[A] Histoires d'amour : comment les aimez vous ?

[Graad]

J'ai opté pour une relation très forte entre mes deux personnages principaux : le "héros" et sa meilleure amie. Ils sont fortement attachés et je le montre au début.
Je fais aussi comprendre clairement qu'ils sont attirés l'un par l'autre mais qu'ils restent en "mode" amis.
L'intrigue ne tourne pas autour de cela puisque j'ai d'autres éléments assez importants à mettre en avant.
De plus, j'évite de tomber dans le trop romantique, même si mon perso est rêveur et poète. Il est dans son petit monde.

Mais, pour la suite de mon histoire, il est important que j'insiste sur l'importance de la relation car elle sera primordiale.
Et puis, mon personnage principal est coincé : il est timide, pas sûr de lui, a besoin d'être rassuré, a peur d'agir, n'arrive pas à s'affirmer face aux autres.

[Tsumire]

Personnellement, j'ai tendance à opter pour un couple de personnage : une femme et un homme. Et selon leurs compagnons, l'histoire d'amour est toujours un fond de l'intrigue. Un peu comme un papier peint sur les murs. Ce n'est pas nécessaire à la structure du récit, mais ça donne de la couleur et des nuances.

Dans Prélude à l'Aube, je connaissais déjà l'histoire entre les deux protagonistes, avant d'intégrer l'intrigue. C'est sans doute pour cette raison, et avec la volonté de bien distinguer les deux, que je me maîtrise pour ne pas rendre la relation amoureuse l'articulation de l'intrigue.

Comme vous, j'apprécie les histoires d'amour crédible lorsque les personnages sont à des âges adultes. Mais, la virginité d'une femme est très importante dans une époque médiévale. Donc, il faut aussi replacer selon les contextes. Les relations amoureuses doivent surtout tenir compte des caractères des personnages et du contexte de son développement. Ce que j'apprécie est la confrontation des points de vue et des sentiments amoureux. On peut l'exprimer par de la tendresse, de la jalousie, de agressivité, par dénie total, en se renfermant sur soi, en prenant de force l'amour de l'autre... Bref, autant de façons d'aimer que d'individus. Et bien sûr, la chair, l'attirance contenue ou non, est un facteur de l'impulsivité.

Si on couple le caractère de l'individu à celui de la personne qu'il aime, ça fait encore plus de combinaisons. Par exemple, un homme séducteur, qui a des ficelles pour tomber chaque femme, peut se trouver en mal face à demoiselle marginale. Dont les codes des relations amoureuses et du couple sont différents de la normalité. La relation amoureuse ne doit pas uniquement servir de lien entre deux personnages car en vérité, lorsque l'on est amoureux, on se sent surtout éloigné de l'être aimé. Il nous semble inaccessible. Indescriptible.

Je regrette aussi le non-développement du couple une fois leur amour avoué. Que deviendrais de jeunes amants au cœur même de l'intrigue ? Est-ce que les épreuves forgent leur lien ou l'étiolent ? Souvent, le roman se conclut avec l'aveu de leurs sentiments, comme si nous occultons les aléas. Plus je réfléchis à la question, plus je me dis que prendre l'histoire d'un couple déjà formé pourrait être intéressant.

[Roanne]

Je regrette aussi le non-développement du couple une fois leur amour avoué. Que deviendrais de jeunes amants au cœur même de l'intrigue ? Est-ce que les épreuves forgent leur lien ou l'étiolent ? Souvent, le roman se conclut avec l'aveu de leurs sentiments, comme si nous occultons les aléas. Plus je réfléchis à la question, plus je me dis que prendre l'histoire d'un couple déjà formé pourrait être intéressant.

