La mare aux nénuphars

D'accord avec Parchemin, en ce qui me concerne. Certains romans de fantasy sont franchement très sombres, voire glauques, et si c'est du rêve, c'est en version cauchemar. A l'inverse, il existe des romans de SF pas complètement négatifs.
Ce qui me gêne le plus, c'est le manichéisme sous toutes ses formes (vous savez, les gros méchants d'un côté, les grands gentils de l'autre) et les héros trop parfaits, qui n'ont aucune faille et ne se posent jamais de question. Ce qui est plus courant, selon moi, en version "lumineuse" qu'en version "sombre" (essentiellement parce qu'en version sombre, tout le monde est méchant, ce qui règle le problème).
Ceci mis à part, je lis de tout, aussi bien de l'humour que des univers glauques, des clones que des fées, du rêve que du cauchemar.

Tiens, Parchemin cite Connie Willis, eh bien ça représente bien mes envies de lectures et d'écriture :
"Sans parler du chien " est lumineux
"Le grand livre" est très sombre

Ceci dit pour l'écriture, s'il s'agit d'un roman, j'évite le sombre pour les mêmes raisons qu'NB : pas envie de déprimer pendant des semaines.
Et pour la lecture, j'évite le sombre comme beaucoup quand la vie l'est déjà trop.

Mais au niveau goût, je peux autant aimer le lumineux que le sombre.

En lecture, je préfère le lumineux même si je ne rechigne pas à lire du plus pesant/sombre.

En écriture, je m'étais fait la réflexion qui peut se résumer ainsi : escalade.

J'ai l'impression d'une surenchère dans le sombre/le gore au cinéma et parfois dans les livres.
De même, dans le lumineux (genre de réaction au sombre ambiant).

Aussi comment faire pour bien écrire subtilement lumineux ou sombre sans être plat ?

Personnellement, je suis Mélanie : j'aime le sombre avec une pointe de lumière au bout- tout de même - aussi bien en écriture qu'en lecture. Tout dépend du traitement : violence gratuite ou encore pessimisme égotiste - où le héros/héroïne se laisse vivre en dénigrant tout autour de lui/d'elle - non merci. Il faut que ce soit justifié.

J'ai tendance à dire : j'aime l'équilibre. Les œuvres monochromes, autrement dit totalement sombres ou totalement lumineuses, me lassent très très vite. A moins que l'auteur soit particulièrement doué pour maintenir son ambiance, je n'accroche pas.

Et comme je considère ma capacité d'écriture avec pas mal de recul, je sais que je suis incapable de tenir une seule de ces ambiances en écriture, d'un bout à l'autre. Pas parce que j'étouffe mais parce que la gradation dans un sens ou l'autre m'est un exercice encore très difficile.
Pourtant, ma fanfiction en cours qui s'éternise (200 000 mots, sic...) est très très sombre, à la limite du pathos. Mais je colore de touches lumineuses çà et là, sinon c'est étouffant, et je ne me tiendrai pas à cette ambiance jusqu'à la fin : la barre va se relever à un moment, et le camp des gentils va enfin avoir une victoire, et sa revanche, quand même. ;p

Sombre ou lumineux, j'y suis à peu près indifférent du moment que l'histoire m'emporte et que le style me plaise.
Je n'ai rien ni contre "Mon voisin Totoro" ni contre "Gagner la guerre".

Avec deux nuances quand même :
1) En tant qu'auteur, je ne pourrais pas écrire une histoire dont le personnage principal est une ordure sans rien pour le racheter ; je peux le faire horriblement cruel, retors, traître ou ce qu'on veut, mais une pointe de tendresse doit quand même apparaître quelque part dans sa personnalité, sinon, je me noierai.
2) En tant que lecteur, la surenchère dans le glauque et le gore ne me plaisent que si c'est vraiment maîtrisé, à la fois au niveau du style et du propos. Si j'ai l'impression que c'est juste pour en mettre plein la vue gratuitement, je ne vois pas pourquoi j'irai me faire souffrir.

