Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

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Tsumire
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Tsumire »

Je mélange sans rougir l'ombre et la lumière, car j'aime les contrastes. Un ami de ma sœur lui a dit, en se penchant dans un passage de mon roman, que j'écrivais des scènes très dures et violentes. Sur le coup, j'ai répondu bêtement : "Ah bon, lesquelles ? " A vrai dire, jusqu'à cette remarque, je pensais être un adepte de la lumière. Alors, je crois simplement que je suis bordeline, en vérité. Mes personnages, comme mes univers, ne sont ni bons, ni méchants. Ni lumineux, ni sombre. Juste un équilibre des deux. Par exemple, il m'a fallu près de deux années pour savoir si la fin de Prélude serait lumineuse ou sombre. Soit je tuais mes personnages, soit je les sauvais. Aujourd'hui encore, il me faudrait qu'une étincelle pour pencher la balance d'un côté ou de l'autre mais toujours dans ce soucis d'équilibre, j'essaye de peser les souffrances des personnages et de déterminer, par ce fait, qu'elle serait la fin qui conduirait à la meilleure balance des forces.

Après, pour la lecture, j'avoue tendre vers le lumineux. Sans doute parce que le sombre m'atteint plus que les bons sentiments et qu'il me faut plus de temps pour me remettre de ce genre de lectures. Je suis (trop) sensible. J'ai curieusement une attitude à me glisser dans les émotions d'autrui que ce soit des personnages fictifs ou réels, si bien que je pleure très vite. Ou sourie également. Par exemple, je crée mes histoires en me couchant. Prélude a vu le jour des nuits durant lesquelles je mettais en scène mes personnages jusqu'à me déclencher leurs sentiments. Je pouvais ressentir véritablement la tristesse, leur amour ou leur peur. J'y arrive toujours par ailleurs.Très étrange... Par conséquent, les textes sombres ont cette fâcheuse tendance à me marquer l'âme au fer rouge trop longtemps. Même une semaine après, voir un mois, les larmes peuvent revenir rien qu'en pensant à une scène. A une parole. Bref, j'évite le sombre à cause de son empreinte, même si j'avoue que ce genre de lecture me touche au plus haut point.
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blackwatch
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par blackwatch »

Celia a écrit :Ca me fait sourire. Les personnes qui aiment le lumineux ne se justifient que rarement en disant "oui mais jamais niais", par contre tous ceux qui aiment le plus sombre rajoutent systématiquement "mais pas les trucs immoraux et la violence gratuite"
Pauvre littérature des ombres, obligée de se rendre un peu plus fréquentable, au cas où...
:lect:
C'est clair. On devrait lâcher la bride à tous nos instincts !^^

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Roanne
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Roanne »

blackwatch a écrit :
Celia a écrit :Ca me fait sourire. Les personnes qui aiment le lumineux ne se justifient que rarement en disant "oui mais jamais niais", par contre tous ceux qui aiment le plus sombre rajoutent systématiquement "mais pas les trucs immoraux et la violence gratuite"
Pauvre littérature des ombres, obligée de se rendre un peu plus fréquentable, au cas où...
:lect:
C'est clair. On devrait lâcher la bride à tous nos instincts !^^
C'est bizarre, dans les échanges, sur ce fil comme sur celui sur l'optimisme, j'ai eu exactement l'impression inverse. ^^
A plusieurs reprise il a fallu insister sur le fait que lorsque l'on veut lire des romans lumineux, on ne cherche pas du cul-cul la praline, de la guimauve, du conte de fée façon WD... Je n'ai pas du lire les bonnes interventions.
Puis franchement, je me fais l'avocat du diable, sans violence gratuite, ce n'est plus si sombre, non ? Le tout sachant que la violence peut prendre bien des formes, comme un amour maternel malsain tel que celui du polar "Sur ma peau", un livre glauque que je n'ai pas franchement apprécié.
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Celia
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Celia »