C'est un point que je relève régulièrement. Malheureusement, je comprends que les auteurs n'en soient pas friands : c'est très difficile à développer, encore plus casse-bonbon que le développement d'une idylle entre 2 persos (ou plus). Pourtant il existe énormément de bons romans qui se développent autour de ce sujet. Même s'il n'est pas SFFF j'ai été très marquée par "L'homme qui murmurait à l'oreille de chevaux", tant les liens entre les personnages sont complexes. Différentes formes d'amour s'y côtoient et c'est extrêmement bien géré par l'auteur (je parle du roman, bien plus dur que le film et absolument pas politiquement correct).

Pour ma part, je dois lutter constamment contre mon côté fleur bleue insipide et ce n'est pas gagné.
Je suis plus douée pour écrire sur les relations purement sexe ou du moins très légères que sur les vrais sentiments. Dès que je tente d'aborder ces derniers, ça dégouline affreusement de guimauve.
Quant aux grandes histoires passionnelles et dramatiques, surtout si elles sont platoniques en prime, ça me sort par le nez en tant que lectrice donc il est évident que je n'écrirai pas ce genre de choses.
On m'a déjà affirmé que mon romantisme ne m'étoufferait pas.

[Jo Ann v.]

Par contre il y a une chose que je ne supporte pas/plus c'est le concept "je te connais depuis l'âge de 3 ans, donc on se mariera plus tard" Overdose de mangas de ce côté-là. Argh !

Et là, au milieu du chemin, la fille trouve quelqu'un d'autre. Le drame.
Avez-vous remarqué que c'est toujours les hommes qui se tuent/sacrifient/pick-and-chose pour les beaux yeux d'une fille qui normalement est jolie comme un coeur ?

Et aussi le truc du : il y a un héros, il y a une héroïne, ils finiront forcément ensemble. Là je montre des dents.

Je déteste ça aussi ! Surtout que si je veux savoir comme se termine un roman avant de le commencer, je prends un Harlequin.
Quand j'ai commencé à écrire (il y a joyeusement 12 ans, j'en avais 16), j'étais très TRÈS inspirée par les Harlequinades. Donc c'était évident que les deux personnages principaux qui se crêpaient le chignon au début cachaient en réalité un amour profond.
Avec le temps, je me suis drôlement radicalisée. J'aime lancer des fausses pistes, au risque de dérouter mes lecteurs. Un ami écrivain avait lu un de mes manuscrits et m'a dit "tu ne fais pas rêver". En partant de principe que ce n'est pas ce que je recherche... :-/
J'aime lorsqu'une histoire d'amour est inattendue... ou lorsqu'elle arrive lentement mais à la fin, on sait que c'est vrai et sincère. Les coups de foudre c'est joli, tout le monde veut en avoir... Mais la plupart des gens (très) heureux en ménage n'ont jamais eu de coup de foudre ! L'amour s'est construit au fur et à mesure, ce n'est pas du sucré ni du salé, pour moi, c'est juste ce qu'il faut.
Quand je lis un roman, je n'ai pas envie de deviner que vers la moitié de la bête, le duo de départ a couché ensemble dans une clairière pendant qu'il y avait le feu au village voisin. Si ça ne se passe pas, là oui, ça me marque. Les stéréotypes des relations foudroyantes dans les films à gros budget et romans aux ficelles faciles, je n'ai pas (plus) la patience.

[Jo Ann v.]

Je n'aime pas les histoires d'amour en intrigue principale, ça ne m'intéresse pas du tout et ce n'est pas ce que je recherche quand j'ouvre un livre fantasy ou autre. Par contre, j'apprécie quand c'est réaliste et en trame de fond, quand l'auteur n'en fait pas trop et qu'il ne " s'enflamme " pas.

Je suis d'accord avec toi !
Je pense qu'il faut toujours avoir une histoire d'amour quelque part dans l'histoire, même si les personnages principaux n'en sont pas les acteurs. IRL, même les chefs de guerre ont une dame de coeur dans leurs QGs.

[Cédric]

Ce sujet est très intéressant. Personnellement, je vais essayer de me frotter à la problématique pour le Challenge 2010, mais je trouve que le thème est très difficile à traiter.

