[A] Écrire de l'humour en SFFF

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Celia
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Celia »

Feldo a écrit : En fait, j'ai surtout voulu rassembler les notions d'"expert" via ceux qui se sont renseignées de façon très théoriques (ce qui ne signifie pas qu'elles ne l'ont pas mis en pratique) et de ceux qui ont expérimenté l'écriture d'humour à l'échelle d'un roman en plus. J'ai dû oublier un "aussi" dans la dernière phrase. Désolé si elle t'a froissé... :oops:
Oh elle ne m'a pas froissée, ne t'inquiète pas. C'est que parmi les personnes qui t'ont répondu (dont moi j'avoue), certaines grenouilles ont effectivement déjà testé l'écriture parodique, mais ne l'ont pas forcément dit.
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Beorn
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Beorn »

Feldo a écrit :Merci pour vos réponses, mais je n'ai pas vraiment trouvé ce que je cherchais. Peut-être que ma question de départ était mal posée.
En fait, je recherchai plutôt des techniques de style, des méthodes non pas pour faire de l'humour pour l'humour, mais par exemple pour alléger un peu le suspense, pour aider le lecteur à patienter dans certains moments "creux", référencer le genre de situations où cela s'y prête le mieux et celles où il vaut mieux éviter d'essayer de s'y coller si on a pas trop d'expérience d'écriture, par exemple. L'exemple de Princess Bride donné par Bélier en fait partie.
Arrête-moi si je me trompe, mais si je comprends bien, ta question ne concerne pas l'écriture d'un texte humoristique mais d'un texte sérieux contenant quelques traits d'humour ?

Dans ce cas, effectivement, les techniques sont très différentes. Tout ce qui est clin d'oeil (parodie ou anachronisme) détruirait complètement le reste du roman et réduirait à néant les efforts de l'auteur pour qu'on y croie -sauf à y aller vraiment tout en subtilité.

Je dirai que l'humour dans un roman par ailleurs sérieux reposera beaucoup plus sur les personnages et les traits de caractères qu'ils auront montrés au cours du roman.
Mettre un personnage dans l'embarras à cause d'une faiblesse particulière (être maladroit avec le sexe opposé, être allergique aux chats, être amoureux fou d'un autre personnage ou je ne sais quoi), d'une référence à son histoire personnelle ou d'une péripétie qu'il a vécue dans le roman (du genre "après avoir survécu à un immense champ de roses carnivores où elle a perdu deux doigts, Gerturde arrive enfin en ville. Gaston, ignorant ses dernières aventures, l'accueille amoureusement avec... un bouquet de roses).

L'humour, à mon avis, doit rester discret, se contenter de petites touches, ne pas faire l'objet d'une grande scène exprès pour lui, au risque de détruire l'autre histoire -la sérieuse.
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Feldo
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Feldo »

Beorn a écrit :Arrête-moi si je me trompe, mais si je comprends bien, ta question ne concerne pas l'écriture d'un texte humoristique mais d'un texte sérieux contenant quelques traits d'humour ?
En fait, je comptais plutôt alterner les situations de suspense et d'humour, tout en conservant le rythme du moment. J'ai déjà lu des livres avec des situations parfois très tendues mais où l'humour restait malgré tout présent en filigrane, où même quelque chose de ridicule et rigolo au départ pouvait nous faire osciller entre le rire et la peur (c'est vraiment dommage que je n'ai pas de titre, là tout de suite --"), ou des scènes drôles et tendues pouvaient s'enchaîner à un rythme assez rapide.
Au niveau des proportions, je n'ai pas encore décidé, et c'est d'ailleurs pour cela que je renseigne, voulant quand même éviter que mon roman soit trop sombre pour le public visé (ados, jeunes adultes, et pourquoi pas adultes tout court).

Je suis un peu trop fatigué pour répondre au reste de ta réponse sans raconter n'importe quoi, Beorn. J'essaierai plutôt demain. :zzz:

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Tsumire
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Tsumire »

Je travaille par touche. Je ne me suis pas renseignée de façon théorique alors, je crois que mon avis ne sera pas des plus intéressants. Je voulais juste montrer mon approbation à la remarque de Beorn dans le cadre d'une histoire "sérieux" où l'on vient détendre la situation et le lecteur par des pointes d'humour. Dans ce compte-là, c'est surtout les personnages ou un contexte qui tend à déclencher le rire.