Roanne a écrit : C'est bizarre, dans les échanges, sur ce fil comme sur celui sur l'optimisme, j'ai eu exactement l'impression inverse. ^^
A plusieurs reprise il a fallu insister sur le fait que lorsque l'on veut lire des romans lumineux, on ne cherche pas du cul-cul la praline, de la guimauve, du conte de fée façon WD... Je n'ai pas du lire les bonnes interventions.
Puis franchement, je me fais l'avocat du diable, sans violence gratuite, ce n'est plus si sombre, non ? Le tout sachant que la violence peut prendre bien des formes, comme un amour maternel malsain tel que celui du polar "Sur ma peau", un livre glauque que je n'ai pas franchement apprécié.
Je crois qu'on ne voit que ce qui nous touche ^o^
En fait sur le fil de la littérature lumineuse on trouve beaucoup de justification lumineux + pas culcul, alors que sur ce fil-ci, c'est un peu le contraire, j'ai l'impression.

C'est étrange, mais sur tout ce que j'ai lu, j'ai du mal à voir de la violence gratuite*. Ou je suis tombée sur les bons bouquins. J'en trouve beaucoup plus au cinéma (mais depuis que j'ai vu Cannibal Holocaust, je pense pouvoir tout voir sans vomir, du moins quand on reste dans le fictif)
Je crois que je vais ouvrir un fil en parallèle à celui de la littérature lumineuse. Ne serait-ce que pour pouvoir épaissir un peu plus ma PAL.
Demain.

* Le seul livre auquel je pense est Misery, mais là la violence s'inscrit si totalement dans le fantasme/la terreur de l'écrivain que je me demande si elle est si gratuite que ça... Enfin en y réfléchissant plus j'en trouverai sans doute d'autre.
De plus il faut savoir distingué les livres violents et ceux qui utilisent le glauque pour le glauque, ce qui est assez différent.
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Roanne
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Roanne »

Ta dernière réflexion est juste.
Ca me rappelle que dans le livre que j'ai cité, c'est l'écriture de l'auteur, la façon dont elle traite son sujet qui m'a rendu le roman indigeste. Elle a une "plume glauque". Traité par une autre personne, ce même sujet aurait peut-être été plus digeste ? (bon, il n'empêche que les personnages sont tous plus affreux et atteints les uns que les autres et que ça donne une impression étouffante, c'est oppressant, je n'ai vraiment eu aucun intérêt à lire ce roman et pourtant il n'y a aucune scène "macabre", ni torture, ni autre, c'est juste l'ambiance...).
Vous n'aimez pas Noël ? ça tombe bien, nous non plus ! Du coup, avec Chapardeuse, nous vous invitons sur Wattpad pour (re)découvrir le Noël cataclysmique de Claire et Chan.

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EtienneB
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par EtienneB »

Gau a écrit :De mon point de vue, ce n'est pas parce qu'on écrit du fantastique qu'il faut tomber dans le travers d'un monde complètement "hors norme" du point de vue "psychologique". Il y aura toujours des salauds, et aussi des personnes altruistes, mais on ne peut pas utiliser uniquement l'un ou l'autre. Tous les mondes sont gris ! ;)
Je ne suis pas d'accord avec toi.
Le fantastique ou plutôt la fantasy, ça peut être imaginer les utopies complètement débridées sur le plan du caractère de l'homme.
Imaginer, par exemple, comment pourrait fonctionner une société sans monnaie, sans possessivité (et donc sans jalousie) en justifiant pourquoi elle est ainsi.