J'ai l'impression, d'ailleurs, que la passion est plus souvent traitée dans les livres que le vrai sentiment amoureux. Le traitement de la passion, finalement, est souvent plus une question de mal-être, d'espoir et d'impatience : beaucoup de personnes, de façon légitime, sont frustrées d'être seules, à tel point qu'elles aimeraient sur-le-champ trouver la personne qui les comprendra. La solitude est tellement douloureuse qu'ils espèrent un changement soudain, immédiat (de là l'image du chevalier blanc ?). Je ne sais pas si beaucoup de personnes heureuses ont des coups de foudre, par exemple.

Comme d'autres l'ont dit avant moi, l'amour n'a pas grand chose d'immédiat. Je pense qu'il s'inscrit sur la durée. Or la durée, ça prend de la place en littérature, au cinéma ou au théâtre, et ce n'est pas toujours palpitant. Pas très spectaculaire en somme (alors qu'un coup de foudre, ça a quelque chose de magique ; la vie à deux, par contre, c'est survivre à la dissipation de la magie, et s'éprendre du réel). Je vois plus l'amour comme un vecteur de pérennité (ordre) que de changement (sauvetage d'un être en détresse ; passion, chaos).

En gros, plus d'amour et moins de passion, ça pourrait être intéressant

Après, c'est un sujet qui me fait peur parce que j'ai l'impression qu'il est vraiment ultra casse-gueule. Si je vais m'y frotter dans le Challenge, c'est plus pour m'y entraîner que par affection pour le thème.

Mais bon, je m'en voudrais d'être catégorique. D'abord parce que je ne suis pas assez renseigné pour affirmer quoi que ce soit (je lis très peu), et ensuite parce que ça reste éminemment subjectif. Si ce que je dis vous semble aberrant, n'hésitez pas

Pour finir, je vous conseille de voir le film coréen Failan qui, pour moi, reste l'exemple le plus original et le plus émouvant d'histoire d'amour que j'ai eu la chance de voir au cinéma (ou en littérature).

[Tristeplume]

Sucrée-salée avec une pointe d'épices.

Pour répondre à la question, je suis obligé de faire appel à deux experts en la matière, Raoul et Lucette !

Spoiler: montrer

— Si tu crois que je vais t’aider, sale sorcier, tu te mets le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Si tu savais à quel point je suis content d’être débarrassé de cette vieille bique ! Elle peut partir au fin fond des abysses que ça ne me soucierait pas plus que ça !
— Enfin, Raoul, vous êtes des âmes sœurs, vous vous aimez d’un amour pur et sincère et cela pour l’éternité.
— T’as beau être un gamin, t’as passé l’âge de croire à ces niaiseries. Au bout de quelques millénaires, crois-moi, l’amour ça fait longtemps qu’il est tout moisi.
— Impossible, votre lien était si puissant que vous avez acquis l’immortalité de vos âmes.
— A quel prix ? Je reconnais, nous avons vécu quelques siècles idylliques mais, je te le répète, il y a longtemps que je ne supporte plus la Lucette. Elle passe son temps à ronchonner, à me critiquer, à m’empêcher d’aller boire un coup avec mes amis spectres et fantômes. Et entre-nous, au lit, on commence à avoir fait le tour de la question.
— Raoul ! Il y a des oreilles chastes ici !
— Si tu parles de la drôlesse avec son air sérieux, ça fait longtemps qu’elle a vu le loup. Et je ne parle pas de l’elfe, sa vie sexuelle ferait rougir de honte un régiment de courtisanes.

Spoiler: montrer

— Ce n’est pas tout, mais nous devons prendre congés.
— Exact. Avec tout le désordre que ce bon-à-rien m’a laissé, j’ai de quoi m’occuper.
— Au fait, ma grosse vache, tu pourrais me remercier pour mon petit cadeau. Tu ne veux pas vérifier si ce petit déshabillé coquin te va bien ?
— Vieux pervers, va ! Dis donc, tu crois que ça va marcher entre Lore et Looys ?
— Aucune chance mais l’essentiel est qu’ils y croient.
— Que tu es taquin !