Et si vous avez la chance d'être présent à la lecture de votre texte, il y a des passages qui font rire, alors qu'à la base, ce n'était pas prévu. A ce moment, je regarde mon lecteur avec un air hébété : "Mais... qu'est-ce qui t'as fait rire là?"

Donc, par touche, c'est à l'instinct je dirais. Après, pour faire un texte bourré d'humour, c'est vrai que Tristeplume travaille en ce moment dans un roman du genre (et vu les extraits sur son fil, ça passe vraiment bien).
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Thomas John

Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Thomas John »

Feldo, je me sens assez concerné par ta question, parce que je crois que c'est le cas dans mon roman : des scènes plutôt humoristiques alternent avec des chapitres sombres ou violents.

Je pense qu'il faut garder le sens des proportions.
Pour commencer, je dirais comme Tonton que le risque est de nuire au sérieux de l'ensemble.
Dans mon cas, voilà ce que je peux constater après coup :

- La partie humoristique est restée mineure par rapport à l'ensemble
- Un seul personnage est associé à l'humour
- Ce personnage ne rend pas les autres personnages ridicules
- Il ne lui arrive pas que des choses marrantes

Je ne sais pas si ça peut aider, j'espère en tout cas que cela répond en partie à ta question.

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Celia
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Celia »

Mais est-ce que le personnage en lui-même est ridicule malgré lui ou contre lui ?
Ayant toujours et encore le réflexe de tout ramener au cinéma, j'ai toujours un peu l'impression que ce personnage "léger" va être l'équivalent du side-kick énervant des films d'action. Il est là parce qu'il est sympa, débile et censé faire rire au milieu de la tension. Et il est aussi, très souvent, complètement raté.
Un truc par contre que je trouve assez efficace, c'est que le héros, très sérieux dans les moments de tension / combat, est montré de temps en temps face à une action quotidienne face à laquelle il est un peu désarmé. Soit parce qu'il n'a plus l'habitude de faire des choses normales, soit parce que c'est clairement pas son truc. Genre il crame systématiquement son omelette le matin ou il est incapable de trouver une chemise repassée. C'est une anecdote, elle rend le perso humain, elle fait sourire, mais, bien utilisée, elle ne nuit pas au reste de l'histoire.
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Thomas John

Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Thomas John »

Le personnage en question est comparable je crois à un Pierre Richard dans "la chèvre" dans certains chapitres (peu nombreux), et dans d'autres, il a plutôt un rôle de "héros" malgré lui, parfois en solo. Après il est plutôt mesquin, prétentieux et super égoïste que sympa.

En tout cas personnellement, je n'aime pas non plus les side-kick/faire-valoir légers des films d'action (Jar Jar Binks (pas sûr de l'orthographe) remportant la palm...)

Mais peut-être que des bétas qui ont lu le livre pourront mieux parler de cette partie que moi ?

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Tristeplume
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Tristeplume »

Yop,

Déjà, je suis très flatté d'être considéré par certains comme un "expert" en humour même si à mon humble avis, cette réputation est exagérée et due à mon comportement sur le fofo et ça n'a rien à voir avec l'écriture. Je ne suis pas plus expert que qui que ce soit ici, j'ai peut-être juste franchi le pas un peu plus souvent. ;)
C'est juste que j'ai peur de rien moi, j'suis un ouf, m'en fous des limites, de la bienséance et surtout du ridicule. ^^

