Bon, c'est super, j'ai été mal compris d'au moins trois façons différentes
. Je dirais même :
Je ne répond pas dans l'ordre :
Je ne défendais pas du tout une approche relativiste. Il n'y a certes pas de valeurs absolues, mais chaque point de vue particulier est forcément total et leur confrontation est bien plus intéressante que leur mise sur le même pied. D'autant qu'il faudrait poser une égalité absolue pour soutenir leur relativité. Le relativisme est quand même très inconséquent...
Sur l'histoire des typologies/ressentis : je critiquais l'usage de cette typologie des ressentis (tadam) que je trouve assez pauvre, même en valeur de gris.
Et quand je parlais des métastases du Bien/Mal, je parlais précisément de ses versions locales optimisme/pessimisme, on sourit/on est triste, qui, dans ce cas précis, sont quand même bien souvent en rapport direct avec la victoire ou la défaite des "gentils". Dans un monde "sombre", même défaite partielle aura l'air d'une victoire et donnera un petit sourire, et on aura un beau gris tout à fait plaisant. Dans un monde très contrasté (comme SdA ou Star Wars tiens) avec des gentils gentils et des méchants méchants, on sera content parce que le Bien gagne ou triste si c'est l'inverse (et on viendra dire sur des forums avec des grenouilles que la nature humaine est vraiment horrible, pardon, mais ça me fait toujours rire - c'est l'aspect nature humaine mauvaise/forum coopératif qui me fait rire, pas le fait d'aimer le "réalisme" des "méchants"), et dans un registre un peu plus subtil, on peut tout à fait imaginer sourire avec des personnages franchement immoraux, mais c'est souvent leur approche (par une forme de Mal) de la morale qui conditionne ce sourire, et la plume de l'écrivain qui le met en lumière évidemment.
Et je reviens aussi sur 'unidimensionnel' et 'binaire'. Je n'ai pas dit ça pour blesser, mais pardon Bien/mal, c'est binaire, et une échelle entre les deux ça ne fera qu'une dimension. Et bien souvent, je trouve que c'est une dimension cannibale qui rabat tout dessus, même sans l'expliciter (voire les sourires plus haut), y compris, et peut-être surtout quand elle porte sur les éléments du récit (quelqu'un a parlé du récit composé d'éléments lumineux et sombres).
Et je disais ça non pas pour stigmatiser une approche moralisante (qui elle est encore plus pauvre) type Famille de France, qui prend parti pour le Bien et contre le Mal dans la littérature, et pas seulement à l'intérieur des récits comme un lecteur qui vibre pour ses héros. Mais pour échapper à cette tendance à garder le même instrument de mesure, alors qu'il est très primitif, et c'est dans ce sens que je parlais de la Bible, et précisément de l'Ancien Testament, qui commence à franchement dater.
Il paraît que je fais rien qu'à critiquer et à rien proposer à la place bouuuuuuh vilain.
Donc je vais prendre l'exemple d'une bêta-lecture d'un excellent début de roman que j'ai faite hier : celle du Premier Rêve de Parchemin. Je vais reprendre beaucoup de ses termes, mais je ne la trouve ni blanche ni noire, ni même grise, mais plutôt
éthiquement violette, un peu glissante et aérienne. La dimension onirique y certainement pour quelque chose, et ça n'est qu'un extrait, mais l'idée est là : la langage qui peut permettre de qualifier une oeuvre est quand même beaucoup plus fourni que le langage de la morale et de ses succédanés. J'aime les textes qui me foutent en rogne, par exemple, ceux qui me font réfléchir, évidemment, ceux qui me surprennent, ou apportent un monde (de sensations, d'idées, de personnages...), ceux qui me parlent de la réalité, toujours (et je préfère mille fois 1984 à plus belle la vie pour cette raison précise), en fait j'aime ce qui me heurte, surtout sans préavis, qui me bouleverse, me perturbe, m'agresse, me soulève, m'arrache des sentiments inconnus, me force la main.
C'est dans ce sens qu'il faut comprendre ma phrase bancale (:roll:) à propos de la lecture-divertissement et du forum coopératif : c'est le rapport entre la lecture/écriture de la fiction explicite (je veux dire : qui ne joue pas à représenter - frauduleusement - la réalité) et la conception de la réalité qui est en jeu. Je ne veux ni d'une lecture/écriture rassurante/réconfortante que je sais être fausse (c'est pour ça qu'elle réconforte?
), ni d'une lecture "noire" qui ne dit rien du réel sinon ce qu'on veut en entendre (les gens sont méchants et j'aime ça - ou j'aime pas mais je suis maso/dépressif). Ni d'un entre deux quelconque : je veux du réel et c'est pour ça que j'aime la fiction, et le réel n'est ni noir, ni blanc, ni gris, ni partie-partie : il est parfois terrifiant, horrible, brutal, joyeux, surprenant, délirant, surréaliste, magique, meurtrier, miraculeux, minable voire carrément dévergondé, et certainement multiple, et les gens et les évènements pareil.
Tout ce que je veux dire, c'est que le langage permet tellement de variations rien que sur la qualification d'une oeuvre que ça en donnerait le tournis, que la réalité est encore plus foisonnante que les classements lumineux/sombres me semblent extrêmement simplistes (quand on parle de vin et qu'on dit "rouge ou blanc?" C'est quand même qu'on parle plus ou moins de piquette)
Je suis quand même ravi de ne pas avoir vexé la première intéressée (Mélanie qui a ouvert le sujet) et je ne considère pas que le sujet est idiot, il a permis à pleins de gens de dire pleins de choses.
Voilà, je me suis laissé encore emporter. Sale chômiste que je suis, j'ai rien d'autre à faire que de pondre des pavés que personne n'aura le temps de lire
? Bin non. Si, tiens, manger.
Edit : Bien pensé le truc de pouvoir modifier son message en cas de cross-post.