[A] Ecrire un roman ambigu

Sujets inactifs depuis un an ou plus
Avatar du membre
Celia
C'est le grand retour d'une merveilleuse grenouille
Messages : 2817
Enregistré le : dim. mai 25, 2008 5:26 pm
Rang special : Aime le sang et les câlins
Localisation : A l'Est
Contact :

Re: Faire un roman ambigu

Message par Celia »

Tristeplume a écrit :
Celia a écrit : Mais n'est-ce pas la "fantasy à la Mad Max" qui est la plus ambiguë ? :wamp:
Des films faits pour dénoncer l'individualisme, l'hyper violence, l'absence de lois, ont été accusés et/ou sont vus de nos jours (plus leur nom que ce qu'ils sont réellement d'ailleurs) de valoriser ce qu'il dénonce. Parce qu'il est très difficile pour l'auteur de ne pas "esthétiser" la violence, et, des fois, difficile pour le spectateur de ne pas être attiré par cette même violence. L'ambiguïté de telles oeuvres est à double tranchant du coup : Mad Max, Rambo, Rollerball, Starship Troopers, Robocop... Oeuvres individualistes et hyper violents ou films dénonciateurs ? La vérité est entre les deux et c'est pour ça qu'on utilise le terme d'ambiguité.
L'ambiguité est souvent levée de part le contexte (guerre, post-apo). Dans un cadre barbare, les actes de barbarie sont banalisés puisqu'il n'y a quasiment pas d'autres alternatives. Ce n'est pas vraiment de l'ambiguité pour moi puisqu'il n'y a pas vraiment d'opposition entre deux points de vue.
Dans les exemples que j'ai cités, il n'y a pas de barbarie totale.
Si on reprend Mad Max 1 : le héros est policier, il se retrouve confronter à la barbarie ultime (sa femme et son jeune fils sont tués), il doit trouver une solution. Dans un film "moral", il en aurait trouvé une autre que celle du film, qui est plus ambiguë ("Je suis la justice" mais lui-même se retrouve hors la loi par rapport à ses anciens collègues ou du moins par rapport à l'institution policière).
Dans le second film, il y a également une opposition entre un milieu civilisé (le camp de réfugié) et le milieu barbare, et le héros entre les deux.
Un film (ou un livre) qui ne mettrait en scène que des actes de barbarie ou faits au-dessus des lois, ne serait pas intéressant. C'est malheureusement le cas de nombreux films d'action (mais donc, pas tous) qui ne prennent même plus la peine d'instaurer une distance ou un référent différent par rapport aux actes perpétués par le héros (qui n'a pas l'air de se poser trop de questions non plus) D'ailleurs j'ai horreur des histoires où, après avoir mis la ville à feu et à sang et avoir torturé ses ennemis, le héros est chaudement applaudis sans que rien dans son comportement ne soit remis en cause. Eurk.
Bêta-lectrice
Creep Show en recherche d'éditeur

Avatar du membre
Axolotl-a-besicles
Messages : 321
Enregistré le : jeu. déc. 06, 2007 6:24 pm
Rang special : Salamandre mange-livres
Localisation : Dans une tasse de thé vert (quand le nénuphou est en rupture de stock)
Contact :

Re: Faire un roman ambigu

Message par Axolotl-a-besicles »

Celia a écrit : j'ai horreur des histoires où, après avoir mis la ville à feu et à sang et avoir torturé ses ennemis, le héros est chaudement applaudis sans que rien dans son comportement ne soit remis en cause. Eurk.
Pourquoi ?
Je ne suis pas sûre que les foules qui ont acclamé Gengis Khan ou tout autre conquérant l'ont fait contraintes et forcées...
Comme tu le faisais remarquer dans un message précédent, les humains ont une position ambigüe vis-à-vis de la violence : à la fois révulsés et fascinés. Dans le fond, nous ne sommes que des chimpanzés, et chez les chimpanzés c'est le plus fort qui commande !!
Serais-tu une bonobo, adepte des mamours pour éviter les conflits ? ;) (j'aime bien les bonobos)
Chat sauvage : Évolution, peux-tu me donner une voix de bébé singe ?
Pour attirer tes proies ? − Ouiii
7h du mat' un dimanche, le chat : Miaou, j'ai faim !

Dominique D.

Re: Faire un roman ambigu

Message par Dominique D. »

Spectaculaire vous avez dit spectaculaire? cela me rappelle les magiciens qui masquent leurs vils manipulations par du spectaculaire. Ou certains films qui cachent les faiblesses de l'intrigue par des effets spéciaux et cascades à 100 millions d'euros.
Un roman ambigu? choquer pour faire réfléchir?
Si tu crées une identification assez forte avec ton protagoniste, et que son objectif principal a un fort lien avec ce que tu souhaites soulever comme "lièvre", cela me parait réalisable. Si la barbarie et/ou autres délire de réflexion est justifié scénaristiquement, tout peut passer.