Un petit mot rapide, j'ai beaucoup vu mentionner ici le terme "parodie". Je tiens à clamer haut et fort que la parodie n'est qu'un aspect de l'humour et il ne faut surtout pas restreindre l'humour à cette approche.
En fait, je comptais plutôt alterner les situations de suspense et d'humour, tout en conservant le rythme du moment. J'ai déjà lu des livres avec des situations parfois très tendues mais où l'humour restait malgré tout présent en filigrane, où même quelque chose de ridicule et rigolo au départ pouvait nous faire osciller entre le rire et la peur (c'est vraiment dommage que je n'ai pas de titre, là tout de suite --"), ou des scènes drôles et tendues pouvaient s'enchaîner à un rythme assez rapide.
Au niveau des proportions, je n'ai pas encore décidé, et c'est d'ailleurs pour cela que je renseigne, voulant quand même éviter que mon roman soit trop sombre pour le public visé (ados, jeunes adultes, et pourquoi pas adultes tout court).
Quelques considérations générales :

- l'important, c'est de ne pas vouloir faire de l'humour.

- l'important, c'est de dédramatiser l'humour, ne surtout pas le prendre comme une question sérieuse.

- il y a une infinité de formes d'humour qui reflètent l'infinité des caractères humains. L'humour, ce n'est pas seulement "ahahah", c'est aussi une sensation malsaine, un sourire amusé, un ricanement de connivence, un rire honteux ou coupable, une exclamation révoltée, etc.

- l'humour a une signification, l'humour exprime quelque chose et donc est un élément à part entière de la caractérisation du personnage. Un humour graveleux peut signifier que le perso est mal à l'aise avec les femmes. Un humour noir que le perso est un cynique désespéré. Un humour caustique et méprisant, une volonté de rabaisser les autres et une mauvaise estime de soi.

- n'importe quel personnage est susceptible de faire de l'humour, aussi psychorigide soit-il. Son humour peut être involontaire, à la "Si on n'a pas une rolex à 50 ans, on a raté sa vie" (phrase que je trouve d'une drôlerie énorme). Il peut aussi être victime d'une situation où son absence de sens de l'humour le rend ridicule.
Ainsi, il me semble dommage de limiter l'humour à un personnage qui va jouer le guignol de service. Perso, je n'aime pas du tout ce procédé car le ressort humoristique lié au contraste perso coincé / perso drôle s'épuise très vite.

Quelques pistes :

- la base est la caractérisation du personnage. Plus elle est bonne, plus l'identification est profonde, plus il sera facile à l'auteur de lui apporter une touche humoristique et plus il sera facile au lecteur de saisir l'humour de ce perso.
- une bonne maîtrise des dialogues. Plus ceux-ci sont naturels, vifs, alertes, plus l'humour s'y glissera de manière naturelle.
- un scénario qui déstabilise les persos et les met dans des situations inhabituelles (on joue sur le contraste). Un rude barbare mal élevé obligé d'assister à une réception de la haute ou inversement, un noble colé-monté qui se retrouve dans un bar des bas-fonds, etc.

A titre perso, l'humour me vient assez naturellement quand j'écris parce que j'ai du mal à concevoir que mes persos soient sérieux tout le temps ou incapables du moindre second degré.
(Je donne un exemple ci-dessous, si ça peut donner une idée sur comment j'introduis de l'humour dans un texte qui n'est pas censé être humoristique)
Spoiler: montrer
Deux extraits de l'un de mes vieux projets. Vous excuserez l'écriture approximative, je n'avais pas encore reçu la lumière divine cocyclienne. ;)
Le contexte n'a rien de drôle, y a des morts à chaque chapitre, de la torture, et des trucs plutôt malsains.
Phil : éternel étudiant en architecture, un monte-en-l'air à la Arsène Lupin.
Hector : un médecin bougon, cynique, malhonnête et sans scrupules.
Hector vient d'assassiner froidement un dealer après lui avoir soutiré des infos.

Hector montra sa paume ouverte à son ami qui aperçut une bague ornée d’une pointe orientée vers l’intérieur, puis l’enleva et la rangea soigneusement dans sa musette.
— L’ennui, quand on ne fait pas attention à son alimentation, c’est qu’on accroît le risque d’accidents cardiaques. Je crains que cela ne soit fatal à notre ami. Pas plus tard que cette nuit.
Phil jeta un regard effrayé à son ami.
— Tu es sûr que tu es docteur ?
— La mort est le meilleur remède à la vie.
— Tu sais que tu me fais peur parfois ?
— Pourquoi ? Tu es souffrant ?