Donc devant un ouvrage très dur, je serai plus exigeant. Alors que de "gentils personnages mignons comme tout" toucheront plus facilement mon petit coeur fleur bleu même si je n'ai pas l'impression découvrir un chez-d'oeuvre.

Moi, je me situe plutôt du côté obscur de la force, aussi bien en lecture qu'en écriture. Je reste toujours un grand fan de Lovecraft.
Mais ce n'est pas exclusif non plus. J'ai adoré les Fedeylins

Personnellement je serai plutôt «lumineuse», même si j'emploierais plutôt l'expression «légèreté», que ce soit en tant que lectrice ou en tant qu'écriveuse.

Par contre j'ai l'impression que la distinction entre «lumineux/sombre» tient pas tant de l'univers ni même du coeur de l'histoire (et encore moins du genre SF/Fantasy, du coup) que de la façon dont c'est raconté. Par exemple j'aime beaucoup Dr Who, que je trouve plutôt relativement léger et «lumineux» ; pourtant j'ai l'impression qu'en changeant pas grand chose dans le fond des histoires, il y aurait moyen d'y avoir quelque chose de plutôt «obscur» et déprimant.

Je me demande si j'ai déjà lu quelque chose de vraiment sombre, en lisant vos réponses. Je ne me souviens pas de lecture où tout allait mal, où chaque personnage était pourri et où la fin était pessimiste.

Cette question est intéressante, du coup, car je pensais écrire plutôt quelque chose de glauque, mais en y réfléchissant, je crois que ce n'est pas le cas. Je dois être très attaché à la lumière, finalement, et je ne m'en étais pas aperçu. Pour faire simple, disons que j'aime lire des histoires où les personnages traversent des épreuves, (guerre, mort, drame, peu importe...) et voir qu'ils s'en sortent.

Je préfère largement les romans qui reflètent l'âme humaine, donc plutôt "sombre" que "lumineux", mais sans tomber dans les extrêmes.

De mon point de vue, ce n'est pas parce qu'on écrit du fantastique qu'il faut tomber dans le travers d'un monde complètement "hors norme" du point de vue "psychologique". Il y aura toujours des salauds, et aussi des personnes altruistes, mais on ne peut pas utiliser uniquement l'un ou l'autre. Tous les mondes sont gris !

Un bon exemple : la compagnie noire.

Les héros font partie d'une compagnie de mercenaires, et en tant que tels, se battent aussi bien pour "les gentils" que "les méchants". Ils ont un instinct de préservation fort, mais sont aussi fidèles à leur employeur du moment. Bien que ça soit amené à évoluer à un certain moment du roman.

Bref, des personnages forts, mais réalistes.

Clairement lumineuse !
D'ailleurs, ça me fait enrager : la lumière n'est pas très à la mode en SFFF
Mais c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à imaginer des mondes/récits/fins complètement sombres. Il y a toujours un rayon de lumière et d'espoir dans la grisaille

Je suis du côté clair, sans hésitation. Cela fait d'ailleurs partie des raisons pour lesquelles j'ai tant de mal à écrire la fille de Gaïa, l'univers est trop sombre pour moi.

Gau a écrit : Je préfère largement les romans qui reflètent l'âme humaine, donc plutôt "sombre" que "lumineux", mais sans tomber dans les extrêmes.

L'âme humaine n'est pas forcément sombre. Elle peut même être très lumineuse. Je pense d'ailleurs que chacun a en soi un part d'ombre et une part lumineuse.


Tsahel

Ca me fait sourire. Les personnes qui aiment le lumineux ne se justifient que rarement en disant "oui mais jamais niais", par contre tous ceux qui aiment le plus sombre rajoutent systématiquement "mais pas les trucs immoraux et la violence gratuite"
Pauvre littérature des ombres, obligée de se rendre un peu plus fréquentable, au cas où...

Personnellement, j'ai mes phases.

Quand je suis sombre, je commets des textes abominables (Petites dents effilées ou l'O.G.R.E).
Quand je suis lumineux, je ponds de jolies choses (genre Il Benedante).

J'aimerais être plus lumineux... mais j'avoue que je suis un peu torturé comme gars. Un jour...