Pour toi:" Le fait de vouloir que le lecteur s'interroge face à ce qu'il lit est souvent très mal perçu "
Sans présomption de ma part, que ce soit inviter le lecteur, ou forcer le lecteur à s'interroger, cela restera délicat: l'auteur malgré son talent pour amener le sujet de réflexion ne pourra pas contrôler l'effet totalement sur son lectorat de cultures différentes. Et malheureusement comme tu le précises, changer les adaptations filmiques (I'm a legend etc.) d'oeuvres écrites démontrent à quel point on préfère le spectaculaire à la réflexion (surement plus satisfaisant pour le spectateur qui paye sa place(je ne parle pas des cinéphiles qui adorent les essais)).
Faire un roman ambigu: oui sous certaines conditions, c'est toujours possible. Mais il ne faut pas s'attendre, si l'objet de réflexion du roman est dévoilé, à ce que le lecteur est envie de le lire. Si le lecteur est embarqué sans a priori et que c'est bien écrit...

D'un autre côté, je peux totalement être à côté de la plaque, et dans ce cas, je vais hiberner encore un peu.

Avatar du membre
Celia
C'est le grand retour d'une merveilleuse grenouille
Messages : 2817
Enregistré le : dim. mai 25, 2008 5:26 pm
Rang special : Aime le sang et les câlins
Localisation : A l'Est
Contact :

Re: Faire un roman ambigu

Message par Celia »

Axolotl-a-besicles a écrit :
Celia a écrit : j'ai horreur des histoires où, après avoir mis la ville à feu et à sang et avoir torturé ses ennemis, le héros est chaudement applaudis sans que rien dans son comportement ne soit remis en cause. Eurk.
Pourquoi ?
Je ne suis pas sûre que les foules qui ont acclamé Gengis Khan ou tout autre conquérant l'ont fait contraintes et forcées...
Comme tu le faisais remarquer dans un message précédent, les humains ont une position ambigüe vis-à-vis de la violence : à la fois révulsés et fascinés. Dans le fond, nous ne sommes que des chimpanzés, et chez les chimpanzés c'est le plus fort qui commande !!
Serais-tu une bonobo, adepte des mamours pour éviter les conflits ? ;) (j'aime bien les bonobos)
On parle de films là, pas de réalité, mais d'une histoire passé par le filtre d'un média. Et les films moralistes, manichéens, et qui proposent ce genre de fin dont je parle (ça existe), sans aucune remise en cause ou le moindre petit point de vue opposé, ça me débecte.
Je suis tout à fait consciente de la nature humaine par contre :)

Edit : les lecteurs matinaux auront remarqués, je m'excuse pour les propos un peu énervés que j'ai pu avoir dans mon premier jet. Un peu de bêta n'a pas fait de mal à ce niveau. :)
Bêta-lectrice
Creep Show en recherche d'éditeur

Avatar du membre
Isaiah
Grenouille aux doigts de fée (pour les massages ou pour écrire sur les femmes aux cheveux verts)
Messages : 828
Enregistré le : lun. juin 07, 2010 10:01 pm
Rang special : Toujours inspiré

Re: Faire un roman ambigu

Message par Isaiah »

Il n'y a pas que le contrepoint de vue, il y a aussi la prise de distance, l'ironie, la symbolique, bref, l'auteur n'est pas nécessairement obligé de dire les nuances pour que celles-ci existent. C'est aussi de là que vient l'ambigüité : les non-dits...

Garg
A un faible pour les pommes bien rouges
Messages : 218
Enregistré le : mar. sept. 29, 2009 8:37 am
Localisation : Ile de France

Re: Faire un roman ambigu

Message par Garg »

Ouille, difficile sujet !

Je ne pense pas que le grand public soit plus décérébré qu'avant (pour reprendre une expression employée).
Je pense qu'on est plus paresseux, au niveau intellectuel (moi y compris). Le résultat immédiat est sans doute le même, mais il y a l'espoir d'un changement.


Pour moi, écrire un roman ambigu peut vouloir dire deux choses (pas antinomiques) :
- soit ne pas entrer dans le carcan de canons actuels (happy end, quelques clichés bien pensants style si tu travailles, tu y arrives etc.)
- soit véhiculer un message sous forme de question orientée (l'ambiguïté en tant que déséquilibre, celui-ci pouvant occasionner un changement) et de situations subjectives

Dans le premier cas, il y a bien une raison pour laquelle peu d'auteurs vont par là. Soit pas d'audience, soit compliqué à réussir, soit malsain, etc.
Dans le deuxième cas, ça sent la propagande de l'auteur (même avec les meilleures intentions du monde). :rha:

Faire réfléchir les gens malgré eux, c'est une gageure, en général mal vu par la société. Elle possède en effet tout l'arsenal de propagande voulu sans qu'un auteur fasse dévier le cours de sa volonté. Les gens pourraient vouloir changer le cours de la société : vous n'y pensez pas mon brave monsieur ! Si tu es un rebelle, tu peux foncer :wamp:

Daerel, écris ce que tu voudrais lire (je suis un bon perroquet, hein ^^ ) !


PS: personnellement, il y a des fois où j'ai vraiment envie de lire/voir/écouter quelque chose sans prise de tête, d'avoir une sensation limpide, reposante, et pas d'être plongé dans une n-ième réalité pourrie. Se détendre. :lect:
PS2: ma femme aime le contraire, d'ailleurs, elle ne lit jamais de SF, ni de fantasy. S'ancrer dans la réalité.

Répondre