Un peu plus tard :

— Un cambriolage ? Toujours la même chose, Phil. Tu es vraiment monomaniaque. Tu te débrouilles toujours pour que tout se termine par un vol.
— Si on peut joindre l’utile à l’agréable, pourquoi se priver ?
— Mais quel plaisir éprouves-tu ? Mis à part te fournir de quoi vivre.
Le menton reposant sur ses mains jointes, Phil réfléchit un instant. Hector avait raison. Depuis qu’il était en âge de marcher, il avait toujours volé. Plus qu’une activité lucrative, la cambriole était une véritable seconde nature.
— Il y a le défi, bien sûr. Venir à bout par l’intelligence et l’habileté des mesures de protection les plus efficaces. L’excitation que cela procure est une véritable drogue. En tant que médecin, tu dois pouvoir l’expliquer. Tout le monde cherche à sa façon cet instant fugace d’épanouissement complet. Mais il n’y a pas que ça…
Il marqua un silence et Hector perçut à l’expression de son ami qu’il était mal à l’aise.
— C’est comme un viol. Enfin, j’imagine. Je n’ai jamais violé personne. Physiquement du moins. Je m’introduis dans la vie privée des gens, dans leur cadre de vie, dans le cocon protecteur qu’ils tissent autour d’eux. Tu sais, parfois, je ne prends rien. Je regarde, j’observe, je tente de comprendre qui est la personne qui occupe les lieux que je visite, quels sont ses secrets, ses tourments ou ses passions. Je m’assois dans son fauteuil préféré, je feuillette son livre de chevet ou son journal intime, je goûte le vin qu’elle conserve précieusement et je contemple ses plus précieux bijoux, je m'imprègne de l'odeur de son corps laissée sur ses vêtements. Puis, après, je l’observe dans son sommeil et j’essaye de savoir qui elle est. Je guette son souffle, ses mouvements, ses frissons. Je suis là, l’ombre silencieuse, l’intrus, celui qui est là sans être là, le mouvement au coin de l’œil, la présence qui trouble son sommeil…
Le regard pensif, Phil s’arrêta puis éclata de rire à la vue de son ami que le contemplait, les yeux écarquillés.
— Tu peux bien me dire que je te fais peur, mais toi, ce n’est guère mieux. Tu es vraiment un grand malade.
— Je ne fais pas de mal, pourtant ?
— Je n’en suis pas convaincu.
Une expression soupçonneuse apparut sur le visage bougon du carabin.
— Dis-moi, j’ai eu l’impression que quelqu’un m'espionnait cette nuit. Ce n’était pas toi, j’espère ?
Phil réussit à répondre entre deux éclats de rire. Il fit un clin d’œil malicieux à son ami.
— Qui sait ?


Bon, je ne sais pas si vous trouvez ça drôle mais ce genre d'humour revient régulièrement dans le texte avec ces deux persos mais aussi avec d'autres.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Tristeplume
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Tristeplume »

Petit remontage de post !

Dernièrement, je me suis intéressé à la SFFF humoristique. En fait, le tour est assez vite fait car si on enlève les Pratchett (parfois qualifiés de parodies, ce qui me paraît excessivement faux) et les parodies à la Lord of the ringards, il ne reste plus grand chose.
Ainsi, sur Elbakin, je suis tombé sur une critique de Apportez-moi la tête du Prince Charmant coécrit par Zélazny ( :heart: ) et Sheckley ( :heart: un "ancien" qui a écrit de la SF humoristique avec succès).
Un petit extrait qui me fait un peu grincer des dents, je l'avoue :
Indéniablement, ce qu’il y a de plus plaisant dans ce roman écrit à quatre mains, ce sont sa vitesse de croisière, et surtout, son ton. Le second degré règne en maître, avec un recul particulièrement agréable et une volonté totale de ne pas se prendre au sérieux. C’est par contre également cela qui en fait un livre de divertissement, qui ne peut atteindre au chef d’œuvre, mais n’a pas de toute manière cette prétention.
Un livre de divertissement et qui réussit à faire rire ne peut donc pas être considéré comme un chef d'oeuvre ?

