ce qu'est la torture. Les bourreaux les plus efficaces ne laissent pas de blessure apparente sur les corps.

Je ne peux que vous inciter une nouvelle fois à aller lire les témoignages et les articles sur le site de l'association, et également à lire Terres inhumaines.

Re: Jusqu'où aller dans l'horreur

Posté : mar. févr. 16, 2016 2:54 am
par Zanlicatl
Pour ma part, je pense pas que tu pourras ecoeuré TOUT les lecteurs, il y a ceux qui comme moi, UNE SERINGUE et biiiiim j'ai le bras qui picote j'ai la phobie des seringues! Les clowns ne me font rien alors que d'autres, présente leurs les clowns c'est la P.L.S directe. D'autres tu parles de vomi hop ils sont ecoeurés alors que certain, parle de chaire qui tombe de la table et viens éclaboussé les chaussures de l'héroïne, ils auront ni chaud, ni froid. Écrit ce que TOI te fait peur ! Ton écrit sera plus VRAI !

Quelqu'un qui n'a pas peur des seringues ne pourra pas écrire aussi FORT que quelqu'un dont les piqures terrorisent.