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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Beorn »

EtienneB a écrit :Le fantastique ou plutôt la fantasy, ça peut être imaginer les utopies complètement débridées sur le plan du caractère de l'homme.
Imaginer, par exemple, comment pourrait fonctionner une société sans monnaie, sans possessivité (et donc sans jalousie) en justifiant pourquoi elle est ainsi.
"Le meilleur des mondes", on en parlait justement... ;)
En fait, traditionnellement (et ce dernier exemple le montre), c'est plutôt la SF qui traite des utopies. Mais c'est vrai, en principe, la fantasy pourrait le faire tout aussi bien.
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Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
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EtienneB
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par EtienneB »

Oui, tu as tout à fait raison. Mais il le faisait sous un traitement très pessimiste alors que j'essaie de le faire sous un aspect plus heureux et que je me régale en confrontant cette société à d'autres plus proches de ce qu'on connait.

anonymetrois

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par anonymetrois »

Je me souviens de Fatalis Imperator, un comics Marvel qui date un peu.

Fatalis, alias le Dr Doom en VO, est un méchant très comics : défiguré, il se planque dans une armure de métal par-dessus laquelle il enfile une cape et un justaucorps vert. Et il est censé disposer d'une super-technologie.

Dans Fatalis Imperator, il met au point un énième plan pour conquérir la Terre... Et réussit. Sous son contrôle mental, l'humanité met de côté ses différences, ses animosités, ses vieilles rancunes, se met à gérer rationnellement ses ressources de manière à ce que chacun ait assez et que l'environnement soit préservé, les enfants vont à l'école... Certes, le tout sous couvert de contrôle mental universel.

N'empêche que Wonder Man, le seul héros qui n'est pas affecté par ce contrôle mental, choisit de l'affronter. Et à la fin, il le vainc et tout revient à l'ordre ancien : misère, guerre, avidité et gain à court terme... Et ça s'appelle "sauver le monde". Pour une fois, la victoire a un petit goût de regret.


Joss Whedon, dans la série Angel, a utilisé une idée semblable avec le personnage de Jasmine (saison 4).


Je vais pousser un peu plus loin et quitter les territoires de la fiction. J'ai lu, il y a quelques années, un livre très intéressant : "Effondrement ou comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie", de Jared Diamond. Plus précisément, il y est question de société qui ont dû faire face à un problème écologique (changement climatique, disparition d'une ressource...). Le problème actuel est particulièrement grave et surtout il est global, mais il y a des précédents locaux.

Je vais tenter de synthétiser, de façon pas trop grossière, le chapitre sur le Japon. Vers 1600, ces îles sont passées à deux doigts de la déforestation totale. La surexploitation des forêts par des seigneurs de guerre rivaux atteignait des points critiques. Quand les forêts sont coupées, le vent érode les terres fertiles, et il peut s'ensuivre la destruction d'un écosystème (ce fut le cas sur l'Île de Pâques). Le japon était donc sur le point de connaître un désastre écologique.

L'unification du pays, sous le règne de Tokugawa Ieyasu, se fit d'une main de fer. On peut qualifier son régime de dictature sans exagérer. Cependant, la dynastie Tokugawa a géré "son" pays en "bon père de famille" : en voyant loin. Le programme de protection des forêts, appliqué sans pitié, prévoyait l'exécution des bûcherons clandestins ; les forêts étaient recensées à l'arbre près tous les dix ans. Finalement, le Japon a conservé ses forêts.

L'auteur conclut en suggérant qu'un régime autre qu'une dictature absolue, dans ce contexte, n'aurait pas pu enrayer le désastre écologique qui s'annonçait.

Il en reste des traces, le Japon a développé une conscience écologique de longue date qui transparaît parfois dans sa culture ; bien qu'elle puisse sembler obnubilée par la modernité (les mechas, les gadgets technologiques, la gigantesque mégalopole dont Daerel parlait dans un autre sujet...), on trouve dans les films de Miyazaki, dans certains mangas (Mushishii), cette conscience profonde, émerveillée, de faire partie d'un écosystème sensible à l'action humaine.


J'ai un peu divergé. Ce que je voulais dire, c'est qu'une dictature impitoyable peut gérer son pays de façon avisée et prévoyante (mais à condition qu'elle se projette dans le futur, par exemple sous la forme d'une dynastie, et vise à établir quelque chose d'éternel ou du moins de durable). Voilà un bel exemple de nuances de gris, non ?