Je trouve ça un peu moche, cette forme de condescendance face à un exercice qui n'est pas aussi aisé qu'on pourrait le croire.
On retrouve ça au cinéma aussi.
Bien sûr, on ne peut pas comparer un Astérix et Cléopatre avec un La mort aux trousses mais pour moi, ce sont deux chef-d'oeuvres, chacun dans leur genre (oui, je sais pour le premier, ça prête à discussion mais il est cultissime pour moi ^^ Il est où le nagneau ?).
Spoiler: montrer
Tiens j'ai une idée, écrire de l'humour-intello-bobo-qui-me-fait-pas-rire-à-la-Bacri-Jaoui. Doit y avoir un créneau mixé à de la fantasy. :mrgreen:
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

anonymedeux

Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par anonymedeux »

Bah... Molière, le Roman de Renart et autres tartufferies sont considérés comme des chef-d'oeuvres. Sont considérés comme chef-d'oeuvre que ce qui survit dans la postérité... ou aux mites ^^

De même, va lire les pièces d'Aristophane, considérées comme des chef-d'oeuvre... C'est du bien gras et du bien lourd mais ça a survécu aux mites.
Spoiler: montrer
Voici d'ailleurs les premières répliques de ce chef-d'oeuvre, aie confiance Tristeplume ^^

LES EKKLÉSIAZOUSES ou L'ASSEMBLÉE DES FEMMES

PRAXAGORA. O brillant éclat de la lampe d'argile, commodément suspendue dans cet endroit accessible aux regards, nous ferons connaître ta naissance et tes aventures ; façonnée par la course de la roue du potier, tu portes dans tes narines les splendeurs éclatantes du soleil : produis donc au dehors le signal de ta flamme, comme il est convenu. A toi seule notre confiance ; et nous avons raison, puisque, dans nos chambres, tu honores de ta présence nos essais de postures aphrodisiaques : témoin du mouvement de nos corps, personne n'écarte ton œil de nos demeures. Seule tu éclaires les cavités secrètes de nos aines, brûlant la fleur de leur duvet. Ouvrons-nous furtivement des celliers pleins de fruits ou de liqueur bachique, tu es notre confidente, et ta complicité ne bavarde pas avec les voisins. Aussi connaîtras-tu les desseins actuels, que j'ai formés, à la fête des Scires, avec mes amies. Seulement, nulle ne se présente de celles qui devaient venir. Cependant voici l'aube : l'assemblée va se tenir dans un instant, et il nous faut prendre place, en dépit de Phyromaque, qui, s'il vous en souvient, disait de nous : « Les femmes doivent avoir des sièges séparés et à l'écart. » Que peut-il être arrivé ? N'ont-elles pas dérobé les barbes postiches, qu'on avait promis d'avoir ou leur a-t-il été difficile de voler en secret les manteaux de leurs maris ? Ah ! je vois une lumière qui s'avance : retirons-nous un peu, dans la crainte que ce ne soit quelque homme qui approche par ici.

PREMIÈRE FEMME. Il est temps, avançons ; tout à l'heure, quand nous nous sommes mises en marche, le héraut de la nuit disait pour la seconde fois : « Cocorico ! »

PRAXAGORA. Et moi, à vous attendre, j'ai veillé toute la nuit. Mais, voyons, je vais avertir la voisine, en grattant légèrement à la porte ; car il ne faut pas que son mari la voie.

PREMIÈRE FEMME. J'ai entendu, en me chaussant, le frôlement de tes doigts ; je ne dormais pas. Mon mari, ma chère, un marin de Salamine, m'a tournée et retournée toute la nuit entre les draps, et c'est tout à l'heure que j'ai pu prendre ses habits.

PRAXAGORA. J'aperçois Clinarétè, Sostrata, et Philaenétè, venant avec elles. Hâtez-vous donc ! Glycè a fait serment que la dernière venue nous paierait trois conges de vin et un chénice de pois.

PREMIÈRE FEMME. Voyez-vous Melistikhè, la femme de Smicytion, qui accourt avec les chaussures de son mari ?