Ma référence en matière d'histoire d'amour étant Al Bundy et sa grosse tanche, possible que mon point de vue soit biaisé...

[Kira]

Tant que l'amour n'est pas le thème principal du livre, que ça ne dégouline pas de bons sentiments et que les héros ne perdent pas quinze points de QI chaque fois qu'ils se retrouvent face à l'être aimé, je prends tout comme ça vient. Sucré, salé, épicé... le tout est que ça reste cohérent avec l'histoire de base.
J'aime beaucoup ton extrait, Tristeplume.

[Roanne]

Ma référence en matière d'histoire d'amour étant Al Bundy et sa grosse tanche, possible que mon point de vue soit biaisé...

En même temps, c'est si agréable de se faire masser les fesses... (le pire, c'est surtout le résultat de leur reproduction ).

[Tristeplume]

Pour répondre plus sérieusement, l'amour est un sujet passionant qui mérite d'être exploité dans toutes ses facettes. Se limiter à la simple romance est affreusement réducteur. Bien souvent, seule la phase de séduction est abordée, elle constitue un arc de tension et la mise en couple sa conclusion. C'est très intéressant mais ce qui se passe après l'est tout autant : les transformations des persos, les concessions, le mode de vie qui change, les enfants, les déceptions, l'amour qui s'étiole ou qui se transforme, le brasier vivace auquel on se brûle, qui menace de s'étendre et qui devient un doux foyer aux flammes sages près desquelles on se réchauffe le soir, les enfants, les 20 kg de muscles des épaules qui tombent dans le bide, la poitrine qui après avoir fierement nargué le soleil contemple tristement le sol, etc.

(merci Kira !)

[Dawood]

les 20 kg de muscles des épaules qui tombent dans le bide, la poitrine qui après avoir fierement nargué le soleil contemple tristement le sol

Zut, il n'y a pas de smiley de grenouille morte de rire !
Boarf, mettons cette chose :
En tout cas, superbe prose, Tristeplume

[EtienneB]

des choses très chouettes

avec une mention toute particulière pour celle-là :

...le brasier vivace auquel on se brûle, qui menace de s'étendre et qui devient un doux foyer aux flammes sages près desquelles on se réchauffe le soir...

Faut vraiment que tu changes de pseudo, mon cher. Le tien est fort mal choisi !

[Xanadu]

J'ai beau l'aimer dans certains cas, je me méfie beaucoup de l'amour "sucré". Déjà parce que d'un point de vue "ressenti", c'est sans doute le truc le plus sujet à variations selon l'humeur et sa propre vie amoureuse, justement. J'ai connu des gens qui ont viré cul-cul la praline dans toutes leurs lectures parce qu'ils étaient éblouis par un fantasme, pour deux mois plus tard être à la limite de l'autodafé en mode "rage noire"... Alors bien sûr, ça n'affecte pas forcément tout le monde mais alors dans mon cas je peux vous dire que ça craint du boudin en lecture ET en écriture, j'en ai bien peur. Donc méfiance totale en général par peur de faire de la guimauve. Du coup, j'ai moins peur de l'amour "salé à tendance poivrée et épicée sur les bords", mais on est jamais à l'abri...

(et un pour Tristeplume ! )

[Garg]

Je me méfie des overdoses de la même chose (essayer de manger 2 kg de fraises haribo de suite...).

Entièrement d'accord avec Tristeplume, c'est souvent après le début de la relation amoureuse que les sentiments offrent une palette plus étendue.

Je ne citerai qu'un mot, plein de promesse pour un écrivain, poison qui va de pair avec l'Amour : jalousie !

[anonymedeux]

Une référence d'ailleurs pour le thème de l'amour : Othello de Shakespeare.