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Gau
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Gau »

EtienneB a écrit :
Gau a écrit :De mon point de vue, ce n'est pas parce qu'on écrit du fantastique qu'il faut tomber dans le travers d'un monde complètement "hors norme" du point de vue "psychologique". Il y aura toujours des salauds, et aussi des personnes altruistes, mais on ne peut pas utiliser uniquement l'un ou l'autre. Tous les mondes sont gris ! ;)
Je ne suis pas d'accord avec toi.
Le fantastique ou plutôt la fantasy, ça peut être imaginer les utopies complètement débridées sur le plan du caractère de l'homme.
Imaginer, par exemple, comment pourrait fonctionner une société sans monnaie, sans possessivité (et donc sans jalousie) en justifiant pourquoi elle est ainsi.
Tout est possible en effet, c'est ce qui est beau dans le monde de l'imaginaire. J'aime néanmoins du réalisme en ce qui concerne l'âme Humaine, ou sinon, il faut que ça soit excessivement bien justifié par l'auteur, sinon je n'accrocherais pas je pense. Il faudrait limite que le cerveau Humain soit manipulé ou un truc du genre ... (que ça soit "tout le monde est gentil" ou l'inverse)

Bref, je suis pas utopique pour deux sous je crois ^^

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Gau
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Gau »

Bélier a écrit :Je me souviens de Fatalis Imperator, un comics Marvel qui date un peu.
L'exemple donné est assez pertinent, et là ça fonctionne pour moi, car il y a une "force supérieure" qui contrôle tout, à la manière d'un programmateur et de son programme. On notera néanmoins que tout le monde n'est pas tout gentil, puisque Dr Doom reste lui un "méchant" (en tout cas est différent des autres !), son but étant de conquérir le monde ! (minus et cortex ? ^^), et Wonder Man un "gentil".

Donc même dans cet exemple déjà très poussé, on a pas une uniformité générale ;)

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Celia
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Celia »

Gau a écrit : Tout est possible en effet, c'est ce qui est beau dans le monde de l'imaginaire. J'aime néanmoins du réalisme en ce qui concerne l'âme Humaine, ou sinon, il faut que ça soit excessivement bien justifié par l'auteur, sinon je n'accrocherais pas je pense. Il faudrait limite que le cerveau Humain soit manipulé ou un truc du genre ... (que ça soit "tout le monde est gentil" ou l'inverse)

Bref, je suis pas utopique pour deux sous je crois ^^
Sujet de nombreuses oeuvres de science-fiction il me semble, avec l'exemple le plus parlant : le peuple décérébré vit à l'air libre et s'en va se faire bouffer comme un seul troupeau de moutons par les Morlocks dans la Machine à voyager dans le temps. Ah ben oui ils étaient heureux, mais niveau liberté de pensée, on en reparlera.
Je suis d'accord avec Gau, l'âme humaine est ce qu'elle est, et vouloir écrire une utopie complète me semble, de nos jours, extrêmement casse-gueule, car on sait que tout homme, quel qu'il soit, aimera toujours casser ses jouets, même les plus beaux.
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EtienneB
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Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par EtienneB »

Reste à voir dans l'âme humaine ce qui tient de l'inné et de l'acquis et/ou du culturel.

Je prends plaisir à lire/écrire des choses vraiment originales sur ce sujet.

kaos

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par kaos »

La typologie lumière/ténèbres est elle-même dénuée de sens (et assez potache tout de même). Que ce soit pour dire qu'on aime les trucs "réalistes" "ténébreux" où les personnages sont très égoïstes sur un forum coopératif, ce qui est quand même un peu drôle, avouez (surtout pour dire que c'est la nature humaine), ou pour dire qu'on préfère les choses lumineuses "pour s'évader du quotidien" alors que c'est cette évasion consommée qui la base du quotidien en question. Même en nuançant jusqu'aux gris contrastés, il me semble que quelque chose cloche sévèrement.