PRAXAGORA. C'est la seule qui me paraisse l'avoir quitté à son aise.

DEUXIÈME FEMME. Eh ! ne voyez-vous pas Geusistratè, la femme du cabaretier, ayant une lampe à la main ? Et la femme de Philodorétos, et celle de Chérétadès ?

PRAXAGORA. Je vois accourir une foule d'autres femmes, qui sont l'élite de la ville.

TROISIÈME FEMME. Pour moi, ma très chère, j'ai eu grand-peine à m'enfuir en me glissant. Mon mari a toussé toute la nuit, pour s'être bourré, le soir, de sardines.

PRAXAGORA. Asseyez-vous donc, afin que je vous demande, puisque je vous vois réunies, si vous avez fait ce dont on était d'accord aux Scires.

QUATRIÈME FEMME. Moi, d'abord, j'ai rendu mes aisselles plus hérissées qu'un taillis, comme c'était convenu. Quand mon mari me quittait pour aller à l'Agora, je me frottais d'huile tout le corps, en plein air, et je m'exposais debout au soleil

CINQUIÈME FEMME. Moi, de même : j'ai commencé par jeter le rasoir hors de la maison, afin de devenir toute velue et de ne plus ressembler en rien à une femme.

PRAXAGORA. Avez-vous les barbes que je vous ai recommandé à toutes d'avoir pour notre assemblée ?

QUATRIÈME FEMME. Par Hécate ! moi, j'en ai une belle.

CINQUIÈME FEMME. Et moi, peu s'en faut, plus belle que celle d'Épicrtès.

PRAXAGORA. Et vous, que dites-vous ?

QUATRIÈME FEMME. Elles disent oui, puisqu'elles font un signe d'assentiment.

PRAXAGORA. Je vois aussi que vous avez le reste prêt : chaussures laconiennes, bâtons, manteaux d'homme, comme nous l'avions dit.

SIXIÈME FEMME. Moi, le bâton que j'ai apporté est celui de Lamias, dérobé pendant son sommeil.

PRAXAGORA. Est-ce un de ces bâtons sous lesquels il pète ?

PREMIÈRE FEMME. Par Zeus Sauveur ! il serait mieux en état que personne, s'il était revêtu de la peau de Panoptès, de faire paître le troupeau populaire.
Daerel ;)

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Celia
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Celia »

Les novellas de space op de "Cosmoqueer" m'ont faite hurler de rire.
Par contre les romans de Bissière (bon ok je n'en ai supporté qu'un seul) ont hérissé à peu près tout en moi par ce que je considère être une grossièreté, ou des caricatures pas drôles.
@Tristeplume: moi j'adore Jaoui, donc bouh !
Mais sinon je suis d'accord : la condescendance face à l'humour est lourde. Mais comme dit, ce sont les mêsm qui disent qu'il ne peut pas y avoir de chef d'oeuvre dans le système hollywoodien (parce que ce sont tous des vendus et c'est maaaaaal), dans le cinéma d'animation (parce que c'est pour les mioches, et exclusivement pour les mioches), dans le cinéma de SFFF et/ou d'action (parce que c'est juste du divertissement)
Un coup de Totoro dans les dents et on en parle plus.
Bêta-lectrice
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Tristeplume
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Tristeplume »

Quand je parle de chef d'oeuvre, je ne parle pas des grands classiques. ;)
C'est vrai que le terme de chef d'oeuvre n'est pas approprié ici, je n'ai fait que reprendre le terme utilisé dans la critique.

Cela-dit, merci de m'avoir rappelé l'existence d'Aristophane !
Spoiler: montrer
Du coup, je suis allé rafraîchir mes connaissances sur wiki et il y a un passage que je trouve très amusant :
Cependant, la hardiesse des poètes comiques, le retour au pouvoir du parti aristocratique, et les malheurs d'Athènes, avaient amené une réaction contre la liberté du théâtre. Cette réaction s'était dessinée déjà vers (412) et sous les Trente: elle aboutit vers (388), semble-t-il, à une loi qui interdisait formellement les attaques contre les personnes.
L'histoire n'est vraiment qu'un éternel recommencement. ^^
@Celia : je ne connais pas Bissière et j'ai rien trouvé en cherchant rapido sur le net. :?:

J'ai l'impression que la littérature jeunesse souffre aussi de ce regard.