La morale à peine voilée qui s'avance là reste quand même l'outil le plus pauvre pour caractériser personnages et univers. C'est un langage d'une indigence rare, unidimensionnel, sinon binaire, qui ne peut que nuire au développement de l'imagination, et qui a tendance à faire des métastases dans tous les domaines. Je suis franchement pour l'exploration sans limite de l'imaginaire en général, sans avoir besoin de plaquer des grilles de lectures aussi primitives (pardon hein, mais c'est la Bible) à des créations qui se retrouvent trop souvent pris dans les rets d'un réalisme parfaitement fantasmé, en particulier en matière d'échelles de valeurs.
Puisque le sujet a été soulevé, le réalisme psychologique fait partie de ces limites artificielles un peu stériles surtout quand on parle de fantastique. De la cohérence, oui. Mais du réalisme ? Je me souviens d'une nouvelle très sympa (de Asimov peut-être ?) à propos de trios de formes énergétiques qui se nourrissaient de lumière d'un autre univers (qui se trouvait être le nôtre), dans le genre exploration des limites de l'imagination humaine, c'était pas mal. Et dans un contexte scientifique assez poussé en physique des particules.
Il faut des repères, c'est certain, mais tout l'intérêt de l'imaginaire, c'est quand même de pouvoir aller au-delà des limites du "réalisme" (qui est très surfait, mais je l'ai dit, je crois) dans un maximum de domaines, mais pas forcément en même temps.
Et pour l'utopie non-possessive et non-jalouse, ça a déjà un petit moment, plus d'un siècle maintenant, que ça été romancé et théorisé. Et j'ai lu quelques trucs sur des bases lunaires avec des moeurs assez intéressantes. Rien qu'en anthropologie, y'a des choses intéressantes, alors, en imaginaire...

Heytche Pi

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Message par Heytche Pi »

Résolument sombre, si l'on veut se situer dans cette dialectique. Je fais partie de ce que je pourrais nommer les angoissés cosmiques, que des prémonitions de toujours effraient au delà du rationnel, système de pensée et d'analyse par trop limité et pourtant édifié en parangon de notre perception du monde. Hautement neutre et scientifique, j'abrite en moi le reflet inverse d'un miroir déformant, celui du nihilisme humain, d'une sorte de syncrétisme mélangeant en pagaille dieux, hommes des temps passés, étoiles mortes du fond de l'espace, fosses sous-marines éternellement noires et puissance des rêves, qui écrase chaque jour ma personne dans une immensité galactique incommensurable.

J'écris donc ce que me transmet cette centrale psychique puissamment lointaine et immatérielle, et qui consiste en la recherche de ce voile qui nous aveugle et qui confond métaphores et images, idiome et pouvoir langagier. Tout est mauvais, pas d'un Mal manichéen et purement humain, mais du Mal absolu, insensible et aveugle, obéissant à des desseins d'autres sphères, et qui se traduit pourtant par la terreur et la mort.

Je me suis enfui à travers l'eau croupie des âges dormants, pour me rendre compte finalement que ce n'était qu'une minuscule flaque dans la méta-structure d'une Histoire trans-humaine plus étendue, qui voit les peuples d'hier, d'aujourd'hui et de demain cohabiter dans une effroyable proximité. Les barrières du rêve, le mur du sommeil ne sont que de risibles gazes prêts à se déchirer, derrière lesquels dansent les figures lascives d'entités hideuses et impossibles à appréhender; le rêve est réalité et la réalité n'est qu'un rêve, où les illusions sont perçues par des sens illusoires.

La nuit me caresse et m'enveloppe, me roule dans un linceul d'étoiles mort-nées, tandis qu'autour de moi s'entame la lente litanie des soleils disparus et des éternités englouties. C'est le moment pour moi de vous souhaiter la bonne nuit.

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