(Héhé, elle marche toujours ma provoc à deux balles sur Jaoui :mrgreen: )
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Dawood »

Humpf...
J'ai trouvé que les Harry Potter étaient des trésors d'humour, pour certains passages (alternés avec beaucoup de tragique, certes).
Mais je me souviens de vrais éclats de rires en parcourant ces pages, notamment grâce à ce bon vieux professeur Rogue. Trelawney aussi valait son pesant d'humour. Et que dire de Dumbledore ! Outre les traits d'humour des personnages en eux-mêmes et autres facéties du monde magique, j'aimais particulièrement l'humour qui découlait des situations en elles-mêmes.
Wyvern is coming.

(challenge à venir... :stylo: )

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Tristeplume
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Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par Tristeplume »

Dawood a écrit :Humpf...
J'ai trouvé que les Harry Potter étaient des trésors d'humour, pour certains passages (alternés avec beaucoup de tragique, certes).
Mais je me souviens de vrais éclats de rires en parcourant ces pages, notamment grâce à ce bon vieux professeur Rogue. Trelawney aussi valait son pesant d'humour. Et que dire de Dumbledore ! Outre les traits d'humour des personnages en eux-mêmes et autres facéties du monde magique, j'aimais particulièrement l'humour qui découlait des situations en elles-mêmes.
A ma connaissance, HP n'est pas catalogué comme un roman drôle ou burlesque. Les traits d'humour sont un bonus. C'est comme dans la saga Vorkosigan, Bujold réussit à distiller un humour que je trouve excellent (c'est l'un des rares auteurs qui me fasse rire) mais c'est loin d'être le ton (et le propos) général du récit.
Ce n'est pas vraiment comparable aux bouquins de Zelazny/Shecley par exemple.

Après, à mon avis, le burlesque ne peut se suffire en soit et c'est là où Pratchett est assez fort (malgré quelques loupés). D'ailleurs, je suis toujours un peu agacé qu'on ne retienne que son humour et non les vraies bonnes histoires qu'il raconte et l'extrême intelligence de ses récits.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

anonymedeux

Re: Écrire de l'humour en SFFF

Message par anonymedeux »

Tristeplume a écrit :
Dawood a écrit :Humpf...
J'ai trouvé que les Harry Potter étaient des trésors d'humour, pour certains passages (alternés avec beaucoup de tragique, certes).
Mais je me souviens de vrais éclats de rires en parcourant ces pages, notamment grâce à ce bon vieux professeur Rogue. Trelawney aussi valait son pesant d'humour. Et que dire de Dumbledore ! Outre les traits d'humour des personnages en eux-mêmes et autres facéties du monde magique, j'aimais particulièrement l'humour qui découlait des situations en elles-mêmes.
A ma connaissance, HP n'est pas catalogué comme un roman drôle ou burlesque. Les traits d'humour sont un bonus. C'est comme dans la saga Vorkosigan, Bujold réussit à distiller un humour que je trouve excellent (c'est l'un des rares auteurs qui me fasse rire) mais c'est loin d'être le ton (et le propos) général du récit.
Ce n'est pas vraiment comparable aux bouquins de Zelazny/Shecley par exemple.

Après, à mon avis, le burlesque ne peut se suffire en soit et c'est là où Pratchett est assez fort (malgré quelques loupés). D'ailleurs, je suis toujours un peu agacé qu'on ne retienne que son humour et non les vraies bonnes histoires qu'il raconte et l'extrême intelligence de ses récits.
Ah Pratchett... Son cycle star, le Disque-monde, ne m'a jamais fait rire. J'y suis totalement hermétique. Par contre, tout ce qu'il a écrit à côté sont des petits chef-d'oeuvre d'humour et d'écriture (ses Gnomes, son peuple du tapis...) avec une réflexion intéressante.

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